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La réalité, c'est ce qui ne disparaît pas quand on arrête d'y croire | Stanislas L. Harkness

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Dim 18 Oct - 20:12


Stanislas L. Harkness




Nom : Harkness
Prénom(s) : Stanislas, Lance
Âge : 29 ans
Sexe : Homme
Nationalité : Français | Anglais
Orientation sexuelle : Bisexuel
Situation amoureuse : Célibataire
Groupe : Personnel
Logement : En colocation avec les Kingsley
Métier : Luthier reconverti en professeur de musique
Avatar : Silbe + LittleUlvar


La majorité dicte les codes


Qu'est-ce que la notion de majorité ? Il s'agit du pâturage contenant le plus de moutons. Tous suivent les même choses, voient de la même couleur, consomment la même herbe. Ainsi, ils portent logiquement le terme « d'exemple » que tous se doivent de suivre au risque d'être exclus.

La lutherie est dans un dédale de ruelles étroites, cachée dans les tréfonds de la ville de Thonon-les-Bains, située non loin du lac Léman faisant frontière entre la Suisse et la France. Je pousse la porte finement décorée et entre dans un nouveau monde, une clochette tinte à mon entrée et le son clair de celle-ci semble un instant résonner. Une douce odeur de bois et de vernis flotte dans l'air, me caresse de ses effluves en me plongeant de suite dans une atmosphère féérique et apaisante ; je suis entouré par de magnifiques instruments neufs, aux couleurs flamboyantes, paraissant danser sur le bois de leurs revêtements, sous la tendre lumière des lampes. Ils ne demandent qu'à trouver un musicien habile pour pouvoir jouer à s'en briser les cordes, à en faire fondre l'archet et, un instant, je regrette de ne pas avoir les moyens de me payer un nouveau violon, le mien se faisant vieux.

Un air de ce que je reconnais comme étant un violoncelle attire soudain mon attention. Je tends l'oreille, désireux de découvrir où se cache la personne en train de jouer et, avançant dans la boutique sans un mot, je découvre un homme, les yeux fermés, occupé à pincer les cordes de son instrument tout en faisant voler son archet avec grâce. Sa main droite aux ongles bien limés et peints de noir maintient le manche du violoncelle, je remarque sans trop de difficulté que ses doigts sont longs, à l'effigie des pianistes. Diverses breloques s'entrechoquent de temps à autre l'une contre l'autre et, un instant, je crois discerner les boursouflures d'une large cicatrice à l'intérieur de son poignet. Il est assis sur un petit tabouret, un violoncelle caramélisé placé entre les jambes, appuyé avec légèreté contre son mollet droit. Dévorant des yeux l'instrument un instant, je finis par relever les yeux pour voir à qui j'ai affaire.

Je peux voir son menton pointu surplombé de lèvres pincées par l'effort, légèrement purpurines et possédant un ourlet séduisant. Laissant mon regard glisser sur ce visage concentré, je remarque un nez plutôt pointu et large qui, avec ses pommettes hautes, lui confèrent un air noble. Ses paupières fermées ne me permettent pas de découvrir la profondeur de son regard, mais je peux dire qu'une fois ouvert, il doit être habillé de ce manteau de longs cils noirs que j'aperçois ombrager le haut de ses joues. Ses sourcils, soigneusement entretenus, donnent à son visage un air un peu sérieux dû à leur inclinaison actuelle. Sa tête légèrement penchée en direction de son instrument, l'oreille tournée vers la caisse de résonance, il n'y a aucun doute sur le fait qu'il est à sa place, dans ce magasin, et que sa beauté s'accorde avec ses créations. Après tout, ne dit-on pas qu'il existe un lien spécial entre un instrument et son créateur qui, au fil des heures, l'a façonné et lui a donné vie, écoutant les vibrations de ses cordes avec l'attention dévouée d'un amant ?

Perdu dans les fins fonds de mon esprit, je ne m'aperçois pas que plus une note ne s'envole et la voix du vendeur me fait sursauter, perçant ma bulle de rêveries. Douce et légèrement rauque, je me dis qu'il possède un timbre idéal pour chanter du rock indie ou du Néofolk et qu'il pourrait sans mal faire preuve de ce talent sur un morceau de Woodkid, ou de Hozier.

« Puis-je vous aider ? »

Je hoche la tête bêtement, observant ses cheveux mi-longs d'une belle teinte bleu foncé couler le long de ses clavicules. J'y aperçois d'ailleurs quelques tresses - ou peut-être un genre de rastas - nouées par des élastiques rouges tranchant avec la couleur marine de sa chevelure. Remarquant mon comportement impoli, je lève les yeux et croise immédiatement son regard chocolat au lait et, je l'avoue, la forme plutôt arrondie de ses yeux me rend jaloux et admiratif. Il rabat une mèche sauvage derrière son oreille et, avec un sourire indulgent de parfait teneur de boutique, attend que je lui expose mon problème.

« Oh, hm... Bonjour. Je viens pour faire réparer mon violon, je pense que la touche s'est fissurée... Il est tombé d'une table basse, en fait, et le son n'est plus le même depuis. »

Je finis par m'exprimer, ma dextre venant gratter ma nuque en un signe évident de gêne. Je ne savais guère si elle venait de la chute idiote de mon instrument ou de mon soudain manque de confiance en moi, alors sous le regard perçant de cet homme charismatique.

« Puis-je voir votre violon ? Je pense qu'il serait judicieux que je puisse juger par moi-même... »

Le petit sourire moqueur qui fleurit sur ses lèvres séduisantes a le don d'assécher ma bouche et de colorer mes joues. Je me mordille nerveusement la lippe en faisant glisser mon sac de mon épaule gauche, l'ouvrant afin de lui donner le dit violon abîmé.

Je le suis tandis qu'il me tourne le dos, me priant de le suivre en direction de son atelier ; je calque donc mes pas sur les siens, jetant par ailleurs un coup d’œil à son anatomie ma foi plus que plaisante. Il est grand, un poil plus que moi, donc je dirais jusqu'à maximum un mètre quatre-vingt-cinq. Ses épaules sont larges, mais sa taille fine, à l'instant enserrée par les bras d'un tablier noir. Le pantalon anthracite qu'il porte moule légèrement son fessier, m'offrant une vue des plus plaisantes. Il se tourne vers moi, ayant sans doute senti mon regard et, un rictus taquin aux lèvres, me demande d'un ton pourtant sérieux.

« La vue est-elle satisfaisante ? »

Alors, je ne peux m'en empêcher. Mes joues s'empourprent tandis que mes yeux lui lancent une œillade penaude. Je remarque par la même occasion le petit pin's accroché à son haut. Son prénom. Stanislas.

+++

Les artistes, tout comme les marginaux, font partie de ce que la « normalité » nomme la minorité, les moutons n'acceptant par leur sort, dénigrant les codes afin de vivre selon leur propre philosophie. C'est pourquoi la minorité est recluse, car dite anormale. Mais, entre nous, qu'est-ce vraiment, la normalité ? Si, un jour, ces moutons deviennent majoritaires, ils deviendront à leur tour ce que tous appellent « normalité » ...

« - Stanislas ? C'est un homme réglo qui évite les embrouilles. Non, franchement, il est plutôt patient et c'est agréable de travailler avec lui. Il m'a l'air très responsable et il apprend mieux par la pratique plutôt qu'en lisant des théories… Il m'a toujours dit que les études supérieures étaient une corvée, comme les méthodes d'enseignement sont justement basées sur des théories. Mais une fois la tâche apprise, il l'applique sans relâche pour mener son projet à terme et je le respecte énormément pour cela.



- C'est mon ex, alors je pense le connaître plutôt bien. Il est plutôt débrouillard et agréable à vivre, mais il n'aime pas faire les choses différemment que comme il le fait d'habitude… On est toujours forcé de lui expliquer pourquoi notre méthode est plus efficace ! Il travaille très longtemps et dépenses des quantités énormes d'énergie pour faire un truc qu'il considère important, mais il ne fait en général pas des choses qui ne l'intéressent pas. C'était quand même un plaisir d'être avec lui. Stanislas est vraiment un mec fidèle et dévoué, il peut par contre être trop généreux et ça peut se retourner contre lui. Il m'a déjà dit que le plus beau cadeau que je lui avais fait, c'était l'expression de mon amour… Mignon, pas vrai ?



- Même maintenant, Stany est toujours mon bébé. Je le connais bien, étant sa mère, mais il a toujours été un enfant plutôt secret. Il n'exprime jamais ses sentiments à moins d'y être poussé et il dit souvent des choses qu'il regrette plus tard. Il est toutefois loyal et viendra s'excuser platement. Il n'est pas du genre à tenir longtemps rancune à une personne. Comme son père, il a tendance à être très dur avec lui-même et la solitude ne lui réussit pas. Il a toujours défini ses priorités en fonction des besoins des autres et il arrive qu'il mette sa propre santé de côté. »



Toutes ces personnes ne le connaissent pas véritablement. Chacune possède une pièce de sa personnalité, mais le puzzle de son caractère n'en demeure pas pour autant complet. Stanislas est une personne complexe et très tournée vers autrui, même trop au point de parfois se montrer étouffant et surprotecteur avec les amis qu'ils se fait. Cependant, il n'est certainement pas du genre à dévoiler cette qualité, qu'il nomme plus facilement faiblesse. Non, lors de la première rencontre, il peut paraître quelque peu désintéressé et distant.

Fidèle, il n'est toutefois pas naïf. Il n'a pas énormément de peine à briser les relations lui étant toxiques, même s'il ne peut s'empêcher de rejeter la faute de cette déchéance sur lui. Stanislas a besoin de remarques positives de la part des autres. Sans cela, ou face à des critiques constantes, il se décourage et peut même devenir déprimé. Dans le stress ou dans des situations défavorables, il a la manie de perdre confiance en lui jusqu'à, parfois, laisser son travail de côté. C'est un homme très responsable, si bien que les gens ont naturellement tendance à compter sur lui, profitant de temps à autre du fait qu'il ait de la peine à dire non, quitte à se surcharger. Dans de tels cas, il n'exprime pas sa difficulté parce qu'il place les besoins d'autrui avant les siens, et qu'il déteste profondément paraître faible.

Stanislas peut paraître d'une patience à toutes épreuves, mais il est en réalité fort impatient lorsqu'il s'agit de sa personne. Il s'énerve facilement pour une broutille le concernant et cherche toujours à se dépasser, à faire mieux… mais il ne parvient en général pas à se surpasser lorsqu'il est rongé par la frustration. Ainsi, il vaut mieux l'éviter quand il affiche une moue grognonne, sous peine d'être incendié.

Avec les inconnus ou les personnes qu'ils n'apprécient pas, il se montre plutôt antipathique. En réalité, ce n'est ni par timidité ni par misanthropie, c'est simplement qu'il redoute le fait de s'attacher trop rapidement et de souffrir pour rien. Il essaie de se montrer prudent et de retenir ses pulsions lui ordonnant de se montrer agréable et généreux. En effet, il apprend à vivre de manière plus égoïste, bien qu'il ait énormément de peine à le faire.

Sarcastique, il demeure une personne gentille et à l'écoute. Pas très franc, il tourne sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, par peur de blesser involontairement. Il sait que les mots peuvent facilement se transformer en épée. Paradoxalement, Stanislas est un homme très pessimiste, il se force tout de même à porter un visage positif afin d'encourager ses proches. Sa vision du monde est très noire, il peut partager cet avis avec des amis très proche, ou lorsque les émotions le submergent. Par exemple, il voit l'humanité comme étant un virus, un être autophagique qui causera son propre déclin.

Dernier détail : Ce p'tit gars est végétarien et en est très fier. Il se détend et se « ressource » en jouant de la musique ou en cuisinant.




La minorité est pointée du doigt


Ainsi, la normalité désignerait uniquement le groupe de moutons contenant le plus d'êtres, car celui-ci, de par son nombre élevé, contraindrait autrui à suivre leur exemple afin de ne pas être pointé du doigt, mis à l'écart. Le problème ne viendrait-il donc pas de l'ouverture d'esprit de chacun, de sa manière d'offrir une place à l'originalité dans sa vie ?

L'enfance fait de nous ce que nous sommes. Nos expériences nous forgent, nous guident dans le choix de nos chemins, nous façonnent. On raconte que la plus infime de nos décisions pourrait avoir un effet dévastateur sur la façon dont notre vie évoluera, que le moindre battement d'aile d'un papillon pourrait, à l'autre bout du monde, déclencher une tornade. Il s'agit d'une théorie pour le moins intéressante, mais qui n'aide pas à avancer. Au contraire, elle pourrait être la source de nombreux remords, le point de départ d'une véritable dépersonnalisation. Ainsi, un Homme détruit par sa vie pourrait se dire « pourquoi ai-je fait cela ? J'aurai dû faire ça ! Je n'en serais pas là aujourd'hui... ». Et ce regret ne l'aidera guère à continuer de se battre. Au contraire, cela ne fera que l'enchaîner davantage à ses démons, donnant ainsi à sa conscience une excuse afin de panser ses plaies.


Tout comme le père de Stanislas. Du moins, c'était ce qu'il pouvait en dire du peu qu'il savait à son sujet. Antoine Liechti, salopard.

Sa mère, Esmée Harkness, affirmait qu'un amour naissant les liait, enfin, jusqu'à ce qu'Antoine n'apprît la grossesse de son aimée et que ce lien ne se déchirât d'une manière bien précoce. En effet, en apprenant la procréation d'un potentiel enfant, ce pauvre homme prit peur et, après avoir gribouillé à la hâte une note d'excuse sur un post-it rose fuchsia, s'était enfui de l'appartement, aux premières lueurs de l'aube.

Aussi étrange que cela pût être, Esmée se plaisait à dire, lorsqu'il était encore un enfant ne se souciant uniquement de la couleur de ses crayons, que Stanislas était le fruit de son hymen perdu, pris par un homme ne désirant rien de plus que se consoler entre des bras délicats et aimants. Toutefois, cela n'avait pas empêché sa mère d'éprouver de tendres sentiments à l'égard de cet homme détruit par une vie dont elle n'avait aucun détail. Elle décida, peut-être sur un coup de tête, de garder l'enfant, caressant chaque jour que Dieu faisait son ventre qui, au fil des mois, s'arrondissait, lui offrant une allure davantage féminine.

À sa naissance, Esmée, n'arrivant à se décider pour un unique prénom, choisit de lui en offrir deux. Stanislas et Lance, le premier à consonance plus française que le second, ce qui rappellerait à merveille les origines du petit. Ainsi, Stanislas Lance Harkness était né un vingt-neuf février, une date pour le moins originale. Il était un bébé « soleil », il se réveillait et s'endormait avec un sourire, gazouillait lorsque sa mère le portait et ne pleura pas souvent, ce qui, au début, avait paniqué Esmée. De nombreuses photos souvenirs décoraient, d'ailleurs, un petit livret rappelant ces tendres moments mère-fils. L'on pouvait y voir Stanislas endormi, serrant possessivement les boucles chocolatées de sa mère. Un Stanislas aux joues remplies de yaourt, un Stanislas serrant un chat dans ses bras… Non, il n'était pas un bambin véritablement difficile à vivre, au plus grand bonheur de sa mère.

+++

Un jour, du haut de ses quatorze ans, Stanislas rencontra un chien dans le parc situé non loin de l'immeuble où il vivait. Il se promenait dans cet espace vert en observant les arbres étirer leurs ombres sur le sol dallé habillé de feuilles incarnates, la fontaine noyée sous les couples y mangeant leurs déjeuners ensemble, les enfants se balançant sur des chevaux en bois… C'était un beau tableau automnal qu'il ne s'ennuyait jamais à détailler. Sauf que, cette année-là, une petite surprise l'attendit à l'ombre d'un érable aux feuilles ensanglantées, portant quelque fois des touches d'orange citrouille au niveau de leurs veines et de leurs tiges. Pas une n'arborait le vert jeune propre au printemps.

Le soleil déclinait, se faisant avaler par les nuages grisâtres, tandis qu'un vent frais se mit à courir dans le parc, essayant avec succès de se faufiler sous les vestes encore minces des passants. Là, abrité par les branches de l'arbre, un chien était roulé en boule, contre le tronc d'un beau brun riche. Il était malingre et ses côtes étaient flagrantes, mais le plus marquant était sans doute les touffes de poils qui lui manquaient, formant un étrange labyrinthe dans son pelage cendré. Une tâche attira son regard, située sur son dos. Elle ressemblait un peu à un nuage, autant de forme que de couleur. Stanislas ne saurait dire la race de cet animal, mais il crut reconnaître un semblant de berger allemand. Il était sans doute un mélange pour le moins original, mais la connaissance des canidés qu'il possédait n'était guère plus flagrante que sa moustache, dont on ne voyait pour l'instant qu'une ombre. Lorsqu'il chercha à s'approcher, les oreilles du chien se dressèrent sur son crâne et, avant qu'il ne puisse faire un pas supplémentaire, il s'était enfui.

Son visage enfantin se tordit en une petite moue avant qu'il ne se décide à rentrer à la maison, soupirant en remarquant le petit papier jaune collé aux portes de l'ascenseur. En panne. Il monta donc les escaliers avec un entrain impressionnant, digne d'une personne âgée, et entra chez lui sous les salutations chaleureuses de sa mère.

Il retourna dans ce parc le lendemain, un sac vomissant presque des couvertures porté sur le dos. Il vit à nouveau le chien, mais guère longtemps puisqu'il partit comme la veille. C'était donc un chien errant ou perdu, mais vu son état désastreux, Stanislas penchait plutôt pour la première hypothèse. Il étala les couvertures sur le sol et forma un genre de petit nid, posant à côté une gamelle remplie de nourriture, en espérant qu'aucun autres animaux errants ne viennent y chaparder. Il rentra une fois sa tâche effectuée, priant pour que le chien joue le jeu et profite de la chaleur des couvertures qu'il avait amenée. Sinon, il aurait à supporter les remontrances d'Esmée pour rien.

Ainsi, il retourna dans ce parc jour après jour en amenant de la nourriture afin d'appâter l'animal. Petit à petit, il sembla se détendre en sa présence, ses muscles étaient déjà moins nerveux à l'œil. Le chien le laissa même l'approcher pour le nourrir, mais ne fut pas suffisamment calme et confiant pour le laisser poser la main sur son dos. Armé de patience, Stanislas attendit donc le moment venu, ne forçant pas l'animal par peur de sentir ses crocs s'enfoncer dans sa chair. Sa mère lui avait toujours dit que les bêtes sauvages pouvaient être porteuses de nombreuses maladies, alors il se méfiait des morsures. Lorsqu'enfin il put caresser tendrement l'animal baptisé Badiane (il s'était inspiré des épices trouvées dans la cuisine de sa mère), un fin tapis de givre recouvrait l'herbe maintenant ternie par le froid d'un hiver naissant.

Badiane se socialisait de plus en plus, mais son état ne s'améliora pas. Bien sûr, il reprit une apparence plus digne à force de se nourrir, mais le fait que ce dernier boitait sévèrement d'une patte n'était pas pour tranquilliser Stanislas. Il n'avait personne à qui parler de lui, sa mère étant allergique aux poils d'animaux et ne gagnant qu'assez d'argent pour assurer leur survie. Il n'avait pas énormément d'amis du côté de l'école et ne portait guère suffisamment de confiance envers les enseignants pour leur demander un coup de main. Il ne fit donc rien, gardant ce fait secret. Jusqu'à ce qu'un jour d'hiver, la neige tombant en de fins flocons, il ne tomba sur personne. Pas un chat. Badiane avait disparu, laissant le tas de couvertures abîmées par la saison. Il chercha une bonne heure durant son ami à quatre pattes et, finalement, retourna à la maison bredouille, la tête débordante de question. Était-il mort ? Ou emmené par la fourrière ? Ce qui l'acheva fut certainement la présentation du nouveau compagnon d'Esmée, Christian Crivey. Un vétérinaire. Il avait quatorze ans, et, pour la première fois de sa vie, reçut un semblant de figure paternel puisque, quelques mois plus tard, Esmée se maria.

+++

Seize ans. Un âge empli de tourments, de questions, d'incertitudes et d'insolence. Du moins, en ce qui concernait Stanislas. Les cours ne se déroulaient pas de la meilleure des façons ; il était dissipé, rêveur et répondait irrespectueusement aux professeurs osant éclater sa bulle de solitude. Aucun besoin de spécifier le fait que cela faisait jaser. Les filles gloussaient dans leurs coins et parlaient dans son dos, ce qui en soit n'était pas si dur à vivre, mais les garçons possédaient une approche beaucoup moins discrète. Ils étaient les premiers à l'insulter et à se moquer au sujet de ses longs cheveux, de son « homosexualité » alors qu'ils ne pouvaient s'appuyer que sur des rumeurs (bien que cela soit le cas, Stanislas s'était découvert bisexuel à force d'observer les garçons de sa classe durant le sport). Cela n'empêchait aucunement le fait que cette isolation était dure à vivre, d'autant plus qu'il n'y était pas vraiment habitué. L'année dernière s'était déroulée sans aucun problème notoire, comme toutes les précédentes d'ailleurs… mais il fallait bien que cela cesse. Le véritable problème ne se trouvait toutefois pas dans ses cours, il s'agissait d'une épine plus insidieuse, plus discrète, mais plus douloureuse encore ; la maison. En effet, Esmée lui avait annoncé tout sourire, peu après la Saint-Valentin, le visage ravagé par une joie intense, sa grossesse. Elle se caressait tendrement le ventre sous le regard aimant de son mari.

« - Stany ! Stany ! J'ai une excellente nouvelle à t'annoncer !
- ... Oui maman ?
- Tu vas avoir un petit frère ou une petite sœur à protéger… »

Au contraire de ce que l'on pourrait croire, cette nouvelle ne fit pas bondir son cœur de joie, il manqua même de défaillir. Malgré l'étau enserrant sa gorge, il se força à déguiser ses lèvres pâles d'un sourire.

« - Oh ! Mais… c'est … super maman ! C'est pour quand ? Novembre, décembre ?
- Fin décembre, normalement ! Un vrai bébé de Noël. répondit son beau père, les émotions qu'il ressentait clairement apparentes sur son faciès. »

Son air enjoué fit mouche, sa mère et son beau-père ne virent rien de plus qu'un adolescent touché par ce qu'ils pensaient être du bonheur. À partir de ce jour, ses pensées à l'égard du bébé ne furent pas tendres. Son cœur s'emplit de sentiments négatifs à son encontre, qui formèrent un malstrom d'émotions à supporter. Colère, tristesse, trahison, jalousie, peur. Il redoutait, un peu comme un petit garçon, que l'attention de sa mère ne se focalise sur ce nourrisson. Qu'elle ignore son premier fils, fruit d'une relation vouée à l'échec, pour se concentrer uniquement sur le résultat d'un amour partagé et inconditionnel. Et, mois après mois, cette kyrielle d'émotions paraissaient s'amplifier au fur et à mesure que le ventre de sa mère s'arrondissait, s'adaptant au petit qu'il abritait.

Stanislas la voyait souvent assise sur le canapé, Christian occupé à caresser et embrasser tendrement cette protubérance, susurrant des mots doux à son futur premier enfant. Souvent, ils regardaient de nombreux sites sur internet afin de trouver un appartement plus grand ou une maison ; ainsi, il s'éloigna petit à petit de ses parents et s'enferma de plus en plus souvent dans sa chambre, à gribouiller sur une feuille, dormir, lire… Mais la tension qu'il vivait à l'école ne s'arrêta aucunement malgré les mois qui s'égrainaient. Du moins, il lui semblait qu'elle ne faisait que s'accroître, alors que ses défenses se fissurant étaient les seules « fautives ». Stanislas craquait, doucement, à petit feu, mais il craquait. L'école, comme la maison, devinrent des univers où il n'était pas bon de demeurer. Les cours, car les moqueries à son égard ne cessaient qu'à l'arrivée d'un enseignant et qu'il n'était guère suffisamment stupide pour se plaindre, ou pas assez confiant pour oser. La maison, car la relation dégoulinante d'Esmée et de Christian le blessait.

« - Oh ! Attention, le petit pédé arrive !
- Il paraît que Stanislas sort avec Lucas ! Oui, le mec canon en Arts Visuels !
- C'est dégueulasse sérieux… J'vois pas comment un mec pourrait aimer se faire enculer !
- Ma mère m'a dit de ne pas l'approcher… »

C'était toujours comme ça. Des jours, les remarques s'adoucissaient alors que d'autres, elles avaient l'air d'arriver à leur paroxysme. Peut-être ses camarades de classe avaient-ils également besoin de calmer leurs tensions… mais alors pourquoi se défouler sur lui, alors qu'il ne possédait rien de spécial ? Certes, il aidait quiconque demandait un coup de main et était parfois utilisé par les autres, mais il ne voyait pas en quoi le rôle du bouc-émissaire lui fut accordé. Peut-être, justement, à cause de sa difficulté à s'opposer à autrui ? Stanislas n'avait jamais eu beaucoup de véritables amis, mais il pouvait se targuer de posséder des liens durables. Du moins, jusqu'à ces brimades qui effrayèrent ses seuls amis. Il comprenait que l'on ne désirait plus rester avec lui, par peur d'être à son tour mis dans le panier des « rejetés homo de la classe », mais il n'empêchait pas que c'était douloureux. Alors il rentrait à la maison en traînant des pieds, tombant éternellement sur la même scène.

« - Oooh, c'est qui le joli bébé à son papa ? Ta mère et moi avons hâte de te voir…. […] Que dis-tu de Victoire ? De Sacha ? Enzo ? Eh, Esmée ! Tu as senti ? Il a donné un coup ! »

La pression à supporter devint lourde à porter, si invivable qu'il ne réussit plus à fermer l'œil de la nuit sans être titillé par ses propres démons, par les questions qui le suivaient, par ses appréhensions. Si bien que Stanislas dût trouver une solution afin de se vider l'esprit. Il avait entendu dire, de son voisin de table, qu'une des filles de sa classe, Emilie, se mutilait. Que ses parents étaient divorcés, que son père n'était pas tendre avec elle, que rien n'allait dans sa vie… Tout le monde, ou presque, s'était rendu compte des marques zébrant son bras gauche. Alors, dévoré par l'impression d'avoir enfin trouvé un remède à sa détresse, dévoré par l'envie de voir sa douleur psychique s'évaporer, s'écouler grâce à son sang, en douleur plus physique, et donc plus facile à contenir… il essaya. Et recommença quelques jours après. Encore. Encore. Encore. Toujours plus profondément.

Il avait l'impression d'avoir enfin mis le doigt sur un moyen efficace de se « soulager », aussi paradoxale que cela puisse être. Ce n'était pas dessiner, il n'avait pas à transporter sa boite de crayon et son carnet de croquis avec lui. Ce n'était pas lire, il n'avait pas à transporter de livres avec lui. Ce n'était pas non plus les jeux vidéos, il n'avait pas à transporter sa PSP avec lui. Non. La seule chose dont il avait besoin, c'était un ciseau. Parfois, un compas faisait l'affaire. Ou un couteau. Tellement de solutions lui permettant de soumettre ses émotions trop violentes pour être contenues ! Lui, au contraire d'Emilie, fut discret. Au début, il se sentait bien, apaisé, mais au fur et à mesure que des marques, des entailles, striaient ses bras et ses cuisses, son bien-être se mua en honte, puis en tristesse. Avec la fin du printemps, les manches des pulls se raccourcirent, le tissu devint plus fin ; les gens troquaient leurs vestes et leurs bottes contre des T-shirts et des baskets. Qu'allait-il faire si quelqu'un découvrait ce petit secret ? Mais cette question s'évaporait rapidement, lorsqu'il devait faire face aux critiques infondées de ses camarades, à l'amour de ses parents qui n'était pas tourné vers lui. Il continua, autant pour se soulager que se punir. La mutilation avait, pour lui, deux faces bien distinctes. Un peu comme une mère. Parfois, elle soulageait, câlinait de ses bras aimants afin de consoler. Parfois, elle s'énervait et pouvait devenir violente dans ses paroles, haussant alors le ton. Aussi inutile et incompréhensible qu'elle pouvait être pour les autres personnes, elle devint, pour Stanislas, une amie, une activité capable de le détendre, de se blesser lorsqu'il était le fautif, « d'aller mieux ».

Puis, une nuit, ravagé par la tristesse, Stanislas alla trop loin. Le ciseau, dont la poignée jaune était fermement tenue par sa main entaillée, mordit férocement son poignet, tailladant sans ménagement la chair délicate. Un torrent de sang impressionnant s'écoula de la plaie, gouttant sur son matelas noir et ses jambes dénudées. Ploc. Ploc. Les larmes glissant le long de ses joues devinrent une véritable rivière alors que, avisant la plaie béante qu'il s'était infligée, son estomac parut se retourner, s'agiter. Une envie de vomir prenante bondit sur l'adolescent et, tremblotant, il se releva en toute hâte. Son univers, sa chambre, sembla tourner un instant autour de lui avant de se stabiliser, lui permettant de faire un pas, puis encore un autre. Il se précipita dans la chambre qu'Esmée partageait avec Christian et, ne pensant aucunement aux conséquences, il supplia sa mère de le soigner, se laissant tomber au bord du lit. Ce qui sortit de ses lèvres cette nuit-là ne fut que des borborygmes, des excuses chevrotantes, des gémissements de terreur. Il ne désirait pas mourir. Il ne désirait pas faire ça.

Ses paupières se fermèrent sur le visage apeuré de sa mère, alors qu'à l'autre bout du couloir, Christian glissait sur le tapis indien en voulant courir attraper le téléphone fixe.

+++

« - Stan. Viens, il faut qu'on parle.
- … »

Il était sorti de l'hôpital quelques jours après ce drame, des points de suture dessinant une courbe sur son poignet. Esmée n'était pas suffisamment en forme pour parler à son fils maintenant, pour aller le chercher aux urgences, et sa grossesse ne l'aidait pas à calmer ses instincts de mère. Christian avait enfin réussi à la faire dormir quelques heures, lui permettant ainsi de discuter avec son beau-fils. Leur relation n'était pas extraordinaire et, il l'avouait bien, Stanislas avait un peu été mis de côté avec l'annonce d'un nouvel enfant. Mais il l'aimait. Il n'y avait aucun doute là-dessus.

« - … Je ne vais pas te gronder, malgré mon envie de le faire, ni t'insulter, te juger ou quoique ce soit. Tu peux te détendre. Je voulais juste parler avec toi de différentes façons de…. te vider l'esprit. De manières moins douloureuses pour toi, tu vois.
- … Tu n'es pas fâché contre moi ? Déçu ? »

La main de Christian se posa avec douceur sur son crâne, le caressant tendrement. Les lèvres pleines de son beau-père s'ourlèrent d'un sourire réconfortant lui coupant le souffle, déclenchant une sensation étrange et chaleureuse au creux de sa poitrine. Comme un crépitement. Une flamme naissante.

« - Non, je ne suis pas déçu. Tu es comme un fils pour moi et la seule chose qui me chagrine, c'est que tu ne sois pas venu m'en parler. Que je n'aie pas aperçu ta souffrance. Ta mère s'en veut aussi, mais elle n'est certainement pas fâchée contre toi. Sa colère est tournée contre elle-même.
- Je… je pensais…
- Rien du tout. Et ce n'était pas le sujet de discussion. Je vais te trouver une activité dans laquelle tu pourras t'épanouir. Et, une fois ce problème réglé, toi et moi, nous allons sérieusement discuter. »

Chose dite, chose faite. Son beau-père lui fit découvrir les joies de tenir un instrument entre les doigts, d'apprendre à caresser les touches bicolores d'un piano, à gratter les cordes d'une guitare… mais ce qui le toucha véritablement fut le violoncelle. Il apprit avec un professeur venant à domicile et ne lâcha jamais cet instrument capable de donner une profondeur à sa musique, d'offrir à ses notes un son triste, joyeux, coléreux à la seule vibration de ses cordes. Il avait enfin trouvé sa voie, il le sentait au fond de lui. Il s'agissait d'une sensation indescriptible, douce et à la fois amère, paraissant crépiter au fond de son être. Oui, il désirait un métier en lien avec la musique. Cependant, son beau-père lui tira les vers du nez au sujet de sa détresse. Stanislas parla uniquement de ses cours, bien que le regard de Christian se fit suspicieux….

Tout redevint comme avant, ou presque. Esmée et Christian se préoccupèrent davantage de Stanislas, ôtant un poids immense de ses épaules. Il se sentait plus accepté au milieu du couple et, encore loin d'accepter l'enfant, ne le regardait plus d'un œil aussi sombre. Le mois de septembre se passa sans aucun problème, mais plutôt dans l'amusement. Stanislas regardait souvent sa mère se lever afin de se concocter des plats plus qu'étranges, suivant ses envies culinaires pour le moins originales. Il se sentait plus accepté au milieu du couple et, encore loin d'accepter l'enfant, ne le regardait plus d'un œil aussi sombre. Parfois, elle mélangeait des choses improbables, comme du nutella et de la moutarde. Mais bon, il ne désirait pas se mettre sur le chemin d'une femme enceinte au caractère changeant. Un véritable volcan. Pendant ce temps, Stanislas remontait gentiment la pente, soutenu par son beau-père. Il osa enfin répondre à ses camarades de classe et les brimades cessèrent, bien qu'il dût être patient pour ne plus recevoir de critiques. Il n'arrêta pas de suite sa mauvaise habitude de tromper sa tristesse en se blessant, mais le violoncelle l'aida énormément à supporter ses envies.

Jusqu'à ce jour. Un douze novembre. L'enfant d'Esmée, qui depuis l'échographie s'était révélé être une fille, parut vouloir prendre son inspiration ce jour-même. La mère dut être emmenée d'urgence à l’hôpital afin que l'accouchement se déroule dans les meilleures conditions possibles. Quelques heures de dur labeur plus tard, une fille nommée Victoire Crivey agrandit leur famille. En posant les yeux sur ce petit bébé au crâne parsemé de touffes blondes, Stanislas sentit son cœur manquer un battement. Mais ce ne fut pas la haine qui l'envahit. Ses lèvres s'étirèrent en un grand sourire alors qu'il la prit entre ses bras. Il ne la lâcha pas comme il l'avait tant de fois imaginé,  ses mains se resserrèrent même autour de cet être si fragile tandis que grandissait, au plus profond de lui-même, la graine qui ferait de lui un grand-frère protecteur.

Sa journée ne put pas mieux terminer. En sortant prendre l'air afin de digérer toutes les émotions l'ayant frappé cette journée, il décida de partir faire un tour. Son regard se posa alors sur un chien, certainement un berger, avec une fière allure. Son pelage dru était cendré et ses yeux noirs brillaient d'intelligence. Il jappa en avisant Stanislas, mais ne s'arrêta pas, suivant le pas de sa maîtresse. En se tournant à son passage, il reconnut la petite tâche en forme de nuage sur son dos. Le sourire qui naquit sur son visage ne partit pas de toute la soirée. Badiane.

+++

« - Joyeux anniversaire Stanichou ! chantonna Victoire, âgée de huit ans, en tapant des mains sur la table.

- Du calme Vicky… »


Ils étaient tous autour de la table alors qu'Esmée, qui venait de réprimander sa fille, arrivait avec un beau gâteau au chocolat, décoré de bougies et de fraises. Son préféré. Elle le posa devant Stanislas avec un petit clin d'œil, faisant attention à ne pas éteindre les petites flammèches par inadvertance.


« - Vicky et moi l'avons fait rien que pour toi !

- Ouais ! Même que j'ai mis les doigts dans le chocolat et que j'ai goûté !

- Allez, fais un vœu et souffle. »


Fêter ainsi son anniversaire pouvait peut-être paraître enfantin, mais il s'agissait d'une habitude que la famille Harkness- Crivey avait prise. Chaque membre y avait le droit et se devait d'être présent le jour J avec, si possible, un grand sourire aux lèvres. Christian portait un petit cadeau sur ses genoux, emballé dans un papier bleu foncé où de nombreux pingouins paraissaient jouer. Stanislas souffla ses bougies avec « l'aide » de sa sœur et coupa le gâteau sous les cris de la petite punaise désirant une immense part. Allez, fais un vœu et souffle.


« Stan, ta mère et moi avons un cadeau en commun à te faire. »


Christian tendit les bras afin de lui donner la boîte qu'il tenait sur ses genoux, pas plus grande que son avant-bras. Il prit l'emballage et, remerciant ses parents brièvement, l'ouvrit délicatement. Il ne déchirait plus le papier comme lorsqu'il avait dix ans, et préférait prendre son temps afin de découvrir ce qu'on lui offrait. Ainsi, lorsqu'il ôta l'emballage et ouvrit la boîte, il fut quelque peu perplexe en découvrant une enveloppe. Il garda celle-ci entre ses doigts, déposant le reste sur la table, et l'ouvrit. Il tomba sur une lettre et reconnut l'écriture comme étant celle de sa mère ;

" Voilà venu le temps de ton envol, n'est-ce pas ? Nous te soutenons au sujet de ta lutherie et t'avons même dégoté un magasin à Thonon-les-Bains, pour que tu puisses travailler non loin de notre famille. J'espère que ce cadeau te plaira et, bien sûr, que tu sauras en profiter comme il se doit !
 Nous te souhaitons un joyeux anniversaire, Stany ! "


Sans qu'il ne pût s'en empêcher, les larmes se mirent à monter, brouillant quelque peu sa vue, mais pas une ne roula le long de sa joue. Il les essuya avant puis se précipita dans les bras de sa mère, oubliant le temps d'une étreinte qu'il venait de souffler ses vingt-quatre bougies. Ses parents lui offraient un cadeau merveilleux ; un magasin où exercer sa passion. Stanislas leur avait parlé de son projet et, soutenu par Esmée et Christian, s'était lancé dans un apprentissage long et complexe afin de devenir luthier. Et voilà. Son aventure était lancée, il allait pour de bon entrer dans la vie active en essayant de distancer ses sombres moments passés au lycée.


La dernière page d'un livre se fermait, mais il ne s'agissait certainement pas du premier tome. Loin de là, il n'était qu'au commencement de sa vie.

+++

La première année fut difficile. Il dut demander de l'aide à ses parents afin de tenir la boutique lorsqu'il ne pouvait pas y être, faisait des emprunts d'argent, devait de temps à autre garder Victoire… Ce fut une période charnière, particulièrement compliquée à gérer, et il ne put guère se reposer plus de six heures par nuit, la lutherie passant avant tout. Mais cela valait le coup. Stanislas ressentait une telle joie en voyant un de ses instruments intéresser des musiciens ! Savoir qu'une de ses œuvres allaient devenir l'outil d'une personne capable d'en faire résonner les cordes, d'en tirer des notes emplies d'émotions, le rendait heureux, simplement. Alors, son long travail acharné payait. Le bonheur de ses clients était son salaire.


La deuxième année fut déjà plus facile, permettant ainsi à Stanislas de plus longues nuits de repos. Il ne se formalisa jamais du peu de vacances qu'il avait, appréciant son métier et l'indépendance totale qu'il possédait, lui permettant ainsi d'ouvrir son magasin lorsqu'il le souhaitait. Il travaillait toujours en chantonnant, aimant choisir le bois de ses instruments, dessiner ses chablons, sculpter, assembler, vernir… Il possédait de bons contacts avec ses fournisseurs, en particulier avec l'archetier, un homme d'une trentaine d'années avec qui il eut une longue liaison qui se termina en douceur, laissant derrière elle une très bonne amitié.


Mais, ce qu'il aimait sans doute le plus dans son métier, c'était aider les clients à trouver l'instrument idéal en fonction de leurs souhaits. Tester la sonorité et l'adapter, discuter avec les musiciens, aussi bien amateurs que professionnels, qui entraient dans sa boutique… Il se rendait alors compte que son travail payait, que l'on appréciait le fruit de ces heures passées à poncer son instrument…


Cependant, ses vingt-sept ans sonnèrent le glas de sa boutique. Stanislas était talentueux, ses instruments appréciés à leur juste valeur, mais la raison de son échec fut son manque d'envie de compétition. Il ne désirait pas travailler afin de gagner plus d'argent et de mérite, il voulait juste rendre ses clients heureux et faire un travail plaisant… sauf que dans le monde de la lutherie, ce n'était guère possible. Il s'agissait d'un univers exigeant où la rivalité était omniprésente. Stanislas n'était pas suffisamment connu et, malgré les ventes qu'il faisait, n'arrivait pas à joindre les deux bouts. Ainsi, les emprunts se cumulèrent, les rappels de paiement à effectuer, les dettes… Il dut fermer sa boutique afin de rembourser ses prêts et une bonne partie de ses instruments y passa. Ce fut certainement le jour le plus difficile de sa vie puisqu'il dut affronter l'échec, la frustration d'avoir perdu cet endroit où travailler, d'avoir perdu ses outils, d'avoir en quelque sorte mené à l'échec le magasin que ses parents lui avaient offert…


Il décida, après avoir longuement discuté avec ses parents, de partir enseigner la musique. Sa mère lui avait souvent parlé de Londres durant son enfance, la ville qui avait vu le jour de sa naissance et qu'elle avait quittée lorsque ses géniteurs avaient choisi de déménager. Alors, suivant son instinct, Stanislas choisit de s'y rendre. Son niveau d'anglais était resté élevé, bien qu'insuffisant dans le cas d'un professeur de musique. Il dut donc prendre des cours avant de s'y envoler, prenant une bonne année et demie afin de se mettre à niveau, tant au niveau de la langue que de l'administration. Il en profita par la même occasion pour apprendre la méthodologie, avant de partir assister quelques semaines un professeur de musique à Evian-les-Bains dans le but d'avoir un minimum d'expérience en la matière. Les adieux avec sa famille furent déchirants, mais il était persuadé qu'il s'agissait d'une bonne voie. Personne ne le connaissait à Londres, et il y avait trouvé un poste de travail dans une école connue. Millenium Earl. Ce nom sonnait bien, l'avenir ne pouvait que lui être favorable.


Ainsi, il abandonna son passé derrière lui, s'envolant loin pour refaire son nid. Il promit toutefois à sa famille de les appeler régulièrement et de leur rendre visite durant les vacances. Son avion décolla à 18 heures et, installé à l'avant, à côté d'un hublot, il observait patiemment les nuages défiler. Il s'endormait presque contre son siège lorsque la voix de leur hôtesse de l'air se fit entendre, en français puis en anglais. Ils atterrissaient.

Londres paraissait lui tendre les bras.



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∵ Pseudo : Sherkan ∵ Âge 16 ans, sir ∵ Comment avez-vous connu le forum ? Grâce à Aria ♥ (En fait ça fait un moment que j'espionne, mais chut.) ∵ Code du règlement Dévoré par Dani ∵ Un dernier mot pour la fin ? Vive les yaourts.

©Riva


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Invité
Invité
Dim 18 Oct - 20:14
BIENVENUE SSSSSSSSSSTANISHERKOUNET. /PAN/
J'avais dit. J'ai fait.
*Lui donne du chocolat périmé, tout fier*
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Invité
Invité
Dim 18 Oct - 20:17
EHGPZEIHNDSBLBLBL Ton avatar ♥ Et ton métier ♥ Et la musique *^*
Bienvenue et bonne chance pour ta fiche !
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Invité
Invité
Dim 18 Oct - 20:19
Hey there sexy. ♥

BIENVENUE PETIT STALKER. LittleUlvar blblblblblblbl, trop d'intelligence physique. /pan Courage pour le restant de ta fiche, n'hésites pas si tu as des questions!
Xander Winchester
Xander Winchester
Chef de gang
Date d'inscription : 29/09/2015
Messages : 383
Age (du personnage) : 30 ans
Orientation sexuelle : Hétérosexuel
Etudes/Métier : Chef de gang
Pounds : 4354
Dim 18 Oct - 20:34
Bienvenue ! :)
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Invité
Invité
Dim 18 Oct - 21:11

BIENVENUUUUUE ~
OKAY. I. Love. You.
Ton vava est juste… Nyaaa ~ Le personnage est… Nyaaaa ~ Puis… Le prof de musique anciennement luthier est encore plus… Nyaaaaaa ~
*retournesenoyerdanssabave*
Tysha K. Reed
Tysha K. Reed
Sophomore
Date d'inscription : 08/09/2015
Messages : 2122
Age (du personnage) : 17 ans
Orientation sexuelle : Ace.
Etudes/Métier : Lycéenne.
Pounds : 10737
Dim 18 Oct - 21:57
Oh geez. Oh mon dieu. Oh my gosh.
Darling. Darling. Let me love you.

Un luthier, thanks god. Un luthier. Reconverti en prof de musique certes mais...
UN. LUTHIER.

Je t'aime.
J'ai hâte de lire ta fiche en entier.

Bienvenue, sweet heart. ~♥
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Invité
Invité
Dim 18 Oct - 22:04
@ Tyee : Merci mon p'tit Tyee ! Bienvenue à toi aussi *tousse*
Et arrête avec ton chocolat périmé… J'vais tomber malade à force :c

@ Alix : Ton avatar est aussi blblblblblbl ** Merci !

@ Leigh : Sexy toi-même, uh ! Et je ne suis pas un stalker… Je profite juste d'observer les jolies choses. ♥

@ Xander : Merci ! c:

@ Advotia : Moooh, je te luv aussi ! Ton vava est splendide aussi ovo

@ Cath : Appelle moi juste Stan, Mon dieu, c'est en privé, honey ♥ J'espère que la suite ne te déplaira pas !
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Invité
Invité
Mer 21 Oct - 10:56
C'teeeeeeee classe !!!!
Welcome, good luck and have fun ♥
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Invité
Invité
Mer 21 Oct - 12:52
Stanislas. Stanis. Stannis Baratheon ?! /mur/
En plus c'est Aria qui t'as montré le forum ?!
Coïncidence, je n'crois pas ! :meurs:
Enfin bref, trêve de débilité.
BIENVENOUILLE. J'ADORE.
Le violoncelle -the best instrument à mes yeux-, le choix de vava, tout.
C'bow ;w;
Cléanthe J. Alevatros
Cléanthe J. Alevatros
Étudiant en art
Date d'inscription : 09/08/2015
Messages : 1463
Age (du personnage) : 19 y.o
Orientation sexuelle : Bisexuel.
Etudes/Métier : Art ; design graphique.
Pounds : 24303
Jeu 22 Oct - 11:01
ce personnaaaaaaaaaaage mon dieu

bon courage pour ta fiche, si jamais tu as des questions n'hésites paas !
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Invité
Invité
Jeu 22 Oct - 17:26
OMG LittleUlvar, I lov u !

Et bienvenue. ;3
avatar
Invité
Invité
Jeu 22 Oct - 20:40
Merci pour vos gentils commentaires ! Je n'ai jamais reçu autant de réponses sur ma fiche de présentation x'3

Bref, voilà, histoire postée ! Je n'en suis pas vraiment satisfait, mais je n'ai pas vraiment la tête à tout réécrire *sigh*. Courage à ceux qui liront, il y a plus de 5000 mots ! ♥

Ma fiche est donc terminée, normalement ~ 
Nolan T. Connor
Nolan T. Connor
Surveillant à mi-temps
Date d'inscription : 28/07/2015
Messages : 521
Age (du personnage) : 22 ans
Orientation sexuelle : Homosexuel
Etudes/Métier : Lettres Classiques - Surveillant à mi-temps
Pounds : 29942
Jeu 22 Oct - 21:46
Je pensais te l'avoir dis mais non (c'est pas bieeeeen)
Bienvenue ! Je n'aurais pas le temps de lire ta fiche ce soir, désolée ! Peut-être que quelqu'un s'en occupera, si c'est pas le cas avant demain soir je m'en occuperais :3 (Parce que je serais en vacances et donc liiiiibre)

Loooove !
Tysha K. Reed
Tysha K. Reed
Sophomore
Date d'inscription : 08/09/2015
Messages : 2122
Age (du personnage) : 17 ans
Orientation sexuelle : Ace.
Etudes/Métier : Lycéenne.
Pounds : 10737
Jeu 22 Oct - 21:52
... Cette fiche est magnifayque, Stan. j't'appelerai mon dieu en privé sweetie, gaffe à tes chevilles. ~
Mais je persiste. Cette fiche est magnifique.

Et je viens de capter mais...
Hozier, please. I love you, my god. ♥
avatar
Invité
Invité
Jeu 22 Oct - 22:25

Validation
Bon eh bien maintenant que tu as modifié ta fiche (en scred, vive les ninjas et j'aime cet ajout d'assistanat :B), je peux te dire que c'était un plaisir de la lire, même si c'était long ! J'aurais une liste entière de compliments à faire alors j'vais juste dire bravo pour cette excellente fiche et je ferme ma gueule ! /PAN/

Donc sans surprise, tu es validé ! Maintenant que tu as ta couleur et ton rang, tu vas pouvoir t'acquitter de tâches administratives ! (Youhou, Ô joie !)

♙ Aller recenser ton avatar ;
♙ Créer ta fiche de relations ;
♙ Demander un rp ;
♙ Demander un logement ;
♙ Créer ton téléphone et ton Twitter si tu le souhaites ;
♙ Rejoindre un club si tu es lycéen ou étudiant.

Bon jeu à toi et surtout : HAVE FUN !
©Riva
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