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[Terminé] Tu trouveras, dans la joie ou la peine, [...] mon triste coeur pour écouter le tien.

Daniel Launey
Daniel Launey
Journaliste d'investigation
Date d'inscription : 05/09/2015
Messages : 49
Age (du personnage) : 28 ans
Orientation sexuelle : Homosexuel
Etudes/Métier : Journaliste d'investigation
Pounds : 792
Sam 5 Sep - 23:48


Daniel Launey


Nom : Launey
Prénom(s) :  Daniel
Âge :  28 ans
Sexe : Homme
Nationalité : Français
Orientation sexuelle :  Homosexuel
Situation amoureuse : Célibataire
Groupe : Citoyens
Logement : Un appartement dans le quartier résidentiel
Métier : Journaliste d’investigation
Avatar : Tokiya Ichinose de Uta no Prince


You see me but you don't know me


Un dernier regard à la piste d’atterrissage, au travers de l’immense baie vitrée grâce à laquelle le soleil illumine l’intérieur de l’aéroport, et je m’engouffre dans la foule. Certains attendent leurs proches, d’autres leur avion. Ils sont exténués par les heures de vol pour les uns, impatients de partir ou attristés de rentrer pour les autres. Et parmi cette cohue générale, étranger que je suis, je passe bien inaperçu. Je suis plus grand que la plupart des personnes ici présentes, ce qui ne signifie pas que quelques-unes d’entre elles ne supplantent pas largement mon mètre quatre-vingt-deux.

En cette période de l’année, je me trouve à l’un des seuls endroits où il n’est pas surprenant de croiser des gens bronzés de la tête aux pieds, tenant presque encore leurs lunettes de soleil dans la main. Est-ce que je sors pour autant du lot avec ma peau blanche comme le serait un linge ? Les Londoniens disséminés çà et là et leur manque de vitamine D me rassurent,  je n’ai pas à m’en soucier, ici, ma pâleur sera accueillie sans commentaire. Il n’y a pas d’indigène pour s’exalter devant ma peau satinée, pour s’étonner qu’elle ne se soit pas durcie et assombrie à force de travaux manuels en extérieur.

Sans pour autant connaître une absence de carrure, mon corps est élancé, ma taille obligeant. J’ai beaucoup voyagé depuis plusieurs années, ce qui m’a forcé à marcher énormément, à monter à dos d’âne ou de cheval afin d’atteindre des contrées isolées et à pratiquer des sports extrêmes, l’escalade ou le kayak, par exemple. Je possède donc une bonne condition physique et la musculature qui en découle. Je n’arbore cependant aucun tatouage, aucun piercing, je n’ai pas même une tache de naissance. Seule « imperfection », une cicatrice récente au niveau de ma joue gauche et qui creuse mon visage en dessous de la pommette. J’ai décidé de ne pas la masquer. Non pas que je l’exhibe fièrement telle une blessure de guerre mais elle fait partie de moi, tout comme mes yeux d’un bleu plus foncé que clair, tout comme mes cheveux noirs que je garde plus longs qu’ils ne devraient l’être, je vis avec elle au quotidien.

Je sais qui je suis, j’ai conscience de l’image que je revois, un peu trop insensible par moments, et je m’accepte. Je n’éprouve de ce fait aucun besoin de me mettre en valeur. Je me contente de chemises, de t-shirts à manches longues, généralement dans les tons bleus, noirs et blancs. Tant que je suis à l’aise dans mes mouvements, quitte à déboutonner deux, trois boutons, cela me convient.

~

Les indications sont claires et précises. Même si je ne parlais pas un traitre mot d’anglais, j’aurais trouvé mon chemin. Et dans le pire des cas, j’aurais pu suive la foule, ce qui ne m’est pas nécessaire puisque je viens d’atteindre l’immense hall d’entrée. Au fur et à mesure que je m’approche de la sortie, que je ressens les courants d’air froid en provenance de dehors, je ralentis. Une boule d’appréhension s’est formée au creux de mon ventre. Ça m’arrive si rarement que je reconnais aussitôt cette sensation. Il se pourrait que j’aie peur. Non pas de l’inconnu, je l’ai bravé à de trop nombreuses reprises pour m’en effrayer, Londres reste une simple capitale malgré son étendue et sa renommée, mais je crains d’être confronté à ce que j’ai fui durant toutes ces années. Qu’il n’y ait pas de méprise, je ne suis pas un lâche. Honnête, je prends les événements comme ils viennent et je m’en accommode. Un jour pourtant, ils m’ont dépassé et j’ai tourné le dos à une personne à qui je tenais.

Ce n’est pas dans mes habitudes. Je suis quelqu’un de très présent pour mes proches, j’aime leur faire plaisir, pallier mon propre manque d’expressivité par leur sourire quand ils découvrent les souvenirs que je leur ai rapportés de mon dernier voyage. J’ai tendance à couver avec bienveillance ceux que j’apprécie, à les protéger, à prendre leur défense quitte à me sacrifier. Je place mes propres problèmes derrière les leurs tant que cela reste possible. Je suis là s’ils en ont besoin, j’ai la patience nécessaire pour les écouter, le calme et la maturité suffisants pour analyser la situation et les conseiller. Tout du moins s’ils le souhaitent. Car après les choix que j’ai faits, je n’oserais pas me proposer de moi-même. Enfant, je poursuivais inlassablement mes rêves et, aujourd’hui encore, je suis prêt à tout pour les atteindre. C’est dans ces moments-là que mon égoïsme constamment refoulé ressort.

Je suis humain, j’ai des défauts. Il y a des traits de caractère que je ne sais supporter, la prétention, entre autres, puisque je prône moi-même la modestie ainsi que la simplicité. L’intérêt des frasques de ces hommes et femmes qui se mettent continuellement en avant m’échappe, ces gens m’irritent même. Bien que j’aie tendance à chercher à faire connaissance avec autrui, je me tourne plus facilement vers ceux qui restent en retrait, ceux dont la personnalité demeure inconnue, noyée par les préjugés. S’il y a bien une chose que je déteste, ce sont les aprioris, je préfère me forger une opinion plutôt que de tomber dans la bêtise populaire, aussi innocente soit-elle à l’origine.




Every life begins with a breath


Après une succession de minutes toutes plus interminables les unes que les autres, je parviens enfin à mettre la main sur l’un de ces fameux taxis londoniens. Le chauffeur m’aide à ranger une partie de mes bagages dans le coffre mais ceux-ci sont bien trop nombreux, bien trop volumineux, de sorte que je dois en prendre quelques-uns avec moi sur le siège passager. J’indique l’adresse de mon nouvel appartement et le véhicule se met en route. Pendant un temps, je discute avec le conducteur. Il me demande d’où je viens et, en apprenant que je suis Français, s’exclame que je possède effectivement un léger accent, rien de flagrant, mais il reste perceptible pour qui y prêterait attention. Il me dit que les Anglaises sont folles des étrangers et je lui souris poliment, ne voyant pas l’utilité de l’informer du fait que je ne suis pas hétérosexuel.

Malgré la bonne volonté dont l’homme fait preuve, je ne me sens pas enclin à en raconter plus sur moi et la conversation finit par s’appauvrir, jusqu’à ce qu’il se concentre sur la route sans plus parler et que je me perde dans la contemplation de la ville. La densité de cette agglomération me rend nostalgique. Elle n’a rien à voir avec le modeste village d’où je viens. J’y ai emménagé à l’âge de six ans mais c’est comme si j’y étais né, j’ai peu de souvenirs de ma première maison. Par contre, je me rappelle très bien la pendaison de crémaillère que mes parents avaient organisée. Ils avaient invité les voisins car, en plus de leur sympathie, ces derniers avaient eux-mêmes un garçon de mon âge.

Eugène Swanson, j’ai tout de suite remarqué qu’il était un être à part. Quand ses semblables sautaient, couraient, s’agitaient, emplis d’une énergie débordante, il restait calmement dans son coin. Aussi singulier que cela puisse paraître, il avait les yeux roses, c’est le détail qui m’a frappé en premier. Quand je croisais son regard, je rencontrais une eau pure et limpide, teintée par la douce couleur des fleurs de cerisier. Leur intensité était renforcée par sa peau à la carnation délicate, aussi sensible au soleil que le serait un flocon, et par ses cheveux plus blancs que blonds, tout aussi immaculés. Plus tard, j’ai appris qu’il souffrait d’une forme d’albinisme. Je n’avais jamais croisé un physique aussi exceptionnel. Eugène paraissait si fragile malgré la force intérieure qu’il recelait, je pense que cette impression était consolidée par la timidité qu’il manifestait. Il ne m’aurait probablement pas abordé si je n’avais pas fait le premier pas.

C’est suite à cette soirée qu’est née notre amitié. Durant les années qui suivirent, nous sommes devenus inséparables. Nous étions plus que des amis, plus que des frères. Je ressentais le besoin de le protéger des aléas de l’existence, d’être constamment près de lui. Je m’étais habitué à sa présence à un point tel que je m’avérais incapable de m’en passer. S’il n’était pas là, qu’importe combien j’étais entouré, une part de moi se sentait seule. J’étais devenu dépendant de ses sourires.

Lorsque j’ai compris la nature des sentiments que j’avais développés à son égard, je me suis senti mal. Habité par moult incertitudes, j’ai dû prendre sur moi pour ne rien laisser paraître. Je n’en ai parlé à personne, ce qui ne signifie pas que cela ne me travaillait pas jour et nuit. Je me demandais quoi faire, me résoudre à mettre de la distance entre mon meilleur ami et moi m’était inimaginable, j’en aurais été incapable. Pour autant, il aurait été égoïste de lui imposer cet amour qui, je l’ai cru durant un temps, n’était qu’éphémère. À défaut de quoi il ne s’est montré que grandissant, jusqu’à déborder, jusqu’à ce que ce soit trop dur d’en garder le secret et de le renier.

J’ai finalement décidé que je me déclarerais le jour de ses seize ans. Longtemps j’ai cherché un cadeau approprié jusqu’à ce que je tombe sur une écharpe, jaune, lumineuse, pareille à un soleil. Celui que la maladie avec laquelle Eugène était né ne lui permettait pas d’affronter mais auquel je l’assimilais. Elle était faite pour lui.

Le vingt février, malgré le froid hivernal, je lui ai donné rendez-vous derrière nos habitations. J’ai longuement hésité avant de le rejoindre, d’où mon retard. Je ne voulais pas gâcher notre amitié, je craignais que mes aveux ne changent la vision qu’il avait de moi. À mon arrivée, pourtant, il était présent, il m’attendait patiemment. Le voir là m’a redonné confiance. J’ai eu la conviction nouvelle que, quelle que soit sa réponse, nous resterions tout aussi soudés. Je me suis approché, découvrant sans étonnement qu’il avait oublié de couvrir sa gorge. Son côté tête en l’air, bien qu’exaspérant, parfois, tombait à point nommé. Avant qu’il ne réagisse, j’ai passé l’écharpe autour de son cou. Je ne sais pas qui a été le plus heureux, lui de la recevoir ou moi de la lui offrir. Cette joie me brûlait de l’intérieur, tellement, tellement que je l’ai embrassé, chose que je n’avais pas prévue. Je me suis laissé emporter par l’instant, par l’attraction qu’il exerçait sur moi. Ça a été l’explosion, le début de notre histoire.

À partir de ce moment, je n’ai cessé de rechercher son sourire. Je ne souhaitais que son bonheur. C’est la raison qui m’a poussé à me procurer ce parapluie, transparent et surtout horriblement coûteux, il filtrait les rayons du soleil mieux que nul autre, de quoi permettre à Eugène d’observer le ciel sans crainte. Nous avions dix-huit ans et j’avais passé mes weekends à travailler tel un fou pour amasser l’argent nécessaire. Il n’a jamais su le prix de ce cadeau, le plaisir de le combler n’avait pas de valeur.

La même année, nous avons officialisé notre relation. Mes parents se doutaient depuis longtemps qu’il y avait quelque chose entre nous, et j’ai eu la chance d’obtenir leur approbation. Ma mère avait progressivement convaincu mon père.

Majeurs, à deux doigts d’entamer nos études, nous étions pleins de rêves. Il voulait devenir professeur de philosophie, je comptais embrasser une carrière de journaliste. Je n’avais qu’une envie, faire le tour du monde, voyager aux quatre coins de la planète si possible avec lui. De son côté, il souhaitait s’installer un jour à Londres, découvrir sa deuxième patrie. C’était tout décidé, à la fin de notre scolarité, nous partirions découvrir l’immensité de notre terre avant de nous établir en Angleterre.

J’étais encore naïf, je ne songeais pas aux obstacles qui auraient pu se mettre au travers de notre chemin. À vingt-deux ans, nous nous imaginions jeunes, intouchables. J’étais loin de soupçonner que mon compagnon perdait jour après jour la vue. Il faisait tout pour me le cacher. Il a bien fallu que je m’en rende compte à un moment donné. Aujourd’hui encore, je ne comprends pas pourquoi il a gardé le silence. Ce n’est que lorsque je lui ai fait part de mon inquiétude qu’il m’a enfin avoué la vérité. Je l’ai aussitôt forcé à aller à l’hôpital, me figurant le pire. Comment ai-je pu croire que c’était à tort. Le diagnostic est tombé tel un couperet, Eugène allait devenir complètement aveugle sous peu, sa vision ne cesserait de péricliter. La fragilité qui découlait de sa maladie que je n’avais jamais considérée sous cet angle le poursuivait.

Nous étions jeunes, vulnérables, nous ne pouvions qu’attendre. Nos projets d’avenir s’envolaient en fumée. L’injustice était trop grande, je me sentais anéanti, je ne savais comment prendre la nouvelle, comment réconforter ma moitié, j’étais inutile. C’était si soudain. Si seulement on l’avait su, on aurait tout plaqué tant qu’on en avait l’occasion, on serait parti loin, on aurait visité les plus grandes villes, les contrées les plus époustouflantes. Je lui aurais tout montré.

Une idée folle a alors germé en moi, il n’était pas trop tard, pas encore. L’idée que la dernière chose qu’il voie soit les murs blancs d’une chambre aseptisée me tuait de l’intérieur. Trop attaché aux règles, à l’interdiction de sortie de rigueur pour les patients, je me refusais cependant de la formuler, ce à m’en rendre malade. Il fallait rester réaliste. C’était trop gros, impossible, insensé, on avait rien prévu pour.

Je n’avais pas envisagé que la possibilité d’une escapade lui traversait lui aussi l’esprit. Si c’était son vœu le plus cher, je l’aiderais à l’exaucer, c’est ce que je me suis dit. Après une longue discussion, nous nous sommes mis d’accord. On allait s’évader, s’enfuir à l’autre bout du monde. On allait implanter dans sa rétine des souvenirs mémorables, réaliser nos rêves, ne serait-ce que partiellement.

Je ne pouvais admettre qu’il était trop tard et pourtant, nous avons à peine eu le temps d’atteindre les plages du Nord de la France que notre voyage touchait déjà à sa fin. Eugène a pu distinguer la silhouette de l’Angleterre dans le lointain, de l’autre côté de la Manche. Je la lui ai décrite en détail, j’essayais de garder mon calme, mais j’avais mal, mal pour lui, mal pour nous. Je retenais ces larmes qui me brûlaient dans l’espoir de ne pas aggraver la situation. Je ne voulais pas qu’il me voie pleurer. Soudain, il a pris mon visage entre ses mains et l’a orienté vers le soleil levant. Je l’ai contemplé jusqu’au bout, jusqu’à ce que dans ses yeux disparaisse la limpidité de cette étendue dans laquelle j’aimais me perdre, jusqu’à ce qu’elle se brouille dans les profondeurs des ténèbres, ne laissant place qu’à la peur, qu’au désespoir.

Je l’ai soutenu, j’ai essuyé ses pleurs, l’ai réconforté de jour comme de nuit, mettant mes études entre parenthèses afin d’être à ses côtés. J’ai murmuré ces mots dont il avait besoin pour s’apaiser, je l’ai forcé à manger, à reprendre de l’aplomb. Et au fur et à mesure qu’il remontait la pente, qu’il acceptait sa cécité, ma descente aux enfers débutait. J’étais tout aussi affecté que lui par ce que l’on traversait. J’ai tenté de prendre sur moi, ce qui n’a eu pour effet que de me blesser plus profondément. Je ne parvenais plus à lui sourire, le ton de ma voix a commencé à sonner faux lorsque je feignais aller bien. J’étais heureux qu’il retrouve goût à la vie. Mes propres blessures, néanmoins, ne cessaient de se creuser, je ne parvenais pas à les panser. Il ne me voyait plus, il était incapable de lire la tristesse qui peignait mes traits.

Progressivement, je n’ai plus supporté le vide de son regard. Je détournais constamment la tête sans qu’il le remarque. Égoïste que j’étais, j’avais l’impression que tout s’écroulait autour de ma petite personne alors que l’exact opposé s’était produit. C’est seulement après une perte de poids importante que je me suis confié. Eugène devait s’en douter, j’avais cessé de le toucher, j’évitais les contacts physiques au maximum, j’allais jusqu’à dormir sur le canapé. Je faisais tout pour qu’il ne s’en aperçoive pas, ne réussissant qu’à l’inquiéter à mon sujet. Les rôles s’étaient inversés.

Je ne savais me résoudre à le quitter, je l’aimais encore, mais il m’était impossible de continuer à affronter cette situation. Quand il m’a dit que je pouvais partir, ça a été un soulagement autant qu’une profonde douleur. Il était capable de se débrouiller sans moi, j’en étais certain, mais j’avais passé la quasi-totalité de mon existence en sa compagnie. Il était mon repère, mon passé, mon présent, et aurait dû être destiné à participer à mon futur, celui dans lequel j’aurais obtenu mon diplôme.

Notre séparation a été l’épreuve la plus difficile que j’ai eu à affronter.

Désorienté, chamboulé, je suis retourné vivre chez mes parents, coupant les ponts avec mon ex-petit ami. J’y ai broyé du noir pendant plusieurs mois avant de prendre une décision. Je devais m’aérer l’esprit, voir du monde, de nouveaux horizons. Avec l’approbation parentale, j’ai réalisé le fameux tour du monde auquel j’avais tant aspiré, non sans un goût amer en bouche. Progressivement, j’ai cessé de penser à ce que j’avais abandonné en France, la correspondance que j’entretenais avec mon père et ma mère se restreignait à des banalités, nous n’abordions pas les événements qui avaient précédé mon départ. J’ai préféré me concentrer sur les rencontres, les découvertes, la beauté de la diversité que recèle cette terre. Il n’était pas rare qu’à l’aube mon regard se perde dans le lointain avec nostalgie mais j’avais toujours un guide ou un compagnon de route pour m’en tirer et me ramener au temps présent.

Durant un an, j’ai perfectionné mon anglais sur le terrain, je me suis initié à d’autres langues, d’autres cultures, j’ai découvert un attrait pour les sports extrêmes que je ne me connaissais pas, je me suis fait des amis un peu partout sur les continents. Les bonnes expériences mises de côté, j’ai aussi été confronté à des scènes révoltantes auxquelles je ne pouvais rien changer. J’ai réalisé que le journalisme que j’avais abandonné me tenait sincèrement à cœur, je voulais en faire mon métier, faire bouger les choses, mais pas n’importe comment, en voyageant. Une vie sans attaches, toujours sur les routes, qui ne donne pas le temps de s’apitoyer sur son sort ni même l’occasion de réfléchir me correspondait parfaitement. Si en plus elle me permettait d’aider les gens autour de moi, de dénoncer ces magouilles qui appauvrissent le peuple au profit des quelques crapules au pouvoir, c’était plus que parfait.

À la fin de mon expédition, je suis retourné derrière les bancs de l’école, j’ai travaillé avec acharnement jusqu’à décrocher mon diplôme et je suis reparti dès que possible à l’étranger en tant que journaliste d’investigation. J’ai croisé en chemin indigènes, scientifiques, animaux en tout genre, j’ai fait face à des tornades, des inondations, des sécheresses, des tempêtes, j’ai fait éclater la vérité, aidé à renverser une dictature… Je demeurais aussi petit qu’auparavant mais mes actions avaient plus d’impact, je ne soutenais plus une cause en sachant ma détermination vaine.

Ça me plaisait, jusqu’à ce que ma persévérance se révèle être un couteau à double tranchant.

Lors d’un reportage en Amérique du Sud, mon équipe et moi sommes tombés dans une embuscade. Une population autochtone a braqué ses arcs sur nous et nous a attaqués. Une compagnie minière souhaitait raser leur forêt afin d’exploiter les filons d’or qu’abritait son souterrain et ils croyaient que nous en faisions partie. Ironie du sort, nous défendions leur cause et avions pour mission de dévoiler les faits au grand public. L’une des flèches en particulier a entaillé mon visage dans sa course avant d’aller se planter dans l’épaule d’un des accompagnateurs. Nous nous en sommes sortis sains et saufs de justesse grâce au calme olympien et à l’art de persuasion du traducteur mais l’affaire s’est ébruitée. S’en sont suivi ce qu’on pourrait qualifier d’une mise à pied temporaire et quelques visites prévues chez un psychologue. Apparemment, cela était nécessaire pour que je me remette des mes émotions, j’avais encouru tant de risques.

Cette histoire n’était qu’un prétexte, en réalité, je prenais trop peu de congés. Sans me virer, on me faisait comprendre qu’on ne voulait plus m’avoir dans les pattes avant un certain temps. On m’a dit d’en profiter pour retrouver un peu de stabilité, pour me fixer quelque part. J’étais toujours sur l’un ou l’autre article, je ne me reposais pas, je travaillais non-stop. Mon chez moi n’en avait que l’appellation, je ne m’y rendais que rarement.

Selon mes supérieurs, mon mode de vie était néfaste.

Tandis que nous discutions de mon départ momentané, un collège m’a fait remarquer que, malgré toutes mes aventures, je n’avais jamais été à Londres. J’ai prétexté un concours de circonstances, le hasard. En vérité, ce commentaire anodin a touché un point sensible. Car il y avait une bonne raison à cela, une très bonne raison. Eugène était parti enseigner là-bas, il avait bravé la fortune et était devenu professeur dans la ville même où il voulait l’être. C’était plus fort que moi, il avait fallu que je me renseigne sur ce qu’il devenait, ce qui était aisé pour quelqu’un de ma profession.

Durant toutes ces années, j’ai fui tel un lâche les fantômes de mon passé. J’aurais assurément continué d’agir de la sorte s’il n’y avait pas eu cet incident. À présent, je ne peux plus poursuivre mon existence comme si de rien n’était.

De fil en aiguille, les événements m’ont mené dans ce taxi qui s’arrête brusquement en pleine banlieue résidentielle. La secousse n’est pas suffisante pour me sortir de ma léthargie et le chauffeur m’interpelle à plusieurs reprises, essayant d’attirer mon attention. Quand il y parvient enfin, il m’annoncer que je suis arrivé à destination et me fait part du prix de la course. Son regard en dit long, il a compris que je reviens de loin. Encore perdu dans mes pensées, je le paye sans m’offusquer du montant. Je me convaincs qu’il était nécessaire que je médite sur mes expériences passées afin d’aller de l’avant. Je suis ici pour faire la paix avec moi-même, je n’y parviendrai pas si je continue de me voiler la face. Il m’est de toute façon impossible de faire demi-tour, j’ai vendu mon précédent logement.

Inspirant une grande bouffée d’air, je sors de l’automobile et ne peux m’empêcher de regarder tout autour de moi, admirant les bâtiments. L’architecture est splendide, le quartier semble calme au premier abord. Vais-je m’y plaire ? Vais-je seulement y rester suffisamment longtemps pour m’y plaire ? Tant d’incertitudes, il faut que je garde confiance et surtout que je profite de cette pause que l’on m’octroie en espérant qu’elle ne s’avère pas plus éprouvante que mon quotidien.

Que dit-on dans pareil cas, quelque chose comme « Londres, me voilà ! », non ?


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∵ Pseudo : Foxy∵ Âge 18 ans ∵ Comment avez-vous connu le forum ?via Isaac∵ Code du règlement Code ok ♥ ∵ Un dernier mot pour la fin ? Cœur sur vous ♥

©Riva


Eugène Swanson
Eugène Swanson
Professeur de philosophie
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Age (du personnage) : 28 ans
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Sam 5 Sep - 23:56
Mon amant tu m'as dépassé mais je te rejoins viiiite !♥♥♥ Je pleure devant cette fiche magnifique et te souhaite une belle validation aussi ToT *oui je suis pas validé, j'ai encore rien fait et je sais pas si je peux poster tant pis trop de joie en moi, laissez-moi ! ToT*
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Invité
Invité
Dim 6 Sep - 1:50
(Evidemment que tu peux poster Eugène !)

Ca me fait trop plaisir de vous revoir ici d'ailleurs, Eugène et toi jdoesugfsyged. Encore bienvenue à toi et... Ô mazette quelle fiche ! Même si c'est pas forcément moi qui m'en occuperai, dunno, je viendrais la lire entièrement pour pleurer me remettre dans le bain des feels huhu.

*fait des poutoux à Daniel et son VDD*
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Invité
Invité
Dim 6 Sep - 2:08
RP DU MOIS INCOMING.

Bienvenue, encore merci pour cette fiche. ♥ J'espère que vous vous plairez ici tous les deux! Pleins des nisous et des keurs. ♥
Nolan T. Connor
Nolan T. Connor
Surveillant à mi-temps
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Dim 6 Sep - 10:33
Daniiiiiii ♥ Je l'ai déjà dis sur la fiche de Eugène mais j'suis trop heureuz voilà 8D

Looooove sur toi ♥
Cléanthe J. Alevatros
Cléanthe J. Alevatros
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Dim 6 Sep - 12:59

Validation
Okay je. Feels de ma vie hein. Je m'y attendais mais voilà, c'toujours autant dur de vous lire toi et Eugène (enfin non c'est très fluide toussa mais niveau sentiment ça fait mal), mais voilà je. Je vous stalkerai. C'tout.

Et sinon, tu es validé ! Maintenant que tu as ta couleur et ton rang, tu vas pouvoir t'acquitter de tâches administratives ! (Youhou, Ô joie !)

♙ Aller recenser ton avatar ;
♙ Créer ta fiche de relations ;
♙ Demander un rp ;
♙ Demander un logement ;
♙ Créer ton téléphone et ton Twitter si tu le souhaites.

Bon jeu à toi et surtout : HAVE FUN !
©Riva
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