You only lie when you're afraid.

Nicolas Hayward

my tired heart is beating so slow

Nicolas fait preuve d’une loyauté inimaginable. Jamais il ne trahira quelqu’un qui lui voue sa confiance. Dévoué aux dossiers qu’on lui proposait lorsqu’il était profiler, il menait ses affaires dans la plus grande confidence. Il est toujours déterminé à réussir ce qu’il entreprend et à ne pas échouer, quoi qu’il lui en coûte. Cette force-ci se transforme pourtant en faiblesse, puisqu’il fait preuve d’un sérieux inébranlable autant dans sa vie privée que dans sa vie professionnelle. Et c’est certainement ce manque de jovialité qui lui a fait gagner un divorce à la loterie.

Avant toute décision, il analyse la situation, pèse le pour et le contre. Il prend des choix éclairé et réfléchi, d’une prudence qui a fait son chemin jusqu’ici. Rien ne l’empêche de calculer pour se montrer rusé et efficace au maximum de ses capacités. Son ancien boulot n’était pas le métier le plus permissif en erreurs humaines, il va s’en dire. Le temps lui a fait développer maintes aptitudes se balançant entre qualités et défauts. Avec Nicolas, c’est tout ou rien.

Et côté amour, c’est rien. Il est légèrement volage et va parfois chercher ce dont il a besoin chez des partenaires sans promesses de lendemain. Même s’il est tout à fait capable de tomber amoureux un jour – un humain, que dis-je – il cherchera à ne pas tisser de liens trop intimes. Il est conscient que son ancien travail mettait en péril ceux qui l’entouraient et, maintenant qu’il s’est recyclé professionnellement,  il faudra être armé d’une forte détermination pour lui montrer une autre voie que cette pensée bien encrée.

Néanmoins, si on réussit à entrer dans son monde et à s’habituer au mode de vie qui le mène – car Nico ne s’adapte à personne sauf s’il en est contraint par ses relations professionnelles – il se pourrait que cet adulte développe un quelconque sentiment d’amour pour vous. Dans ce cas-ci, les ennuis peuvent commencer. Aucune jalousie apparente, aucune possessivité dans ses mots. Chez Nicolas, tout bouillonne de l’intérieur et son regard est le reflet de son âme. Si ses sentiments deviennent incontrôlables, il sera moins surprenant de le voir agir spontanément que de l’entendre réciter un discours pacifique. Extérioriser ses sentiments et ses émotions, très peu pour lui. Aucun humour. Aucune blague. Le rire, il connaît très peu. Vous êtes déjà chanceux s’il vous sourit, faut pas demander la lune. Ne vous forgez donc pas d’attentes envers lui, essayez plutôt de le comprendre et de le déchiffrer.

Ainsi, tous l’auront compris; il est difficile de le côtoyer et de le comprendre en vue de son manque d’expression flagrant. Bien qu’il communique son agacement par son regard, son ton de voix et sa froide franchise, son visage reste souvent stoïque, encouragé par sa patience grandiose. Il semble insensible et sans pitié à ce qui se déroule autour de lui, alors qu’en réalité, il tri les informations pour garder son efficacité. Tout ce qui l’atteint, il le rejette volontairement et ne s’y attarde pas infiniment. Tout ce qui est susceptible de l’affaiblir, il l’élimine rapidement. Quelqu’un d’assez près de lui comprendra Nicolas Hayward; on ne se sent pas seul s’il n’y a personne autour de nous.

Un homme comme un autre, c’est ce qu’il est. Du moins, c’est ainsi qu’il se voit. Si sa personnalité ne le rend pas rayonnant dans une foule de gens, son physique ordinaire en fait tout autant. Bien que son corps n’ait rien de particulièrement dérangeant ou d’attirant, Nicolas frôle les 6p et présente la silhouette d’un homme athlétique. Sa carrure n’emprunte pas celle des professionnels de scène, mais ses larges épaules et sa sévère droiture inspirent naturellement le respect. Il n’y a qu’à observer sa démarche, sa tenure et ses habits pour s’imaginer que cet homme a été éduqué dans une famille maniérée.

Mis à part cela, Nicolas est un Américain vu et revu; visage rectangulaire, épais sourcils, cheveux châtain coupés minutieusement et paire d’yeux mordorés – partage difficile entre le brun et l’or. Son teint légèrement halé est peut-être le seul trait visible qui suppose des ancêtres amérindiens, mais ce n’est encore rien de bien spécial pour un homme ayant grandit aux États-Unis. Par contre, le tatouage recouvrant son dos cache une sombre histoire liée à ses années de service antérieures. Le dragon asiatique encré d’or et de rouge est la preuve qu’infiltrer un clan de la mafia japonaise est à ses risques et périls.      

if you live another day

Que ce soit bien clair. Nicolas n’est et ne sera jamais à plaindre.
Ce qu’il a vécu fait ce qu’il est aujourd’hui; un homme droit aux principes strictes et aux valeurs riches. Il est le reflet exact de la gravité de ses erreurs et de l’importance de ses décisions. S’élever au milieu d’une famille aisée et maniérée au cœur de Manhattan l’a toujours conditionné à suivre le pas, aussi droit soit-il, mais aussi à oser défaire les rangs. Si cela semble juste ou innovateur, quelqu’un se devait de le faire.

New York a été le berceau de son éducation, sa city pendant de longues années. Ses parents, évoluant dans l’économie et la politique, voyaient déjà en lui un avocat prometteur et mettaient tous leurs espoirs en cet enfant unique. Qu’il entame des leçons de piano pendant son primaire ou des cours d’aïkido vers l’âge de quatorze ans, Nicolas réussissait par atteindre les buts qu’il se fixait. Pourtant, son excellence n’avait point de lien avec une quelconque chance ou bénédiction. Peu importait le prix à payer, il sacrifiait tout simplement ce qu’il fallait. On le jugeait donc trop insensible, trop sérieux, trop étrange, trop tout. Mais se construire un cercle social n’avait jamais été et ne sera jamais sa priorité.

Rien de tout cela ne l’a empêché d’être un humain. De ressentir des émotions.  Et de tomber fou amoureux de Cassy. Elle étudiait dans le même collège de technique policière et faisait parti des rares personnes qui savaient entretenir une conversation avec lui. Nicolas n’a jamais su ce qu’il avait réellement aimé chez elle; son rire contagieux, ses ambitions démesurées, son orgueil brûlant ou encore sa magnifique simplicité. Peut-être l’avait-il tout simplement aimé, au complet, corps et âme. Pourtant, jamais il n’avait trouvé l’audace de lui dire ce qu’il souhaitait pour eux deux.

Et avant même qu’il se réveille, neuf ans d’amitié s’étaient envolés. C’était aussi l’équivalent de trois ans de technique, d’un an de formation à l’école de police, de trois ans de baccalauréat en sécurité et études policières, puis de deux ans de maîtrise en criminologie. Le tout retenu par cinq années de services à temps partiel en tant que gardien de sécurité dans un établissement d’incarcération, Nicolas n’avait eu ni le luxe de s’ennuyer, ni le droit de s’essouffler. Mais il avait toujours eu le temps pour ses rires, ses crises et ses pleurs. Cassy était devenue l’exception à la règle.

À la fin de leurs études, lorsqu’elle avait quitté l’Amérique pour un programme international au Royaume-Uni, Nicolas s’était noyé dans le travail. Dans sa chute, se faire pistonner par un de ses enseignants universitaires lui avait semblé bien insignifiant. La possibilité de se perfectionner en tant que profiler dans la police lui avait permis de mieux accepter ce qu’il avait perdu sans jamais l’avoir eu entre les mains; Cassy s'était installée à Londres et seule la communication à distance les avait gardés liés.

C’est sur une scène de crime orchestrée par un tueur en série que Nicolas a rencontré Angelina pour la première fois. Nouvelle médecin légiste, sa détermination et son entêtement avait réussit à user le profiler avec le temps; il s’était laissé prendre au piège dans une relation de surface, une façade superficielle qui lui avait donné l’impression de ne plus être isolé dans sa douleur. À 30 ans, son mariage était tout de même l’événement le plus stressant de toute sa vie. Il s’était laissé emporter par la vague, trop concentré à décortiquer et analyser le tueur qui lui donnait du fil à retordre depuis plus de trois ans. Sa vie personnelle était un détail insignifiant, sa relation avec Angelina était devenue un simple astérisque. Sa récompense ? Une offre de la CIA était la cerise sur le gâteau. Dans la vie, si on désire quelque chose, il faut en sacrifier une autre. Voilà ce que Nicolas a rapidement compris durant les dernières années de sa vingtaine.

Et c’est peu de le dire; au final, il a tout perdu.

Frôlant presque les 34 ans, il avait infiltré un clan de la mafia de New York, des nouveaux venus pour représenter les intérêts de pouvoirs et de puissances des yakuzas sur le territoire américain. Avec les rapports que tenaient les Étaits-Unis et le Japon, l’expansion de ces marginaux n’était pas une surprise. Mais l’envergure qu’avait prit leur influence avait poussé la CIA à s’y pencher rapidement et Nicolas, avec ses capacités à être convainquant et efficace, était le premier à tenir le rôle. Et avec raison, puisqu’il avait rapidement grimpé les échelons, jusqu’à devenir le second du chef. Du jamais vu dans la CIA, mais ce n’était pas sans sacrifices. Son corps en resterait à jamais marqué. Comme la tradition voulait qu’il soit représenté par une nature contraire à son caractère posé, un dragon avait été encré dans son dos. La confiance du chef n’avait aucun prix.

Une chose en entraînait une autre; Angelina en avait eu assez de voir cet homme se changer en criminel et avait demandé le divorce. Pour Nicolas, signer le bout de papier et céder la moitié de ses biens à son ex-femme était un détail insignifiant, le courant des choses. Tu n’as pas essayé de m’aimer, Nicolas. Toute la vérité avait été dans ces mots emprunts de pitié. Mais rien ne touchait l’agent, rien ne l’atteignait vraiment. Il avait donc continué son boulot en s’impliquant plus que de raison, se rapprochant du chef et des autres cadres importants de l’organisation, grattant chaque information pour la glisser à son supérieur de la CIA. Il avait déjà mis sa vie en danger à maintes reprises, mais ça lui était bien égal. Il pouvait tout sacrifier pour obtenir ce qu’il désirait, y comprit sa couverture.

En espérant récupérer des informations sensibles, c’est ce qu’il avait fait en baisant avec le bras droit du chef. Mais ce soir là, les rideaux étaient tombés bien bas; Nicolas venait de soutirer des aveux complets sous les draps, l’alcool et le plaisir propices aux confessions. Tu as cinq minutes pour foutre le camp d’ici avant que la CIA débarque. Pourquoi avait-il laissé ce criminel s’enfuir ? Parce qu’à trop s’approcher de la flamme, le papillon se brûle les ailes. Trop s’impliquer dans le clan avait altéré son jugement et sa morale. Et c’est ainsi qu’il s’était retrouvé à être lui-même interrogé par son supérieur. Sa couverture brûlée, sa vie n’en restait pas moins en danger. Il avait sentit sur sa nuque le poids de la menace et c’est la loi du silence qui avait finit par lui coller les lèvres. L’Omertà était la plus puissante promesse de mort, aucune envie de la tester.

C’est quelques jours après que tout son univers avait basculé. Le chef du clan était arrêté grâce à une information venant de l’intérieure même de l’organisation criminelle. Un tuyau du bras droit, disait-on, avant que ce dernier ne se volatilise pour de bon. Mais ce qui avait tué corps et âme Nicolas, c’était la mort de Cassy provoquée par une balle perdue en pleine fusillade, à Londres. Sa fin avait laissé son meilleur ami titulaire de son testament et responsable de ses dernières volontés. Destitué de son poste de la CIA par son supérieur avec une banale cessassions d’emploi, plus rien ne le retenait. Il n’avait plus aucun repère.

Au final, Nicolas Hayward a tout perdu. Son mariage s’est embrouillé, son travail s’est compliqué et l’amour de sa vie est décédé. S’envoler pour Londres était probablement la meilleure décision qu’il pouvait prendre, bien que ce soit pour de sombres raisons. Une fois sur place, jamais il n’aurait cru possible de s’y installer. Tout en se chargeant du testament de Cassy qui dévoilait quelques complications avec la famille restée à l’autre bout de l’océan, son ancien supérieur de la CIA lui refila une dernière information en prime de destitution; un poste d’enseignant en sociologie à le Millenium University venait de se libérer et il avait l’expérience parfaite pour l’inculquer aux jeunes. Avec un visa de travail à long terme, un curriculum riche, un sérieux inébranlable et quelques manipulations d’informations lors de l’entrevue d’embauche, l’ancien profiler avait rapidement décroché le travail.

Tout le monde a le droit à une seconde chance, pas vrai ?
Nicolas Hayward, lui, n’y croit pas.
Il n'en mérite pas.

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