Quartier résidentiel - 7H30 - 9 ans
MAMAN JE VAIS CHERCHER ZENONTrès bien, dépêchez-vous vous allez rater le bus.Reese se précipite hors de la maison et se rend chez son voisin. Il bourine la porte pour que la voisine ouvre, en lui jetant un regard désapprobateur. Elle va chercher son fils ingrat qui fonce vers Reese.
Ce truc, c'est Zenon. Il a les mêmes passions que moi. On est fait l'un pour l'autre, comme des frères jumeaux. Sauf que lui bah. Il est juif. Et moi je comprends rien à la religion. Je veux dire. Pourquoi jeuner un jour entier, c'est une punition, c'est ça ? Bref, là n'est pas la question.
Tous les matins c'est la même chose : je vais chercher Zenon chez lui pour qu'on aille ensemble à l'école. Zenon est pas capable de se lever à l'heure. Ou c'est moi qui suit toujours en avance. On devrait plaindre les deux mères, qui doivent gérer des monstres pareils. Avoir une dose de folie dans sa vie, c'est génial, mais lorsque l'on met Reese et Zenon ensemble...Disons qu'ils tirent chacun de l'autre ce qu'y a de plus mauvais. Alors soyons sincères, oui, ils sont chiants.
Vous vous dites qu'à 9 ans, vous vivez encore un peu dans le monde des oursons, des grands poneys vert, tagadas et autres paysages sucrés. Que vous croyez que les chaussettes bouffent votre cadeau le jour de Noel et que le père fouettard est votre voisin d'en face. Bah eux, nan. Leur son truc, c'était plus l'univers d'American McGee's Alice.
Ils foncent ils foncent. Ils montent dans le bus et s’assoient ensemble comme toujours à la même place.
J'ai pas fais mes devoirs, passes-moi les tiens.Tu crois vraiment que je les ai fais ?Zenon, tu crains...Je suis pas ton esclave tu sais.Même Hittler voudrait pas.Coup de poing. Reese riposte. Et un déferlement de coup. L'excitation monte dans le bus. Des cris fusent, des encouragements, des sifflements. Finalement on les sépare.
Tu m'as péter le nez Zen ! Ma mère va encore me punir grâce à toi.T'es une tarlouze, c'est tout.Ils descendent du bus, Reese le nez en sang. Son menton se met à ruisseler de sang. Zenon lui avait bien marav sa race. Après tout monsieur fait de la boxe.
Ton père a vraiment une sale influence sur toi.Mon père dit que c'est toi qui m'influences. Et je l'approuve.T'es tellement unBon écoutes, moi je vais à l'infirmerie, toi tu vas en cours. Et sans rancune comme d'hab hein ?Le voilà qui file vers l'école, laissant son ami ronchonner. C'était toujours comme ça avec eux. Il se retourne et fait mine de lui envoyer un bisou. Et voilà que tout recommence, Reese se fait courser pour la énième fois.
Reese n'a réellement commencer à être con que lorsqu’il a rencontrer Zenon. Ils venaient tout fraichement de quitter l'Irlande pour s'installer à Londres. Et leurs voisins, les Kreshnik avaient prit la peine de leur rendre visite pour les accueillir.
Ce que Reese retenu de cette journée...c'est que la bouffe polonaise, c'était vraiment infâme.
Alors, ton nez Riri ?Bah...tu m'as bien amoché. Mon père va pester ce soir. ENCORE.Ca va, heureusement, il rentre tard.Hm. Zen, chiche tu jettes pas une pierre sur le bus scolaire.Faut que t’arrêtes de me prendre pour un peureux, Riri.Zenon saisit une brique et la lance sur le bus. Manque de chance, celle-ci explose la vitre avant. Les deux amis se séparent illico presto. Reese part se réfugier au dernier étage, tandis que Zenon se cache dans une poubelle.
Collège - 12h15 - 13 ans
Allez, tentes ta chance.Putain, nan.Tu vois pas qu'elle aime ton cul ?C'est dégueulasse quand c'est toi qui le dit.Riri la peureuse, comme c'est mignon. Je me chargerai de lui dire à ta place alors.Tu fais ça, je teReese saisit son compas et le plante sauvagement dans la jambe de son camarade. Et voilà. Une nouvelle boucle recommence.
Putain mec, tu m'as troué la jambe.C'est dégueulasse quand c'est toi qui le dit.Reese caressa son front. Quelle galère d’être amoureux d'une grognasse. Il soupire encore. Plus le temps passe et moins les choses n'ont d’intérêt pour lui. Il ne comprend pas. Même les conneries finissent pas le fatiguer. Il ne voulait pas en parler. Ça irait mieux après, obligé. Jour après jour, son sourire s’effaçait, laissant place à une face blasée.
Eh tout va bien Reese ?Je. Je sais pas, mes parents me prennent la tête ces temps-ci. Ils veulent que je travaille mieux, c'est tout.La banalité de la vie te façonna.
Le temps passait de plus en plus lentement. Il délaissa petit à petit son unique meilleur ami, qui assistait impuissant à sa dégradation. Il finit par se focaliser uniquement sur ses études.