T. CYAN GOODMAN NOM : Goodman PRÉNOM : Tyler Cyan ÂGE : 18 ans. SEXE : à priori il a un trois pièces. NATIONALITÉ : américaine. ORIENTATION SEXUELLE: il s’en bat les couilles, littéralement. SITUATION AMOUREUSE : il s’en bat encore plus les couilles. GROUPE : lycéen. ANNÉE / MÉTIER : seconde année. OPTION(S) : option littérature anglaise. AVATAR : ici | IN REAL LIFE PSEUDO : cléanthe once again ÂGE : heu MARACASSE !!!! COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM ? elle est passée par ici, elle repassera par là. PETIT MOT : mot. CODE : auto-validation des enfers. |
PHYSIQUE / MENTAL
Chétif et gringalet. C’est la première image que l’on a de toi. Pourtant, tu es assez grand, mais il est vrai que ta maigreur te fait défaut. Tu n’as pas beaucoup de muscles ; juste ce qu’il faut pour réussir à faire le peu d’exercice que l’on te demande en cours sans avoir trop mal. Alors oui, tu as l’air effectivement gringalet lorsque l’on te voit pour la première fois, mais ce n’est pas comme si tu avais vraiment décidé de cette apparence ; la cause étant la malnutrition que tu as eu étant enfant, a eu des effets désastreux sur toi, et maintenant cette maladie ischémique dont tu voudrais te débarrasser ne t’aide pas vraiment à remonter la pente. Heureusement qu’elle n’est pas grave, qu’elle n’a pas un impact majeur dans ta vie ; juste une angine de poitrine plusieurs fois par semaine, mais rien d’alarmant. Mais il est certain que ce n’est pas pour autant que tu manges plus, que tu te nourris plus pour redonner un peu de vigueur et de puissance à ton corps ; à se demander si tu n’en as pas un peu rien à faire finalement.
Des yeux noisettes et des cheveux en effets nuages de la même couleur et qui bouclent légèrement au niveau des pointes. Tu n’as rien d’exceptionnel, tu es même étrangement banal pour quelqu’un d’aussi dérangé que toi. Non pas que cela te gène, tu n’as jamais cherché à te démarquer non plus, au contraire ; le fait que tu sois aussi banal t’aide à alimenter tes recherches en pouvant te faufiler n’importe où tant tu es d’une banalité écrasante. Un petit nez recourbé dont tu as hérité de ta mère, des lèvres fines et souvent irritées à cause de la peau que tu t’amuses à arracher avec tes dents lorsque tu es gêné, stressé, et ennuyé. C’est la partie de ton corps que tu aimes maltraiter sans y faire attention ; le goût du sang qui coule sur ta langue après ça est appréciable, signe que tu ne t’es pas encore totalement transformé en robot.
Pour ce qui est de ta garde-robe, tu prends tout ce qui est confortable. Tu n’es pas compliqué ; juste un t-shirt et jean font l’affaire. Tu te fous pas mal de la couleur, des motifs et de tout ça tant que ça te va et que tu te sens à l’aise dedans. Tu n’es pas un pro de la mode et tu ne le seras jamais ; c’est quelque chose de trop abstrait et incompréhensible pour toi pour que tu veuilles t’y intéresser un minimum et faire des efforts sur ton image physique.
close your eyes and let it down ;
Étrange et mystérieux. C’est ce que l’on dit de toi. Ta sensibilité et ton émotivité sont tellement envahissantes que tu te protèges derrière un masque d'impassibilité, voire de distance, ou tu te replies sur toi-même dans un silence glacé. Tu fais parti de ces hommes qui appartiennent à la race des idéalistes, qui malheureusement n'ont pas toujours les pieds sur terre. Avec tes aspirations élevées et des vues larges sur l'existence, bien souvent irréalisables, tu peux connaître des phases d'intenses déceptions, des désillusions, voire des crises nerveuses ou de dépressions. Ta vie intérieure est importante et un intense sentiment de solitude se fait parfois sentir, car tu as facilement tendance à te sentir à part, marginal. Et pourtant, tu es assez égocentrique, avant tout concerné par toi-même et ta propre affirmation. Plutôt dur et susceptible, tu es sujet aux colères. Assez jaloux, tu demandes l'exclusivité, et pire que tout, tu ne supportes pas tes faiblesses.
Mais, si tu te se sens pris en défaut, tu peux extérioriser un côté méfiant, distant, un peu hautain, un sourire ironique au coin des lèvres, sur la défensive... Ou tu te renfermeras sur toi-même, ou bien encore tu deviendras excentrique, compensant cette influence de manière radicale. En fait, une nature apparente intériorisée, réfléchie, cérébrale, analytique coexiste avec une tendance matérialiste, concrète, et cette dualité te confère un caractère fort. Tu es un homme actif, déterminé, rapide et impatient, qui cherchera avant tout le pouvoir. Tu es une créature qui a besoin de manifestations extérieures d'affections, qui veut être applaudi, respecté et vénéré. Pas seulement pour flatter ton ego, oh que non, juste parce que tu en as besoin. Trop de dénigration durant ton enfance, qui a fait que, malgré l’ego que tu as réussi à te forger, ce dernier plie très souvent et facilement, d’où le besoin de se sentir rassuré. Tu apprécies le naturel, le calme, la solitude, ainsi que ce qui sort de l'ordinaire. Tu es souvent fasciné par le merveilleux, les phénomènes occultes ou étranges –sauf à de rares exceptions où tu te montres, au contraire, viscéralement opposé et critique à l'égard de l'irrationnel.
Sentimentalement, tu aimes te sentir aimé. Tu aimes savoir qu’il n’y a que toi dans le cœur des autres, même si pour toi ce n’est pas forcément le cas. Tu n’es jamais tombé amoureux. Sûrement que tu penses tellement du mal de cette société que ton cœur n’arrive pas à trouver quelqu’un à aimer convenablement. Alors, à la place, tu te laisses aimer. Tu laisses l’autre personne croire que tu l’aimes, qu’elle est la seule pour toi aussi. Pourtant tu n’as jamais prononcé les mots « je t’aime » à leurs égards, des mots trop précieux pour toi, alors tu prononces juste un simple « moi aussi » qui suffit à faire l’affaire. Et lorsque tu t’es lassé de cette personne, qu’elle devient trop gênante ou collante pour toi, tu la laisses tomber. Et ça te fait mal, ce genre de chose, tu as un comportement qui ressemble trop à cette société que tu hais tant, et pourtant, tu te dis que tu n’y peux rien. Toi aussi, tu as grandi et vécu dans cette société, alors tu as forcément des actions comme elle. Et ça, ça te fait vomir. Cette simple pensée d’avoir été conditionné, elle te fait gerber, et tu es capable de rester toute une journée à vomir dans tes toilettes sans rien faire tellement cette idée t’est insupportable.
HISTOIRE
Cette sensation de s’enfoncer dans cette foule unanimement conforme, de disparaître parmi elle, ce sentiment de non-existence, de mort présumée. Il était là, ce rêve si longtemps refréné, si longtemps gardé en toi. Les passants qui te frôlent, qui ne font pas attention à toi, qui t’ignorent, ne te connaissent pas, ô douce sensation que voilà. La foule improbable remuante autour de toi, comme une fourmilière autour de sa reine, et toi, toi qui est là, silencieux et raide comme un piquet, qui attends. Attends que ça passe, attends de voir l’avancée des choses. Le monde est-il donc aussi perdu que ça ? Pas d’émotion sur ton visage, pas de sentiments ressentis. Juste une pression incroyable dans ta poitrine, ça t’étouffe, tu étouffes, tu reprends un bol d’air empoisonné, et encore, de nouveau, la compression revient, plus lourde que jamais. Tu te sens écraser, compresser. Tu as envie de te replier sur toi-même, de devenir un de ces rochers qui ne peuvent pas bouger mais restent éternels ; qui s’effritent à peine durant leur vie et qui ne ressentent rien. Oh, que tu aimerais être comme eux, et laisser partir la douleur qui t’enfle la poitrine, qui te fait gonfler le cœur et t’empêche de respirer. Et pourtant tu restes debout en souffrant, prenant pour la seconde fois une grande bouchée d’air. Tu voudrais t’en aller, oublier tout ça, oublier ces gens qui sont tout autour, qui marchent, courent, discutent entre eux, rient. Tu voudrais qu’ils te regardent, qu’ils te remarquent, mais tu n’es qu’un parmi un ; juste une partie de la société, que dis-je, tu ne fais même pas encore partie de cette société. Car si cette société et cette foule bruyante est agitée, alors tu préfères encore mourir que de suivre cette reine appelée plus communément « société ». Oh, que ne donnerais-tu pas pour une petite révolution en bonne et due forme, écrasant cette soi-disante société de consommation où chacun se plie à des conformités exigeantes, où chacun n’est plus libre d’être ce qu’il veut. Et après, les médias et le monde qui se choquent de certains comportements ; ah ! Ça te fait rire, tout ça. Toute cette banalité dans laquelle le monde est enlisé, dans laquelle il est déjà en train d’étouffer. Et tu le vois qui essaye parfois de remonter lors d’événement tragique ; mais c’est trop tard. Trop tard pour remonter la pente, trop tard pour essayer de réparer les erreurs du passé ; la nature, quelle soit humaine ou non, se meurt, et personne ne pourra rien y faire. Ces petits écolos qui essayent de se donner bonne conscience en faisant passer des messages humanitaires, tu leur ris au nez. Si seulement le monde avait frissonné un peu plus tôt, alors peut-être que nous n’en serions pas là. Tu pensais pourtant que la seconde guerre mondiale leur avait donné une bonne leçon, mais apparemment cela ne leur a pas suffit. Que les humains sont bêtes et inutiles. Peut être que finalement, ce ne serait pas une si mauvaise chose que ce monde disparaisse ; il pourra toujours faire pire, mais certainement pas mieux. À part détruire encore et encore, et construire des choses uniquement utiles pour ces bêtes avides de technologies, tu ne vois pas où tout cela pourrait vous mener.
Et puis, finalement, un sourire sur ton visage. Une jeune fille avec des dreads, allures gothiques, maquillage noir de partout. La foule se retourne, chuchote. Les yeux vont vers elle, l’expression est plus ou moins la même sur chaque visage ; le choc et le rejet. Mais il semblerait que la jeune fille s’en fiche royalement ; elle marche, fière, le visage haut. Rejette ses cheveux en arrière. Tu lui souris, elle te répond par un sourire, et passe à coté de toi, passant une main dans tes cheveux. Elle murmure un « sympa ton livre », et ton sourire s’accentue. Et c’est désormais à toi de faire office de cible pour la foule. Tu fermes les yeux, riant à gorge déployée. Ainsi donc, voilà ce qu’il faut à cette fourmilière pour qu’elle se détourne de sa reine. Un peu d’étrangeté et de bizarrerie pour que vous soyez ciblés par cette société. Certes pas de la bonne manière, mais vous êtes au moins remarqués, fichés. Tu renifles, jettes un regard à ce monde qui part en couille. Un dernier regard pour cette affiche de cinéma, et tu tournes les talons ; tu tournes le dos à ce monde décidément bien trop conformiste pour toi. Un doigt d’honneur dans le ciel, tu entends une partie de la foule grouillante qui émet un son d’indigné. Toi, ça te fait juste sourire. Et le ciel si éclatant de New-York d’un bleu si pur au dessus de ta tête te fait presque pitié. Qu’a-t-il donc fait pour mériter d’avoir en dessous de lui de tels insectes inutiles et ignorants ? Tu soupires, toujours ce petit sourire en coin sur tes lèvres. Qui sait, peut être qu’un jour tout ça disparaîtra en même temps que la connerie humaine.
❝KA BOOM.❞
Elle te regarde, comme si tu n'étais pas humain. Comme si elle ne te connaissait pas. Les yeux vides, les lèvres tremblantes, elle semble esquisser un semblant de sourire. Sourire ? Rire ? Tu ne sais pas différencier les deux chez elle. Tout ce que tu sais, c'est que ce sera bientôt fini. Elle te l'a dit, d'elle-même. Elle t'a prévenu. Elle te l'a dit, maintes et maintes fois, que tu n'avais pas à jouer le garçon surpris, presque choqué, à te balader tout seul dans la ville une fois qu'elle sera partie. Tu as bien compris qu'elle ne voulait pas que tu alertes les voisins ou autre. Alors tu attendras bien sagement, dans cette maison sans meubles, son retour. Si elle se retourne. Sa main tremble. Ses yeux pleurent. Son sourire est bel et bien là. Tu sens ses doigts gelés qui viennent caresser ta joue. Tu sursautes, ne t'attendant pas à une telle froideur, mais surtout, à un tel geste. Un geste presque gentil, presque maternel. Tes yeux s'écarquillent, tandis que les siens se ferment, lentement. Tu ressens la lourdeur de sa main qui se fait de plus en plus présente, tombant doucement le long de ton corps, pour finalement venir toucher le sol. Elle s'est endormie. Tu l'as bien compris. Alors tu ramasses les restes du repas de ce soir, les mettant dans le frigo défaillant que l'on vous a laissé. Tu prends le peu d’eau qu’il reste dans cette bouteille et lui emmène pour la rafraîchir un peu. Voyant qu’elle ne se réveille pas malgré l’eau fraîche et les claques que tu lui mets, tu soupires. Pourquoi elle ne se réveille pas ? C’est bizarre. Tu hausses un sourcil, prends le vieux téléphone que l’on vous a autorisé à garder si jamais il y avait une urgence, ils ont dit. Tu pianotes avec tes petits doigts sur le téléphone, tu cherches un numéro que tu connais. Et tu le trouves, parmi les quelques contacts qu’il y a. Tu appuies sur le bouton vert qui signifie que tu appelles. Tu déglutis, avales ta salive, et mets le vieux téléphone à ton oreille. Quelqu’un décroche, une voix de vieille femme sage se fait attendre. « Mamie… C’est Maman, elle… Elle ne se réveille pas. » Ta voix tremble, tu ne sais pas vraiment quoi dire ; de quand remonte ta dernière conversation avec ta grand-mère ? Tu ne t’en souviens même plus. Tu entends la voix paniqué qu’elle a désormais, elle te donne des instructions, se renseigne sur le numéro que tu dois appeler ; ce n’est pas le même qu’en Angleterre, apparemment. Tu l’entends qui déniche finalement celui qu’il faut ; elle pousse un soupir de soulagement. Elle te l’énonce, tu le répètes pour être sûr de ne pas te tromper. Elle acquiesce, te dit que tu dois te dépêcher d’appeler ce numéro, si jamais tu veux que ta mère s’en sorte. Tu réponds un oui à chacune de ses phrases en même temps que tu hoches la tête.
Un remerciement rapide est dicté, et tu raccroches en appuyant sur le bouton rouge. Tu tapes les trois petits chiffres que ta grand-mère t’avait dicté il y a de cela à peine quelques secondes. Tu te doutes qu’il s’agit du numéro des urgences, et là, la peur te prend au cou. Est-ce que ta mère est morte ? Tu jettes un regard sur ce corps qui n’a toujours pas bougé. Ton corps frissonne, les larmes commencent à monter. À l’autre bout du téléphone, une voix de jeune femme décroche, demandant qu’elle est le problème. Et tu répètes presque ce que tu as dit à ta grand-mère. On te demande qui tu es, le numéro et l’adresse de la maison. Tu réponds à toutes ces questions d’un ton lent et en articulant correctement ; tu sais que si tu te presses cela n’arrangera rien, tu balbutieras et elle ne comprendra pas ce que tu dis. Elle te répond qu’elle envoie une équipe, tu ne dois pas bouger et rester là où tu es. Tu marmonnes un petit oui et tu raccroches. Tu ravales tes larmes, te diriges vers le corps de ta mère. Tu lui touches la joue, le bras. Tu caresses ses cheveux longs. Étrangement, toute peur t’a quitté. Tu es désormais totalement calme. Ton regard descend sur tes poignets où les hématomes sont encore présents, petit cadeau de la semaine dernière de sa part. Tu soupires. C’est horrible, ce à quoi tu es en train de penser. L’idée même que ce genre de pensées t’ait traversé l’esprit te fait te sentir mal. Est-ce que tu es un monstre ? Un être anormal ? N’importe quel enfant ne devrait pas avoir à penser qu’il a quand même des avantages à ce que leur mère meurt.
❝IRRÉGULARITÉ.❞
Il te sourit comme jamais, et à nouveau, c’est un bonheur immense qui te remplit. Son doigt qui tapote le verre fissuré sur son poignet, et tu fermes les yeux, te laissant bercer par le son rythmé qui en résulte. Il passe une main dans tes cheveux ; tu soupires de bien-être. Mais quelqu’un vient vous déranger en tapant à la porte-fenêtre du petit patio dans lequel vous êtes. Tu te relèves presque immédiatement en voyant ta grand-mère qui apporte des gâteaux et les livres que tu lui as demandé. Ton grand-père rit en te voyant quasiment trottiner dans le jardin jusqu’à ce que tu arrives à elle, l’aidant en prenant ce qu’elle a dans les mains. Elle te remercie, allant s’installer en face de son mari, dans la chaise qui s’enfonce dans l’herbe. Tu reviens vers eux, posant les gâteaux sur la table, et t’asseyant sur l’herbe en tailleur. Tu vois un immense sourire sur le visage de ton papi, et tu sais à quoi il pense avant même qu’il n’ouvre la bouche. « Il t’en faut vraiment peu pour être heureux, hein. » Tu hoches la tête, souris. Est-ce si étrange que ça, que tu puisses seulement te contenter de livres pour être heureux, aussi heureux qu’un enfant –bon, pré-adolescent serait un terme plus correct- puisse l’être ? Peut-être, peut-être pas. Tes grands-parents le savent ; après ce que tu as vécu à Baltimore, tu ne peux qu’être heureux avec si peu de chose. Ta grand-mère te regarde d’un drôle d’air, et tu sais qu’elle s’en veut encore. Tu soupires. « Mamie, tu n’as pas à t’en faire comme ça. Tout ce qui est arrivé n’est pas ta faute, d’accord ? » Tu la regardes dans les yeux, sachant que c’est la première fois que tu abordes le sujet aussi directement. Un petit cri de surprise s’échappe de ta grand-mère avant que tu ne voies ses yeux qui brillent, essayant de contenir ses larmes. Ton grand-père se rapproche d’elle, ce petit sourire toujours accroché. Il lui caresse gentiment le dos en lui disant que ça va aller, qu’elle n’a pas à s’en faire, que tu as raison, elle n’y est pour rien. Elle renifle un peu, essuie doucement les larmes aux coins de ses yeux, et hoche la tête. C’est vrai, elle n’y est pour rien. Ce n’est pas de sa faute si ta mère te battait quand elle était totalement shootée à une drogue quelconque. Ce n’est pas sa faute si ta mère ne s’occupait pas tant que ça de toi quand elle ramenait toute sa paperasse à la maison. Ce n’est pas sa faute si ta mère est morte là-bas, en se suicidant, décidant que c’était mieux pour toi, ou pour elle, qu’elle ne soit plus là. Ta grand-mère n’y pouvait rien, elle ne pouvait pas savoir. Le peu de fois où sa fille lui téléphonait, tout allait toujours bien, tu étais toujours un petit garçon en bonne santé, qui allait à l’école, avait des amis, jouait au foot. Mais tu n’as jamais joué au foot. Tu n’as jamais eu d’amis comme elle le disait. Tu n’étais pas en bonne santé, ta peau avait toujours des sortes de petits boutons qui te démangeaient. Mais elle n’y faisait jamais attention, pour elle, tu allais bien, tout allait bien, tant qu’elle avait sa fichue drogue. Tu soupires en y repensant. Même en sachant que Baltimore était une ville où la drogue était plus que présente, tu aurais espéré, au moins une fois, que ta mère ne serait pas assez folle pour se jeter là-dessus. Mais ce n’est pas pour ça, que malgré tout ce qui s’est passé, tu as eu une vie malheureuse. Bien sûr, tu as eu des hauts et des bas, mais la vie est faite ainsi, non ? Tu détesterais que l’on te prenne en pitié à cause de ce que tu as vécu. Des tonnes de personnes ont vécu des choses similaires, tu n’es pas la seule sur cette planète. Ce n’est pas un drame dont tu ne te remettras pas. Ce n’est pas quelque chose qui va te pourrir la vie, et te suivre jusqu’à ta mort. Oh que non. Tu te relèves, époussetant les herbes qui sont restées coller à ton pantalon. Tu embrasses ta grand-mère sur la joue. Elle te regarde d’un air interrogateur. « Je vais appeler Papa, d’accord ? » Elle est surprise par le sourire que tu arbores quand tu lui dis ça. Ah, ton père. Tu ne peux pas dire que tu l’aimes ; tu ne le connais même pas. Enfin, si, tu le connais, mais tu ne l’as jamais vu, en fait. Tu le connais via les appels téléphoniques qu’il te donnait de temps en temps, à ta mère et toi. Ta mère n’a jamais voulu te parler de lui depuis qu’elle avait commencé à se droguer, et tu ignores encore pourquoi. Mais maintenant qu’elle n’est plus là, tu as tout le loisir de pouvoir parler à ton père sans pour autant passer par ta mère. Et ça, c’est quelque chose de nouveau, d’étrange. Tu prends le téléphone fixe, appuyant sur les boutons jusqu’à former le dit numéro. Tu attends une sonnerie, deux, trois. Il répond à la quatrième. « Hé, p’pa. » « Hé, toi-même. » Tu souris. C’est la seule vraie chose qui n’a jamais vraiment changé entre vous. Le même salut, avec la même intonation, et tu sais qu’il sourit à chaque fois qu’il te répond. Tu ne sais pas pourquoi tu en es autant persuadé, mais tu en es certain. « Comment tu vas ? » Il te répond que ça va, tu lui demandes si tu ne le déranges pas, il te dit que non, il est en pause. Quelques secondes passent. « Tu savais que maman était morte ? » Tu entends un truc qui tombe, qui fait un boum sur le sol. Tu sursautes un peu, tu ne t’attendais pas à entendre ce bruit. Quelques secondes passent de nouveau. « Depuis quand ? » Sa voix a l’air étouffée, étranglée. Tu te demandes s’il ne se retient pas de pleurer. Ton cœur se serre. Bon, d’accord, peut être qu’en fait, tu l’aimes, ton père. Lui qui a toujours été présent dans ta vie sans vraiment l’être. Étrange sentiment que voilà. Tu t’arraches une peau de ta lèvre inférieure avec tes dents. « Il y a deux semaines. Suicide, overdose. » Et il t’avait fallu tout ce temps pour récupérer assez de courage pour lui dire. Même, pour seulement l’appeler. Tu l’entends qui soupire, avale sa salive. Tu ne sais pas combien de temps s’écoule avant que le silence ne soit rompu. « Je suis désolé. » « Pourquoi ? » Tu réponds au tac au tac. Tu n’as absolument pas voulu dire ça. Tu aimerais même de jamais avoir prononcé ça. Tu t’étais édicté une loi ; tu ne lui demanderas jamais pourquoi il n’est pas là, avec toi. Pourquoi, à chaque fois que vous deviez raccrocher le téléphone, il finissait par un ‘désolé’ soufflé et à moitié sanglotant. Tu te l’étais promis. Jamais, au grand jamais tu avais prévu de lui demander ce ‘pourquoi’ tant réprimé pendant des années et des années. Tes doigts s’amusent avec ton t-shirt. Bon sang, qu’est-ce qui t’avait pris ? Tu fermes les yeux, serrent les lèvres. C’est trop tard, tu l’as demandé, alors maintenant, tu ne peux rien faire si ce n’est attendre sa réponse. Réponse qui ne vient pas. Tu as l’impression que ça fait une éternité que tu es accroché à ce fichu téléphone, à attendre une réponse de sa part. Et finalement, il soupire. Et tu sens qu’il sourit, de nouveau. « J’ai cru que tu ne me le demanderais jamais. » Un petit rire suit cette déclaration. Ton cœur s’arrête pendant un instant. Tu sens tes yeux qui te piquent, tu sens les émotions qui montent. Et pour la première fois de ta vie, tu aimerais que ton père soit là. Qu’il soit là, devant toi, qu’il t'ébouriffe les cheveux, qu’il te prenne dans ses bras, qu’il te fasse une frappe viril, qu’il fasse n’importe quoi, mais qu’il te touche, au moins une fois. Tu renifles, hoquettes, et tu ne retiens plus les larmes qui coulent sur tes joues. Tu les as trop retenues pendant toutes ces années. Ces années où tu as appris que crier, appeler à l’aide, pleurer et supplier ta mère d’arrêter ne servirait à rien. Que ce soit pour te frapper ou pour qu’elle arrête cette fichue drogue, rien de tout cela ne marchait pour aucun des deux. Et maintenant que tu pleures, tu te demandes si tu pleures également la mort de ta mère. D’un coté, tu es soulagé. De l’autre, tu voudrais qu’elle soit là, qu’elle te sourit, de nouveau, comme le premier jour où vous êtes arrivés dans votre nouvelle maison à Baltimore. Elle était si belle. Si joyeuse. Si resplendissante. Par rapport à l’état dans lequel elle se trouvait lorsqu’elle est morte.
Tu lâches le téléphone, cours vers les toilettes où tu vomis tout ce que tu peux. C’est horrible. Horrible. Terrifiant. Tu pleures de plus belle, vomis encore jusqu’à ce que ce ne soit plus que de la bile qui ne sorte de ta bouche. Tu t’assieds sur tes chevilles, essuyant ta bouche avec le papier toilette, et tirant la chasse. Ta grand-mère est déjà à l’intérieur, te demandant si tout va bien. Tu lui souris, les yeux rouges, lui répond que, ouais, tu vas bien. Tu reprends le téléphone. « Pardon, p’pa, j’ai eu un haut le cœur. » Il soupire, se sent coupable, tu le sais. « Cybil. » Ah, ce surnom dont il t’a lui-même affublé, pour tu ne sais pas quelle raison. Ta mère te l’avait expliqué un jour, bien avant qu’elle ne sombre dans la drogue, mais c’était tellement une explication à dormir debout, que même ta mère avait rigolé en te racontant ça. Elle t’avait bien dit que ton père était un peu bizarre parfois, mais tu voyais bien que malgré le fait qu’elle disait toujours ça sur un ton un peu insultant, elle avait adoré ce petit côté étrange de lui. Et à chaque fois, ça te faisait sourire. « J’aimerai être présent. Être là pour toi en ce moment. Si tu savais à quel point ça m’a toujours démangé de revenir vers ta mère et toi pour fonder une vraie famille. Mais je n’ai jamais pu, et encore maintenant, je ne peux pas. Peut être bientôt, dans quelques années, mais… Pas tout de suite. » Tu soupires, le sourire revenant sur ton visage. « Hé. » « Hé toi-même », et tu l’entends rire. « J’attendrai, p’pa. J’attendrai le temps qu’il faudra, que ce soit pour que tu reviennes, ou que ce soit pour que tu me dises enfin quel est ton fichu boulot. » Il rigole, mais tu sais parfaitement que si son travail est si confidentiel que ça, alors c’est soit le FBI, soit la CIA. Et qu’il a tout simplement peur de s’engager. Un nouveau soupir, évidemment, ta mère n’aurait pas pu trouver quelqu’un de moins important, de moins secret, qu’un putain d’agent d’une organisation secrète pour être ton père. Super. Surtout que s’il ne voulait rien te dire, alors soit ton père était un parano, soit un haut gradé. Mais tu opterais pour la première option, après tout, vu comment ta mère parlait de lui, ça ne t’étonnerait pas qu’il soit un peu parano. « Tu es où, là ? Chez les parents de ta mère, je suppose ? » Tu ris un peu. « Bah ouais p’pa, je ne connais pas mes grand-parents de ton coté je te signale. Et je suis chez eux, oui, en Angleterre. » « Il s’occupe bien de toi ? » « Mieux que tout ce que tu pourrais imaginer. » Il soupire, tant il est rassuré. Après quelques minutes de bavardages où il te demande ce que tu comptes faire, rester chez tes grand-parent ou non, vous finissez par raccrocher, non sans le petit ‘désolé’ qu’il prononce de nouveau. Tu souris en regardant le téléphone dans ta main. Tu le remets sur son socle, murmurant un ‘je te pardonne’ que probablement personne n’a entendu, à part toi.
❝WHEN THE SUN IS HIGH.❞
La main sur ta poitrine, tu étouffes. Tu penches la tête sous la petite douleur, puis la relèves immédiatement en prenant une grande bouffée d’air. Tu inspires, expires. Et voilà, ça va mieux, la douleur est passée, et ta respiration redevient régulière. Ta grand-mère fronce les sourcils. Oh-oh. « Tu es sûr que tu ne veux pas retourner voir ce médecin ? » Tu soupires. Combien de fois avez-vous déjà eu cette conversation ? « Non, mamie, je vais bien. Et puis le docteur a déjà dit qu’il n’y avait rien d’autre à faire que me nourrir correctement, et que ça devrait passer tout seul. Et, il a rajouté que, si jamais ça empire, il faudra effectivement y retourner, pour vérifier que des caillots ne se sont pas formés. Mais comme ça n’a pas empiré, je reste ici. » Elle te tourne le dos en claquant la langue. Un sourire naît sur tes lèvres. Tu sais qu’elle est inquiète pour toi, surtout depuis que cette maladie ischémique au niveau de ta poitrine a pointé le bout de son nez, mais ce n’est rien de grave. Ce n’est pas comme si cette maladie risquait de te tuer. Tu regardes ton assiette, et tu soupires mentalement en te disant que tu n’as déjà plus faim. Mais tu sais que si tu ne finis pas ça, elle risque de te menacer de retourner chez le docteur. Ta fourchette se plante dans la fine lamelle de pomme de terre. Okay, à cause de ta malnutrition durant ton enfance, le sang afflue moins vite à ton cœur, et peut parfois s’arrêter de tout simplement circuler pendant un dixième de seconde, te causant une faible douleur au niveau de la poitrine, mais seulement d’à peine une seconde ou deux. Et pour régler ça, il suffit que tu manges correctement. Mais comment expliquer à ta grand-mère que tu n’as tout simplement pas assez d’appétit pour manger quoi que ce soit ? Et que, de toute manière, tu finiras à un moment ou à un autre par le vomir, à force de voir ses conneries d’informations à la télévision ? Tu te lèves, allant éteindre cet objet du diable, selon tes propres dires. « Désolé mamie, je n’supporte pas ces conneries. » Et de nouveau, elle soupire. Tu sais déjà ce qu’elle va te dire. Que tu es devenu presque impossible à vivre depuis quelques années. Eh bien, hey, ce n’est pas de ta faute. Tu as tout simplement ouvert les yeux sur la réalité, celle dans laquelle tu vis. Voilà tout. Bon, okay, les livres philosophiques que tu t’es mis à lire lorsque tu as repris la scolarité en Angleterre n’a pas aidé, bien au contraire. Mais tu sais que tes grands-parents ne peuvent rien y faire, et même si cela agace ta grand-mère, ton grand-père, lui, en rigole bien. « Ça se passe bien au lycée ? » Tu hoches la tête, d’un air désintéressé. Ce n’est que le lycée, après tout. Juste celui à côté de la Millenium university, le plus célèbre et connu institut londonien. C’est ton père qui voulait te mettre là-bas. Il a dit qu’une amie qu’il aimait beaucoup y avait été, et il tenait à ce que tu y ailles aussi. Toi, tu t’en foutais, tant que tu ressortais de là avec un diplôme en poche, tu n’allais pas chipoter pour le choix du lycée. Mais il était vrai que c’était grandiose. Tu avais été un tout petit peu secoué quand tu y avais été pour les portes ouvertes, et tu devais avouer que ça avait été… Impressionnant. Et tu avais décidé d’y aller, comme le désirait ton père, mais aussi un peu pour toi-même. Tu avais bien remarqué que tout le monde n’avait pas forcément la possibilité d’entrer dans ce genre d’établissement, à cette université magnifique, alors autant en profiter, même si tu détestais cette idée. Et à croire que le monde préférait effectivement que tu détestes cette idée, puisque tu n’as même pas pu y entrer, ton cœur faisant des siennes au moment de la rentrée.
« C’est bête. » C’est ce que tu avais dit à ton père quand tu l’avais appelé. Ça l’avait un peu chamboulé d’apprendre ça, et toi aussi, mais il gardait un espoir que tu puisses y entrer en cours d’année ou que tu y rentres à la rentrée prochaine. Tu aurais bien voulu lui demander pourquoi il était si obsédé par cet institut, pourquoi alors que tu avais commencé ta première année de lycée dans un lycée banal de Kingston, il voulait à tout prix que tu ailles là-bas ; mais tu savais qu’il ne te dirait rien, alors tu n’as rien dit. Et effectivement, en envoyant à nouveau ton dossier au lycée, une lettre en suivit disant qu’à la rentrée prochaine tu pourrais enfin être scolarisé là-bas. Entre temps tu as eu du retard, tu as essayé de travailler le mieux que tu pouvais pour ne pas redoubler une année ; mais rien n’y a fait. De base tu n’es pas très travailleur, ayant des résultats sans trop rien foutre, mais ce n’était même pas le souci ici ; tu n’avais juste pas la motivation. Et pourtant, tu as tout de même accepté de te rendre là-bas, non seulement intrigué sur ce qu’il pouvait bien avoir de si exceptionnel, mais également intrigué par l’étrange fixation qu’en faisait ton père. Il avait beau dire que c’était à cause d’un ami, tu étais presque sûr qu’il y avait autre chose. Et puis ta grand-mère avait craché le morceau. « C’est là où ta mère est allée lorsqu’elle avait ton âge. » Elle disait ça en souriant tristement. Et tu t’en étais voulu d’avoir posé une question aussi stupide. Et alors tu as compris ; toutes les pièces de puzzles ce sont doucement mais sûrement assemblés. Et maintenant, tu comprends mieux pourquoi ton père voulait que tu y ailles aussi. Tu soupiras. En vrai, c’était un sentimental, cet homme. Et maintenant, tu y es. À ce lycée à côté de la Millenium, qui lui, n’a rien d’exceptionnel à part le lieu où il se trouve. Tu as repris le lycée comme avant, en seconde année, et tu profites des vacances pour revenir chez tes grands-parents, comme maintenant. Tu tapotes le verre fissuré de la montre de ton grand-père qu’il t’a donné. Celle avec le drapeau français en guise de bracelet. Toute une histoire là-dessus, concernant la seconde guerre mondiale. Tu l’avais toujours trouvé précieuse, mais depuis que ton grand-père t’en a fait cadeau, elle l’est encore plus. Tu soupires, étires tes bras, et te rassies correctement sur la chaise, pendant que tu discutes avec lui. Tu te demandes ce qu’ils en penseraient si tu leur disais que tu faisais ami-ami avec les voyous qui s'amusent parfois derrière le lycée. Et ce, bien sûr, sans que personne ne s'en aperçoive, sinon, ça risquerait d'aller mal pour toi. Un sourire en coin orne tes lèvres. Au fond, tu as toujours su que tu étais un petit voyou.