Prénom Nom
Nom : Lewis Prénom(s) : Tanagra Âge : 15 ans Sexe : fille Nationalité : Anglaise Orientation sexuelle : Asexuelle en devenir – actuellement bien trop naïve pour penser à ça Situation amoureuse : Célibataire
| Groupe : Lycéenne Logement : + d'informations ici Année/Métier : 1ere année en Philosophie, Latin et Technologie Options : Grec LV1 Avatar : Ib du jeu vidéo Ib |
Invisible : Losing oneself for the others
Tanagra. Beaucoup diront de toi qu'ils ne t'ont jamais vue. Beaucoup diront de toi qu'ils ne te connaissent pas, beaucoup diront de toi que tu es seule, seule et sans intérêt.
Ils ont tort.
S’ils ne t'ont pas vue, c'est que tu te caches. Tu aimes ne pas être là quand les autres veulent se faire remarquer. Discrète, voilà ce que tu es. Être populaire ne t'amènera à rien, alors tu ne t'entoures pas. Tu acceptes les gens qui s'accrochent à toi, qui te donnent leur confiance, et tu leur en es parfois reconnaissante. Mais tu ne cherches pas à attirer l'attention; seuls ceux qui sont intéressés par toi te voient. Ceux qui ont conscience du monde.
Tu aimes être partout, Tanagra. Tu aimes les regarder se dépêtrer avec eux-mêmes, danser avec leurs ombres, vivre en tâtonnant vers leur paradis rêvé. On pourrait dire que tu te moques d'eux, Tanagra. Beaucoup pourraient te trouver hautaine, penser que tu te crois supérieure, que tu n'aimes personne.
Ils ont tort.
Si tu observes, c'est avec tendresse. Tu connais trop bien les personnes qui t'entourent pour les détester. Tu observes souvent leurs sentiments, leurs hauts et leurs bas, tu es à leurs côtés sans le paraître.
Tu es maternelle, et là est ta part de bonté. Impossible de voir quelqu'un tomber sans essayer de lui donner le courage de se relever, de lui servir de marchepied sans même qu’il s’en aperçoive. Impossible de voir quelqu'un triste sans faire un geste pour le rendre heureux, une fleur dans son sac, une couleur vive au détour d’un couloir. Impossible de voir des gens se battre sans n'interférer pour les réconcilier.
Ce sont les seuls moments où on peut te remarquer. Tu n'es pas de ceux qui restent les bras ballants sans rien faire, tu agis secrètement, sans essayer de faire de vagues. La force ne sert à rien, et tu le sais. Pour toi, chaque personne est gentille; et en quelque sorte c'est normal : à force de les observer comme eux, tu les as compris. Tu ne peux les haïr, seulement te persuader qu'ils se trompent.
Naïve, tu l'es un peu, Tanagra. Mais peut-on t'en vouloir après tout ? Tu n'as que quinze ans, quinze petites années. Tu es encore jeune, ma petite. Encore inexpérimentée. Tu dors toujours avec ta peluche panthère noire, que tu serres contre ton corps en t'endormant. Tu aimes toujours dessiner des cœurs dans ton agenda quand tu es amoureuse, tu tiens toujours un journal intime. Tu restes persuadée de l'importance du travail, prise par l'amour de la lecture, courbant la nuque devant tes professeurs. Tu es docile, presque malléable, si ce n'est ta bonté. Tu es méfiante, aussi. Tu connais les gens. Tu sais comme ils sont versatiles. Tu sais qu'ils peuvent te briser.
Mais tu essayes de tenir bon.
Tu es petite pour ton âge, Tanagra. Une frêle brindille dans un monde de brutes, on pourrait dire. Mais tu essayes de te défendre quand même ; tu manges ta soupe tous les jours pour être plus grande que le 1m55 qu tu atteins, tu fais du sport, tu essayes de ne pas paraître aussi fragile.
En vain.
On pourrait croire que cette taille fragile t'entraîne à être rackettée, victime des plus grands, mais ce n'est pas le cas. Trop discrète peut-être, trop insaisissable. Ta petite taille t'aide à te faire oublier, à disparaître des mémoires. Ton visage aussi. Un visage banal : yeux bleus, cheveux bruns qui t'arrivent aux côtes, une frange cachant tes minces sourcils. Une petite bouche, un petit nez, tout est petit chez toi, y compris ta poitrine. Tu n'es pas encore totalement une femme, et tu regardes parfois avec envie les autres jeunes filles qui sont plus avancées sur ce chemin.
Tu n'attires pas vraiment le regard des garçons, mais tu ne cherches pas à le capter non plus. Les garçons sont pour toi comme les autres éléments extérieurs, des sujets d'observation, pas des objets de désir. Et tu n'es pas encore tombée amoureuse.
Ton apparence, cependant, tu en prends un minimum soin. Être propre, se sentir bien dans ta peau, c'est ce qui t'aide à t'accrocher à toi-même, qui t'aide à ne pas souhaiter être une autre.
Le plus dur est de ne pas t’oublier dans les autres.
Blink and you’ll be gone
Tu es née sans prévenir, Tanagra. Ta mère était déjà vieille, de plus de cinquante ans. Tu es née un peu prématurément, te petite, toute légère. Ta mère t'aima. Elle te regardait comme un petit bijou, une petite perle. Mais elle le savait ; elle allait devoir te laisser. T'abandonner. Prier pour que tu ne tombes pas dans de mauvaises mains. Demander à Dieu de te donner une bonne étoile.
Ta mère était une très fervente croyante. Elle avait chanté un angélus du matin pour célébrer ta naissance. Peut-être est-ce grâce -ou à cause- d'elle que tu es ce que tu es maintenant. Qui sait.
Toujours est-il que si ta mère était croyante, elle était aussi une nonne. Et même si elle t'aimait de tout son cœur, elle n'avait d'autre choix que de te laisser aux soins d'un orphelinat. Elle ne te laissa que ton nom, Tanagra, nom de la ville dans laquelle tu es née.
Tu ne le sus pas. Tu ne l'a jamais su. Tu ne le sauras jamais.
Les parents qui vinrent te visiter dans l’orphelinat n’étaient pas de la région, pas même du pays. Il y avait encore peu d’orphelinats qui restaient en Europe, et ils n’avaient pas envie, comme beaucoup de couples le faisaient, de devoir quitter de continent pour avoir un enfant. Ils avaient tout tenté dans leur pays d’origine, mais ils auraient dû attendre beaucoup trop ; trop de demandes et trop peu d’enfants. Ils n’avaient pas le temps. Ton père adoptif se mourait déjà, et il voulait pouvoir élever un enfant pour les dernières années de sa vie chancelante.
Ce furent tes petits yeux qui les convainquirent de t’adopter, et ils ne le regrettèrent jamais. Ils étaient aimants, se comportèrent comme tes parents, et ne te dévoilèrent jamais que ta naissance leur était étrangère. S’il y eut de la gêne, tu ne t'en rendis pas compte; s’il y eut des disputes, tu ne les vis pas; s’il y eut des larmes, tu les oublias.
Bonne élève, fille modèle, souriante, intelligente, tu faisais le bonheur de tes parents, de tes proches, de tes amis. Un peu fragile, peut-être, souvent malade. Mais on te passait tout. Ton père, qui s’amenuisait à vue d’œil, te tenait comme sa fierté. Dix ans durant, il combattit son cancer pour te voir grandir, et sa maladie devint ton quotidien. Tu n’étais pas triste ; tu étais au courant de l’échéance depuis tes plus jeunes instants et tu profitais de chaque moment passé à ses côtés.
Ta mère était triste, mais pendant toute ton enfance, tu la vis souriante. C’était ta mère, après tout. La meilleure maman du monde. Elle aimait ton père, elle t’aimait ; rien d’autre ne comptait dans ton esprit d’enfant. C’est ainsi que tu vécus tes dix premières années en Angleterre, entourée de la maladie et de la joie.
Et alors... Alors ? Se passa-t-il un événement particulier dans ta vie ? Un événement tragique ? Quelque chose qui t'aurait détruite, puis permis de te reconstruire, refaire ta vie à ta façon, devenir forte, grande, terrible...
Pas vraiment.
Ton père s’éteignit comme s’éteint un feu, se consumant de lui-même, les cendres luisant avant de noircir en silence. Ce fut triste, mais en parler chaque jour avait aidé. Cela ne t’empêcha pas de pleurer devant son cercueil à l’enterrement. Mais tu allais survivre. Tu avais encore ta mère. Ce n’était pas si terrible, si ?
Le collège se passa sans remous aucun. Tu étais une bonne élève, tu avais de bons résultats, malgré la légère difficulté de ta mère de payer tes frais de scolarité. Tu ne voulais pas la rendre fière, c’était simplement normal. La vie était lisse comme un étang qui dort, et tu étais tapie en dessous. Tu regardais les autres vivre, le ciel bleuir en journée puis rougir dans l’après-midi. Rien d’inhabituel ne se passait vraiment, c’était juste les gens qui s’accomplissaient, qui valsaient ensemble. Tout se ressemblait.
Ce fut la banalité de la vie qui te façonna.
Quand ouvris-tu les yeux ?
Tu ne le sais pas vraiment.
Mais en quelque sorte cela déclencha un changement d'aiguillage dans ta vie. Quand alors tu étais destinée à te marier à ton premier petit ami très tardif, devenu professeur d'université et toi fonctionnaire avec un poste convenable, trois enfants, une vie peu heureuse car il te trompait, une vieillesse inintéressante qui t'aurait mené au suicide, ta vie devint autre chose.
Premièrement, tu commenças à t'intéresser aux gens qui t'entouraient.
Tes yeux étaient grands ouverts. A travers les comportements anodins des passants, tu commenças à les comprendre, compatir à leurs tourments, partager leurs bonheurs, petit à petit, les porter dans ton cœur. Tu t’attachais à eux, de loin, et tu commenças à les observer, les analyser, les protéger comme tu pouvais. De là provenait ta bonté ; de là provient ta perte.
Car peu à peu tu t'effaçais. Peu à peu ils firent ta vie plus que toi-même tu la faisais. Peu à peu tu cédais à la maladie, l'épuisement, le vide lorsqu'ils n'étaient plus là. Vivre par procuration, c’était devenu ton quotidien. Tu n’étais plus toi quand tu étais seule, tu étais une autre, une coquille vide, un réceptacle à émotions, à expressions. La tristesse de ta mère, tu la voyais de plus en plus, comme si elle faisait partie de toi. Chaque pli fatigué sur le coin de la bouche tu l’adoptais instinctivement, par imitation, et tu te sentais obligée de porter la peine que tu lisais sur chaque visage.
Toute la souffrance du monde devenait tienne, et tu étais le martyr de ta propre vie, presque persuadée que si tu le vivais avec les autres, tu les aiderais, juste un peu. Mais le monde, pour une petite fille de douze ans, c’est bien trop grand, bien trop vaste. Rien que la peine de ta mère t’alourdissait, t’épuisait émotionnellement et mentalement.
Pendant ces quelques années, tu commençais à t'étioler. Ta constante fatigue te mena à prendre une convalescence, chez toi, toute seule, et tu te sentis plus vide que jamais. La solitude t'aida. Elle t'aida beaucoup. Peu à peu tu réappris à ressentir de toi-même. A voir le visage de ta mère, et de l’aider en souriant et non pas en prenant une ride de plus. Le bonheur, compris-tu, était un bien meilleur remède que la peine.
Et petit à petit, tu te remis sur pieds.
Après des efforts, beaucoup d'efforts, tu parvins à revivre. Tu devins un peu plus assurée, un peu plus ouverte, mais toujours aussi éloignée et observatrice. Tu étais peu à peu quelqu'un, pas forcément celle que tu aurais aimé être, mais une personne, humaine, non pas une loque vivante.
Avec ta nouvelle santé arrivèrent de nouvelles habitudes. Rendre les gens heureux t’importait toujours autant, et tu ne manquais pas d’être l’ange gardien de beaucoup de gens dans leur dos, secrètement. Peindre un mur en jaune pour voir des yeux émerveillés le lendemain matin, c’était de ta trempe. Prendre en photo des gens qui sourient et disperser les images partout dans ton quartier, c’était tout toi. Comme une ombre, tu veillais encore et toujours sur les gens, et parfois cela t’était récompensé, par la boulangère qui te donnait un croissant supplémentaire gratuit, ou par le marchand de journaux, qui t’ébouriffait les cheveux quand tu passais chez lui.
Quand tu eus l’âge d’aller au lycée, ta mère décida de t’envoyer au lycée adjacent à Millenium. Le loyer pour deux était trop lourd, et il était plus pratique de t’envoyer en internat. De plus les frais de scolarités étaient moins élevés que ton précédent collège, et les résultats bien meilleurs. C’est ainsi que tu acquis un nouveau foyer, et de nouveaux gens à protéger.
Tu continues à être un ange gardien tout en suivant les cours, telle une bonne élève. Tu mènes ta double vie sans même t’en rendre compte, dans la bonne humeur.
The Mask
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