Lucas Jade

You see me but you don't know me

  De dos, on pourrait croire que tu es normal. Très normal. Juste un jeune homme, pas très grands, avec des cheveux gris ni trop longs ni trop courts. Un peu enfantin, sous certains aspects. Vu tes vêtements, tu n’es pas très riche. Même plutôt en bas de la classe moyenne. Tu ne dois pas faire de sport, vu ta carrure assez fine, et tu sembles incapable de te défendre. Pauvre de toi.
  Et puis tu te retournes. Pour de nombreuses personnes, le regard azur que tu portes à ce qui t’entoure est une surprise. Comme si tu étais triste, mais à la fois en colère, tout en pardonnant les alentours de ce qu’ils t’ont fait. Souvent, on te verra avec des écouteurs dans les oreilles, sans même savoir ce que tu écoutes. Tu es fréquemment, si ce n’est toujours seul, sans aucun contact avec les autres, du moins pas plus que nécessaire.
  Les gens qui te voient régulièrement, tes professeurs, tes camarades, savent que tu es discret, que tu ne te fais jamais remarquer par toi même, mais que tes notes sont toujours bonnes, ou même excellentes. Certains enseignant regrettent même que tu n’interviennes pas pendant les cours, quand la classe ne semble pas avancer et que toi, tu as compris la solution. En plus, tes absences se comptent sur les doigts d’une main.
  Enfin, tant que l’on n’entre pas dans ta tête, tout va bien. S’ils savaient ce que tu fais… Ce à quoi tu as touché… Comment tu penses que chaque seconde de ta vie te ronge, et ce que tu consommes pour ne plus y songer… Oui, Lucas. Quoi que tu en penses, la drogue te contrôle, et pas l’inverse. Les doses que tu prends sont faibles, et la substance n’envahit tes veines qu’une fois tous les trois jours, tu pensais tout avoir sous ton emprise, mais au fond de toi, tu sais que c’est trop tard, et qu’il te faudra plus que quelques semaines pour t’en remettre.
  Malgré cette occupation coûteuse, tes finances sont dans le vert, grâce à une pratique que tu détestes mais qui, tu dois bien l’avouer, te permet de survivre. Les parts d’entreprises que tu achètes et que tu revends, choisissant le moment parfait pour obtenir un profit maximal, te donnent un confort financier suffisant pour louer ton appartement en pleine capitale, te nourrir, t’habiller et te supporter dans ton toxique hobby, tout en suivant les cours dans une grande université. On pourrait se demander comment tu fais pour avoir le temps pour tout cela, quand on ne sait pas que tu ne dors que quatre heures par nuit, ce qui pour toi est bien suffisant. Heureusement toutefois que les substances que tu t'injectes reposent ton corps, sans quoi ton cœur aurait sûrement déjà lâché.

Every life begins with a breath

  Tes origines sont assez floues. Tu sais que ton père est un homme d’affaires américain, de passage à Londres neuf mois avant ta naissance. Tu sais que ta mère, qui t’a élevé jusqu’à un an auparavant, n’avait pas pu finir ses études à cause de ta grossesse, mais qu’elle n’a jamais regretté ton existence. Ses propres parents l’avaient abandonnée alors qu’elle était jeune, et elle avait grandi dans un orphelinat de Soho. C’est dans ce quartier même que tu es né et que tu as été élevé.
  A six ans, tu as passé une classe. Déjà, à ce moment, tu ne parlais majoritairement qu’à ta mère, et moins d’une cinquantaine de mots par jour passait tes lèvres. Les autres enfants ne te semblaient pas assez intéressants pour que tu leur parles, toujours à jouer où à discuter de sujets ne t’accrochant pas. Aux récréations, tu t’asseyais dans un coin avec un livre, te fermant totalement aux autres. Et ceux qui voulaient t’ennuyer, tu leur répondais violemment, avec des mots bien placés, les blessant suffisamment pour qu’ils ne reviennent plus.
  Plus tard, en secondaire, tu n’étais pas plus ouvert. Entre temps, tu avais obtenu un baladeur, et la musique emplissait tes oreilles à chaque pause, ou lors de tes trajets pour rentrer chez toi. Les paroles te servaient toujours d’arme, devenues encore plus puissantes. Pendant les projets de groupe, tu faisais toujours ta part en avance, de façon claire et concise, sans pour autant aider plus que ça tes partenaires. Tes notes étaient toujours aussi hautes, égales dans toutes les matières. Même en éducation physique, tu te défendais étonnamment bien.
  Un jour, alors que tu réfléchissais sur toi même, tu compris une chose. Comme tout le monde, tu as des attirances, et celles-ci ne sont pas celles que l’on considère comme normales dans ce monde. Et là, tu eus une révélation. Pas de chance. Contrairement aux autres garçons de ton âge, les attributs et corps féminins ne te faisaient aucun effet. Et c’est plutôt en observant les corps musclés d’athlètes que tu trouvais ton bonheur. Heureusement pour toi, ces dernières années avaient beaucoup fait avancer la société, et tu savais que ton homosexualité ne poserait pas particulièrement problème. Cependant, tu n’en parlas à personne, presque comme si tu avais peur de leur réaction.
  Alors que tes examens se déroulaient parfaitement bien, un évènement vint marquer ta vie. En seulement quelques semaines, ta mère décéda, presque dans tes bras. Une maladie trop rare, trop avancée, trop coûteuse pour être soignée. Ce point changea irrémédiablement ta vie. Tu réussis à convaincre l’État de ne pas te placer dans dans une institution d’accueil, comme on l’avait fait pour celle qui t’avait donné la vie et à qui on venait de prendre la sienne. Tu commenças à utiliser ta source de revenus peu conventionnelle, mais surtout tu tombas dans ce piège, qui prit possession de toi.
  Quand ton sang se mélange à la drogue, tu sens à la fois que tu peux tout voir, et que le monde ralentit, en accélérant à la fois. C’est pour toi tellement plaisant. Comme si tout pouvait enfin aller à ta vitesse. Tu fais cependant bien attention à ne pas dépasser une certaine dose, et une certaine fréquence, pour te donner l’illusion de dominer cette envie.
  Tu ne savais pas où orienter ton futur, et tu as pensé à cette prestigieuse université qui se trouve être plutôt proche de ton domicile. Ta candidature fut vite acceptée, et tu as commencé ta première année en droit. Cela te permet d'affûter ton arme lexicale, et de t’appuyer sur la loi pour envoyer des coups encore plus forts. Tu comptes devenir avocat, pas pour la défense de la justice, mais plutôt pour exercer tes mots, en défendant au passage des gens le demandant. Bien sûr, pour cela, tu devras abandonner ton silence et surtout la drogue. Mais tu t’en sens capable, même si tu sais que ce ne sera pas forcément facile.

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∵ Pseudo : Saow ∵ Âge 16 ans ∵ Comment avez-vous connu le forum ? Les partenariats, c'est cool ! ∵ Code du règlement Meeeh - Leigh ∵ Un dernier mot pour la fin ? La drogue c'est mal, m'voyez ? è.é