Nom ∠ -- Hunter -- Prénoms ∠ -- Ylan Nathanael -- Âge ∠ -- Une vingtaine d'années, tu es un Gémeau né le 21 mai. -- Sexe ∠ -- Troisième jambe. Aha. -- Nationalité ∠ -- Natif de Nouvelle-Zélande, tu vis cependant depuis tout p'tit en Angleterre. -- Orientation sexuelle ∠ -- Majoritairement ♂, même s'il y a des exceptions --
Situation amoureuse ∠ -- Instable, tu changes de partenaire comme de chemise. Et même si tu n'aimes pas les chemises, on changera pas l'expression pour tes beaux yeux.-- Groupe ∠ -- Marginal, pourquoi faire comme tout le monde quand on peut faire compliqué ? -- Année/Métier ∠ -- SDF, voleur à temps partiel, squatteur de logement, je continue ? -- Avatar ∠ -- OC-- -- Chouette-e --
« Don't judge me. »
Les flocons virevoltent délicatement dans le ciel couleur de craie de Londres, emmitouflant le macadam de légères chapes ivoires. Les londoniens grouillent à l'intérieur des cafés et des magasins, avides de chaleur et de réconfort, mais pas toi. Tu déambules dans les rues à moitié vide de la ville, soufflant de petits nuages de vapeur à chaque expiration, laissant derrière toi les traces éphémères de ton passage. Tu exhales une haleine chaude dans tes mains tremblantes en les frottant l'une contre l'autre, espérant ainsi les tenir un minimum au chaud. Tes mains aux ongles inégaux, colorés d'un verni noir commençant doucement à s'écailler, finissent rapidement dans les poches de ta veste. Tu soupires.
Où aller ? C'est bien beau de traîner un sac contenant quelques rechanges à l'intérieur, mais tu n'as pas de logement fixe où profiter du réconfort d'une bonne tasse de chocolat. Ton téléphone ne possède même plus d'abonnement te permettant d'appeler une tierce personne, - bien que tu n'aies aucun ami à appeler -, et ne doit contenir que quelques bribes de batterie. Ton répertoire de contact n'est d'ailleurs pas alourdi de nombreux prénoms, tout juste trois ; maison, maman, pizzéria du coin. Basta.
Tout le monde dit toujours que tu es un mec débrouillard et très doué pour te sortir de la mélasse, mais sur le coup, tu es complètement paumé. Tu ne te vois pas mendier pour quelques pauvres pounds, tu ne veux pas non plus supplier ton homophobe de mère à te reprendre à la maison, ou retrousser chemin pour loger à l'hôpital. Tu n'as clairement plus envie d'abuser de la confiance des gens, puisque tu détestes profondément demander de l'aide, te montrer faible face aux sinueux chemins de la vie. Tu t'escrimes donc à te démerder comme tu peux, à trouver la petite faille où tu pourrais te mettre à l'abri.
Tu te mets en tête de trouver un refuge temporaire contre les giboulées et entames une longue recherche visant à trouver un magasin plus ou moins sauvé des foules. Pas que tu n'aimes pas les gens, au contraire même, mais pour le coup, tu préfères te reposer un maximum, profiter de la quiétude d'un endroit chauffé sans te soucier des regards que les autres pourraient poser sur ta personne. Tu t'assumes, certes, mais tu es clairement trop épuisé pour ne pas réagir méchamment aux oeillades ou aux remarques que l'on pourrait t'envoyer. En règle générale, tu discutes aisément, tu n'as pas la langue dans ta poche et te montres plutôt bon orateur, mais il suffit d'une petite étincelle pour attiser ta colère. Très susceptible, mais pas rancunier, c'est peut-être bien une de tes plus belles qualités ; tu as souvent oublié le tort que l'on t'a fait le lendemain.
Soupirant, tu finis par pénétrer dans une petite boutique de quartier où une vendeuse t'accueille, un sourire commercial ourlant sa bouche charnue.
« Bonjour ! Que puis-je faire pour vous aider ? - Rien… Je regarde, merci. »
Tu lui décoches à peine un regard, faisant plutôt mine de t'intéresser aux vêtements entreposés ici et là. Mine de rien, tes yeux cernés tombent tout de même sur un pantalon en cuir te plaisant particulièrement. Tu ne tardes pas à filer en cabine afin de l'essayer, grimaçant en apercevant de claires vergetures dévorer tes hanches étroites, cicatrices des transformations de ton apparence, restes d'une adolescence rondouillette. Tes jambes minces ainsi que ton fessier se retrouvent rapidement moulés par la matière du tissu, t'offrant presque une apparence séduisante. Ton torse ne possède aucun muscle spécifique, on peut même discerner tes côtes lorsque tu retiens ta respiration. Peut-être qu'avec quelques kilos supplémentaires, tu ferais aisément tourner les têtes.
Lâchant le pantalon du regard, tu croises tes propres prunelles, d'un bleu outremer autrefois ensanglantés, désormais d'une nonchalance effarante. Tes mèches de cheveux colorées en bleu foncé depuis maintenant trois bonnes années, anciennement châtains, retombent en quelques boucles sur ton front, s'arrêtant juste au dessus de tes sourcils. Elles chatouillent tes oreilles percées souvent alourdies de plumes et effleurent le milieu de ta nuque, créant néanmoins de nombreux épis contre ton gré. Tu souris doucement en aplatissant ta chevelure, tordant tes lèvres pleines en une mimine boudeuse te rajeunissant légèrement. Laissant ta dextre glisser contre ton cou, tu t'arrêtes au niveau de ton tatouage, une unique aile plumée, symbole de ton désir de liberté, et ressens un instant une certaine fierté vis-à-vis de ce motif gravé dans ta chair.
Laissant tes bras fins retomber contre tes épaules étroites, tu finis par retirer le pantalon, remarquant sans grande difficulté que le prix affiché sur l'étiquette est largement au dessus de tes moyens. Ton corps de tantouse de 175 centimètres s'extirpe de la cabine d'essayage avec lenteur alors que, sous l’œil de la vendeuse, tu reposes le vêtement à sa place. Tu ajustes ta veste et finis par ressortir, ne supportant plus très bien la chaleur accablante du magasin. Pourquoi faut-il qu'il fasse si chaud là-dedans ? Tu désires profiter d'un endroit moins étroit, moins commercial peut-être, et te diriges donc avec une certaine habitude en direction d'un bar que tu as longtemps côtoyé. Poussant la porte de ce dernier, tu t'aperçois sans grandes difficultés qu'une bonne vingtaine de personnes sont déjà assises mais ne t'en étonnes pas, venant plutôt t'accouder au bar.
« Je vous sers ? - Rien… J'attends quelqu'un. »
Le regard du barman t'arraches un faible sourire. Tu as menti, tu n'attends personne, mais tu n'es présent que le temps de quelques minutes. Une personne vient néanmoins s'asseoir à côté de toi et tu entends sans difficulté la voix familière d'un homme résonner contre tes tympans.
« Hello Ylan. Je ne pensais pas te revoir… - Nathan. - Tu n'es pas heureux de me revoir ?»
Son ton sensuel t'indique sans grandes difficultés ce qu'il attend de toi. Et pourquoi pas, après tout ? Tu n'as clairement pas pour habitude de t'amuser avec le même amant deux fois, mais la perspective de passer la nuit dehors ne t'attire pas tant que ça.
« Sers moi un verre et je pourrais te dire si je suis heureux de te revoir. - Toujours pareil, pas vrai ? »
Avec un rictus mutin, Nathan te demande ce que tu désires boire et tu réponds sans aucune gêne que tu as envie d'un chocolat chaud. Il ne dit rien et le breuvage chaud, au parfum de ton enfance, est rapidement glissé sous ton nez.
« Merci. »
Tu as toujours été comme ça. Un peu profiteur au fond, tu aimes bien que les gens marchent dans ton sens. Cependant relativement franc, il n'est pas rare que l'on ne t'apprécie pas pour ton audace.
« Alors ? Quoi de neuf depuis le temps ? Ca doit bien faire trois mois… - Rien de spécial. Je traîne par-ci par-là. Et toi ? - Un peu pareil. Tu sais, le travail ne m'aide pas à avoir une grande vie sociale à côté. - Hm… »
Tu sirotes ta boisson en ne te souciant aucunement de la main posée sur ta cuisse, fermant tes paupières sur le décor de ce bar, sur ta situation actuelle. Tu as toujours été un grand pessimiste, Ylan. Tu n'aimes pas te faire des espoirs et préfères envisager le pire, par crainte d'être déçu. Tu ne fais donc pas toujours tout ce que tu veux à fond, tu ne vis pas toujours comme tu l'entends, mais c'est ta manière de faire. Plutôt lâche au fond, tu assumes ce côté de ta personnalité.
« Tu as fini ? - Impatient, pas vrai ?»
Le sourire que te renvoie ton ami t'amuse tout de même au point de terminer ta tasse. L'argent est déposé sur le comptoir alors que tu pars, bras-dessus bras-dessous avec ton amant du soir.
+ + +
« Hey, Ylan ? - Quoi ? Ne te plains pas d'avoir mal au cul… - Non, c'est pas ça. - Alors ? »
Tournant la tête vers Nathan, le visage enfouit dans l'oreiller, tu attends qu'il ne dise ce qui le tourmente, sans te poser davantage de questions. Tu es généralement un peu paranoïaque, tu envisages parfois certaines choses, mais tu as juste le cerveau trop déconnecté par tes précédentes activités pour te méfier.
« J'aimerais qu'on ait une relation sérieuse, toi et moi. »
Alors, sans pouvoir t'en empêcher, tu éclates de rire au point d'en avoir les larmes aux yeux. Ta seule expérience amoureuse, si tu pouvais l'appeler ainsi, t'a réconforté dans le fait que ce n'était pas pour toi, les « relations sérieuses ». Tu préfères largement la liberté d'un célibat volage et, généralement, ne restes jamais pour profiter du petit-déjeuner en compagnie de ton plan cul. Tu n'as jamais hésité à briser le coeur des hommes, ou parfois des femmes, ayant pu s'enticher de toi alors que la seule chose que tu cherchais, en dehors du plaisir, était un toit.
« Désolé, mais non. C'est pas mon genre, et tu le sais. Pas de sentiments. - … T'es un enfoiré, Yl… - Je sais. »
Et tu l'assumes.
« I can't be perfect. »
-- J’crois au sixième sens, au vision sous psychotropes, j’crois que ton cerveau déraille quand tu stress ou que t’as pris trop de drogues. J’crois qu’en la vérité des microscopes, celle qui dit qu’tout est fini quand y a plus de montagne sur l’oscilloscope. J’aimerai avoir l’espoir de croire au surnaturel, avoir le confort d’m’en remettre à la grâce du ciel. --
Chapitre 0– Introduction ; " Ça vole ! ”
Ta maman t'offre un tendre sourire alors qu'elle s'assied à côté de toi, ajustant et attachant ta ceinture de sécurité en deux-trois clics habiles. Tu l'observes avec des grands yeux craintifs, jetant parfois un coup d’œil par le hublot contre lequel tu es assis, observant ensuite en te rongeant presque les ongles un véhicule traîner moult valises. Tu commences à douter que l'avion puisse s'envoler, entre le poids des bagages et celui des quelques centaines de passagers...
« On va bientôt y aller mon chéri. Tu ne risques rien d'accord ? - Oui maman… Il est où papa ? - Il ne va pas tarder. Ne t'inquiète pas, l'avion ne va pas partir sans ton papa ! »
Quand on parle du loup. Ton papa ne tarde pas à pointer le bout de son nez. Il entre dans l'avion en soufflant comme un bœuf, ayant visiblement dû courir un peu afin de ne pas se voir écarté de sa petite famille. Les hôtesses de l'air vérifient ses papiers avant de lui indiquer la rangée où tu te trouves, sautillant presque sur ton siège.
À son approche, tu le gratifies d'une risette trouée par la tombée de tes dents de lait, le faisant doucement rire. Il passe une main tendre dans tes cheveux châtains, donnant ensuite à sa femme un doux baiser te faisant grimacer ; beurk.
« Papa ! - Oui je suis là, Ylan. Reste tranquille d'accord ? Essaie de dormir un peu... »
Ton père est coupé par la voix du chef de cabine présentant le pilote ainsi que les mesures de sécurité en cas d'urgence. Plus tu écoutes le règlement et les consignes de sureté qu'il prononce, moins tu te sens à ton aise dans cet énorme oiseau de métal. Tes mains agrippent fermement les accoudoirs lorsque l'avion prend de la vitesse sur la piste et, lorsqu'il commence à prendre de l'altitude, tu ne peux retenir un couinement de terreur. L'appareil vibre dangereusement à tes prunelle, tu es cloué contre ton siège.
« - Ah ! Ça vole ! Ça vole ! On va tous mourir ! On va s'écraser ! - Arrête de dire des bêtises ! Chut, tu es un grand garçon. Les grands garçons de huit ans ne crient pas, pas vrai...? »
Sous les regards haineux ou amusés des autres passagers, ta mère essaie comme elle peut de te rassurer. Ce n'est que lorsqu'une hôtesse te propose un chocolat chaud que tu retrouves un ersatz de sourire, les muscles encore tendus.
Tu passes une journée presque complète dans l'avion ; tu n'as d'ailleurs jamais pu voir autant de films d'affilée, ta maman te l'ayant toujours interdit... mais étrangement, dans l'avion, elle ne dit rien. Elle te laisse t'occuper comme tu le souhaites tant que tu ne bouges pas trop et ne déranges pas les personnes assises derrière. Tu t'es même fait taper sur les doigts en voulant allonger ton siège...
Malgré tout, les hôtesses sont très gentilles avec toi, attendrie par ton doux minois d'enfant sage. Et, une fois sur le sol Anglais, tu ne retiens qu'une chose de ce long vol, outre les trous d'air stressants ; elles avaient de beaux sourires et un uniforme très classe.
Chapitre 1– Le choc. ; “ C'est fini. ”
Spoiler:
« J'en ai marre de toi, Chris ! Casse-toi, t'es un mauvais exemple pour notre fils ! - Tu te permets de juger !? Et d'où tu dis notre fils, hein ? Tu dis ça quand ça t'arrange bien, mais en fait t'as juste écarté les cuisses pour ton patron et tu l'assumes pas ! - Je te permets pas ! De toute façon t'as plus rien à dire… Je demande à divorcer ! - Ouais c'est ça ! C'est pas mieux de retirer ses deux parents à Ylan, tu sais ? Tu me parles de morale, mais t'es pas mieux ! J'en ai marre de toi ! - Dégage alors ! Je demande que ça ! »
Ces derniers temps, tu assistes souvent à des scènes pareilles. Ta maman n'avait cependant jamais autant haussé la voix sur papa et c'est avec incompréhension que tu le vois monter à l'étage, furibond. Il est tellement énervé qu'il ne te voit pas, dissimulé derrière les barreaux des escaliers.
« Quel connard ! »
Tu baisses les yeux en entendant ta maman prononcer de si vilains mots. Sans difficulté, tu reconnais le bruit d'un verre se brisant sur le sol avec violence. Un son suivi de nombreux autres ; ta maman a décidé de se débarrasser de sa vaisselle.
Tu files dans ta chambre lorsque tu l'aperçois faire les cent pas, du haut de ton perchoir ; tu la vois marcher avec tant de force qu'elle risque sûrement de creuser de vraies tranchées sur le sol de la cuisine.
Le lendemain, quand tu t'éveilles, ton papa ne t'a pas préparé ton chocolat chaud comme tu l'aimes, avec de la chantilly affleurant le liquide lacté. Il a pourtant pris l'habitude de te gâter au lever, de te prendre sur ses genoux le temps de boire ta tasse… mais aujourd'hui, il n'y a aucune trace de lui. Tu essaies donc de le préparer toi-même, mais tu manques de faire tomber la tasse en voulant la prendre, sur la pointe des pieds. L'armoire est beaucoup trop haute pour toi, le mug ne doit sa survie qu'à ta mère l'ayant attrapé in extremis.
« Bonjour Ylan. Je dois te parler de quelque chose d'important dans la vie de ta maman, d'accord ? - Hm ? J'ai fait que'que chose de pas bien ? - Non... Ylan... Ton papa est parti, il est allé vivre avec quelqu'un d'autre. - Quoi…? Il m'aime plus ? - … C'est ça. Papa ne t'aime plus. Il ne veut plus te voir. »
Sans scrupule, ta mère t'affirme une vérité qu'elle s'efforce de créer de toutes pièces, qu'elle s’escrime à croire, par pure envie de se venger. Elle ne cherche qu'une unique chose, en réalité. Une chose ne te concernant même pas ; ta maman veut faire souffrir ton papa. Elle désire faire en sorte que tu ne veuilles plus le voir, que le lien vous unissant ne se flétrisse, que tu la préfères à lui, que tu la prennes, elle, pour exemple… sans penser à ton cœur d'enfant.
Alors tu y crois. Ta maman ne t'aurait jamais menti, après tout. Tu en es persuadé. Ta maman, elle est gentille. Ton papa ne t'aime plus, mais ta maman si. Pleurant à grosses larmes, tu te jettes dans ses bras sans apercevoir la culpabilité creusant doucement les traits de ta si lâche de mère.
« Chuuut. C'est fini, tout va bien se passer. On sera bien, tous les deux... »
Heureusement, tu n'as pas compris cette histoire de cuisses et de patron.
Chapitre 2– Le déni ; " C'est pas vrai ! Papa l'a pas fait ! Tu mens ! ”
Spoiler:
« Tu sais, mon chaton… Ton papa ne nous aimait pas. […] Ton papa n'aimait que lui. Il n'a jamais vraiment aimé personne. […] Je suis désolée. Ton papa n'est pas un homme bien. Je suis désolée. […] »
Ta mère te martèle le crâne avec ces phrases depuis que ton papa est parti. Elle répète inlassablement les mêmes choses, comme une enfant chantonnerait une ritournelle amusante. Elle s'excuse de ne pas lui avoir donné un père convenable, à ses yeux, mais au fond, elle demande pardon à son fils pour être englué dans ses propres mensonges, dans sa propre douleur. Car ce n'est plus véritablement sa mère qui parle. Ces mots cruels sont les reflets de sa douleur, de son cœur en miette, de la relation qu'elle a elle-même brisée.
Tu l'observes entre tes longs cils noirs, indécis. Tes petits poings se ferment à intervalles régulières alors que tu baisses les yeux sur tes chaussettes trouées. Tu n'as qu'onze ans, tu ne sais pas quoi faire, tu ne peux rien faire d'autre que l'écouter, que la laisser te prendre pour un journal intime personnel. Mais, doucement, tes nerfs s'étiolent. Tu as énormément pleuré lorsque ton père est parti, -tu pleures même encore de cette séparation toute fraîche-, lorsque l'avocat de ta mère et venu à la maison pour discuter avec elle des procédés d'un acte que tu ne comprends pas.
“ Divorcer… hm.. ça veut dire que ton papa disparait complètement de notre vie. ” Qu'elle t'avait expliqué. Pourtant, toi, tu ne voulais pas de ça.
Alors, après deux semaines à supporter ça sans rien dire, tu craques. Tu as toujours été un modèle de patience, un enfant un peu plus mature pour son âge… mais tu n'en peux plus.
Tous ces derniers jours, tu as attendu que ton papa rentre enfin à la maison, qu'il revienne te cajoler, te dire que c'était une petite blague de rien du tout… mais rien. Tu as beau avoir attendu devant ta porte pendant de longues minutes, personne d'autre que le postier n'est venu vers toi.
Tu ne tardes pas à crier, le cœur au bord des lèvres.
« Tais-toi ! C'est pas vrai ! Tu mens ! T'es méchante ! Papa l'a pas fait, il est pas comme ça ! Il a jamais fait tout ce que tu dis et va jamais le faire ! Menteuse ! - … Ylan. »
L'étonnement s'échappe en premier des lèvres charnues de ta mère. Elle te regarde avec des yeux ronds comme des billes, ses bras maigres pendant stupidement contre ses flancs… mais l'étincelle de colère couve toutefois au fond de son coeur. Petit à petit, elle se transforme en brasier, en véritable incendie faisant rougir ses joues.
« Je ne te permets pas de dire ça ! Tu ne sais rien, rien ! Vas dans ta chambre ! Tout de suite ! »
Elle crie aussi fort que toi, le visage déformé par sa rage. En jurant, elle te pousse sans ménagement en direction des escaliers, te hurlant de monter sous peine de te ramasser une gifle. Alors, te dégonflant, tu te carapates aussi vite que tu le peux dans ta chambre, claquant la porte sans y faire vraiment attention.
Ta propre colère s'apaise doucement, laissant place à de la tristesse. Tu ne veux pas admettre que ton papa est parti, tu ne veux pas souffrir, tu ne veux pas finir tout seul.
« … Papa va forcément revenir. Il va pas me laisser tout seul… Je suis son "grand garçon" … »
Peu convaincu par tes propres paroles, tu te laisses tomber contre la rigidité de la porte. Pliant tes genoux, tu les entoure de tes bras avant d'y fourrer ton visage, laissant des larmes couler derrière le rempart de ta peau.
Papa est parti.
Chapitre 3– La colère ; “ Arrête putain ! T'as pas à dicter ma vie ! T'es pas ma mère ! ”
Spoiler:
Tu jettes ton sac au salon en rentrant de l'école, une moue orageuse peignant tes traits de jeune adolescent. Une légère moustache commence doucement à étendre ses ombres sur ta lèvre supérieure, comme chez une grande majorité des enfants de quatorze ans.
« Bonjour Ylan. Tu as passé une bonne journée ? Tu as reçu la note de ton test de maths ? - Bonjour Mom. »
Tu la gratifies à peine d'un regard, venant plutôt t'asseoir sur le canapé. T'étendant comme un pacha, tu sors ton téléphone portable de ta poche et te mets à pianoter sur ton clavier, envoyant un quelconque message à un de tes amis.
« Ylan ! Je t'ai posé une question. - Hm... Nan, j'ai rien. L'prof est en retard. L'est payé pour rien foutre... - D'où tu me parles comme ça !? C'est nouveau ? - Pardon Mom. »
Tu as bien changé depuis que ton père n'est plus à la maison. Tu t'es retiré dans tes livres, puis tes jeux-vidéos, préférant largement l'originalité du monde virtuel à celui qui t'attend les bras ouverts, devant ton nez ; le monde des adultes. Plus tu grandis, plus tu prends conscience que ce n'est pas pour toi. Que tu ne veux pas mettre un pied dans cet univers régi de règles te paraissant absurdes. Tu es bien, dans ton monde d'enfants, tu es bien, sans responsabilités.
« Je ne suis pas ton amie, d'accord !? Alors ne me parle pas aussi familièrement ! - Bien sûr, milady. Je suis navré de vous avoir dérangée. »
La gifle fuse sans que tu ne t'y attendes.
« Pourquoi t'es devenu comme ça, hein !? J'ai appelé l'école ce matin ! - Quoi !? - Oui ! Il parait même que tu sèches des cours ! Tes professeurs se plaignent de ton attitude irrespectueuse ! Je ne t'ai pas élevé comme ça ! - Tu ne m'as pas du tout élevé, merde ! Tu te prends pour qui !? Ma mère !? C'est à cause de toi que papa est parti ! - Quoi !? Comment ose-tu ? - En osant, simplement. »
Le regard de ta mère est tout sauf amusé. Elle ne rit pas de ta petite blague et est à deux doigts de te baffer à nouveau. Un sourire goguenard étire cependant tes lèvres. Tu es devenu un petit con, une petite frappe... et tu le sais.
« Je vais te punir ! Plus d'ordinateur, plus de téléphone et plus de sortie ! T'es puni, j'espère que ça t'ôtera l'envie de te comporter en petit merdeux plus longtemps ! - Arrête putain ! T'as pas à dicter ma vie ! T'es pas ma mère ! »
Soufflant de colère, elle t'attrape par les cheveux et te traîne dans ta chambre où elle te jette sans ménagement. Elle ramasse ton ordinateur mais oublie ton téléphone avant de claquer la porte, aussi rouge qu'une écrevisse. Elle ne comprend pas la raison de ton changement de comportement et est tant irritée contre elle-même que contre toi.
Tu n'étais pas comme ça avant. Plutôt pleurnichard, tu étais un petit très obéissant et dévoué. Tu as commencé à changer à la disparition de ton père et, sans qu'on ne comprenne pourquoi, tu as régressé. Loin, ton comportement attachant. Loin, ta silhouette frêle. Tu es maintenant un adolescent farouche avec, il faut l'avouer, quelques kilos en trop.
Actuellement dans ta chambre, tu fulmines, tu grognes, tu grimaces, tu insultes ta mère de tous les noms possibles.
« Elle ne comprend jamais rien ! »
Comment peut-elle comprendre les problèmes que tu endures à l'école à cause de tes rondeurs, la pression que tous mettent sur ton dos, si tu ne t'exprimes pas, Ylan ? Comment peut-elle imaginer que tu as des difficultés pour l'apprentissage de plusieurs matières importantes, si tu te rebiffes dès qu'on t'approche ?
Tu es décidément bien un adolescent perdu, sans aucun repère paternel autre que des amis plus âgés n'ayant absolument pas la tête sur les épaules...
Chapitre 4– La tristesse ; " J'en peux plus. Pourquoi moi ? J'ai tout foutu en l'air ! J'suis qu'un incapable… Papa avait sûrement raison. ”
Spoiler:
« J'ai corrigé vos tests de mathématiques et de S.V.T. Je suis très déçue des résultats, beaucoup d'entre vous frôlez le zéro. Je ne savais pas que mes cours étaient transmis à des singes ignorants ! » Salope. Connasse. Enfoirée. Tu l'insultes, derrière le rempart que forment le dos de tes camarades de classe. Assis au fond de la classe, tu attends que ta professeur principale de distribue les tests et c'est sans aucune surprise que tu vois la note catastrophique, tracée avec une encre sanglante, sur le sommet de ta copie. Tu ne l'as jamais aimé, cette pimbêche.
« J'espère pour vous que vous comprenez l'importance de mes évaluations. Je suis là pour vous montrer où vous fautez, où il est important de travailler afin de réussir vos examens... Je ne suis pas là pour vous couler. » Petit regard en coin à Ylan.
« Hey, psst. Mec, t'as une touche. T'as vu, elle te regarde... - Dis pas de conneries Armin. »
Tu ris à la blague de ton meilleur ami, ton éclat vite étouffé par le son fracassant de la sonnerie annonçant la fin des cours. C'est avec soulagement que tu ramasses tes affaires, les fourres dans ton sac, et cours jusqu'à l'arrêt de bus devant l'école, impatient de rentrer à la maison.
... Ou pas, en fait. Ta mère y est encore puisque son travail ne commence qu'aux environs de 18-19 heures, son métier d'infirmière de nuit à l’hôpital l'exigeant. Et tu n'as clairement pas envie de la voir elle et ses " Travaille, tu vas rater tes examens ! " " Tu fous rien " " Je ne te vois pas travailler, alors bosse ! " " Je pensais que tu voulais aller à l'uni ! ”
Tu maugrées en faisant demi-tour, te demandant quoi faire afin de faire tourner l'aiguille de ta montre plus rapidement.
« Eh, Yl ! Tu viens ? On va chez James, ce soir. Il a ramené plein de gens ! Parait même que certains de ses potes ont pris des bouteilles... - Ouais Arm', j'arrive ! »
Au final, tu sais quoi faire. Ce soir, tu vas faire la fête chez James. Tu n'envoies pas de message à ta mère pour la prévenir, te contentant de hausser les épaules. Tant pis.
+ + +
« Où étais-tu passé, hm ? - Merde. - Oui, tu peux le dire. »
Sur le pallier, troisième étage d'un immeuble, ta mère t'attend. Les bras croisés sur sa poitrine, elle t'observe en fronçant les sourcils. Tu rentres dans le duplex sans faire d'esclandres, lui montrant que tu possèdes encore un peu de jugeote.
« Tu pues la fumée, Yl. Je peux savoir ce que tu faisais ? - C'est pas moi, Mom. C'est James qui fume. - Alors comme ça tu fumais avec James ? Depuis quand ? - Je ne fume pas. - À d'autre. Tu te rends compte de ce que tu fais ? T'as seize ans et tu bousilles ta vie ! »
Soupirant bruyamment, ta mère se laisse tomber sur le canapé, t'indiquant de t'asseoir à ses côtés d'un mouvement de la main. Pour une fois, elle ne s'énerve pas, elle ne dit rien, ce qui te laisse une impression étrange. Comme un goût d'amertume sur la langue, des relents de culpabilité.
« Ylan, il faut qu'on parle. - ... »
Son œillade est très sérieuse. Tu ne lui demandes pas ce qu'elle fait à la maison et non à l’hôpital, te contentant d'attendre qu'elle enchaîne, qu'elle fasse tomber le couperet sur ta petite nuque tendre.
« Tu ne peux pas continuer comme ça. Tes notes baissent, tes professeurs ne disent pas beaucoup de bien sur toi, tu fumes, tu prends du poids... Qu'ai-je fait de mal, dans ton éducation ? »
Tu ne réponds rien, ne sachant absolument pas quoi dire, pour une fois. Tu te contentes de baisser les yeux sur tes chaussures. ne voulant pas supporter le poids de ses prunelles.
« Si tu continues comme ça, tu vas foirer tes examens. Tu n'iras jamais à l'université, t'auras pas le métier que tu veux. Tu vas rater, alors ressaisis-toi ! T'as encore un an pour le faire ! Je pensais que tu visais Millenium pour le niveau et la proximité, mais tu fous rien ! - Ta gueule ! T'arrête pas de me dire que je vais foirer, tu crois que ça m'aide !? - Visiblement, ça ne change rien puisque tu ne fais rien ! - Tu me fais chier ! »
Tu prends la fuite. Tu cours en direction de ta chambre, te fichant bien de l'avis du voisin du dessous. Tu te jettes dans ton lit encore tout habillé, un maelstrom d'émotions contradictoires enserrant ton cœur entre ses griffes.
Doucement, une larme roule sur ta joue, vite essuyée par ta main gauche.
La réalité, c'est que tu ne veux pas voir la vérité en face, tu as peur des conséquences pouvant te sauter au visage. Tu attrapes ton téléphone et envoie rapidement un message à Armin, ravalant rageusement tes pleurs de gamin.
« T'as dit que ta poudre coûtait quoi ? Amène en cours. »
Si simple de tomber dans un cercle vicieux. En quelques tapotements de doigts sur un clavier, tu t'enfonces dans tes problèmes alors que, tout ce que tu veux, c'est t'en sortir. Trouver une porte de sortie. Ton téléphone vibre dans ta paume.
« Ok. Amène 50£, j'te file 1g. »
Tu n'as jamais essayé, mais pourquoi pas ? Tout ce que tu veux, c'est une échappatoire plus tangible que des mots réconfortants. Tu as tellement entendu parler de la drogue, du grand-frère dealer de ton meilleur ami, des effets grisants que ça peut avoir sur ton corps que tu n'attends qu'à voir, en espérant que ce sera suffisant à anesthésier ta douleur. Suffisant à te tranquilliser, à t'apaiser, à remplir le trou affectif que tu ne veux que combler, à effacer ton comportement de merde...
À te rendre heureux.
Chapitre 5– La résignation ; “ C'est la vie. J'peux pas me sortir de là. Je peux plus… ”
Spoiler:
Quand tu t'observes dans le miroir, tu ne te reconnais qu'à peine. Tu peux mettre un nom sur ce corps, - le tien -, uniquement parce que les gestes que tu effectues sont copiés par ton double. La même grimace de dégoût, de lâcheté, étire vos lèvres crevassées, d'une teinte purpurine te rappelant le sang qui pisse de ton nez après avoir reniflé ta drogue. Tu reconnais les fils bleu fadasse que sont devenus tes cheveux, à force de ne plus être entretenus. Pour une des rares fois de ta vie, tu n'as pas d’échappatoire. Tu ne peux plus te mentir, devant ce reflet. Tu te drogues depuis quelques mois déjà, et les répercussions sur ton physique sont flagrantes.
Ta mère a bien vu ta décrépitude, mais elle n'a rien dit, elle ne veut plus rien dire ; tu n'écoutes jamais. Tes professeurs, également, ont discerné ta perte de présence, ton visage de plus en plus amer, aigri par une chose dont ils n'ont même pas idée. Et toi, là, au milieu de tous ces gens, tu te contentes de sourire en tapotant ta poche, heureux de l'ami que tu y dissimules.
Lorsque tu inspires ta poudre, tu deviens fort, imbattable, un véritable roc. Tu te sens bien, comme jamais encore tu ne t'étais senti, et tu planes. Tu te laisses envahir par ces vagues de bien-être, tu te laisses porter, tu laisses ton cerveau se déconnecter le temps d'un instant malheureusement trop éphémère. Toutes les bonnes choses ont une fin.
Mais, lorsque tu chutes, lorsque ta bulle de confort se perce et que les miasmes de l'extérieur ne t'atteignent, tu meurs. Ta conscience s'écrase avec violence sur la réalité de la vie, tu te sens faible. Tu deviens paranoïaque, tu transpires, tu as l'impression d'être à portée de tout le monde, qu'on te veut du mal, que les flics vont venir te chercher, qu'on viendra de persécuter jusqu'aux recoins du cocon que représente ta chambre. Toutes les mauvaises choses sont faites pour revenir.
C'est la raison pour laquelle tu t'es rapidement mis au crack, en plus de la cocaïne, qui te stimule bien plus rapidement, plus puissamment, plus brièvement. Mais la chute est tellement violente, tu t'écrases tellement brutalement lorsque tu reprends conscience que tu ne peux qu'en perdre le souffle et pleurer sur ton sort de lâche. De lâche incapable de se sortir du cercle vicieux dans lequel il s'est volontairement jeté. Tu inspires profondément, le bruit si caractéristique du crack paraissant résonner à tes oreilles tant tes pensées en sont infesté.
« Slt Arm. Comme d'hab, pour demain ? »
Tu tapotes ce rapide message sur ton téléphone, priant pour que ton meilleur amie te réponde rapidement. Tu tiens fermement ton bien, les doigts tremblotants à tel point que lire la réponse te parait un instant impensable.
« Nn, t'es trop accro mec. J'veux plus traîner avec toi. T'es un malade. »
Lorsque tes yeux se posent sur ces quelques mots, tu te sens soudainement mal. Tu te sens damné, condamné, au pied du mur, sans aucune issue. Tes jambes tremblantes te lâchent quand l'insidieuse idée que tu es en effet un malade se fait un chemin sous ton crâne, tu t'écrases sur le sol de ta chambre.
« ... Je suis malade ? Je... malade ? »
Ton nez choisit cet instant précis pour répandre des traînées de sang sur ton visage qui gouttent sur ton haut de pyjama, y créant des corolles sanglantes sombres. Levant tes mains sous tes yeux, tu observes en quoi la drogue t'a transformé ; une loque. Tu fais n'importe quoi de ta vie. T'es devenu un je-sais-pas-quoi. Tu n'es plus qu'une enveloppe charnelle vide de toutes autres envies que t'autodétruire. Tu t'en rends compte, mais il est déjà trop tard. La machine est lancée et tu ne pourras pas l'arrêter.
Le manque te fait pleurer, te fait trembler, te fait te sentir si proche de crever qu'il a au moins le don d'agir comme une piqûre de rappel. Pourquoi en es-tu là, maintenant, Ylan ? Parce que tu n'as jamais écouté, parce que tu n'as jamais pensé à travailler, à demander de l'aide. Parce que tu es juste un petit con trop fier pour supplier. C'est ta faute, Ylan.
+ + +
Tu es maintenant à quelques semaines de passer tes examens. Exactement deux mois ; tu es un mort en sursis. Tu travailles comme tu peux, tes notes remontent doucement, mais tu n'as pas arrêté de te droguer. Armin ne faisant plus le relais entre son frère et toi, tu as directement pris contact avec ce dernier en te rendant compte que tu es trop lâche, trop faible pour choisir le sevrage.
Le lycée arrive donc gentiment à sa fin lorsque tu le rencontres, lui. Ce professeur universitaire à l'air un peu ténébreux, aux petits sourires, à l'aura réconfortante. Totalement perdu, rejeté par ton seul complice, tu choisis de te tourner vers lui par une quelconque illumination. À chaque fois que tu poses ton regard sur cet homme, tu te sens fébrile, tu sens ces fameux petits papillons voleter au creux de tes entrailles : tu ressens l'attirance qu'il exerce sur toi.
C'est en l'espionnant, en t'informant au près du secrétariat également, que tu apprends son identité. Ludwig Auer. Tu l'observes de loin les premiers temps, avant d'oser t'approcher de lui.
Évidemment, ton apparence a bien changé depuis ta déchéance dans tes vices, t'octroyant un corps maigre, un visage émacié, un teint pâle, mais ton sourire doux et chaleureux parvient à attirer le regard sur celui-ci, éclipsant presque le reste.
« Bonjour ! ... Vous êtes nouveau ? »
Tu demandes en connaissant déjà la réponse, mais c'est une manière comme une autre de l'aborder. Tes mains moites s'enfilent dans les poches de ton sarouel alors que tu renifles doucement, espérant que ton nez ne fera pas des siennes maintenant. La voix de Ludwig te répond, sonnant agréablement à tes oreilles, et tu es certain d'être ferré.
« J'ai cru comprendre que vous étiez un prof de français... Est-ce que vous pourriez me donner des cours ? J'avoue que c'est un peu une de mes branches faibles. »
Français, Mathématiques et S.V.T étaient tes trois matières au lycée. Tu te débrouilles bien en mathématiques et en S.V.T, même si tu adorais cette dernière, tu préférais généralement faire de mauvaises notes, par pure haine envers le professeur. Mais tu possèdes cependant de vraies difficultés en Français. Tu te mordilles tes lèvres, déjà incarnates, pas très à l'aise de demander de l'aide. C'est une des premières fois de ta vie où tu vas vraiment vers les autres afin de recevoir un coup de pouce, ce qui montre que tu commences à grandir, assurément.
« Ça ne me pose pas de problème. Mais c'est à l'université que j'enseigne... Tu ne devrais pas demander à ton professeur de t'aider ? Il te connaît bien et sera plus susceptible de combler les lacunes. »
Merde, tu n'avais clairement pas pensé à ça. La gêne revient au galop alors que tu réfléchis à toute vitesse à une raison plausible qui, heureusement, franchit rapidement la barrière de ta bouche.
Tu es à deux doigts de lui faire des yeux de chien battu, même si tu te retiens de supplier à ce point. Demander quelque chose de toi-même n'est déjà pas évident, alors au lieu de supplier à genoux, tu risques plutôt de laisser tomber peu importe ton envie. Tu soupires.
« J'ai beaucoup de peine avec mon professeur actuel, en fait... Mais ne vous forcez pas. J'irai voir ailleurs. - Comme je le disais, ça ne me dérange pas. Je voulais seulement être sûr que tu avais épuisé tes cartes avant de venir demander de l'aide à un autre professeur. »
Le sourire taquin qui ourle les lèvres de ce nouveau professeur te plait bien. Une risette semblable étire tes traits fatigués alors que tu lui donnes ton numéro de téléphone, afin de discuter de tes cours de rattrapage ultérieurement. Évidemment, c'est fait exprès : tu auras son numéro lorsqu'il répondra à tes messages...
De là naît une relation plutôt platonique. Il devient ton professeur de français et t'aide à de nombreuses choses ; notamment l'oral puisque, peut-être par timidité, tu n'oses pas t'exprimer. Ludwig t'avait d'ailleurs offert plus d'un sourire amusé lorsque ta prononciation était fausse ou avec un accent anglais pour le moins marqué.
Ton attirance pour ton professeur ne diminue pas et, au contraire, semble même s'amplifier au fil des cours que tu as avec lui, au fur et à mesure de vos rencontres où tu le découvres doucement, ses manies et lui. Tu te rends cependant vite compte que ton crush est des plus hétéro, sa famille étant particulièrement catholique, donc fermée à « la maladie appelée homosexualité ».
Au départ quelque peu déçu de cette nouvelle, tu deviens un peu distant avec Ludwig, espaçant les heures de rattrapage en espérant atténuer l'emprise qu'il semble avoir sur toi, mais rien n'y fait. C'est pourquoi tu décides de prendre le taureau par les cornes et d'entamer une séduction promettant d'être longue et compliquée...
Tu t'es tout de même lancé, malgré ce que tu sais de la famille Auer, et as choisi de relancer le sujet sur le tapis. Tu as osé lui poser la question d'une manière plutôt cash, mais c'était une façon comme une autre de tâter le terrain.
« ... Tu penses quoi de l'homosexualité ? - Je pense que le libre arbitre est important. Chacun fait ce qu'il veut, avec qui il veut, du moment que les actes ne blessent pas autrui. »
Tout n'est donc pas perdu. Un sourire aux lèvres, tu baisses les yeux sur les livres de français amenés par ton professeur, lorsque celui-ci attire ton attention. Relevant tes prunelles, tu remarques tout de suite sa bouille quelque peu gênée. C'est mignon.
« Tu penses être homosexuel, Ylan ? - ... Ça t'intéresserait ? - Ça n'a rien à voir avec un quelconque intérêt. La déontologie réprime ce genre de comportement vis-à-vis d'un élève. - ... Hein ? Ça veut dire non ? »
Difficile de croire que votre relation aurait pu s'améliorer, pas vrai ? Pourtant, ta persévérance parvient à faire pencher la balance de ton côté. Ludwig et toi ne tardez donc pas à sortir ensemble, même si les appréhensions de ton professeur n'aide pas à ce que votre lien prenne son essor.
Grâce à l'aide de Ludwig, tu réussis tes examens relativement bien et vois même une surprise inattendue t'attendre dans la chambre de ton récent petit-ami...
Chapitre 6– L'acceptation ; “ Je dois continuer et me sortir les pouces du cul. Je dois juste… passer au dessus. ”
Spoiler:
La première année d'université commence plutôt bien. Tu as opté pour la filière linguistique, en duo de langue français/chinois, te retrouvant ainsi avec Ludwig en cours. Tu ressens néanmoins que la situation ne s'améliore plus ; en effet, dissimuler ta dépendance à ton petit-ami devient de plus en plus difficile. Tu deviens paranoïaque, tu ne le laisses pas fouiller dans tes affaires, tu ne l'accueilles pas chez toi par peur qu'il découvre tout... ça devient infernal. Tout a pourtant bien commencé, tu parvenais à lui cacher tes vices, à rester l'adorable Ylan à ses côtés... mais plus le temps file, plus tu dois augmenter tes doses de poudre afin de ressentir quelque chose, plus tu risques de dégoûter Ludwig.
C'est le cœur gros que tu décides de prendre une solution drastique, mais ô combien nécessaire, tant pour lui que pour toi. Tu te dois donc d'avertir ta mère, de lui demander de t'aider, de t'accepter comme tu es réellement devenu... et tout ne se passe pas comme prévu.
« Mom... Je... J'ai besoin de toi. T'es encore ma titulaire et... je dois aller à l'hôpital. - Tu es malade ? - ... En quelque sorte. Hm... Je suis dépendant. J'suis un camé, voilà. »
C'est dit d'une traite. Au lieu d'entendre ta mère tomber en sanglot ou crier, rien ne se passe. Tu relèves donc légèrement les yeux pour tomber sur son visage épuisé, alourdi de lourdes cernes, déformé par une grimace de dégoût. Ta mère est fatiguée, tu le vois bien, mais elle te paraît avoir pris dix ans dans les dents, soudainement. Tu te rends alors compte de son état, de la culpabilité ou de la tristesse qu'elle a dû éprouver en te voyant t'écarter d'elle...
« J'ai difficilement accepté ton homosexualité lorsque tu m'en as parlé, mais là, c'est trop. Dégage ! Je ne veux plus te voir ! Jamais ! Tu... Je n'aurais jamais dû t'avoir ! Tu es comme ton père ! - Mais... - Vas te piquer ailleurs ! Tu... Tu me dégoûtes ! »
Tu entends, maman ? C'est le bruit du cœur de ton fils qui se brise en morceaux. Sans un mot de plus, les lèvres prisonnières de tes dents, tu pars dans ta chambre afin de faire tes affaires. Tu prends un sac de sport et y fourre le maximum de tes biens, avant de quitter la maison pour de bon. Tu retiens avec difficulté tes larmes ; tu sais très bien que le plus dur et encore à venir.
Tu dégaines ton téléphone, voulant en finir maintenant, pendant que tu possèdes encore des relents d'espoir. Dieu seul sait à quel point tu n'as pas envie d'écrire ce message. À quel point ta fierté mal placée te tue, mais tu n'as pas d'autre choix. Tu n'as pas le droit d'entraîner des personnes supplémentaires dans ta merde, tu te refuses de plonger Ludwig là-dedans.
« ... C'est la meilleure chose à faire... »
Tes doigts pianotent sur les touches de ton portable, alors que petit à petit, les larmes brouilles ta vision. Tu relis ton message, tu ajoutes des mots, finis par tout effacer pour retaper quelque chose de concis, mais tu n'envoies pas. Tu n'as pas envie de le faire. Fermant tes paupières, tu appuies sur la touche afin de l'envoyer et éteins de suite ton téléphone, essuyant tes prunelles humides.
« Hello Ludy. Excuse-moi, c'est vraiment soudain, mais ça ne peut plus durer. Toi et moi, c'est fini. »
Tes pieds te traînent avec difficulté en direction de l'hôpital le plus proche. Tu marches en direction de la réception comme un condamné, le visage fermé, et fais part de ta requête à la secrétaire qui, te prenant au sérieux, passe de suite quelques téléphones. Tu t'assieds donc sur une chaise en plastique verte, attendant qu'on ne vienne te chercher, incapable de retenir plus longtemps les perles salines qui dégoulinent le long de tes joues.
Un homme vêtu de la blouse blanche conforme aux médecins vient te chercher, te tend des mouchoirs et t'explique la suite des événements. Bien sûr, malgré ta dispute avec ta mère tu demandes tout de même au médecin de lui envoyer la facture, et c'est avec appréhensions que tu finis par accepter la proposition que l'on te fait ; entrer en cure de désintoxication.
Tu refoules ta lâcheté te disant que tu ne pourras jamais te défaire de la drogue et, en pensant à toutes ces personnes t'ayant lâché à cause d'elle, prend la lourde décision de supporter ces longues semaines douloureuses de sevrage qui termineront de te faire grandir.
Chapitre 7– La reconstruction ; " C'pas encore fini. Je vais pas arrêter de pédaler, même si c'est dans le vide. Je dois continuer. ”
Spoiler:
Fraîchement sorti de la cure de désintox, c'est avec soulagement que tu emplis tes poumons d'oxygène. Tu es heureux d'avoir survécu à ces semaines de paranoïa extrême qui, sur le moment, te donnaient l'impression de mourir à petit feu.
Tu n'es pas totalement sorti du cercle vicieux de la drogue puisque l'envie de replonger est toujours lourdement présente, mais tu n'en prends plus et, pour toi, c'est déjà un pas extraordinaire vers la guérison. Il y a toutefois mieux, quelque chose qui te rend presque euphorique ; ton papa. En effet, à force de discuter avec les médecins et autres psychologues spécialisés de l'hôpital, tu t'es rendu compte qu'il était en réalité simple de récupérer le numéro de téléphone de ton père. Bien sûr, votre relation n'est plus aussi fusionnelle que lorsque tu étais petit, - ton père n'habite même plus en Angleterre et a refait sa vie -, mais tu es tout de même heureux de ne pas avoir perdu tes deux parents.
Désormais sans logement et sans argent, - malgré le fait que ta mère ait payé ta cure -, tu te retrouves un peu perdu. Sans aide, c'est sans étonnement que tu te retrouves à devoir vivre dans la rue même si, parfois, tu retrouves la chaleur d'un lit. En effet, tu ne te gênes aucunement pour draguer et, des fois, tout se termine chez ton partenaire qui, malheureusement, ne te voit jamais encore présent lorsque le temps du petit-déjeuner arrive.
Tu rêves secrètement de retourner à l'université, de refaire ta vie, mais tu ne te plains pas de ta condition actuelle, te disant que tu l'as bien mérité... C'est donc la raison pour laquelle tu déambules dans les rues de Londres, dormant parfois dans des lieux d'accueil spécifiques aux SDF lorsque quelques pièces se retrouvent au chaud dans tes poches. Tu souris néanmoins au futur, le poids de la drogue nettement amoindri.
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Pseudonyme ∠ -- SHERKAN -- Âge ∠ -- 16 ans, toujours... -- Comment avez-vous connu le forum ? -- Dcey ? Tcey, même... mais chut. Vous ne m'avez pas vu, ok ? -- Code ∠ -- Siroté par Alaric -- Encore un mot ? -- Je vous nem fort, tous autant que vous êtes ~ ♥ Aboulez les cookies, maintenant.--
OH. J'aime, j'aime, j'aime. Rebienvenue, quand même. ♥
Invité
Invité
Mar 2 Fév - 20:27
Bienvenue ♥
Invité
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Mer 3 Fév - 11:10
BAE ♥ Re-re-bienvenue :3
Invité
Invité
Mer 3 Fév - 12:21
*slurp Sherkan et ses persos* re-bienvenue, tu me fais toujours autant rêver 8D
Invité
Invité
Mer 3 Fév - 21:54
Merci à tous pour vos gentils mots ♥ Je vous bisouille tous avec amour ~
Je pense avoir terminé ma fiche, je m'en remets à vous pour les éventuelles corrections à apporter o/
Invité
Invité
Mer 3 Fév - 22:36
Bienvenue ici !
Invité
Invité
Mer 10 Fév - 16:28
Validation
Re-bienvenue parmi nous ♥ Une fiche longue, mais c'est toujours bien écris, comme d'habitude ! Je vois quelques fautes par-ci, par-là, mais rien -je pense- qui justifie de te faire faire une correction intégrale. Ce sont des fautes d’inattentions, clairement. De ce fait, te voilà validé ~
Du coup, tu es validé ! Maintenant que tu as ta couleur et ton rang, tu vas pouvoir t'acquitter de tâches administratives ! (Youhou, Ô joie !)