C'est la fièvre qui me cloue au lit aujourd'hui. Ce mal de crâne tellement affreux. Tant mieux, comme ça je n'aurais pas à aller ouvrir la porte aux petits curieux qui s'aventurent dans la forêt en cette nuit d'Halloween et qui s'intriguent de trouver une maison. Je dégouline de sueur au point d'en tremper mon lit. J'ai horreur de cette odeur aigre qui empestent mes narines... Plus le temps passe, plus j'ai cette impression de baigner dans ma propre sueur. J'ai tellement de fièvre que j'ai l'impression de tomber dans le vide au moindre mouvement que mon corps s'efforce de faire. C'est tellement horrible comme sensation. Il faut absolument que je trouve le sommeil. Peut-être que si je laisse ma fièvre monter, je vais finir par m'évanouir ? C'est une bonne idée ça, une très bonne idée... Je retire donc la compresse froide de mon front et la laisse tomber par terre, repliant la couette pour laisser mon corps à l'air libre et je ferme enfin les yeux. Mon corps est si brûlant et sensible que je sens encore la température monter, créant ainsi un effroyable étau autour de mon crâne et de mes tempes. C'est douloureux, si douloureux... Je ne tiens plus.
Enfin. Enfin ! Tu es à ma merci Zack... En t'effondrant ainsi, tu m'offres ton corps et ton esprit sur un plateau d'argent ! Je vais me faire tellement plaisir... M’immiscer à l'intérieur de toi par chacun des pores de ta peau, envahir ta tête et puiser mes forces dans toutes tes pensées les plus obscures et impures... Et le Diable sait à quel point elles sont nombreuses ces pensées, chez toi. Voilà pourquoi tu es une proie de choix pour nous. Quelle chance nous avons eu que tu te retrouve si faible en cette soirée où le lien entre le monde des vivants et le notre est si puissant ! Tu n'imagines pas à quel point je me réjouis de ta condition... Tu me donne enfin accès à ce que je convoite et je ne me gêne pas pour m'installer confortablement. Maintenant, voyons si tout fonctionne. Les bras, les jambes, la tête... Tout me semble correcte ! Tiens, voilà qu'on sonne à la porte... Parfait, tout est parfait ce soir ! Voilà que ma première victime se jette dans mes bras, si ce n'est pas engageant ça ~ Aller mon grand il est temps de te lever et de faire ce pour quoi je te possède ce soir...
…
Je me sens bizarre... J'ai froid... Où est-ce que je suis... ? J'entends quelqu'un qui pleure. Je baisse la tête vers la source juste en dessous de moi. Je dirige lentement ma main dans la direction avant de toucher ce qui semble être un visage d'enfant. J'écarquille les yeux. C'est un enfant qui pleure juste sous moi ? Pourquoi est-ce que je suis sur lui comme si je venais de le plaquer au sol... ? Mais qu'est-ce qui s'est passé !? Je me redresse subitement en tirant le gamin par le bras, le redressant à son tour pour venir épousseter ses vêtements et voir si tout va bien... Et je sens. Je sens l'étendu de ma faute. De mon erreur. C'est chaud, comme son corps. C'est liquide, comme ses larmes. C'est du sang...? Du sang qui s'écoule le long de son dos alors qu'il tremble. Je me recule brusquement, le visage horrifié. Je me mets à trembler comme une feuille. Là, c'est comme si mon cœur s'était arrêté de battre, comme si tout mon corps venait de perdre vie, comme si ce qui me restait de conscience venait de s'effondrer... C'est moi qui ai fait ça.... ?
Oui. C'est toi Zack. Tu réalises désormais ? Tu réalises le pouvoir que j'ai sur toi ? Tu es une machine de destruction et je me plais à user de tes talents. Ce qui me plais encore plus, c'est de te voir en souffrir comme un pauvre petit insecte que l'on enferme dans un bocal. Un papillon que j'épingle dans mon cadre et que je prends plaisir à contempler alors qu'il frétille encore sur ses aiguilles... Tu ne réalises toujours pas ? Alors glisses tes mains sur le dos de ta victime, glisses-les partout où tu le peux, jusqu'à ses reins et caresse ce pour quoi tu ne réponds plus. Maintenant lèves tes mains et frictionnes tes doigts. Touches cette matière si appréciable, si chaleureuse... C'est agréable n'est-ce pas ? Cette couleur pourpre qui imagine, cette chaleur qui s'écoule sur tes doigts. Moi je trouve ça tellement beau... Et toi, qu'en penses-tu ? C'est ton œuvre après tout, rappelles-toi, je fais parti de toi, ne l'oublies jamais. Oooh tu trembles ? Ce sang... De mauvais souvenirs n'est-ce pas ? De ceux que tu enfermes dans le fond de ta mémoire jusqu'à ce qu'un événement comme celui-ci viennent les réveiller. Tu crains le sang comme une gamine qui rencontre une araignée sur son chemin. Tu es tellement pitoyable Zack...
« ZAAAAAACK !!! »
Une voix... Cette voix. Celle de mon père. Je sens qu'il m'agrippe le bras et qu'il m’entraîne jusqu'à la maison. L'enfant pleure toujours, je crois que mon père l'a pris avec lui. Il me laisse planté là dans ce que je pense être le salon, me confiant qu'il allait s'occuper de l'enfant avant de s'occuper de moi. Je reste donc là, patientant en essayant de savoir ce qu'il y avait bien pu se passer. Mon père revient à moi après que la police soit venue chercher l'enfant. J'ai entendu les sirènes... Mon père me dit que les blessures sont éphémères, qu'il n'y aura pas de suite à l'affaire pour X raisons qu'il m'explique mais que je n'écoute pas vraiment. Moi je ne dis rien... Il me reconduit alors à ma chambre après avoir changé mes draps et me recouche dans mon lit. Je sais qu'il a bien compris que je n'ai pas la moindre idée de ce qui venait de se passer, alors il me parle avec des mots doux, rassurant, me couvrant avec la couette et replaçant une compresse sur mon front, caressant doucement mes cheveux comme il le fait quand je fais des cauchemars... Je ne lui dirais probablement jamais, mais... J'aime beaucoup mon père. Il m'apaise et, pour la première fois depuis longtemps, me raconte une belle histoire pour que je m'endorme...
Bonne nuit Zack... Fais de beaux rêves et... À l'année prochaine ~