Parfois, lorsqu'on rencontre quelqu'un pour la première fois, on associe cette personne à un mot, à une idée. Le premier mot qui vous ait apparu lorsque vous avez rencontré Robin John fut : « peur » et vous avez ressentit un frisson dans tout votre corps. L'homme devant vous était grand, un mètre quatre-vingts environ. Sa peau est tannée par le soleil, pas bronzé, non, plutôt abîmée par les journées de travail en plein air. Ses cheveux noirs sont coupés au niveau du cou et un bouc sombre orne son menton. Entre ses lèvres craquelés brille un mégot de cigarette.
Vous restez figé, vos yeux ne peuvent se détacher de cet homme étrange. Le costume cravate impeccable, la veste noire, le vieux chapeau démodé, son apparence générale... Vous, vous seriez moqué de lui en temps normal, vous l'auriez regardé de haut et lui aurait demandé, non sans ironie, de retourner dans son vieux film de gangster. Pourtant, à cet instant cette idée ne vous effleure pas l'esprit. À la place vous l'imaginé en uniforme, car vous savez qu'il travail pour entrer dans la police, un uniforme bleu foncé et vous repensez à toutes ces fois où vous avez conduit un peu trop vite en ville…
Robin vous dépasse de cette démarche vive qui lui est propre et qui donne l'impression qu'il peut avaler les distances comme Charybde avale les bateaux. Vous ne lui avez pas parlé. Il n'a pas relevé son chapeau pour vous scruter de ses yeux sombres, ne vous à pas tendu sa main recouverte de poils fins et vous avez échappé à sa poigne ferme. Mais surtout, vous ratez l'occasion de faire partit des rares privilégiés à lui avoir arraché quelques mots prononcés avec sa voix grave.
Vos jambes, presque instinctivement se mettent en marche. Vous l'entendez s'affaler de manière pas du tout professionnel sur un siège. Sans vous retourner et mettez le plus de distance entre vous et cet homme. Si vous n'aviez pas été si pressé, vous l'auriez vu sortir d'une de ses poches un paquet de cigarette, il vous l'aurait tendu gentiment et peut-être, avec un peu de chance, vous auriez vu, dans les ombres de son chapeau une lueur de tristesse dans ses yeux.

Un gros nounours, c'est ce qu'est Robin John. Depuis tout petit, il fait très attention aux autres, presque plus qu'à lui-même. Il est toujours prêt à rendre service, à protéger les gens. c'est pour ça qu'il est entré dans la police : pour protéger, servir et rassurer. Ho bien sûr, beaucoup de personnes ont essayés de tirer partit de cette gentillesse, ils ont réussi et Robin ne s'en est jamais rendu compte.
En plus d'être gentil, Robin est timide et peut-être aussi, pas très sûr de lui. Il ne parle que rarement, car il n'ose pas ou ne sais pas quoi dire. Dans les couloirs, il marche rapidement pour éviter que les gens l'arrêtent et qu'il ait à discuter avec eux. Il cache ses yeux dans les recoins de son chapeau pour ne pas montrer quand il les baisses. La seule chose qui lui redonne confiance en lui c'est la cigarette et ses habits. Porter un costume, lui donne un air important et le rassure, tout comme son uniforme. Son chapeau lui rappel d'où il vient et repenser à chez lui, lui donne du courage. Quant à la nicotine, il n'en est pas vraiment fière, mais c'est une addiction à laquelle il peut se raccrocher pour ne pas tomber.
Et surtout il ne se sent pas très à l'aise dans cette ville : trop grande, trop peuplée, trop rapide. Dans sa campagne, on le connaissait et lui connaissait tout le monde, mais ici ce n'était que visages inconnus et fermés. De plus, c'est comme si les gens essayaient de l'éviter, avaient peur de lui. Non vraiment il ne comprend pas les gens de la ville. Pour ainsi dire, il a le mal du pays.
Enfin, en rajouté, il y avait l'informatique. Robin n'est pas doué en informatique, il est ce genre de personne à qu'il faut expliquer qu'on n'est pas obligé de fermer une fenêtre web et d'en réouvrir une autre pour faire une nouvelle recherche, ou qu'un sms, c'est un sms, pas un mail… Pourtant, ses collègues lui ont expliqués calmement et Robin les a écoutés bien sagement, comme à son habitude. Mais il n'y a rien à faire, ça ne colle juste pas.

Il existe dans toutes les campagnes de petits villages isolés. Même à notre époque, où les gens se regroupent autour des villes, ces villages existent toujours. Ils sont souvent peuplés de vielles personnes et de gens qui ont rejeté la vie citadine. Les parents de Robin font partit de ces gens-là. Lorsqu'ils ont emménagé, c'était un jeune couple, ils venaient juste d'hérité d'une petite fortune. Ils dépensèrent donc une partie dans une petite maison de campagne avec un jardin et le reste s'écoulaient lentement au fil des ans. Le village était calme, la vie s'écoulait au ralenti. Il y avait peut de jeune et l'enfance de Robin fut un long et vieux fleuve tranquille.
Personne dans le village n'avait besoin de dépenser beaucoup. La vie, là-bas marchait sans argent par un système de services : tu me repars un mur, je te donne des oeufs. Et pour les rares choses à acheter il y avait un petit super-market un peu en dehors du village.
La mère de Robin était journaliste, elle devait avoir la seule connexion internet des alentours. Son père quant à lui ne bossait pas, il restait toute la journée à la maison à s'occuper des tâches ménagères, à lire ou faire le jardin. C'était un homme d'un tempérament calme et tranquille qu'il a transmit à son fils. Le jeune homme quant à lui, enfant unique passait beaucoup de temps dehors. Tout le monde au village le connaissait comme un garçon serviable, près à rendre un service. Il travaillait même dans les champs de Tonton Abbel : un agriculteur bio. Et souvent, c'est grâce à lui que le soir, la petite famille avait droit à du poisson, de la viande ou des légumes frais.
Lorsqu'il grandit, ses parents décidèrent qu'il méritait de bonnes études, ils l'envoyèrent donc dans la ville la plus proche jusqu'à ses 18 ans. Puis, ils puisèrent dans le reste de l'héritage pour l'envoyer à Millenium Earl. Il prit des cours du soir et commença ses études de droit, ne rentrant que pour les grandes vacances. Il ne fut jamais très satisfait de ses années d'études. Le goût de la terre lui manquait, les cours ne l'intéressaient pas tellement, bien qu'il fasse des efforts pour faire plaisir à ses parents. Il finit dans les derniers de sa promotion. Mais dans une école comme Millenium, c'est déjà un bon niveau. Il aurait pu rentrer chez lui. Cependant il avait depuis longtemps remarqué qu'il n'avait pas besoin d'être au village pour que celui-ci marche. Bien sur il aidait beaucoup les gens, mais ceux-ci avaient finit par se débrouiller sans lui. Après tout le village marchait selon un mécanisme ancestrale, ce n'était pas en enlevant un petit rouage que tout allait s'écrouler. À la limite peut-être marcherai-t-il un peut moins vite. Ce n'était pas le cas de la ville. Cette machine-la était étrange elle ne marchait que pour certaines personnes. Il avait vu la pauvreté, il avait aperçu des gens voler. Il avait entendu parler de catastrophes qui n'arrivait que dans les ruelles sombres des grandes agglomérations. Rajouter un rouage à cette machine détraquée ne permettrait pas de la réparer. Mais s'il pouvait aider, ne serai-ce qu'un peut à ce que cette machine de rue et d'immeuble marche aussi bien que le village de son enfance, alors il supporterait ce mal du pays avec joie.
Pour accomplir ce rêve, Rob était rentré dans une école de police. Grace à son passage à Millenium, il réussi à passer le concours in-extrémis à 34 ans. Et demain, il se présenterais devant le poste pour son premier stage.