I'd never wish anything more than happiness.
Les vacances de Noël, la doyenne de l'université Millenium les avaient patiemment attendues. De toute l'année universitaire, c'étaient de loin des préférées. Bien sûr, elles étaient toujours précédées de moments plus délicats. Comme à chaque fois, les tensions naissaient en fin d'année et quand le mois de décembre faisait son arrivée, c'était toujours pour ramener son lot de frustrations. Les étudiants étaient sur les rotules, pressés par les différentes remises de dossiers et autres examens, quand les membres du personnel et les enseignants se trouvaient eux-mêmes bien éprouvés par la fin de l'année. Et celle qui devait gérer à la fois le matériel et le social quand le monde ne tournait plus rond n'était autre que Nora.
Autant dire que toute solide qu'elle était, ses épaules ne pouvait pas plus porter le poids des tracas quotidien de toute l'université. Pas plus qu'un autre en tout cas. Forte de son expérience, elle avait tout de même pris sur elle, comme toujours.
Et les vacances arrivant, la pression s'était relâchée et la jeune femme avait enfin pu profiter de la douceur de son foyer. Le repos serait évidemment tout relatif, entre la garde d'Alice et les différentes affaires qui ne quittaient pas ses yeux bien longtemps, mais au moins avait-elle la sensation de pouvoir à son tour prendre une pause, si courte soit-elle.
Croire que cela aurait été de tout repos était évidemment un mauvais calcul, car Noël, cela voulait aussi dire le temps de la fameuse « magie » et des cadeaux. Les cadeaux du père Noël que la petite Alice attendait avec impatience. Il fallait dire que pour son âge, elle faisait preuve d'une vivacité d'esprit étonnante qui arrivait à surprendre sa propre mère. Elle souhaitait donc évidemment recevoir le grand barbu chez elle, mais ce n'était pas tellement pour recevoir que pour donner.
« Il va être triste si c'est le seul de touuuut le monde entier à ne pas avoir de cadeaux ! »
Nora avait dû botter en touche, expliquer que les petits lutins du Père Noël trouvaient toujours un moyen de le récompenser et qu'ils faisaient une grande fête de l'après Noël tous ensemble. Heureusement, cela avait suffi à la petite cette fois-ci, mais Nora se rendait bien compte qu'elle n'allait pas pouvoir systématiquement botter en touche de cette façon.
Ce jour-là, son rayon de soleil était au paroxysme de l'excitation, il fallait dire que compter les jours avant Noël était une vraie épreuve car cela n'allait jamais assez vite pour Alice alors que les jours passaient à une vitesse folle – et désolante – pour Nora. Autant dire que la visite de Barth' ne tombait pas vraiment à pic. Dans les mille choses qu'elle avait à faire, Nora avait bien sûr pensé à amener sa fille au marché de Noël, mais elle ne tenait pas spécialement à la voir encore plus excitée que cela. Enfin, c'était Barth' et elle ne pouvait rien lui refuser, surtout pas après un tel effet d'annonce.
« Tonton Meeew ! C'est vrai ? C'est vrai ? On y va ? Maman, on y va ? »
Alice s'était littéralement jetée dans les bras de celle qu'elle appelait affectueusement son oncle. Pour Nora, Bruss et Barth' étaient après tout comme des membres de la famille et surtout des vraies figures paternelles pour la petite qui n'avait que trop peu connu son père.
« Bonjour Barth'. Ce n'était pas prévu au programme mais cela me va. Comme tu peux le voir, Alice n'attendait que cela. »
Et toute mère qu'elle était, avec ses intransigeances et sa bienveillance naturelles, elle ne pouvait pas refuser ce genre d'événements. Peut-être qu'Alice était parfois un peu trop protégée, un peu trop gâtée, mais voir un sourire étirer les lèvres de sa fille était le plus beau cadeau que ce monde pusse lui faire.
« Mais si tu veux sortir, il va donc falloir t'habiller... »
Oui, les vacances c'était aussi cela : un peu de décontraction. Et si Nora prenait toujours grand soin de sa tenue, on ne pouvait pas dire que la petite brune avait atteint ce stade. Elle fila alors vers sa chambre, avant d'appeler sa mère quelques secondes plus tard.
« Tu nous attends deux minutes ? »
Elle afficha un sourire sincère en s'adressant au maire de la ville. Comme à son habitude, elle ne l'avouerait pas, mais sa proposition lui faisait réellement chaud au cœur.
Elle revint quelques instants plus tard, Alice avait enfilé sa plus belle robe pour être la plus élégante du marché et il avait fallu batailler un peu pour enfiler collants, bottes, manteau et bonnet. Finalement, en quelques minutes, elles étaient prêtes à partir.