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You don't have to wear your best fake smile | Keelan [100%]

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Mar 22 Déc - 0:08
REED
Keelan
Groupe : Lycéen / Matières ; arts visuels, histoire, sport
Option : Histoire de l'art
Situation financière + Logement : Précaire, habitat coincé entre la maison familiale et celle du peu d'amis qui veulent bien l'avoir chez eux lorsque la situation avec ses parents dégénère.


▬ ft. Nheira de Khaoskai


Âge : 18 ans, promis
Nationalité/origines : Californiennes
Carnation : pâle, même s'il possède une peau bronzant aisément.
Taille : 1m80, bien qu'il mesure étrangement 1m77 chez son médecin.
Corpulence : nerveuse, physionomie en V.
Cheveux : mi-longs d'une riche teinte rappelant le blé.
Yeux : Terre de Sienne
Signe(s) distinctif(s) : Piercings ; labret décalé du côté gauche, labret centré, ainsi qu'un dernier sur la narine gauche. Ses oreilles sont percées de deux anneaux chacune.
Aime : Les thriller, le Bubble Tea, la Kpop et le rock en général, les pâtes carbonara, les gens francs, aller à la patinoire, coudre, dessiner.


Poumons noirs de nicotine, Bouche craquelée et rendue incarnate à force d'y passer une langue anxieuse, je m'observe d'un œil torve. Le miroir à pied trônant dans la chambre de Lorcan me renvoie toujours un visage que je ne souhaite pas observer. Que je désire oublier au fond du labyrinthe sinueux que renferment les parois de mon crâne, puisque ce dernier me rappelle avec une vicieuse facétie celui de mon frère. Celui de l'homme que ma mère malade superpose avec moi, ce simple garçon jeté trop tôt dans la fosse aux lions qu'est « l'âge adulte ». Le faciès d'un adolescent devenu un adulte en soufflant ses dix-huit ans, d'un adolescent ayant sauté de l'autre côté de la rive, ayant rejoint le fameux monde des grands. Le fauve tapi au fond de mon cœur rejette la tête vers l'arrière, ouvrant sa gueule pleine de crocs, et rugit son indignation à la face des personnes responsables de mon mal-être, de ces chimères que j'imagine d'une netteté presque transperçante. Mon corps s'emplit d'une fougue de vivre inégalable me prenant au ventre, me tordant impitoyablement l'estomac. Ma main gauche se crispe, craque sous la force de mes doigts, forme un poing et s'écrase avec une violence inouïe contre la vitre du miroir. Le verre se craquèle mais demeure entier. Alors, pris d'une rage sans pareille, je m'acharne sur ce reflet farceur, sur celui de cet autre moi à la mâchoire crispée, du jumeau que je ne pourrais jamais égaler. Je vois la face de Lorcan et la mienne, jusqu'alors superposées, éclater en une myriade de particules de verre. Puis, apaisé, je laisse mon regard embrasser les corolles sanglantes se formant aux côtés des morceaux transparents sur le tapis pelucheux blanc caressant la plante de mes pieds.

Lorcan n'est plus.


Un pâle sourire étire mes lèvres gercées tandis que je m'assieds au bord de mon lit. Mes bras prennent automatiquement appui sur mes genoux, mon regard est vissé sur le sol. Je cherche à récupérer le souffle que je n'ai pas aperçu quitter mes poumons, alors trop sous l'effet d'une colère sans nom. Mais maintenant que cet excès-là parait s'être évaporé comme de la fumée, une étrange tristesse m'envahit. Ma main gauche picote. Le sang doit avoir arrêté de couler. Je soupire.

C'est un brave petit ! Tout comme son frère. De véritables anges.

La voix fantôme de ma grand-mère taquine mes oreilles. Je sais qu'il ne s'agit désormais plus que de souvenirs édulcorés par les années, son apparence m'apparaissant effacée. Mais je sais aussi que ces paroles-là m'ont toujours marqués. Petit, j'adorais savoir que Lorcan et moi étions semblables. J'aimais mon frère, peut-être même un peu trop pour les mœurs obtuses de la société. Mais maintenant, ça me fait plus chier qu'autres choses. Maintenant que ma mère s'est enfermée dans ses idées folles de tarée. Maintenant qu'elle ne voit en moi plus qu'une copie de mon frère jumeau.

Je ne suis pas Lorcan ! Je suis Keelan, ton fils aîné ! Maman !

Le cri de mon esprit m'arrache un rire forcé qui se répercute contre les murs. Mon éclat sonne comme l'aboiement d'un chien galeux malade. Ah, ça fait tellement longtemps que je n'ai pas vraiment ri. Faut croire que j'ai oublié comment on fait. Je ferme les yeux. Derrière le rempart de mes paupières, plongé dans mon univers d'obscurité, je vois mon père. Véritable plante verte. Il aime ses fils, profondément même, mais dans la famille, ça avait toujours été ma mère qui portait la culotte. Mon père est quelqu'un d'introverti. Il déteste parler pour rien dire et laisse la plupart du temps, - si ce n'est pas tout le temps -, les rennes à ma mère. Il reste à l'écart et observe. Mais je sais qu'il nous aime quand même, Lorcan et moi. Que j'ai toujours été son chéri préféré, son premier fils.

Enfin, ça, c'était avant. Depuis ce jour particulier, j'ai changé, et pas en bien. Le regard qu'il pose sur moi a également évolué. L'amour est resté, bien sûr, mais il s'est retrouvé enterré sous des couches d'inquiétude, de dégoût et de colère. Tournée vers lui-même ou vers moi, son fils ingrat, je n'en sais rien. Mon comportement a changé, sous l'effet d'une crise adolescente tardive, dixit ma mère. Avant, j'étais le genre de garçon turbulent, quoique très farceur. Avec mon frère, on faisait la pair, on a fait les quatre cents coups ensemble et avons agacé plus d'un professeur. J'étais gentil et taquin, mais mon plus gros défaut était mon égoïsme. Je n'appréciais pas travailler avec une personne autre que mon frère et j'avais la sale habitude de ne jamais faire ce qu'il me déplaisait. Mais c'est plus moi. Pouf. Disparu, cet enfant-là. Transformé. Masqué, peut-être, mais je ne suis pas un psy. Je suis juste moi. Keelan. Le lycéen qui se la joue loup solitaire.

C'est mieux comme ça, je suis mieux dans mon coin. Peut-être un peu misanthrope, j'avoue que ce côté de ma personnalité semble s'être agrandi. Je n'aime pas les gens et les gens n'aiment pas la raclure que je suis devenu. Voilà une des réciprocités de la vie. Mon sang et chaud, il bouillonne dans mes veines et parfois, j'ai l'impression qu'il cherche à s'évader tant il pulse à mes tempes ; un rien m'énerve et je laisse en général parler mes poings, parce que c'est plus facile, parce que ça détend. Parce que les gens m'évitent d'eux-même, ensuite. Je ne veux pas de leur pitié et encore moins de leur amitié. L'amitié, ce n'est pas fait pour durer. Et je n'aime pas être déçu ou trompé.

Je n'ai jamais été très patient,  mais j'étudie quand même un domaine qui exige un minimum de patience ; l'histoire de l'art. Je rêve de devenir styliste par la suite et d'entrer dans la célèbre Saint Martin's School. Beaucoup peuvent se moquer de mes envies d'avenir, ce domaine jugé trop féminin pour un homme hétérosexuel, mais je m'en fous. Ce que je fais de mon kit trois pièces ne regarde que moi. Je fais ce qui me plait et, depuis petit, c'est cet univers qui m'attire. J'ai toujours fait ce que je voulais, ou presque. Et ça, ça ne risque pas de changer. Je suis un électron libre, je déteste profondément les ordres et apprécie travailler en parfaite autonomie. Je suis un battant, je n'ai besoin de l'aide de personnes pour sortir la tête de l'eau. Mais, durant mes bons jours, un peu de mon ancien moi tend à ressortir. Il n'a pas complètement disparu, après tout. Je suis donc un peu plus doux avec les gens que j'apprécie, à condition qu'ils sachent me caresser dans le sens du poil.

Détail supplémentaire ; Je suis ce que l'on nomme un claustrophobe. Les ascenseurs, parkings et autres espaces étroits ou sous-terrains me rendent nauséeux, mal, étreint par la sensation d'avoir atterri entre quatre planches de bois trop exiguës pour laisser de la place à mon corps.
Histoire


« - Le cordon ombilical est enroulé deux fois autour de son cou !
- Vite, vite ! Coupez-le !
- […] son jumeau est en parfaite santé.
- Monsieur, je vous présente vos deux fils.
- Celui-ci n'est pas très en santé, il risque de devoir rester quelques nuits dans la couveuse…
- Je vais l'appeler Keelan. Keelan Charity, puisque Dieu a eu la bonté de le laisser vivre dans notre famille. »

                                       
~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Deux jeunes enfants gambadaient joyeusement dans le jardin, se courant après en levant bien haut leurs jouets en forme de pistolet. Ils s'amusaient à se faire la guerre, mimant les bruits qu'ils pensaient appropriés, postillonnant joyeusement par la même occasion.

« - Attrape-moi si tu peux, gros nul ! »

Lorcan, le frère cadet, rit en pointant son arme en plastique sur son frère. Son regard se para d'une facétie à toutes épreuves tandis que sa bouche s'étirait en un sourire, dévoilant sa dentition trouée comme de l'emmental : sans attendre afin de conserver un effet de surprise, il lança de toutes ses forces le jouet sur Keelan, son grand-frère de quelques minutes, en gloussant déjà de sa blague.

« - Lorcan ! Je ne veux plus te revoir frapper ton frère ! Excuse-toi tout de suite. »

Les réprimandes de son père se firent rapidement entendre alors que, jetant un coup d'oeil sur Keelan, il le vit agenouillé sur le sol, le visage entre les bras. Ses épaules étaient parcourues de soubresauts irréguliers. La risette de Lorcan se fana rapidement en une moue inquiète tandis qu'il se penchait sur son frangin, posant sa petite main sur son épaule.

« - ça va Keel ? T'as pas de bobos ? »

Les jumeaux se réconcilièrent sans trop de problèmes avant que, taquin, Keelan ne se jetât sur son cadet, l'entraînant dans une bagarre de chatouilles. Ils étaient décidément tout aussi blagueurs et bons acteurs l'un que l'autre. Après tout, l'un était la moitié de l'autre ; ils se complétaient par leurs différences.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

« - Bordel, Lorcan ! Tu m'as encore chourave mes jeux ! Tu fais chier !
- Keelan ! Je ne sais pas où tu as appris à parler comme ça, mais excuse-toi tout de suite ! »

Un Keelan d'une dizaine d'années, le visage rougi, criait sur son frère depuis un bon moment déjà. À l'étage, il s'était empressé d'enter dans la chambre de son cadet en remarquant la disparition de quelques-uns de ses jeux et n'avait pas tardé à faire part de sa colère. Il aimait profondément Lorcan, évidemment... mais il avait de la peine à accepter que celui-ci en profitât pour prendre ses affaires sans demander. Son cœur se resserra en des nœuds complexes, alors qu'un sentiment de trahison l'envahit.

« - Mais maman! Lorcan m'a volé mes jeux! Ils sont à moi !
- Chérie, Lorcan n'est pas tout blanc dans cette affaire...
- Toi, ne dis rien. De toutes façons, Keelan a toujours été ton fils préféré, hein ?! Bien sûr que tu vas le protéger ! »

Et ça repartait ainsi. La mère de Keelan n'appréciait pas le fait que son mari ne s'occupât plus de son aîné, auquel il avait donné un prénom sans son accord, au détriment du plus jeune. Le père partageait énormément de choses avec son premier-né puisqu'ils possédaient les mêmes hobbys. Laissant les parents se quereller, bien qu'il entendît exclusivement la voix de sa mère qui hurlait, Keelan replaça son attention sur son frère, qui se dandinait sur un pied. Il était visiblement gêné et bien qu'il fût le plus mature des deux, avait visiblement des choses à se reprocher. Il ne tarda pas à ouvrir la bouche, le regard fuyant.

« - Hm... Keel, j'suis désolé. M'en veux pas ok ? Je te rends tes jeux. [...] Tu dors avec moi, cette nuit ? »

Aussitôt, un grand sourire aux lèvres, l'aîné entoura son cadet de ses bras maigres, satisfait. Il aimait dormir avec lui et, toute colère envolée, profita même de l'occasion pour jouer avec lui aux fameux jeux volés. Ils passèrent une bonne soirée ensemble et ce fut surpris que leur parent les retrouvèrent lovés l'un contre l'autre, assoupis pêle-mêle entre des draps habillés de Pokémon colorés.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

« - Eh Korcan !
- Oui Lorkeel ?
- Tu te souviens de l'heure d'arrêt qu'a donné la prof de maths, hm ? Bah j'ai trouvé comment lui faire payer ça... Regarde !
- Oh ! Mais t'as trouvé ça où ? Sérieux, t'as pas pris ce gratte-cul dans la ferme du voisin ?
- Nooooon, je n'aurais pas osé. Tu me connais... »

Du cynorhodon dans les mains, soigneusement enveloppés par un mouchoir en tissu, Lorcan sourit d'une manière faussement innocente. Les jumeaux avaient pris l'habitude de s'appeler en mélangeant leurs prénoms, montrant ainsi sans clairement le vouloir leur parfaite osmose.

Avec un petit rire de connivence, Keelan leva le pouce en l'air en un signe évident de participation à cette nouvelle frasque. La professeur allait regretter son heure d'arrêt inutile lorsqu'elle s'installera sur sa chaise de classe, évidemment parsemée de poils à gratter...

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Quinze ans, les premiers véritables émois. Lorcan n'avait évidemment pas fait exception à la règle et s'était empressé d'entrer dans la chambre de son jumeau afin de lui parler de cette fameuse nouvelle arrivante, Evanna, dans sa classe.

Leur père leur avait fait, la veille, tout un discours au sujet de la sexualité. Le plus gêné des trois était l'adulte et les deux enfants n'avaient pu s'empêcher de gentiment se moquer de lui en avouant connaître déjà le sujet. La tête de leur père avait été si grandiose qu'encore maintenant, ils éclataient de rire en repensant à cela.

« - Hey, Korcan ! C'est vrai ce que dit maman ? T'as une copine ? »

Irrité, c'était bien le mot, Keelan devait serrer les poings afin de ne pas crier. Il ne désirait pas voir son frangin se faire accaparer par une nana! Elle allait les séparer, il en était certain.

« - Non, c'est pas vraiment ma petite-amie. Maman nous a juste vu ensemble, je la raccompagnai chez elle.
- Ouais, comme un petit ami l'aurait fait avec sa copine quoi !
- Me dis pas que t'es jaloux de moi !? Toi aussi t'auras une copine!
- … »

En réalité, il n'était pas si jaloux de son frère que cela. Il jalousait plutôt Evanna qui, d'un simple battement de cils, parvenait à voler l'attention de son frère, à lui faire faire ce qu'elle désirait. Il était purement et simplement jaloux.

« - T'es qu'un menteur, Lorcan ! Ton " Toujours unis ", tu peux te le foutre où je pense ! Et bien profond ! »

Keelan ne laissa pas son frère rétorquer et partit de sa chambre à toute vitesse, bousculant par la même occasion sa mère qui rejoignait sa chambre. Il s'enferma dans son univers et se laissa tomber contre la porte. Assis en tailleurs et la tête appuyée contre le bois, un profond soupir s'échappa de ses lèvres serrées. Il ferma les yeux, entendant la voix de sa génitrice s'exclamer non loin ;

« Lorcan ! On ne court pas dans les couloirs !
- Mais c'est pas moi ! »

Ce n'est pas Lorcan, c'est Keelan, maman. L'aîné grommela légèrement avant de laisser ses pensées dériver. Lorcan avait une petite-amie, maintenant. C'était… normal. C'était lui qui avait un problème, il devait laisser son frère partir. Il devait comprendre. Comprendre que ce n'était pas parce qu'ils étaient jumeaux qu'ils allaient vivre ensemble pour toujours. Et cette réalité lui fit mal, transperçant son coeur de véritables épines de jalousie.

« Lorcan n'a pas besoin de moi pour vivre, après tout… »

Il finit par s'assoupir contre la porte et, lorsqu'il se réveilla entre les draps chauds de son lit le lendemain, fut déçu de savoir que la personne l'ayant couché fut son père. Lorcan n'a pas besoin de moi pour vivre, après tout….

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

« - Maman va faire des spaghettis carbo ce soir. Ton plat préféré ! C'est cool nan ?
- Ouais… Mais elle aurait pu aller au magasin en voiture ! Ce serait plus rapide que nous envoyer nous. »

La chaleur entre les deux frères s'était, il semblerait, légèrement refroidie depuis la mise en couple du cadet, soit une année plus tôt. Ils avaient depuis fêtés leur seizième anniversaire et se parlaient encore, jouaient encore ensemble… mais Keelan ne donnait jamais vraiment du sien. Il paraissait ne pas avaler la nouvelle, ne pas apprécier la copine de son frangin qu'il s'était d'ailleurs plu à insulter… Leur relation n'était plus exactement ce qu'elle était avant.

« - Bah, tu sais, c'est juste pour la crème et les lardons hein. C'est mieux si on va à pied, ça coûte moins cher.
- Mouais. Elle avait plutôt la flemme de sortir les clefs et y aller. »

Ils ne mirent pas longtemps à trouver le magasin et y faire leur course, profitant de l'argent de leur mère pour se prendre des boissons par la même occasion. Un Ice-Tea et un Orangina se bousculèrent bientôt contre la crème et le lard, enfermés dans un sac en plastique au couleur du shop.

« - On a tout. Allez, on a juste dix minutes à pieds avant d'arriver à la maison… »

Hochant la tête, Keelan attrapa le petit sac en plastique et l'enroula autour de ses doigts, pressant le pas à son frère. Son ventre se mit à gargouiller et à se tordre dans ses entrailles, le faisant soupirer. Ils traversaient un passage piéton lorsque Lorcan, se mordillant la lèvre, se décida à aborder un sujet complexe.

« - Hey, Keel. Je sais que c'est pas vraiment le moment… mais je voulais qu'on parle d'Evanna.
- Tu veux me parler de cette salope ?
- J'te permets pas ! C'est ma copine, t'as pas à parler comme ça ! Raah… je voulais juste comprendre ton comportement avec moi ! Pourquoi t'es devenu aussi distant !? T'es jaloux de moi ?
- Non ! Non ! Je suis jaloux d'elle ! Putain, t'es mon frère ! T'as dit qu'on serait toujours ensemble ! Et maintenant, tu passes tes journées avec, au téléphone ou en rendez-vous ! Tu m'as menti !
- Keel… »

Les larmes menaçaient de couler le long des joues du plus vieux, elles mordaient le bord de ses iris et il devait battre frénétiquement des paupières afin de les retenir. Il secoua la tête.  Le cœur ravagé de rancœur et de sentiments contraires, il s'arrêta net et repoussa les bras aimants que son frère cherchait à passer autour de lui, le poussant sûrement trop fort. Trop loin.

Un crissement de pneu retentit à ses oreilles.

Devant lui, à quelques mètres, une voiture d'un rouge brillant. Lorcan avait été poussé de l'autre côté du passage clouté, mais lui y était resté, les bras serrés et les yeux fermés en quête de retrouver une certaine sérénité. Il était au milieu de la route et une voiture arrivait à toute vitesse en face. Le soleil paraissait enflammer sa carrosserie d'une teinte sanglante.

« Keel ! »

Il n'eut le temps de ne rien voir. Son cadet boucha sa vue, des bras chauds et aimants entourèrent son corps fin, des mèches blondes grattaient contre sa nuque, un souffle erratique s'écrasait contre sa peau. Une voix chaude, mais pourtant tremblotante d'émotions caressa ses oreilles alors que tout autour de lui paraissait disparaître dans un univers de douleur. On les avait percutés. Les bras de Lorcan parurent s'accrocher désespérément à lui tandis que leurs corps s'envolèrent presque, s'écrasant un peu plus loin telles de petites poupées de chiffon dont on aurait coupé les fils. Une douleur aiguë croqua sa chair à pleine dent, le faisant lâcher des gémissements de douleur qui trouvaient un écho parmi ceux de sa moitié. Quelque chose de liquide et de poisseux coula le long de sa main droite alors que, soudain, le monde lui paraissait vaporeux, plongé dans le brouillard.  Seuls les sons avaient l'air de l'atteindre encore, d'une manière distordue ; un peu comme s'il avait été plongé dans de l'eau. Un bruit de Klaxon retentit contre son tympan, des cris résonnèrent entre les parois sensibles de son crâne. Ses paupières se fermèrent d'elles même sans qu'il ne puisse rien y faire.

« Toujours unis, Keelan. Toujours. »

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Une année plus tôt

« Eh, Keel !
- Hm ?
- Tu voudrais faire quoi comme métier plus tard ?
- … Je ne sais pas trop. J'aimerais bien devenir un genre de styliste.
- Oh, je pourrais travailler avec toi ! Genre te soigner quand tu te couderas sans faire exprès les mains, avec la machine à coudre. J'pourrais être ton modèle et essayer les trucs pour toi ! Enfin… Si c'est moche, je refuserai hein.
- Tu me traites d'incompétent ? Je vais quand même pas me coudre les mains !
- Bah… te piquer avec une aiguille alors ? Après tout, tu t'es déjà agrafé les doigts alors bon….
- Pfff… Parce que tu ne sais pas quoi faire ?
- Euh… peut-être musicien ! Un jour, je percerai avec ma guitare et tu me verras sur tous les écrans ! […] Mais j'aimerais rester avec toi. Parce que nous serons toujours unis, pas vrai ?
- Oui ! »

Leurs petits doigts s'enroulèrent l'un autour de l'autre tandis que deux regards semblables se rencontraient. Une même étincelle brillait au fond des prunelles ambrées, un éclat promesse d'éternité.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Un bruit répétitif et agaçant termina par le sortir d'un sommeil cotonneux. La bouche pâteuse, il grommela un instant contre le bruit de ce qu'il pensait être un réveil et chercha à lever la main pour l'éteindre. Il ouvrit difficilement ses deux yeux collés en avisant que tout mouvement lui était impossible, devant réitérer l'essai plusieurs fois avant de finir aveuglé par la blancheur des lieux.

« - hnmmm… ? »

Sa tête se tourna à droite, puis à gauche. Il était seul. Sa seule compagne était une machine reliée à une poche devant sûrement nourrir son corps par intraveineuse. Un électrocardiogramme se trouvait également être branchée, répétant inlassablement le même écho horripilant.

Bip. Bip. Bip. Bip.

De longues secondes s'égrainèrent. Peut-être même des minutes ou des heures. Il avait perdu toute notion du temps et la seule chose le tenant véritablement éveillé était l'incendie envahissant sa gorge. Il avait soif. Ses lèvres craquelées désiraient ardemment un peu d'eau fraîche.

Une personne finit par entrer. Il s'agissait d'une infirmière vêtue de vert pâle et de blanc. Elle lâcha un petit son d'exclamation en voyant son patient éveillé et accourut à son chevet.

« - Bonjour Keelan ! Comment te sens-tu ?
- … soif… »

Il eut de la peine à parler. Sa langue paraissait engourdie, sa bouche ankylosée. L'infirmière comprit cependant rapidement et lui servit un bon verre d'eau qu'il s'empressa de boire, s'en renversant un petit peu sur le torse à cause de sa précipitation.

« - Doucement…. oui… voilà. Bien. Tout va bien ?
- Quel jour est-on ? Pourquoi est-ce que j'suis là… ? »

Où est Lorcan ?

« - Nous somme les dix-sept septembre. Tu as eu un accident, une voiture t'a percuté. »

Elle ne parlait pas de Lorcan. Lorcan. Où était Lorcan ? Une peur horrible prit possession de son palpitant alors que sa gorge se trouvait enserrée d'un étau âcre. Il entendit les battements de son coeur, répété par l'électrocardiogramme, s'affoler.

« Chuuuut. Keelan, calme-toi. Tout va bien, d'accord ? Chuuuut. Tu as besoin de repos. On en parlera après, d'accord ? Voilà… détends-toi. Tout va bien… »

Keelan ferma les yeux, refusant d'observer davantage cette chambre fade, cette infirmière trop sympathique avec une peluche dans la poche, cette plante trop verte sur la table, cette vitre trop propre. Cette chambre sans Lorcan.

Il s'assoupit sans remarquer le regard compatissant de l'infirmière, se reposant enfin pour de vrai, sans anesthésie.


Quand il reprit conscience, il eut la surprise de voir sa mère et son père. Sa mère se mit à pleurer en apercevant son aîné et son père la prit dans ses bras, n'osant poser les yeux sur lui. Devant son lit se trouvait un médecin, sa carte d'identité accrochée à sa chemise. Une petite peluche s'y trouvait également, lui prouvant qu'il se trouvait bel et bien dans un hôpital pour enfants.

« - Bonjour Keelan. Comment te sens-tu ?
- Bien… je suppose.
- Tu as eu de la chance lors de cet accident. Tu as un bras cassé ainsi que quelques côtes fêlées, mais tu t'en es sorti sans trop de problèmes.
- Hm… Et où est mon frère ? »

Il y eut un silence. Emprisonné dans son grand lit par des draps trop serrés, il ne put rien faire de plus que froncer les sourcils.

« Où est Lorcan !? Répondez-moi ! Il va bien ? Il est dans une autre chambre ?
- Chaton… Lorcan… Lorcan…, commença sa mère
- Est mort. »

Son père termina la phrase de sa femme en baissant les yeux.

« - Non ! Non ! Vous mentez ! Vous mentez ! C'est pas possible ! Non ! Il est là ! Vous riez hein ? C'est une blague ! Où est Lorcan !?
- Il t'a protégé de la voiture et est mort de ses blessures. Je suis navré. »

Son cœur rata un battement. Son corps ne parut pas vouloir réagir le temps qu'il n'encaissât la nouvelle. Il secoua tout d'abord la tête, les épaules tressautant d'un léger éclat de rire malade. Keelan rejeta la tête vers l'arrière et rit de tout son saoul, une douleur amère éclatant dans sa cage thoracique. Puis, doucement, son éclat de rire s'éteignit, laissant la place à des pleurs, à des cris. Sa mère s'était empressée de partir hors de la chambre tandis que son père l'avait pris comme il le pouvait dans ses bras. Keelan se débattit en pleurant, le corps déchiré de hoquets. Lorcan était mort par sa faute. Il l'avait poussé. Il était fautif. Il aurait dû mourir à sa place. Lorcan. Sa faute. Il était coupable. Ils s'étaient disputés. Ils s'étaient quittés sur une dispute...

« Non ! Non ! Pas Lorcan ! Pas lui ! Pas possible ! Non ! Je refuse ! Il a dit qu'on serait toujours ensemble ! Toujours unis ! Peut pas…. Non….. pas mort… pas lui…. Lorcan…. »

Les larmes de son père se mêlèrent aux siennes, trempant sa robe d'hôpital. Sa mère ne revint pas, ébranlée par la nouvelle. Quand il le put, sur son plâtre, Keelan inscrivit au feutre noir deux annotations qui lui fendit le cœur.

Toujours unis. Je suis coupable.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Keelan était rentré à la maison depuis un bon mois déjà. Il avait passé deux bonnes semaines à l'hôpital, alternant entre sommeil et psychologue. Parfois, il avait discuté avec l'infirmière qui s'était montrée très douce et à l'écoute. Il était reparti de l'hôpital avec son numéro sur son téléphone portable et ne l'avait pas appelé depuis. Comment aurait-il pu avec une telle mélasse d'idées sous son casque de cheveux blonds ?

« Keelan ? Ta mère et moi avons à te parler. »

La voix de son père résonna à travers le bois de la porte. Couché dans son lit, il consentit à se lever et à ouvrir la porte. Son père était sûrement déjà descendu au salon, ainsi, après s'être brièvement regardé dans la glace, il sortit de la chambre de Lorcan, désormais sienne. Il retrouva ses parents assis sur le canapé, la mine sombre.

« - Ouais ?
- Assieds-toi. »

Il s'installa en tailleurs, plaçant ses mains sous ses cuisses. Le regard rivé sur le tapis à frange du salon, il attendit qu'un de ses parents ne prennent la parole, retenant ses mains sous son corps afin de ne pas se ronger les ongles.

« - Hm… Nous pensons qu'il serait nécessaire de déménager et de changer d'air. J'ai eu une proposition de travail à Londres.
- Ton père peut nous offrir une nouvelle vie, tu comprends ? Je pense que j'en…. que tu en as besoin. Nous en avons tous besoin. »

Il posa les yeux sur la mine détruite de sa mère. Ses yeux cernés, alourdis par des nuits sûrement courtes et fatigantes. Ses cheveux blonds étaient devenu ternes. Très terne. Elle dépérissait, ainsi que son fils restant, sous le regard du père de la famille.

« - Nous avons prévu de quitter Orange la semaine prochaine, pour Londres. Tu vas entrer dans un lycée et recommencer ton année, au vu du retard que tu as pris…. Ensuite, tu pourras devenir stagiaire ou entrer à la Millenium Earl.
- Alors prépare tes affaires et commence à faire tes cartons. Il y a du chemin entre la Californie et Londres.
- Comme vous voulez. »

Keelan ne demeura pas longtemps avec eux. Il monta dans sa chambre et sortit son téléphone, envoyant un message à Laetitia. L'infirmière. Ses mains tremblaient, mais il avait besoin de changer ses idées. Besoin de s'oublier, de faire taire la voix criant au loup dans ses entrailles. S'ignorer au profit de besoins plus primaires. Parce qu'il était coupable.

Cette nuit, à dix-sept ans, Keelan perdit les lambeaux de son enfance, entre les bras doux d'une femme attentionnée.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

Dix-huit ans. Le déménagement s'était bien passé, rien de spécial n'était arrivé à la famille Reed si ce n'était la maladie de la mère de Keelan. Les médecins étaient pourtant clairs ; il ne s'agissait pas d'une maladie à proprement parlé mais d'une chose plus insidieuse encore, plus psychologique et profonde. Comme un blocage, comme une idée qu'elle se serait mise en tête toute seule, une idée si répétée qu'elle aurait éclipsé la réalité. Lorcan n'était plus mort, il vivait en son premier-né. Keelan était Lorcan. Elle n'avait jamais eu qu'un unique bébé. Traumatisme, paraissait-il.

Quoi qu'il en soit, la vie à Londres changeait beaucoup de celle à Orange. Le temps, surtout, mais Keelan s'y accoutumait sans grandes difficultés. Il entra ainsi au lycée, option histoire de l'art, et se promit de tout faire pour réussir à percer dans son métier. Comme Lorcan l'aurait voulu. Comme ils l'auraient voulu. Parce qu'il avait tué sa moitié et se devait d'exaucer leurs souhaits à tout deux. Il se devait de vivre pour deux malgré ses relents de dépression. Parce qu'au fond, ils avaient toujours été unis.


Pseudonyme : Sherkan
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Mar 22 Déc - 0:11
Re-bienvenue p'tit bichon ! c:
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Mar 22 Déc - 0:14
REBIENVENUE MON CHOU !
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Mar 22 Déc - 0:35
Welcome babe ❤
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Mar 22 Déc - 0:52
Bienvenue ! :)
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Mar 22 Déc - 1:09
REBIENVIENDUE. ♥
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Mar 22 Déc - 2:54
Re-bienvenudo !
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Mar 22 Déc - 7:40
Rebienvienduuuuue.♥
J'adooore ton personnage ♥
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Mar 22 Déc - 12:47
Huehuehue... HUEHUEHUE /pan Re-bienvenue à toi Stanou <3
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Invité
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Mar 22 Déc - 17:10

Validation
C'est une triste histoire que tu nous fait là, mais je n'ai rien à redire de particulier sur ta fiche c: -même si j'avoue avoir été un peu perturbé par la relation des jumeaux à cause d'une phrase :die:- xD Bref, va beau gosse ♥

Du coup, tu es validé ! Maintenant que tu as ta couleur et ton rang, tu vas pouvoir t'acquitter de tâches administratives ! (Youhou, Ô joie !)

♙ Aller recenser ton avatar ;
♙ Créer ta fiche de relations ;
♙ Demander un rp ;
♙ Demander un logement ;
♙ Créer ton téléphone et ton Twitter si tu le souhaites ;
♙ Rejoindre un club si tu es lycéen ou étudiant.

Bon jeu à toi et surtout : HAVE FUN !
©Riva
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