Non mais regardes-moi ce type, là-bas ! Cheveux bruns tirant sur le bleu corbeau, yeux d'un bleu que je lècherais si je pouvais, et bon sang matez-moi ces muscles ! Ok, je m'égare.
Moi, c'est Miles. Lui, c'est mon meilleur pote : Brayden. Eh ouais, c'est moi qui vais te raconter un peu sa vie. Enfin déjà, puisque t'es bigleux et qu'il faut tout te dire, commençons par son apparence physique. Brayden, c'est un mètre quatre vingt douze de force brute et quatre-vingt sept kilos de muscles. C'est le genre de type qu'on échauffe pas, parce que vu la carrure j'ai quand même pas besoin de te faire remarquer qu'il travaille ses bras et pas qu'à la couture. Grand, élancé, plutôt musclé, Brayden est fin et on est d'accord qu'il n'a rien à faire sur un ring de catch. Lui, c'est le sportif de base ou le gars qui s'entretient quand d'autres jouent aux jeux vidéos. Ne me regardes pas comme ça, je sais aussi jouer au basket, oh ! Mais bon. Brayden, ce n'est pas qu'un corps musculeux et des yeux d'un bleu qui envouterait n'importe quelle nana. C'est aussi des doigts longs et fins, un don inné pour le piano et une aversion totale pour tout ce qui touche à l'étroitesse d'esprit. Sans compter que sous son air rabat-joie et sa manifeste et constante mauvaise humeur, ce mec a aussi des cordes vocales que plus d'un lui envieraient. Je sais, mon objectivité est égale à zéro puisque j'suis son meilleur pote. Et alors !? Si t'es pas content, ouvres les yeux et mates !

C'est bon, curiosité visuelle assouvie ? Bien, passons aux choses sérieuses. Brayden, c'est pas qu'un mec musclé au visage fermé et à la peau hâlée. C'est aussi mon pote, celui qui a des qualités et des défauts. Faut reconnaître qu'aux yeux de certains il a davantage de défauts ... D'abord, c'est un grand solitaire. Pas qu'il soit asocial ou quoi, mais en fait si. Il n'aime pas grand monde et pas grand monde ne l'aime. C'est qu'il cultive avec ferveur sa réputation de sale con, 'voyez ... Pourquoi ? C'est simple. Brayden, il s'est toujours noyé dans la solitude. Il a toujours eu ce sentiment de manque, d'ennui permanent qu'aucun de ses semblables n'a jamais su combler. Mais bon, on comprend pourquoi quand on sait d'où il vient. Ah j'attise votre curiosité, hein ? Ben vous saurez tout ça plus tard. Brayden n'aime donc pas les gens, mais il adore les chiens. Ouais je sais, on n'est pas dans un refuge. Bah vous m'avez demandé, je vous réponds ! Enfin bon. Quand on le connait pas, il passe souvent pour un connard égocentrique qui n'en a rien à faire de personne. Il semble ne voir que son petit nombril et n'agir qu'en fonction de son propre intérêt. Volontiers irrespectueux et chercheur d'emmerdes, Brayden est peut-être un peu bagarreur. Mais il n'a pas que ça, et je peux vous dire en connaissance de cause que c'est surtout un masque. Parce qu'en vrai, si Brayden se montre violent et souvent agressif, s'il semble tenir davantage à sa tranquillité qu'à sa scolarité, c'est surtout parce qu'il ne sait tout simplement pas s'y prendre dans les relations humaines. Non mais faut voir, il m'a fallu des décennies pour le déchiffrer et arriver à comprendre ne serait-ce qu'un centième de sa personnalité ! Bah ouais, c'est qu'il ne se laisse pas approcher n'importe comment ni par n'importe qui !

Suivant. Nous avons pour l'heure, homme renfermé au regard glacial et au poing d'acier. On va essayer de lui trouver quelques qualités, voulez-vous ? Faut savoir que sous cet air de "je m'en cogne de toi et de ton monde", Brayden est aussi extrêmement protecteur et exclusif. C'est qu'il ne partage pas grand chose, et ça concerne aussi ses rares amis. C'est que je vous déconseillerais de vouloir toucher à ses proches ou pire, de les insulter ou de les menacer devant lui. Brayden n'est pas fait en sucre, il n'a pas peur de se péter les os et encore moins de péter les vôtres. Ce qu'il n'hésitera pas à faire pour défendre ceux qu'il considère comme "les siens". C'est que Brayden est un peu à l'image d'un loup, 'voyez ? Genre, esprit de meute sur-développé, très territorial et fidèle en amour, tout ça ... C'est pas le genre de mec qui viendra vous faire la cour ou qui s'amusera avec n'importe qui sous prétexte que vous avez une pauvre chose en commun avec lui. Pour se lier à Brayden, il faut avoir des couilles, un baudrier et une sacré patience. Bon, des couilles ça s'explique, mais un baudrier ? Je vous explique. C'est que Brayden est un adepte des sports extrêmes, et il est tout à fait le genre à vous jeter d'une falaise pour tester votre confiance en lui. Il sent quand le courant ne passe pas, et il sait généralement très bien à qui il à faire. Il anticipe la plupart du temps avec justesse et est capable de détecter l'avenir de votre relation bien avant que vous ayez connu ne serait-ce que son nom. Autant dire qu'il ne se livre pas facilement, et qu'il faut mériter chaque seconde passée en sa présence. On est d'accord, tout ça ne semble pas le flatter grandement niveau qualités. Mais voyons les choses sous un autre angle. A défaut d'être un impulsif connard égocentrique et solitaire, Brayden est aussi et surtout totalement digne de confiance et c'est probablement le mec le plus fiable et loyal qu'il m'ait été donné de rencontrer.

Parce que bon, quand on dit qu'il cherche souvent la merde et qu'il ne respecte pas grand monde, c'est peut-être en partie expliqué par cette colère sourde qui boue en lui et qui fait la grande partie de sa personnalité. Brayden c'est un mec bien, mais qui le cache profondément sous une fureur que la plupart des gens lui reconnait. C'est presque comme si la rage était la définition même de Brayden. Pourquoi ? Eh ben pour le savoir, faudra le lui demander. Et ça, ce serait certainement la dernière chose que vous feriez de votre vivant. Non pas que Brayden soit un quelconque meurtrier ou autre tueur à gages, juste qu'il n'a aucune raison de vous raconter le pourquoi de ce qu'il ressent et qu'il ne le fera jamais.

Rien de personnel, bien sûr.

Weaver, c'est le nom de son père, mais aussi celui de sa mère. Sauf que Brayden, c'est pas le môme de ses parents. Quoi, j'suis pas clair ? Ben vous savez, infertilité, désir d'enfanter, adoption ... Eh ouais ! Brayden, c'est un reclus, un gosse dont on a pas voulu et que d'autres ont pris en charge. Après un accouchement difficile et l'abandon d'une mère qui n'aura jamais laissé la moindre trace, Brayden a passé douze ans de sa vie dans un orphelinat où la solitude lui pesait tellement qu'il ne passait ses journées qu'à tabasser ses copains de chambrée et à emmerder les gamines en arrachant la gueule de leurs poupées. Les punitions, il connait. Les avertissements, il connait. Mais que voulez-vous faire de pire comme punition pour un gosse, que de ne pas avoir de parents ? Bah ouais, toutes ces réprimandes, toutes ces menaces et toutes ces heures passées chez le psy', ça lui est toujours passé par-dessus la tête. Puisque derrière sa colère il cachait une souffrance indéchiffrable et que lui-même n'était pas capable d'identifier ce que les adultes ne voyaient pas davantage, il s'est finalement plongé dans un mutisme dont plus personne n'a jamais su le sortir. Lorsqu'enfin une famille s'est arrêté devant sa bouille, Brayden était un jeune pré-ado silencieux, introverti et particulièrement discret. Il a rejoint un jeune couple sans enfant et a continué de grandir à leurs côtés, haïssant petits et grands et développant bien vite une phobie de l'école et de ses semblables. Mais pourquoi, me direz-vous ? Eh bien, comment voulez-vous que je le sache !? Brayden lui-même l'ignorait à l'époque.

Avec cette nouvelle famille, de nouvelles opportunités sont arrivée. Une mère équilibrée et douce, un père aimant et attentionné, Brayden semblait avoir tout pour lui. Sauf que non. Pas tant que ça. Mais le plus intéressant reste à venir. C'est grâce à sa mère, que la grande aventure à réellement commencé. Un jour, soucieuse des silences constants de son nouveau fils, Madame Weaver a proposé à Brayden de rechercher ses parents biologiques. Après des mois passés dans un silence pesant, ce jour-là une première esquisse de sourire est apparu sur le visage de mon meilleur ami. Les recherches ont alors commencé. Hôpital de naissance clos depuis longtemps, docteur mort, dossier inaccessible à la famille d'accueil et à l'enfant mineur ... Bref beaucoup d'échec pour pas grand chose. Mais ils ont pu apprendre une chose : ils n'étaient pas les seuls à fouiller dans le passé pour le moins chaotique quoi que banal de l'enfant adopté qu'était Brayden. Donc, quelqu'un d'autre quelque part, cherchait à remuer le passé. Et le père, dans tout ça, hm ? Lui, il n'était pas au courant. Parce que sous ses attentions et son amour, c'était aussi un homme stricte et peut-être un peu exclusif. Il n'aurait certainement pas partagé son fils, et surtout pas avec une femme qui l'avait abandonné à la naissance. Bref, continuons nos recherches. A l'âge de seize ans, les pistes pour la famille biologique de Brayden étaient toujours aussi mince qu'au commencement des recherches. Pas de nom, pas d'adresse, aucune trace nulle part de la génitrice. Mais, toujours cette ombre dans les dossiers, qui semblait avoir une avance sur eux et qui pourtant ne les avait toujours pas trouvés, eux.

Ce n'est que deux ans plus tard, lorsque Brayden eut atteint son dix-huitième anniversaire, que tout s'illumina enfin. Un jour, un coup de téléphone. L'ombre qui les précédait dans les recherches n'était pas si étrangère, finalement. Une voix grave, suave, un peu comme celle de Brayden, mais avec la dureté d'une certaine maturité. Rapidement, il se présenta comme le fils d'une mère qui l'avait également abandonné à la naissance, avec son frère jumeau. Pour Brayden, ce fut le coup de couteau en pleine poitrine. Toute cette solitude, toute cette colère, ce sentiment de manque ... Tout s'expliquait. Mais il fallait une preuve, quelque chose qui lui assurerait la réalité de ces aveux. D'abord des photos. Si Brayden avait un jour fait de la voile ou du surf, il aurait juré que c'était lui, sur ces clichés. S'il avait un jour eu un  chien ou une petite amie, il n'y aurait vu que du feu. Un frère jumeau. Vous voyez, tout est bien qui fini bien, n'est-ce pas ? Non, je n'ai pas terminé, mes chers petits lecteurs. Il faut bien un élément déclencheur qui expliquerait pourquoi aujourd'hui, Brayden n'est toujours pas ce jeune homme heureux et épanoui qu'il devrait être après avoir retrouvé son frère jumeau. C'est simple : le père. Un père de profession militaire, sévère et inflexible. Un père qui se senti trahi lorsqu'il apprit que des recherches avaient été menées dans son dos, et qui se mit tellement en colère qu'il en brûla toutes les données. Plus rien. Rien que des cendres et le silence, et un numéro de téléphone effacé du répertoire avant le changement d'opérateur et le passage sur liste rouge. Plus qu'un tas de cendre pour toute une vie d'espoirs.

C'est après ce dramatique épisode que Brayden défendit corps et âme sa liberté en se tuant à l'école pour un jour, partir continuer ses études le plus loin possible de ce père égoïste qu'il haïssait désormais plus que tout. Et voilà, finalement, comment Brayden en est arrivé à venir étudier ici, parmi vous et vous autres, se fondant dans la masse sans jamais se laisser approcher plus que nécessaire. Parce que Millenium, c'était l'école la plus générale, celle où toutes les voies étaient possibles, et où son père ne viendrait pas le faire chier. Voilà, je vous laisse maintenant découvrir mon meilleur ami avec ses ombres et ses silences, ses lueurs et ses mystères ...