« I wanna talk tonight until the mornin' light » ► Ft. Cléanthe (terminé)

E. Sidé Carell
E. Sidé Carell
Etudiant en linguistique
Date d'inscription : 17/05/2016
Messages : 243
Age (du personnage) : 20 YO
Orientation sexuelle : HOMOSEXUEL
Etudes/Métier : LINGUISTIQUE - LANGUES ANCIENNES
Pounds : 2101
Dim 12 Juin - 3:14

talk tonight
C'est drôle de se dire que finalement, on peut s'accrocher à un souvenir plus qu'on ne le croit. On se dit toujours qu'on est différent, qu'on ne peut pas être comme tout le monde et que certainement, on sera bien plus fort que ce qu'ils peuvent dire mais finalement, au fond de toi, tu sais bien que tout ça ce n'est qu'un vulgaire mensonge qui se dessine dans cervelles histoire de vous faire croire que vous valez quelque chose quand vous ne valais pas bien que les autres. C'est un peu ce qui t'arrive, c'est un peu ton problème. Toi qui pensais être du genre à ne pas t'accrocher, à éviter de de subir ces choses de la vie qui font qu'on tombe facilement, te voilà prêt à t'accrocher fermement à la simple idée d'une nuit avec un corps dont tu voudrais oublier le nom, dont tu voudrais oublier le touché, la chaleur, la douceur, la vie, le coeur qui bat, les doigts sur ton corps, les lèvres sur les tiennes, le regard dans le tien. Un souvenir que tu aimerais oublier puis qu’autant plaisant qu'il puisse être, il te blesse doucement. Comme une lame que l'on glisse tendrement dans le creux de ta chair, tu peux le sentir s'enfoncer dans ton coeur. Le sang coulant le long de ton torse comme il coule dans tes veines, tu te dis que cet enfoiré t'as peut-être un peu trop bien eu, tu te dis que tu as très certainement fait une erreur et pourtant tu ne sembles pas regretter tellement, tu ne sembles pas réussir à te dire que ce fut une erreur ; ça n'avait à tes yeux rien d'une erreur et s'en est toujours pas une. Tu es très certainement un pauvre cas désespéré, on ne peut peut-être plus rien pour toi et peut-être même que c'est un suicide que de se dire qu'on ne peut pas oublier une telle personne parce qu'il y a quelque chose qui t'en empêche et peut-être même que ce quelque chose te fait encore trop peur pour que tu ne puisses mettre de réels mots dessus -quand tu as essayé, ça n'avait pas semblé te plaire vraiment, pour tout dire.Plutôt du genre à te mentir à toi-même, peut-être que tu resteras dans le déni de ces sentiments trop fort, peut-être que tu continueras de les cacher encore longtemps jusqu'à ce qu'ils explosent réellement, jusqu'à ce que tu en arroses Cléanthe en les lui crachant dans la gueule comme on crache sur un malpropre mais tu te diras qu'il l'aura très certainement bien cherché, que c'est quelque chose qu'il a très certainement cherché ; te faire tomber pour lui et ne jamais t'aider à te relever.  Ce n'est pas comme si tu l'avais choisi, ce n'est pas comme si tu l'avais voulu, ce n'est pas comme si tu n'avais pas essayé de le détester et tu ne le sais que trop bien que tu as tout fait pour le faire déguerpir de ton esprit, pour le faire fuir aussi vite que possible.

Dès ce matin-là, à vrai dire, tu t'es dit qu'il serait grand temps de l'oublier, de le laisser filer. Il n'était devenu qu'une nuisance qui te rendait plus maladroit que jamais et parce que ton esprit était ailleurs, tu semblais simplement te perdre dans l'espace sans jamais en redescendre. Il faut dire qu'il t'a fallu du temps pour t'en remettre émotionnellement. Assez instable, irritable, tu étais peut-être plus chiant qu'avant, tu étais peut-être même plus grognon. C'était certainement sa faute mais tu laissais tout retomber doucement sur tes épaules comme s'il était plus facile pour toi de dire que c'était ta faute. Tu le sais pourtant que vous avez dépassé le stade de savoir de qui c'était la faute ; il y avait en vous le regret de la tromperie et il y avait en vous le regret des actes précédents. Vous étiez tous deux fautifs dans cette histoire, autant l'un que l'autre et finalement, vous n'avez su vous pardonner qu'en ne faisant qu'un. Et tu avais vraiment eu à cet instant précis l'impression de ne faire qu'un avec lui comme tu n'aurais fait qu'un avec un amant, comme tu n'aurais fait qu'un avec quelqu'un qui t'es bien plus cher et bien plus précieux que ce simple coup du soir qui aurait pu te ramener chez lui. Tu ne sais pas à quoi tu t'accroches mais tu sembles y tenir tellement fort que ça te hante, que ça pourrit tes jours. Tu t'es dit qu'il serait facile de le sortir de ton esprit mais tu t'es trompé, oh tu étais sur loin de la vérité et si seulement lui aussi savait à quel point tu pouvais penser à lui. Tu voudrais bien savoir si Célanthe pense à toi, tu voudrais bien savoir si par moment tu sembles lui manquer comme tu as l'impression qu'il te manque. Un peu hors de toi quand tu t'en rends compte, un peu ailleurs quand tu penses à lui, tu ne sais plus vraiment si tu dois t'énerver ou rester blasé face à ces pensées. Elles deviennent presque un quotidien et encore maintenant tu penses à ce matin où tu t'es levé sans lui à tes côtés. Tu dois avouer que tu aurais pensé le voir rester, parce que tu croyais avoir partagé quelque chose avec lui, parce que tu croyais que c'était différent, parce que tu pensais qu'il s'était passé quelque chose et bien que tu fus dans le déni, il était maintenant compliqué de le nier ; à quoi bon se mentir quand on y arrive plus, quand on ne peut plus ? Mais évidemment que tu t'étais trompé et évidemment que tu t'étais fait des idées et évidemment que tu en avais trop espéré. Il n'était que Cléanthe et tu n'étais que Sidé ; vous n'étiez que deux hommes fatiguées. Vous aviez besoin l'un de l'autre -ou c'est ce que tu préfères croire plus qu'autre chose et doucement vous avez pansé les plaies de vos coeurs blessés pour en rouvrir les cicatrices lointaines. Comme des fleurs fanés qu'on empêche de repousser, tu avais l'impression d'être déraciné.

Ce soir-là, on t'a dit de bouger, de faire quelque chose pour te changer les idées. On t'a dit qu'il serait temps que tu bouges, que tu fasses autre chose de ta vie, que tu arrêtes de soupirer, que tu arrêtes de te noyer dans les bouquins comme tu le fais si facilement si rapidement, comme tu le fais pour éviter le monde extérieur. On t'a dit qu'il était de faire quelque chose, d'avoir quelques interactions, de rencontrer du monde, voir des gens et pourquoi pas ramener quelqu'un à la maison -tu vois encore le clin d'oeil salace de cette personne pas vraiment discrète qui t'avait fait pourtant rire. Tu n'es pas certain d'être capable de ramener quelqu'un chez toi. Même après plusieurs lavages, tu as encore l'impression de pouvoir sentir l'odeur de Cléanthe de tes draps, tu as encore l'impression que vos corps se mêlent dans les draps trop blancs et se défont dans le joie de vos ébats, puis il y a toujours la Bible porteuse de préservatifs, celle qui l'avait fait bien rire et sans l'avouer, un peu honteusement peut-être, il t'arrive de te souvenir de cette photo que tu as discrètement prise de Cléanthe ; celle qui te fait doucement rire, celle que tu regardes quand tu es trop désespéré, quand tu sais que c'est fini, quand tu as l'impression d'avoir besoin de lui. Mais ce soit, c'est sorti qu'ils disent alors tu t'es dit pourquoi pas, rien que pour une fois tu pourrais peut-être faire des efforts, un quelque chose. Tu as attrapé ta masse de cheveux d'une main pour rabattre le tout sur la même épaule et débout devant ta penderie, tu as commencé à tresser ces mèches trop longues. Tes doigts agiles courant contre les mèches brunes, tu essayais de te décider pour quelque chose. Tu ne savais pas vraiment quoi porter -ce n'est pas ton genre que de sortir comme ça, que de te promener pour te monter alors tu as opté pour le t-shirt blanc, l'éternel, celui un peu ample, celui un peu transparent, celui qui laisse voir l’entièreté de tes clavicules, de ces os qui ressortent sous une peau diaphane et le simple jean qui se veut trop serré sur tes jambes fines. De toute manière, ce n'est pas comme si on voyait beaucoup de choses à l'intérieur de ces endroits, ce n'est pas comme si on n'allait faire attention à toi et puis au fond, tu n'as pas vraiment envie de faire attention à quelqu'un, parce qu'il n'y a plus personne qui compte. Tu as comme l'impression que de battre ton coeur s'est arrêté et tu ne veux pas en savoir la raison -ou peut-être la sais-tu mais tu ne veux pas l'avouer.  Parce qu'il est trop dur de se rendre compte de la vérité, parce que tu n'as pas envie de la voir, parce que tu ne veux tout simplement pas te dire qu'encore une fois, c'est toi qui es tombé. Tombé pour lui, tombé à cause de lui, tombé avec lui. Qu'est-ce que tu en sais vraiment, de toute manière ? Que peut-il bien te dire, te confirmer sachant que tu n'as aucun son, aucune image, sachant que jamais il n'a cherché à te recontacter et parce que tu pensais avoir compris ; tu n'avais rien fait non plus. Il en était peut-être mieux ainsi.

T’as les idées en vrac, t’as le cerveau qui dérape. T’as les doigts qui glissent, les membres qui tremblent. T’as le regard qui se fait la malle, ça se floute, tu te noies. Tu te noies dans ton bordel, tu te noies dans l’alcool. Tu as pris un verre, encore un, peut-être le verre de trop. Celui qui te fera regretter ta soirée, celui qui te fera regretter d’être sorti. Mais en attendant, tu es bien, tu es détendu. Tes yeux se perdant sur la population, tu ne vois rien de bien distinct, tu ne vois rien de bien fameux. Comme s’il y avait du brouillard, comme si on t’avait mis un voile sur la face. Tu commandes un nouveau verre, le liquide fait son chemin jusqu’à ta gorge avant que tu n’ailles sur la « piste de danse » ou simplement l’endroit où l’on peut se frotter vulgairement sans que ça ne paraisse déplacé. Sans que l’on vous regarde de travers parce que les gestes que vous faîtes sont beaucoup trop ostentatoires, beaucoup trop vulgaires. Tu n’aimes pas forcément danser mais aujourd’hui tu ne sais plus, tu ne comprends plus et plus que les autres jours tu as envie d’oublier. Tu voudrais que tout sorte de ta mémoire, que les souvenirs se fassent la malle, qu’ils comprennent que tu n’en veux plus, que tu en as marre d’eux ; tu voudrais que rien qu’une fois, ils te laissent tranquille. Qu’ils t’abandonnent. Te quittent. Que vous divorciez ; tu voudrais te séparer d’eux, et les oublier. Juste, les laisser filer. C’est ça que tu aimes dans ces nuits où tu n’es plus toi, où tu ne te souviens plus de ton nom. C’est ce que tu aimes, quand tu bois trop. Tu as l’impression d’être libéré, d’être quelqu’un d’autre. Tu as l’impression que tu n’as plus besoin de penser, de réfléchir, que tu n’as tout simplement plus besoin d’exister comme tu l’as fait jusqu’à présent. Tu es quelqu’un d’autre et tu apprécies tellement être dans la peau de cet autre toi, que tu recommences. Trop souvent, trop longtemps. Tu recommences et tu t’oublies. Tu ne sais plus à quoi tu ressembles, tu ne sais plus comment tu t’appelles. Il y a cet homme qui murmure des choses à ton oreille, des choses que tu n'entends pas, que tu ne comprends, ses lèvres glissant dans ton cou. Qui est-il ? Tu fronces les sourcils, tu le pousses, gentiment, un peu fort quand même parce qu’il se cogne contre un autre. Ca va pas aller là, ça va mal finir. Alors tu t’échappes, tu t’extirpes d’entre les corps ondulant comme des serpents apprivoisés au son de la flûte et tu te diriges un peu titubant jusqu’au bar, tu t’y accoudes, tu prends ta tête entre tes mains et tu soupires. Tes yeux parcourent le bar, tu les plisses parce que c’est dur de voir tout de même, c’est dur de comprendre ce qui se passe quand on a la tête qui tourne, quand on a les muscles qui tirent. Tu regardes, encore, tu commandes un nouveau verre. Quelque chose de fort. Il faut que tu te réveilles, rien qu’un peu, que tu reprennes des forces. Que tu oublies encore et encore ce que tu es venu oublier et pourtant encore, maintenant à l'impression qu'il est là, devant toi, tu as l'impression de le voir et tu aurais presque envie de pleurer, de t'effacer.
AVENGEDINCHAINS
Cléanthe J. Alevatros
Cléanthe J. Alevatros
Étudiant en art
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Dim 12 Juin - 12:15
« talk tonight until the mornin' light

ft Sidé.


C’était le jour du hasard, avaient-ils dit. Mauvaise excuse –ou très bonne excuse- pour réussir à te traîner dans une boite de nuit, dans laquelle vous n’étiez pas aller depuis des lustres. Les examens avez réussi à drainer toute votre énergie, alors ils avaient décidé que c’était le moment ou jamais pour repartir sur de bonnes bases en attendant les résultats. Tu n’avais pas refusé. Tout comme tu n’avais pas accepté. Une partie de toi se refusait d’aller en boite car tu savais pertinemment ce que cela signifiait ; sûrement quelqu’un avec qui tu allais finir dans l’endroit où l’on met les sacs ou les manteaux, ou peut être finir dans les toilettes publiques, tiens. Tu savais dans tous les cas que ça finirait mal ; les boites de nuits étaient un peu tes ennemis de toujours. Tu adorais danser, tu adorais te frotter contre les gens, t’oublier dans ces méandres d’être humains qui chauffent, qui se chauffent, qui font bouger la salle, qui se font vivre. Mais l’alcool est trop présent, tu ne sais jamais quand t’arrêter en boite de nuit, tu ne sais jamais quand est la goutte de trop, quand est le verre qui te fera regretter, quand est le verre qui te fera oublier et avoir une migraine des plus atroces le lendemain. Et puis, tu n’as pas envie. Tu n’as pas envie de t’oublier, ou peut être que si en fait, c’est un peu le bordel dans ta tête de toute manière. Des images que tu n’arrives pas à oublier, que tu voudrais oublier mais en même temps non, et tu te flagelles en y pensant trop, tout le temps, pas assez. Comme une envie d’oublier sans rien oublier, comme une envie de te noyer dans ses souvenirs et de les brûler. Tu t’accroches trop au passé, tu t’accroches trop à ce que tu vis, ce que tu as vécu avec certaines personnes. Et tu sais parfaitement que tu te fais du mal comme ça. Ils t’avaient traîné avec eux, ils t’avaient dit qu’ils te voulaient avec eux pour danser un peu coller-serrer ; rien de sexuel dans leurs propos puisqu’ils adoraient autant que toi se trémoussaient sur la piste, surtout les deux filles qui chauffaient et qui ne donnaient jamais rien. Comme une sorte de rituel entre vous qui ne s’arrêtaient jamais et que vous appréciez tous tout autant. Elles avaient vu, de toute façon, toutes les deux. Elles avaient vu qu’il y avait quelque chose que tu tentais de cacher, que tu tentais de garder tout au fond de toi sans jamais l’en sortir mais que ça éclatait toujours à un moment donné ou à un autre. Elles l’avaient vu, elles ne sont pas dupes. Et tu savais que c’était elles qui avaient proposé la boite de nuit le jour du hasard. Ça se voyait dans leurs yeux, dans la manière dont elles avaient parfois les lèvres pincées lorsqu’elles te parlaient ; elles voulaient que tu oublies quoi que ce soit qui te dérangeait en tant que bonnes amies qu’elles étaient. Et tu n’avais pas eu le courage de leur dire que c’était toi, qui ne voulait pas oublier, en fin de compte.

Car c’était vrai. Cette nuit, cette nuit d’il y a quelques soirs, tu étais resté éveiller pendant quelques heures –une heure ou deux, tu ne sais plus trop. Tu étais resté éveiller devant ce visage endormi car il était trop tôt pour que tu partes, il était trop tard pour que tu t’enfuies. Alors tu étais resté là, à admirer le visage endormi de Sidé qui semblait serein, comme apaisé. Un sourire avait dansé sur tes lèvres durant ces quelques heures durant lesquelles tu as gravé les traits de son visage dans ta mémoire, durant lesquelles tu mémorisais la manière dont sa chevelure s’était emmêlée dans la nuit, la manière dans son souffle faisait lever et baisser sa poitrine nue et rouge de tes baisers et tes marques artificielles qui s’envolaient déjà, la manière dont l’un de ses bras était toujours sur toi, comme pour t’empêchait de partir, comme un geste inconscient dans son esprit qui savait pertinemment que tu allais le laisser. Il faut dire que tu t’étais endormi dans ses bras – chose que tu ne fais habituellement jamais. Déjà, lorsqu’il s’agit de tes coups d’un soir habituel, tu ne restes pas dormir, c’est comme une règle tacite entre vous. Ou tu restes, parfois, parce qu’il est trop tard, qu’il n’y a plus de métro et que tu n’as pas la voiture. Mais jamais, ô grand jamais tu n’es endormi dans les bras des autres – avec Emmett c’était lui qui s’endormait dans tes bras, pas l’inverse. Mais tu t’étais senti en sécurité, tu t’étais senti apaisé, comme si ton corps et ton âme étaient enfin en paix. Tu te sentais bien, au creux de bras de Sidé, si bien, si calme, si… important, en quelques sortes. Il te faisait sentir bien, comme quelqu’un qui a de l’importance à ses yeux, comme quelqu’un à qui on dit « tu comptes pour moi ». C’était les sentiments que tu avais lorsque tu t’étais endormi, ceux que tu avais quand tu t’es réveillé et que tu te dis que ce n’était pas une bonne idée ; ça ne l’était vraiment pas. Et même si tu ne voulais pas quitter ce lit qui dégageait autant de chaleur que d’espoir, tu étais parti. Après avoir déposé un baiser sur son front, après lui avoir volé un dernier baiser d’adieu sur ses lèvres un peu plus sèches qu’il n’ y avait quelques heures, tu t’étais enfui comme un voleur avec l’impression d’avoir dérobé quelque chose de très important. Ça t’avait fait mal de partir, ça t’avait mal de ne rien laisser, même pas un mot, même pas un signe pour dire que tu reviendrais ; car tu ne voulais pas lui mentir. Tu avais pris tes affaires, tu t’étais habillé à la hâte et tu avais fermé la porte derrière toi en glissant la clef dans la boite aux lettres. Tu ne sais pendant combien de temps tu es resté devant la porte, dans le froid du matin habituel de Londres. Tu ne sais pas combien de temps a passé entre le moment où tu as passé le pas de la porte et celui où ta main caressait le bois vieilli et durci de la porte de son appartement. Tu ne sais pas, tu ne t’en souviens pas ; tu t’es perdu encore une fois dans un tourbillon de pensées et de sentiments que tu aurais préféré éviter. Et c’est évidemment dans un geste qui se voulait contrit et triste que tu avais enfin quitté les quelques marches qui séparait l’appartement de la rue, que tu étais reparti chez toi avec l’impression d’avoir le cœur dans tes converses. Tu savais que tu devais oublier, tu savais que tu n’aurais jamais dû essayer de marquer son visage dans ton esprit, que tu n’aurais jamais dû essayer de t’en souvenir. Tu savais que ça avait été une mauvaise idée, que tu aurais dû partir dès que tu t’étais réveillé, que ça aurait été mieux pour tout le monde et surtout toi. Mais non. Ta conscience t’avait dit de rester, t’avait dit de ne pas oublier. Elle avait fait comme un geste te disant que c’était important que tu te souviennes de lui, que c’était important que tu n’oublies pas. Comme si ce serait la seule chose qui te ferait presque conscience de quelque chose, comme si ce serait la seule chose qui te maintiendrait les pieds sur terres quand tu partirais trop loin, comme si ce souvenir devait te protéger, en fait. Tu ne sais pas pourquoi, tu ne comprends toujours pas ; tu ne veux pas comprendre. Au fond de toi, tu sais ce qui s’est passé. Tu sais pourquoi tu t’es senti aussi bien dans ses bras, tu sais pourquoi tu as eu l’impression que c’était une place qui t’était presque attribué. Tu as compris, dès que tu t’es réveillé. Dès que tu ouverts les yeux sur le visage endormi de Sidé si près du tien, dès que tu as vu ses quelques mèches qui tombaient et bouger à son rythme respiratoire, tu as tout compris. Même si tu ne le souhaitais pas, même si tu aurais voulu rester dans l’ignorance, les pièces de puzzle ne t’ont pas demandé ton avis et se sont mis d’elles-même en place. A tel point que tu as eu envie de pleurer.

Tu t’étais promis, après tout. Tu t’étais promis que tu ne retomberais pas aussi vite, aussi fort. Tu l’avais juré. Tu t’étais oublié pour ça, à cause de ça. Parce que tu voulais oublier sans retomber, sans refaire les mêmes erreurs. Comment avais-tu pu être aussi bête, franchement. Tu sais que ce n’est pas arrivé de nulle part, tu sais que ce n’est pas quelque chose qui est tombé du ciel, mais bel et bien quelque chose qui s’est construit lentement mais sûrement au fil de vos rencontres. Tu aurais dû le voir venir. Tu l’as vu venir, d’ailleurs, mais tu étais bien trop dans le déni pour t’en soucier, en réalité. Et maintenant voilà qu’on te traîne de nouveau quelque part pour que tu oublies à nouveau, pour que tu perdes à nouveau, pour que tu retombes encore une fois, même. Jamais deux sans trois, disent-ils, mais la troisième fois vient de passer, alors peut être y a-t-il un espoir pour que cette fois-ci tu t’oublies pour tout simplement oublier. Le déni est encore présent, tu ne veux pas accepter tout ça, tu ne veux pas accepter ces tambourinements dans la poitrine qui sont peut être dû au fait que la musique est toujours trop forte ici, qui sont peut être dû au fait que tu vois quelqu’un qui a une silhouette qui ressemble à celle du brun, qui sont peut être dû au fait que tu t’approches et que tu vas essayer de t’oublier avec quelqu’un qui lui ressemble. Car ce n’est pas possible après tout que Sidé soit ici, pas vrai ? Tu ne vois pas venir dans ce genre d’endroit, tu ne le vois être comme toi et venir ici pour chopper quelqu’un, pour boire et oublier, pour danser et oublier, pour oublier avec quelqu’un. Alors tu t’approches, tu fais un signe à tes amis disant que tu as repéré quelqu’un ; et ils te sifflent, ils te disent d’y aller, les filles te regardent et te mettent un pouce en l’air, ce qui te fait sourire. Sans tes amis, en réalité, tu ne sais pas trop ce qui adviendrait de toi. Ils voient mieux que toi l’état dans lequel tu es, ils voient mieux que toi que tu n’es pas bien, et ils savent mieux que toi quoi faire dans ce genre de situation. Peut être est-ce une mauvaise idée que tu as là, peut être en est-ce une bonne, mais dans tous les cas tu t’approches, que tu te mets à danser en coller-serrer contre elle –ou lui ?-, posant tes mains sur ses hanches, tes lèvres venant se déposer sur le cou. Il ou elle sent comme Sidé, tu as l’impression la même douce odeur qui te fait perdre pied, qui t’emmène loin. Tu viens lui murmurer à l’oreille si il ou elle veut bien t’accorder cette danse alors que vous danser déjà en bougeant les hanches de haut en bas, de droite à gauche, alors que vous vous touchez sans vraiment vous touchez, alors que tu es dos à il ou elle, un sourire sur les lèvres alors que tu lui dis qu’elle sent bon, et que tu attends sa réponse concernant la danse ; réponse qui ne viendra jamais. Elle ne viendra jamais car il ou elle te pousse, s’enfuit, comme une peur subite qui s’est infiltré ou il ou elle, comme une envie de vomir peut être, tu n’en sais trop rien. On ne t’a jamais fui comme ça – peut être étais-ce parce que tu étais dos à lui ou elle ? Peut être lui as-tu fait peur en fin de compte. Mais ce n’est pas ce que tu voulais. Ce n’était pas ce que tu voulais alors tu le ou la suis à travers la foule, tu t’immerges dans la foule dansante et hurlante, tu essaies de ne pas perdre sa place, tu essaies de continuer à le ou la regarder, puis tu comprends qu’il ou elle se rend vers le bar. Alors tu empruntes un chemin différent car un couple te bloque, tu les contournes, et tu arrives finalement à destination ; le bar où la personne en question que tu poursuivais commande quelque chose qui ressemble à un shoot, vu de loin. Tu t’approches et tu stoppes net lorsqu’elle tourne la tête, lorsqu’elle se met de nouveau face à la foule dans avoir encore touché à son verre. Ton cœur s’arrête, ses yeux se posent sur toi ; il a l’air aussi perdu que tu ne l’es à cet instant. Sidé est là, devant toi, les joues rouges et le regard vitreux signe de tout l’alcool qui circule très certainement en ce moment même dans son sang. Tu es figé, tu ne sais pas quoi faire ; ton cœur bat trop vite, trop fort, tu n’as pas le temps ni la possibilité de penser avec la musique trop forte, avec les battements de la foule et du son qui est aussi fort et aussi puissant que ceux de ton cœur actuellement. Tu as envie de t’enfuir, de courir à pleine enjambées dehors, de te dire que ce n’est pas possible mais oh mon dieu qu’est-ce qu’il fout là c’est pas vrai tu vas devenir fou. Et pourtant ton corps bouge de lui-même, ton cœur qui bat trop vite doit certainement prendre le contrôle car tu ne comprends pas toi-même ce qui se passe alors que tu le prends dans tes bras, alors que tu murmures son nom comme s’il revenait de la guerre, comme si tu ne t’attendais pas à ce qu’il revienne vivant. Tu le prends dans tes bras, et tu as l’impression que cet instant dure une éternité avant que tu ne l’embrasses à pleine bouche, avant que les odeurs d’alcools différents que vous avez eu ne se mélange, alors que tu gardes les yeux ouverts afin de nouveau voir son visage qui est surpris, alors que tu l’embrasses à pleine bouche, à en prendre haleine, alors que la respiration se fait courte, alors tu arrêtes. Tu arrêtes le baiser pour revenir à la charge, comme si ça allait être la dernière fois, encore et encore tu reviens l’embrasser, des baisers plus ou moins sulfureux, plus ou moins doux, plus ou moins long. Tu ne sais pas combien de temps vous avez passé à vous embrasser encore et encore sans s’arrêter, comme si tu avais besoin de cette recharge, comme si tu venais de trouver un souffle d’air dans la vie, un souffle que te maintient en vie et qui te fait comprendre ce que c’est que d’être vivant. Et de nouveau tu le reprends dans tes bras après ces baisers incessants, cette fois-ci c’est toi qui le prend dans tes bras, c’est ta tête qui vient de perdre dans son cou, qui se niche dans ce petit espace où tu peux sentir son odeur ; l’odeur qui t’avait déjà, dès votre première rencontre, envoûté.

©雲

E. Sidé Carell
E. Sidé Carell
Etudiant en linguistique
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Age (du personnage) : 20 YO
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Etudes/Métier : LINGUISTIQUE - LANGUES ANCIENNES
Pounds : 2101
Dim 12 Juin - 15:14

talk tonight
Tu es du genre perdu, complètement déboussolé. Tu te demandes encore ce que tu fais ici, pourquoi est-ce qu'ils t'ont amené ? Ils savent très bien qu'au fond, ce n'est pas ton truc que de sortir, que d'aller faire la tête, que de te coller-serrer avec des tas d'inconnus plus transpirant les uns que les autres, plus puant les uns que les autres. Ils sont comme des démons qui essayent sans cesse de t'attraper, comme des diables qui essayent de t'amadouer et toi tu ne veux pas céder. Tu as un peu la tête qui tourne, les idées qui s'y mélangent, t'as l'impression que tu vas tomber ou peut-être es-tu entrain de flotter ? Tu ne sais pas, tu ne sais plus et voilà que ton regard dessine des formes troubles devant toi, voilà que ton regard te fait voir des choses qui ne sont pas vraies, qui ne doivent pas l'être. Tu as eu l'impression, l'espace d'un instant de sentir ses bras autour de toi, de sentir son odeur t'envahir encore et tu as pris la fuite, comme un lâche tu es parti. Tu n'as pas envie de te souvenir de ça, tu n'as pas envie de te souvenir de lui -non pas encore, tu es ici pour oublier et pourtant il y a tout qui te rappelle ton corps contre le sien, il y a tout qui te rappelle vos ébats passés, ceux qui te hantent, ceux qui t'ont marqué. Tu ne veux pas que celui qui lui ressemble souille son image, souille son souvenir, tu ne veux pas l'oublier comme il aurait aimé t'oublier et tu ne veux pas l'oublier dans les bras d'un autre qui pourrait être lui tout en étant un autre monstre, un autre démon, un autre mangeur d'âme. Ce n'est pas ton genre que de dire que tu ne veux pas oublier quelque chose de douloureux, ce n'est pas ton genre que de dire que tu ne veux pas oublier ce qui t'arrache le cœur mais il faut savoir vivre avec sa croix et si celle que tu dois avoir sur le dos se doit de porter son nom alors qu'il en soit ainsi et que tu portes de tout son poids le fardeau de tes sentiments. Il faut savoir accepter certaines choses quand elles sont évidentes, quand elles se dessinent ainsi en face de toi, quand elles s'offrent à toi. Combien de temps resteras-tu dans le déni, combien de temps feras-tu semblant de ne rien ressentir alors que une simple pensée pour lui et tu peux encore sentir ton cœur qui s'emballe dans ta poitrine, tu peux encore sentir ton corps qui s'échauffe et se chauffe en imaginant ses mains sur ton corps. Honteux, tu avoueras que peut-être, parfois, tu n'as pas tenu, que peut-être, parfois, tu as sali vos souvenirs mais tu n'es pas celui qu'on doit blâmer, tu n'es pas celui sur qui on doit cracher. C'est de sa faute, c'est lui qui t'a laissé ainsi, c'est lui qui t'a abandonné, c'est lui qui a décidé de partir alors que tu semblais avoir tout fait pour le retenir. Tu avais passé tes bras autour de lui, tu t'étais collé à lui, tu l'avais laissé posséder ton corps ; tout ça parce que tu t'es laissé submerger par des sentiments que tu n'avoues qu'à moitié maintenant, auxquels tu ne voulais même pas penser avant. C'est de sa faute, s'il n'était pas venu te voir avec cet air désemparé, avec son air de cadavre, peut-être que tu aurais pu te retenir, peut-être que tu aurais très certainement pu faire autre chose et peut-être même que tu l'aurais laissé partir mais ce ne fut pas le cas et tu t'es fait toi-même prisonnier des choses que tu semblais fuir.

C'est drôle, tu as l'impression que l'alcool dessine sa silhouette un peu partout, tu as l'impression qu'il est là, tout juste devant toi et tu as l'impression que ce sont ses yeux qui se perdent dans les tiens et tu as comme l'impression qu'il se dirige vers toi. Tu t'ordonnes de bouger, de ne pas te laisser approcher par un dit sosie, par cette personne qui lui ressemble et que tes yeux décident de voir comme s'il était lui. Le poison qui coule dans tes veines ne fait rien pour arranger les choses et tu sais que tu n'es pas vraiment bien ; tu n'as jamais su tenir l'alcool et tu n'as jamais su être sérieux avec ça dans le sang. Tu n'es pas certain de pouvoir bouger, pour dire vrai, tu n'es pas certain d'être capable de suivre les ordre que ton cerveau essaye désespérément de donner à ton corps. Tu essayes pourtant, de faire un peu, puis deux, mais tes pieds ne bougent même pas, ils veulent rester sur ce tendre sol de coton sur lequel tu as l'impression de poser les pieds depuis un moment maintenant. Encore et encore, il se rapproche de toi comme une bête se rapprocher de sa proie et alors tu ne sais pas si tu rêves, tu ne sais plus si c'est lui ou si c'est toi, tu ne sais plus ce qui se passe mais tu sens sa chaleur t'envelopper une nouvelle fois et tu te rends compte que c'était lui aussi sur la piste de danse, tu te rends compte que c'est lui que tu as repoussé, lui dont tu as presque eu peur, lui dont tu n'as pas voulu les mains sur ton corps et tu te rends compte aussi qu'il semble y avoir quelque chose d'indéniable entre vous, quelque chose qui vous attire l'un contre l'autre contre l'autre comme peuvent le faire des aimants. Combien de chance faut-il pour que tous d'eux soyez ce soir-là dans la même boîte de nuit, combien de chance pour que ce soit lui qui t'aborde parmi toutes ces personnes, combien de chance pour que ce son corps qui se colle au tien alors qui aurait pu avoir tant de monde, tant de personnes, tant de corps contre le sien. De nouveau, il faut que ce soit toi, de tous, c'est toi qu'il choisit d'une nouvelle fois torturer en t'entourant de ses bras. Tu ne voudrais pas répondre à son étreinte, tu ne voudrais pas espérer une nouvelle fois, tu ne voudrais pas lui montrer tes faiblesses, tu ne voudrais pas lui montrer que toi aussi, tu as envie de tout ça, que toi aussi c'est tout ce dont tu avais envie et ton prénom murmuré n'est que le début d'une douce torpeur. Tes doigts s'accrochent à lui, désespérément peut-être, aussi parce que l'alcool dans tes veines te fait tourner la tête -ou est-ce son étreinte, est-ce son corps, es-ce son odeur, est-ce sa présence ? Tu ne sais pas mais tu perds pied quand ses lèvres touchent de nouveau les tiennes. Baiser alcoolisé, langues qui se mêlent, souffles qui s'emmêlent, tu ne sais plus, tu l'embrasses simplement. Tes yeux qui se ferment, tes doigts qui se serrent dans son dos, tes doigts qui se serrent dans sa nuque et simplement vous. C'est comme si tu ne l'avais jamais quitté, comme si tu te souvenais de chacun de ses gestes par cœur, comme si c'était hier. Pourquoi fait-il ça, pourquoi est-ce qu'il joue encore avec toi ? Tu as l'impression d'être comme un souri dans les pattes d'un gros chat, pas prête de se libérer mais pas non plus prête à être mangée.

Tu ne cesse de l'embrasse ou est-ce lui qui ne cesse d'attaquer tes lèvres ? Qui peut bien le savoir si même toit u n'arrives pas à t'en rendre compte ? Ton dos collé contre le bar, ton verre toujours posé là en attendant d'être bu, ton corps qui frissonne sous le sien ; tu sembles être assailli. Autour de vous, on vous regarde certainement. On ne vous a jamais aperçu ensemble et voilà que vous vous perdez dans les bras de l'un et de l'autre comme si vous vous étiez toujours connus, mais n'est-ce pas ça après tout ? Tu avais eu comme cette impression de le connaître depuis toujours quand tu l'as rencontré, quand tu lui as parlé, et peut-être que même maintenant c'est comme si vous n'aviez jamais été séparés. Tu voudrais le croire, tu espérais que ce soit le cas et pourtant, il n'a jamais donné de nouvelles, n'est-ce pas ? Tu aurais pu pourtant le contacter à ton tour, lui envoyer un message pour demander de ses nouvelles -peut-être même le menacer avec cette photo toujours dans tes dossiers mais tu n'as rien fait, parce que tu n'avais pas la force de recevoir, peut-être, un « qui tu es ? » « pourquoi as-tu mon numéro » « que veux-tu ? » « on a couché ensemble parce que je m'en souviens pas ? », tu ne sais pas ce qu'il aurait pu te répondre mais il l'aurait fait et tu te serais senti incapable de survivre, tu te serais senti complètement perdu, un peu à l'ouest, déboussolé, et tu te serais peut-être mis à pleurer et tu te serais traité d'idiot mais peut-être aussi que ça t'aurait aidé à tirer une croix sur sa tête d'abruti, peut-être que ça t'aurait aidé dans ta quête de l'oublie ; au lieu de ça, le voilà encore contre toi, le voilà encore à te prendre dans ses bras et toi à te laisser faire dans cette étreinte bien trop douce, bien trop chaleureuse ; « C'est de ta faute... » avais-tu soufflé dans son oreille sans savoir s'il allait l'entendre, sans savoir si la musique avait couvert tes mots. Tu pourrais le blâmer pour tellement de choses que tu ne sais pas par où commencer, tu ne sais pas quoi lui dire, tu ne sais pas comment le lui expliquer, tu ne sais pas si tu dois le faire ou pas. C'est de sa faute si tu es tombé, c'est de sa faute s'il est ici, c'est de sa faute si t'es torché, c'est de sa faute si tu n'es pas bien, si tu n'as plus les idées claires, si tu veux bien l'embrasser, si tu veux bien le prendre dans tes bras. C'est aussi de sa faute si tu n'arrives plus à te concentrer, si tu te sens perdu, si tu as comme l'impression d'être quelqu'un d'autre. C'est de sa faute si tu n'as pas donné de nouvelles et c'est de sa faute si son souvenir est encore marqué sur ta peau comme au fer rouge. Est-ce que c'est de ta faute aussi pour lui, est-ce que c'est parce que tu es toi, parce que tu as fait ce que tu as fait qu'il est là ? Tu ne sais pas, encore une fois. Tu ne sais rien et peut-être que de nouveau, vous êtes deux fautifs, peut-être que de nouveau, vous êtes deux idiots et peut-être que tu devrais demander pardon mais un excès d'orgueil te fait garder ces mots, tout du moins jusqu'à ce qu'il soit le premier à les prononcer.

Tu te défais de son étreinte qui t'étouffe, tu as l'impression que tu vas exploser. Tu veux le regarder, tu veux l'observer, tu veux lui dire tout ce que tu as à lui dire et en même temps, tu ne sais pas si tu es en état de parler, tu ne sais pas si tu peux vraiment aligner deux mots pour que ta phrase semble un minimum cohérente alors, sans vraiment passer par quatre chemin, il y a ce verre qui t'attend ; tu le bois, mais tu ne le bois pas entier. Tu tends le fond à Cléanthe, comme si vous partagiez le verre de l'amitié ou peut-être est-ce celui du pardon, qu'est-ce que tu en sais vraiment ? Et tu as pris sa main dans la tienne et tu as entrelacé vos doigts et tu ne veux plus être séparé de lui alors tu le tiens fort, peut-être un peu trop et la jointure de tes doigts devient peut-être blanche et peut-être même que c'est douloureux pour lui mais jamais tu veux qu'il te quitte, mais jamais tu veux qu'il ne disparaisse et tu as encore trop peur de le voir s'envoler dans quelques heures sans même une excuse, sans même un mot, sans même un au revoir ; c'est peut-être tout ce que tu aurais voulu, à vrai dire. Quelque chose qui dise clairement que c'est fini mais au lieu de ça voilà qu'il t'a laissé attendre, qu'il t'a laissé espéré, qu'il n'a rien dit et qu'il est parti comme un voleur. C'est sa faute diras-tu de nouveau mais certainement que c'est de la mauvaise fois, certainement que tu n'es qu'un idiot, certainement que tu ne veux pas avouer que c'est de la tienne aussi et que depuis le début, si rien ne te plaisait, tu n'avais qu'à refuser. Tu ne l'as pas fait alors tu es tout aussi fautif que lui, tu es tout autant un idiot.
La musique qui tape dans vos corps, dans vos cœur, dans vos tempes. La musique qui raisonne dans vos cages thoraciques, la musique qui raisonne dans vos boîtes crâniennes. Elle, elle est là pour faire oublier, elle est là pour noyer les esprits, pour que rien ne s'entende ; ni mots ni pensées et peut-être que ce n'est pas plus mal, peut-être que tu n'as pas envie d'entendre tes pensées, peut-être que tu n'as pas envie d'entendre ses mains et encore moins ses pensées alors ça te va, alors tu le prends contre toi ; un peu possessif, un peu pour faire comprendre que c'est toi qui danse avec. Tu n'as pas lâché sa main et sûrement que tu n la lâcheras pas de sitôt. Tu n'es pas certain de l'avoir vraiment regardé une seule fois et tu ne le veux pas ; pas maintenant. Parce que tu ne veux pas qu'il te voit comme ça, parce que tu ne veux pas qu'il voit ton visage fatigué, ton visage cerné. Tu ne veux pas qu'il voit tes yeux éclatés, tes pupilles dilatées. Tu ne veux pas qu'il voit la tristesse, la perdition dans ton regard et tu ne veux pas qu'il se rende compte de ce qu'il a fait ; autant que tu as envie de le blâmer tu ne veux pas encore une fois le rendre triste, tu ne veux plus voir cet air sur son visage. Alors tu as la tête baissée, alors tu as les yeux rivés sur le sol d'une boîte de nuit un peu crasseuse -parce qu'elles le sont toutes mais tu veux lui faire comprendre aussi qu'il t'a manqué, tu veux lui dire des choses que tu ne peux dire avec des mots parce que c'est encore trop dur, parce qu'il ne t'entendra pas, parce qu'il ne voudra peut-être pas t'entendre et alors tu amènes un de ses bras autour de ta fine taille, tu veux qu'il pose sa main là, sur ta peau ou peut-être sur tes os. Taille, hanche, fesse, qu'il touche ce qu'il veuille bien toucher, tu n'en as que faire tant que c'est lui, tant qu'il te touche. Tant que c'est lui. Tant que ce sont ses mains. Tant que c'est son corps. Désespéré. C'est vraiment le mot qui te correspond le mieux, c'est vraiment ce que tu es et alors tu colles à lui et alors tu laisses ton corps suivre le rythme de la musique. Peut-être un peu libidineux, peut-être un peu lascif, peut-être un peu tout et rien, toi contre lui, lui contre toi, ondulation de deux corps enchaînés, tu ne sais plus vraiment qui tu es. Il dira peut-être que ça ne te ressemble pas, mais que sait-il vraiment de toi, qu'a-t-il découvert, qu'a-t-il compris sans que tu ne lui dises qui tu es vraiment ? Vous ne savez rien l'un de l'autre et à cet instant honteux où tu n'as même pas la force de le regarder dans les yeux, tu as l'impression que vous vous redécouvrez pour la centième fois.
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Cléanthe J. Alevatros
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Dim 12 Juin - 23:47
« talk tonight until the mornin' light

ft Sidé.


Tu avais voulu l’oublier et voilà le destin qui te joue de mauvais tours. Combien de fois as-tu souhaité arrêter de penser à lui, combien de fois as-tu regretté d’être resté dormir, aussi bien te sentais-tu entre ses bras, combien de fois tu aurais dû lui dire non, alors que tu savais parfaitement que ce n’était que par compassion qu’il faisait ça. Et peut être que c’est ce qui te fait le plus mal, en fin de compte ; qu’il ne l’ait fait parce qu’il se sentait obligé, parce qu’il ne voulait pas te voir déprimé, parce qu’il voulait t’enlever cette expression de tristesse et de désespoir de ton visage, sûrement. Tu aurais voulu que ce soit une envie, que ce soit un réel désir plutôt qu’une obligation pour obtenir ce qu’il voulait ; t’enlever de la détresse qu’il ressentait en te voyant. Peut être s’est-il sauvé lui-même en faisant ça, peut être s’est-il dit qu’il aurait l’esprit plus tranquille une fois qu’il t’aurait donné ce que tu voulais, peut être s’était-il dit que tu serais plus heureux comme ça. Comme accepter un caprice d’un enfant trop gâté, il t’avait donné ce que tu désirais lors de votre première rencontre ; n’étais-tu donc pas censé être heureux ? Si. Et pourtant, tu ne l’avais pas été. Tout ce que tu avais gagné était des souvenirs qui te faisaient plus de mal que de bien, qui t’obligeaient parfois à te rendre à la salle de bain pour calmer tes ardeurs ou succomber à ce plaisir coupable dont tu savais tu ne te relèverais pas. Plus ses souvenirs faisaient surface et plus tu avais l’impression d’avoir manqué quelque chose, que tu ne pouvais décidément pas décider d’écrire le mot fin au bout de cette aventure. Comme ces petites grains de sels qui manquent parfois pour redonner goût à un plat, il te manquait ce petit quelque chose pour te permettre de te dire que c’était fini pour de bon, que tu pouvais –devais- tirer un trait sur lui, que tu pouvais –devais- l’oublier, que ça ne t’apporterait rien de bon, de toute façon. Tu l’as toujours cru, tu l’as toujours vérifier durant ces derniers jours, durant ces dernières semaines. Trop de souvenirs qui revenaient sans arrêt, parfois un plaisir coupable qui prenait de l’ampleur, parfois un souvenir vivace de votre première rencontre, parfois ce voyage imaginaire que tu avais fait alors que tu lui parlais de ton pays natal. Les souvenirs étaient trop nombreux ; ils débordaient. Débordaient de ta mémoire, de ton esprit, débordaient de ton cœur qui brûlait à chaque fois, que tu faisais mal. Que ce soit à la simple pensée de Sidé ou un souvenir surprise qui revenait à la surface, ton cœur aussi douloureux soit-il sembler sauter sans jamais s’arrêter. Ah, si seulement cela pouvait être un article défectueux que tu aurais pu remplacer, que tu aurais pu améliorer pour l’empêcher de continuer comme ça, tu l’aurais fait. Mais il est fait de chair et de sang, quel dommage pour toi. Il t’est impossible de le changer un autre car celui est défectueux, car il ressent trop de choses. Car il ressent des choses dont tu ne veux pas ; tu ne veux pas savoir, tu ne veux pas les avoir. Car tu sais qu’alors, tu auras réellement mal. Tu auras réellement perdu, et tu en as assez de tout ça. La malchance est pourtant de ton côté ; malgré le déni dans lequel tu es, tu sais que tu ne pourras pas te voiler la face encore longtemps. Tu sais que tu ne pourras pas, que ton corps défectueux finira par exploser, par te faire comprendre de grès ou de force ce qu’il ressent, et alors tu n’auras pas le choix que de voir la vérité en face, que de devoir l’affronter et te battre. Te battre pour savoir si tu l’acceptes, te battre pour savoir si tu préfères l’ignorer, si tu préfères vraiment tirer un trait, oublier et te faire encore plus de mal que tu n’as eu jusqu’à maintenant. Le déni est pire que tout, surtout le déni conscient. Tu fuis, tu n’es qu’un lâche après tout et ce n’est pas vraiment une nouveauté de fuir devant les sentiments que l’on ne veut pas avouer ; tu as déjà vécu ça avec Joshua. Tu l’as déjà vécu et tu n’as jamais eu le temps de lui avouer la vérité, tu n’as jamais eu le temps de lui dire le pourquoi du comment, tu n’as jamais eu le temps car il est mort bien avant, comme si le destin cruel avait décidé de t’apprendre une bonne leçon au détriment des autres. Peut être que cela n’a pas suffit, pourtant ; tu es encore dans le déni inconscient, même si peu à peu tu lèvres les voiles.

Ses doigts dans ton dos, ses doigts dans ta nuque te font perdre pied ; tu te souviens de son habitude de venir chercher les petits derniers cheveux à la base de ton cou, tu te souviens de sa manière de les prendre, de les serrer, de passer sa main dans ta nuque puis dans tes cheveux. Tu te souviens des frissons que tu avais à chaque fois, comme maintenant, tu te souviens de ces détails un peu trop bien. Et pourtant, tu le laisses faire car tu n’aimes que trop ça que de sentir son corps contre le tien, que de sentir que lui aussi se serre contre toi, qu’il te serre contre lui. Alors tu te laisses enivrer encore une fois, encore. Son odeur t’enivre et te fait tourner la tête ; ce n’est qu’un hasard qui ne tombe que trop bien, qu’un hasard pas si hasardeux que ça, en fait. Combien de chance y avait-il pour que tu le retrouves lui, combien de chance y avait-il pour que tu te décides de le draguer à nouveau pour l’oublier lui. C’est ridicule, tellement ridicule que tu as un sourire qui se forme sur tes lèvres alors que tu humes son parfum, alors que tu essaies d’empêcher tes mains de se fourrer à nouveau dans sa chevelure, alors que tu t’empêches de trop le toucher pour ne pas à avoir à te souvenir de cette nuit. Cette nuit qui te hante, que tu ne cesses de rejouer dans ton esprit, dans tes rêves, te réveillant avec la bonne gaule du matin que tu n’avais plus eu depuis tes dix sept ans. Tu as l’impression de retomber en adolescence, de te perdre dans ce tourbillon de sentiment que tu vivais à l’époque, dans cette incompréhension totale et inimaginable que tu détestes tant. Mais que tu gardes, pourtant, car tu sais que tu ne veux pas voir la vérité, cette même vérité qui t’a fait prendre Sidé dans tes bras, cette même vérité qui a fait que tu l’as embrassé jusqu’à en perdre haleine, cette même vérité qui fait que tu es couché sur son épaule, que tu attends, les yeux fermés, que tu te perds de nouveau dans la chaleur de son corps. Et tu l’as entendu murmurer, oh oui. Ces trois petits mots de rien du tout, ces trois petits mots qui ont tout voulu dire et en même temps rien. Tu as l’impression que tu as compris ce qu’il voulait te dire, tu as l’impression que toi aussi, tu as envie de lui dire de sa faute ; c’est sa faute si tu te souviens, c’est sa faute si tu penses encore à lui, à vos nuits, c’est sa faute si tu n’as plus envie de coucher avec n’importe qui, c’est sa faute si le simple sexe ne te satisfait plus. Tu as l’impression qu’il manque quelque chose, un bout, quelque chose que tu as goûté avec Sidé et que tu n’as jamais réussi à avoir avec les autres –les deux seuls autres que tu as essayé après lui. Alors tu restais sur ta faim, tu savais qu’il manquait quelque chose mais tu n’as jamais réussi à mettre la main dessus. Une partie de ton esprit osait te dire que la seule chose qui manquait était que la personne n’était pas la bonne, pas la même. Mais tu as toujours refusé d’accepter cette possibilité ; c’est ridicule, tu sais qu’il doit y avoir autre chose, forcément. Que ce n’est pas que Sidé qui fera la différence. Mais maintenant que tu l’as dans tes bras, maintenant que tu le tiens contre le corps, tu te dis que finalement, si, peut être, en fin de compte, ce sera peut être vrai. Ce qui serait vraiment, totalement absurde. Mais pas si absurde si tu te décidais enfin à arrêter d’être dans le déni. Ce qui n’est pas vraiment le cas pour l’instant, hélas.

Tu l’as senti se séparer de toi et tu as envie de le reprendre immédiatement dans tes bras ; mais tu t’en es empêché. Tu aurais eu l’impression d’être trop désespéré –désespéré de quoi tu ne sais pas – et sûrement y a-t-il une bonne raison pour qu’il s’écarte ainsi, aussi. Tu sens sa main qui glisse dans la sienne, tu sens vos doigts qui se fondent parfaitement l’un dans l’autre comme des poupées russes qui s’emboitent parfaitement, c’est comme si c’était dans la nature des choses que vos doigts, tu les trouves si bien, comme ça, enlacés, serrés. Car il serre fort, le brun. Comme s’il avait peur de te laisser aller, comme s’il ne voulait pas te laisser partir. A ton tour tu serres aussi, pour lui dire que tu es là, que tu ne t’enfuiras pas, pas cette fois. Tu es là, tu le resteras jusqu’à la fin de la soirée et peut être plus. Tu ne peux pas dire ce que tu feras, désormais, tout ce que tu as toujours prévu – ne pas le revoir, par exemple – est tombé à l’eau. Alors, non, tu ne sais pas ce qui va se passer, tu ne sais pas comment va se dérouler cette nuit, cette soirée entre vous deux, mais tu veux juste qu’il revienne, qu’il pose se verre et qu’il revienne. Mais tu comprends qu’il ne compte pas lâcher ce verre mais le vider lorsque tu le vois boire quelques gorgées de son verre avant de te tendre le fond. Tu ne comprends pas trop le symbole de ce partage, et sûrement pense-t-il à autre chose que toi. Avec cet alcool, tu as comme l’impression qu’il te demande de devenir ivre avec lui, de lui, comme s’il te demandait de te noyer, toi aussi, dans cet abysse que ce sont les merveilles brumeuses du monde lorsqu’il y a trop d’alcool dans le sang, lorsque vous savez que vous avez franchi le verre de trop. Et pourtant il te le tend, et tu le prends ; tu vois son contenu jusqu’à la dernière goutte alors que tu reviens l’embrasser en lui faisant passer le liquide froid qui brûle vos gorges et vos langues alors que quelques gouttes glissent le long de votre menton pour venir s’écraser par terre ou sur vos t-shirts. Tu lèches ses lèvres avant de t’écarter, tu lèches tes lèvres et tu lui fais un grand sourire ravageur, comme tu as tant l’habitude d’en faire. Mais cette fois-ci, tes pupilles brillent de malice, de joie mystérieuse. « Merci pour le verre. » Murmures-tu. Pas sûr qu’il t’ait entendu avec la musique, pas sûr qu’il ait compris ce que tu as dit, mais ce n’est pas grave. Ce n’est rien d’important, ce n’est pas quelque chose qui va changer votre vie, juste un petit commentaire pour s’amuser. Et tu n’as pas le temps de faire quoi que ce soit d’autre que c’est finalement à son tour maintenant de venir t’enlacer, de ne pas vouloir te laisser partir. Tu le sens qui s’appuie contre toi, contre ton torse, comme s’il voulait se perdre en toi, comme s’il voulait mêler vos corps à la seule force de son esprit et de ses bras. Vos mains ne se sont pas quittées, comme des jumelles elles restent serrer, elles restent ensemble, toujours. Il a la tête baissée alors que tu voudrais la voir, alors que tu voudrais voir ses yeux, alors que tu voudrais te noyer encore une fois dans ces orbes onyx hypnotisant. Mais il ne veut pas ça, non il ne veut pas et tu le sais quand il te prend ton bras libre pour venir le poser sur ta hanche alors qu’il se serre contre toi. Il se serre contre toi et il commence à bouger au rythme de la musique, alors tu fermes les yeux. Tu laisses les sensations et la musique guidaient tes gestes, tes pas, ta main. Ta main qui glisse derrière le léger tissu, ta main qui se cale sur ses reins dégagés désormais, ta main qui est sur sa peau chaude et douce et peut être trop mince car tu sens sa colonne vertébrale, mais ce n’est pas grave. Non ce n’est pas grave car tu as les yeux fermés, car tu noies dans la chaleur de son corps que tu sens à travers ta main, à travers ses mouvements qui suivent les tiens, ou peut être est-ce toi qui suit les siens aussi. Mais dans tout les cas tu te perds ; tes hanches se frottent contre les siens, tu embrasses le dos de sa main que tu as levée, ta main caresse lentement, doucement son dos, parfois elle va plus bas, parfois elle remonte, parfois elle redescend jusqu’à attendre la limite de son jean. Tu te perds dans la musique, tu te perds dans le corps de Sidé qui s’offre à toi, dans ce qu’il te donne, dans ce qu’il te propose ; il s’offre et tu peux faire ce que tu veux. Mais tu ne veux pas. Tu ne veux pas être le seul à pouvoir profiter, tu ne veux pas être le seul qui soit satisfait du toucher, non, tu refuses. Alors à ton tour, ta main se dégage de son dos et tu viens attraper sa main libre pour la poser contre ton torse, puis tes fesses, puis le dos. Tu l’obliges à relever la tête et tu lui souris – tu ne fais pas attention aux cernes qu’il semble avoir, l’éclairage n’est pas vraiment la meilleure des choses qui soient en boites de nuit, alors que tu te dis que c’est sûrement une illusion d’optique. Tu lui souris, tu viens déposer un baiser sur sa joue et tu dévies vers son oreille pour lui murmurer quelques mots douteux, quelques mots que tu espères, il entendra ; « Toi aussi, touche moi. » Tu lui fais part de ton envie de n’être pas le seul à pouvoir le toucher ; tu veux qu’il te touche, qu’il te montre à nouveau qu’il te désire encore, que ce n’était finalement pas que le désir d’un soir, que ce n’était finalement pas que le désir d’enlever une expression maussade de ton visage, que ce n’était pas juste pour te remonter le moral. Tu le laisses te toucher comme il le souhaite, tu n’a spas peur, tu n’as pas honte devant tous ces gens qui dansent et se trémoussent, devant certains d’entre eux qui sont totalement high, devant certains d’entre eux qui sont encore sobres et qui vous regardent comme si vous étiez des dégénérés, parce que, bordel, vous êtes en public quoi. Mais tu ne fais pas attention ; tu t’en fous de tout ça, tu t’en fous de l’endroit où vous êtes. Tout ce que tu sais, c’est que Sidé est là, dans tes bras. Et qu’il te touche, lui aussi.

©雲

E. Sidé Carell
E. Sidé Carell
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Jeu 16 Juin - 15:52

talk tonight
Il y a eu ce baiser. Chaud, froid. Tu ne sais plus. Est-ce que les frissons sont ceux du plaisirs ou sont-ils ceux causés par le liquide froid contre ta langue trop chaude, contre sa langue trop chaude ? Tu ne sais pas mais tu l'as laissé faire, tu l'as laissé partager. Tu ne sais pas s'il a compris son geste et tu ne sais pas s'il a voulu te dire quelque chose en passant sa langue contre la tienne, en t'embrassant jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien, tu ne sais pas si à son tour il est venu sceller une promesse muette, celle que tu n'oses pas dire et que tu ne diras peut-être jamais. Ou peut-être que tu lui demanderas, peut-être que tu lui feras promettre pour de vrai et peut-être que tu lui souffleras tous les maux dont tous souffres, tous les mots qui te brûlent la gorge, un peu comme l'alcool qui y passe. Mots amers que le liquide essayent d'effacer, pensées tordues que le liquide essayent d'embrumer. Tu ne sais plus vraiment si tu dois encore penser que c'est de sa faute et tu ne sais plus vraiment si tu dois le lui dire une nouvelle fois. Tu ne sais même plus très bien pourquoi est-ce que c'est sa faute, l'alcool qui te montre trop haut dans le crâne sûrement. Peut-être que ça aussi, c'est sa faute et peut-être que tu ne seras jamais sortir boire s'il n'était pas entré dans ta vie comme il l'avait fait. T'es pas du genre faiblard, c'est ce que t'aimes croire même si tu sais qu'au fond, t'es comme tout le monde, t'es à genoux au moindre coup. T'es pas faiblard pourtant, que tu te dis comme si ça aidait les choses et comme si bomber le torse était une solution à chacun des problèmes que tu ne sais pas régler. T'es pas faiblard et tu pensais pouvoir l'affronter. Tut 'es préparé pendant des jours, des jours et des jours et voilà que tu t'es dit, doucement, que tu n'avais pas besoin de lui et pas besoin de ça et que ce n'était qu'une perte de temps. Tu t'es juré que c'est ce que tu lui dirais parce que tu ne prendrais pas la fuite cette fois, parce que c'est pas comme ça que ça doit se passer et surtout parce que c'est ce que tu ressens ; c'est ce que tu as essayé de te dire en tout cas. C'est ce que tu as essayé de te faire croire. Mentir un peu plus sur tes sentiments, finalement prendre la fuite quand tu pensais affronter enfin les problèmes. T'es pas faible que tu te répètes mais tu sais que c'est faux et tu sais que t'es toujours le premier à tomber, toujours le premier à choisir la solution de facilité. Courageux mais téméraire, c'est comme ça qu'ils disent tous quand ils parlent des gens comme toi et finalement, tu hésites quelque peu. Est-ce que tu es vraiment courageux ? Tu n'en es même pas certain. Tu as essayé de le faire croire à d'autres et t'as essayé de le dire, comme ça, en grands mots et en criant, comme si tu pouvais te convaincre au passage, chopper ton cœur et lui faire dire tout ce que tu ne dis pas, tout ce qui est faux. Tu voudrais pouvoir te mentir un peu plus longtemps et tu voudrais pouvoir éviter toutes les confrontations que tu n'as jamais faites ; mais tu sais bien que c'est impossible et tu sais bien que tu finiras par y penser toute une nuit, peut-être et tu sais bien que les souvenirs reviendront. Tu te dis qu'il n'y a qu'à voir ceux de Cléanthe qui ne semblent pas vouloir te lâcher, ceux de Cléanthe qui te hantent comme des démons, autour de toi, à te souffler des mots qu'il pourrait te dire, faisant semblant de toucher à des endroits où la chaleur de ses mains est encore trop présente. Perdu, oublié. Tout ce qu'il te rappelle ne sont que ces souvenirs trop chauds, ces souvenirs presque douloureux. Celui de son absence au matin quand tu t'es levé et celui de son odeur partout, celui de sa présence sur tes draps, de toi mêlé à lui. C'est tout ce qu'il est capable de ramener chez toi, tout ce qu'il est capable de faire remonter mais c'est en même temps tout ce que vous avez connu et tu sais que les frissons qui parcourent ton corps ne sont plus du au liquide maintenant bu, disparu. T'as envie de poser ta main sur son visage, t'as envie de faire disparaître son sourire, de lui dire qu'il n'y a rien qui te fait sourire toi, lui dire qu'il n'y a rien qui mérite une telle chose, une telle image et qu'il peut ravaler ses dents parce que tu n'en as rien à faire, parce que tu voudrais qu'il disparaisse, parce que s'il fait ça tu sais que tu vas tomber un peu plus, un peu plus bas, un peu plus fort et tu sais que son souvenir se bien plus que présent dans ton esprit, bien plus que gravé et tu aurais presque envie de lui dire de garder ce sourire pour toi, rien que pour toi, quand vous n'êtes que tous les deux -tu voudrais que plus personne ne puisse le voir et tu voudrais que plus personne ne puisse poser les yeux sur ce visage qui te montre mais peut-être que tu es excessif, et peut-être que tu es complètement perdu et peut-être que c'est ce que tu aimerais qu'il te dise, c'est ce que tu aimerais qu'il te montre, c'est ce que tu aimerais l'entendre penser. Ô si fort et si faible à la fois, qu'encore, tu t'es laissé aller à tes pulsions, t'as succombé à ton désir et ta volonté n'est plus rien quand ce sont ses yeux qui sont posés sur toi, quand ce sont ses mains sur ton corps. T'y as mis un coup de pied dans cette volonté, tu l'as faite voler.

Vos corps qui ondulent. La musique qui raisonne. Ses mains que tu as porté sur ton corps en un geste désespéré, en un désir inavoué. Tu es là contre lui, tes pas n'étant plus que de simples mouvements incohérents qui essayent sans grand succès de suivre ce qu'ils appellent musique, tu n'es même plus certain de l'entendre. Il n'y a que ton cœur qui raisonne dans tes tempes et tes idées en vrac qui se font la malle. Il n'y a plus que le cœur de Cléanthe battant contre le tien, il n'y a plus que vos hanches s'effleurant, se cherchant, se touchant, s'éloignant, il n'y a plus que ce désir entre vous, celui de se retrouver. T'as l'impression de revivre votre nuit, tu as l'impression de revivre vos ébats. C'est comme si vous étiez de nouveau rien que vous deux,c'est comme si vous étiez de nouveau allongés. Tu n'as rien à dire, rien de plus à espérer et peut-être que tu lui intimerais de te toucher un peu plus et peut-être que tu as envie de lui faire comprendre que ses mains t'ont manqué, que son corps t'a manqué, que sa présence, juste sa présence, t'a manqué bien plus que tu n'as envie de l'avouer, bien plus que tu ne lui diras. Il voit ta faiblesse, une nouvelle fois, tu as fait tomber toutes tes barrières alors il n'a pas besoin de l'entendre, il n'a pas besoin de mots pour savoir à quel point tes jambes tremblent, à quel point tu as la tête dans du coton, il n'a pas besoin de t'entendre dire comment il te fait sentir ; tu es certain qu'il comprendra de lui-même. Cette faiblesse que tu fuis, cette faiblesse que tu contredis, celle que tu essayes de faire passer pour une force alors qu'à nouveau, ton plan échoue. Tu n'as jamais vraiment su te fier à ce que tu dis et tu n'as jamais su être qui tu voulais vraiment -est-ce seulement ce que tu veux ? On t'a toujours appris à marcher sur les autres avant qu'ils ne te marchent dessus, on t'a toujours dit de faire tomber pour mieux avancer mais c'est lui qui, maintenant, te piétine, c'est lui qui t'a fait trébucher. C'est lui qui a tout le pouvoir, celui que tu voulais mais celui que tu lui as donné. Tu aurais pu essayer, de l'ignorer, tu aurais pu lui dire que ce n'est pas toi, qu'il rêve, lui dire des mensonges, lui dire que tu ne veux plus le voir, lui dire que ça sert à rien, que tu t'en vas, que tu n'as pas besoin de lui, que tu ne veux plus le voir, que tu ne veux pas qu'il te touche ni même qu'il t'approche. Tu aurais pu lui dire que merde, c'est quand même un connard, qu'il aurait pu rester, que tu n'aurais rien dit, que tu n'aurais rien espéré, certainement pas plus que s'il était part, il aurait pu dire quelque chose, au moins un mot, au moins un message, au moins un signe mais rien de tout ça et alors tu aurais pu lui en vouloir, fort, tellement fort qu'il l'aurait su sans même te voir. Il l'aurait tout simplement senti mais tu n'as rien fait de tout ça, parce que ce ne sont que des mensonges, parce que tu ne veux plus lui mentir, parce que tout ce qu'il peut sentir c'est ton corps un peu trop chaud entre ses doigts, ton corps un peu trop maigre contre ses phalanges. Tout ce que tu peux lui dire, c'est qu'il te touche encore, tout ce que tu peux demander c'est qu'il te laisse une autre chance, c'est que vous vous revoyez, c'est que vous discutiez, que vous échangiez. Tu veux savoir. Tu veux savoir tellement de choses. Tu veux savoir s'il va mieux, tu veux savoir comment est-ce qu'il se sent, tu veux savoir s'il est moins triste et tu veux savoir s'il sourit de nouveau, tu veux savoir s'il a repris des couleurs -chose que tu ne peux voir sous les différents néons éblouissant de la boîte de nuit qui feraient passer le plus moche des laiderons pour une Miss Monde. Tu veux savoir si de nouveau, il a la joie dans ces yeux, ce plaisir qu'il t'a montré, cette étincelle, tu veux savoir si tu dois toujours te sentir coupable ou si tu peux avancer, si tu peux passer à autre chose, si tu peux essayer de l'oublier sans qu'il ne te fasse mal -mais tu sais bien qu'il est trop tard et tu sais bien que tu ne l'oublieras pas et tu sais bien que tu veux plus que ça et tu sais bien que même si tu ne te sens plus coupable, y a un truc là qui bat un peu partout dans ton corps, qui circule dans tes veines comme de l'oxygène. Tu te dis que tu devrais avoir peur de lui et tu te dis que tu devrais le fuir avant que tu ne tombes vraiment, avant que tu ne puisses plus jamais remonter, avant que tu ne te noies. Tu devrais partir, en courant, tu devrais partir, très loin. Ne plus jamais revenir. Tu devrais arrêter de courir dans ses bras comme tu l'as fait, tu lui montres tous tes mauvais côtés -où pense-t-il que ce sont les bons ? Se dit-il que c'est agréable de te voir comme ça, se dit-il seulement que c'est agréable de te voir tout court ? Tu ne sais pas, un peu perplexe, un peu perdu, un peu ailleurs, tu ne sais plus quoi penser de cette situation qui te fait tourner la tête ou peut-être est-ce tout l'alcool ingurgité que tu ne sais contrôler ? Ca tourne, doucement, ça tourne et tu te dis que peut-être, tu n'aurais pas du. Tu te dis que peut-être c'était le verre de trop, que peut-être c'était un peu abusé mais tu ne sais jamais où t'arrêter. Tu ne connais aucune de tes limites et tu n'es pas sûr de les apprendre un jour ; certainement que tu les franchiras, et tu sais qu'être là avec Cléanthe est déjà avoir franchi une limite que tu t'étais imposée. Celle de ne plus jamais céder.

Ses lèvres sur ta joue, ton visage qui se tend vers lui, tes lèvres légèrement entrouverte pour laisser passer ta respiration quelque peu accélérée et tu ne sais pas si tu l'entends bien, tu ne sais pas si c'est ce qu'il a dit vraiment et tu ne sais pas si c'est ce qu'il veut mais tes yeux dans les yeux -oh non pourquoi fait-il ça ?- te font comprendre que tu n'as pas mal entendu, que tu as bien compris. Tout autant que toi, il veut que tu le touches et tout autant que toi, il veut sentir tes mains sur son corps. Tu ne sais pas si tu te sens soulagé, peut-être un peu, parce qu'il semble se sentir comme toi, parce qu'il semble avoir besoin de toi. Tu as comme l'impression que tu n'es pas le seul à t'être accroché à des souvenirs et même si peut-être tu te trompes, même si peut-être ce ne sont que des mots prononcés dans le feu de l'action, tu te sens rougir, tu te sens chaud, tu te sens désiré, désirant. Tes doigts se laissent guider, glissant sur chaque endroit qu'il te propose d'effleurer, glissant là où il te mène. Il te l'a dit, tu les as entendus les mots tendus de désir, tu aurais presque compris cette demande de preuve, cette envie de savoir que toi non plus tu ne sais plus et alors tu l'as fait. Tu as laissé ta main libre courir sur lui, tu as passé tes doigts dans son dos, d'abord par-dessus son haut, d'abord doucement, ce ne fut que le bout des doigts qui se transforma en tes ongles, tortueuse caresses, peu appuyée mais présente quand même, sur la peau que tu touchais à présent. A moitié déshabillés au milieu d'une piste de danse mais vous sembliez ne plus rien avoir à faire des autres qui vous entourent et vous sembliez perdus dans votre jeu, dans vos caresses. Tu as glissé tes dents sur son estomac, tu as redessiné ses muscles, ces formes que tu n'avais pas oublié ; tu les devinais sans les voir, tu ne voulais plus quitter son regard. Tu as gardé la tête vers lui, tu as gardé ton regard dans le sien. Tu voulais confronter chacune de tes émotions aux siennes, tu voulais faire passer tout ce que tu as tu, tout ce que tu tais, tu voulais qu'il comprenne sans même que tu parles, simplement comme ça, avec tes caresses, avec tes yeux, avec tout ce que tu ne dis pas mais tout ce que tu penses. Tu voudrais qu'il te sonde, qu'il te dise qu'il te comprend sans même que tu n'ouvres la bouche, sans même que tu ne lui dises rien. De nouveau ce moment un peu spécial, celui où t'as l'impression que vous vous connaissez depuis trop longtemps, depuis toujours peut-être ; ce moment où tu as l'impression que tu ne l'as jamais quitté. Peut-être. Qui sait ? Tu ne crois pas en toutes ces choses mais peut-être que lui, il t'y fera croire, peut-être que lui, il te le dira, peut-être que lui, il te fera comprendre des choses que tu ne veux pas comprendre et peut-être qu'il te fera croire à des choses dont tu ignores l'existence. Âme soeur qu'ils disent des fois, que tu entends au fond de ta mémoire mais tu leur rigoles au nez, tu dis que ça existe pas et tu le diras peut-être encore, à moins qu'on te prouve le contraire mais peut-être qu'en vrai ça existe et peut-être qu'en vrai c'est niais et peut-être qu'en vrai tu es niais. Tu ne sais pas, tu n'as jamais connu ça, pas vraiment en tout cas, tu l'as toujours fui, toujours évité. C'était une distraction que tu ne pouvais pas te permettre, il n'y avait eu qu'elle, là, celle qui te hante. Celle que tu vas blesser, celle que tu vas trahir, celle qui va te briser, le briser certainement aussi et tu ne veux plus penser à ça, oh non certainement pas à ce moment-là, parce que tu sais que ça va pas aller, tu sais que tu vas exploser. T'as l'impression que tu vas te mettre à pleurer -ne le fais-tu pas déjà ? Tu as beau avoir tes mains sur son corps, tu as l'impression que quelque chose te fait mal, tu as l'impression qu'on te serre la poitrine, tu as l'impression qu'il y a tellement de choses que tu as envie de lui dire. Le toucher ne te suffit pas, tu as besoin de parler, tu as besoin de lui dire, tu as besoin de laisser sortir tout ce qui doit sortir, même s'il ne veut pas, même si ce n'est pas ce qu'il chercher. T'as besoin pour une fois de faire la discussion, de crier même s'il le faut, de lui hurler tes sentiments parce que merde, il y en a trop, parce qu'ils se bousculent, parce qu'ils te tordent l'estomac -ou est-ce encore une fois l'alcool ? Tu ne sais pas vraiment si sur ton visage coule la transpiration de vos efforts ou bien les larmes que tu sembles ne jamais vouloir laisser sortir mais elles sont là et tu as tes doigts dans son haut plus que sur sa peau et tu as peut-être l'air désespéré, horrifié, tu ne sais pas mais tu as lâché sa main pour prendre son visage entre tes doigts fins, et tu l'as tiré vers toi et tu t'es dressé sur la pointe de tes pieds et le goût salé sur tes lèvres te dit que peut-être ce ne sont que des larmes finalement, que ce n'est que ta faiblesse et alors tu l'embrasses : à peine bouche ou doucement, avec ou sans ta langue, tu l'embrasses parce que c'est ce que tu veux, c'est ce que tu veux lui faire comprendre, c'est ce que tu veux lui dire, c'est ce que tu veux qu'il entende. Tremblant, tu te tiens à lui, tu as glissé une main dans sa nuque, encore elle est venue s'y loger et l'autre est restée sur sa joue, tu as alors soufflé ; « tu m'as manqué. » et le sanglot étranglé a fini de t'achever.
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Cléanthe J. Alevatros
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Dim 19 Juin - 0:10
« talk tonight until the mornin' light

ft Sidé.


C’était une erreur, tu t’étais dit. Depuis le début cette pensée avait germé et était restée graver dans ton esprit comme une gravure au fer rouge qui ne partira pas, jamais. Tu as déjà tenté de laver, de passer le balais dessus, d’enlever toute cette crasse qui semblait s’accumuler autour de cette pensée, toutes ces idées noires et sentiments piétinés qui l’encerclait. Tu avais l’impression d’être face à un toi qui voulait te protéger et ce, par tous les moyens. Ce toi qui te disait que c’était définitivement une erreur ; erreur que d’avoir cherché à te perdre, erreur que d’avoir accepté d’abaisser tes barrières inconsciemment, erreur que d’être allé chez lui pour lui rendre son parapluie. Erreur d’être resté, de n’avoir fait qu’un avec lui, d’avoir sali ses draps immaculés comme une pureté secrète que tu lui arrachais des mains, que tu lui enlevais, comme une punition divine pour son mensonge. Si on te demandait pourquoi tu es resté, si on te demandait pourquoi tu as accepté d’aller jusqu’à son lit, tout en sachant pertinemment comment cela allait se terminer, alors tu ne saurais pas quoi répondre. Tu pourrais dire que c’était ton objectif premier, et qu’il était important de l’accomplir. Mais ça sonnerait comme un mensonge. Tu pourrais dire que c’était à cause de lui, qu’il t’a envouté, qu’il t’a demandé de venir et de le faire. Mais ça sonnerait comme un mensonge. Tu pourrais dire, peut être, que c’était pour te perdre, encore une fois, qu’il s’agissait d’un corps parmi tant d’autres. Mais ça sonnerait comme un mensonge, encore. Toutes les excuses que tu as en tête, tout ce que tu as ressassé en boucle en essayant de t’en convaincre ne sont que des mensonges tout autant que les autres. Ce toi qui refuse de voir la vérité en face, ce toi qui sait, qui crie, qui te hurle que c’était une erreur, que même maintenant c’en est une, celui qui te dit de t’enfuir et de l’oublier, c’est ce toi qui te bloque. Tu le vois en piteux état, et tu te reconnais un peu trop bien là-dedans ; l’état d’un homme qui a un peu trop souffert par amour et qui en a assez. Tu sais que c’est égoïste, pourtant. De ne penser qu’à toi, de ne pas penser à ce que Sidé a ressenti, peut être. Comment s’est-il senti quand tu l’as soudainement attaqué sur le canapé, quand tu es arrivé sur le pas de sa porte alors que tu voulais tout simplement lui rendre son parapluie – simple geste social que tu avais là. Tu as déjà voulu te demander, mais tu as jugé que ce n’était définitivement pas une bonne idée. Car si tu commençais à penser à ce que lui pouvait ressentir, alors tu savais que tu allais te perdre définitivement. Et pas sur le chemin que tu voulais, bien au contraire. Toutes ces questions, toutes ces pensées que tu as enfermées, que le toi desséché a enfermées, tu ne les as toujours pas ouverte. Tu ne sais pas si un jour d’ailleurs, tu les ouvriras, tu ne sais pas si un jour tu te dirais que c’est bon, que tu ne risques plus rien, que tu peux enfin les ouvrir en toute sureté ; tu as l’impression qu’un poison se cache à l’intérieur, et qu’il t’attaquera dès que tu ne l’ouvriras. Tu n’as pas confiance. Pas confiance en toi pour gérer ça, tout cet amas de choses qui va te sauter à la figure, qui risque de te dévorer vivant ; tu sais que tu ressentiras trop de choses en même temps. Et tu ne veux pas. Ça t’effraie, en quelque sorte, tout ça. Tout ce que tu as enfermé inconsciemment, tout ce qui risque de sortir si tu ouvres le fameux tiroir. Tu sais que ça ne te donnera rien de bon, au contraire. Et tu penses que tu as bein assez souffert pour ça actuellement.

Et pourtant, oui. Et pourtant tu t’es jeté sur lui dès la minute où tu l’as vu, et pourtant tu étais prêt à repartir de nouveau pour te perdre avec quelqu’un qui lui ressemble. Tu t’apprêtais à repartir vers un nouveau corps, un corps qui t’a instantanément attiré parce qu’il ressemblait à Sidé. A Sidé. Tu ne sais pas si tu renvoyais son image sur ce corps, tu ne sais pas si ce sont les cheveux qui t’ont fait tiqué, qui t’ont fait dire ‘oui, c’est elle que je veux draguer, c’est avec elle que je veux me perdre’, tu ne sais pas. Très sincèrement ça aussi, tu aimerais le mettre dans le boitier des questions sur lesquelles il ne faut pas se pencher, auxquelles il ne faut pas essayer de trouver de réponse, car elles risqueraient de faire trop mal. Tu sais à quoi tu t’exposes, tu as su dès le moment où tu es parti vers ce corps vers lequel tes yeux étaient attirés comme un aimant, tu as su que quelque chose n’allait pas avec toi. Comme un jouet déréglé qui rejoue les mêmes actions, tu t’es dit que c’était bizarre quand même que tu accroches cette idée des cheveux longs à Sidé – il n’est pas le seul à en posséder, après tout. Et pourtant, ça a été ta première pensée. Elle a été pour Sidé, pour Sidé que tu as abandonné après vos ébats, pour Sidé à qui tu n’as même pas laissé un mot, pour Sidé à qui tu t’es excusé mentalement maintes te maintes fois pour avoir agi comme un parfait idiot. Mais tu sais que tu as eu raison. Tu devais partir. C’était important, comme si un besoin se faisait ressentir, comme si une alarme d’urgence avait été déclarée ; tu devais partir. Une partie de ton corps te hurlait de rester, sachant pertinemment ce qui risquait d’arriver si tu restais, si tu te rendormais et que tu te réveillais de nouveau avec lui, si tu prenais le petit déjeuner. Si tu jouais le rôle d’un homme normal et courtois, en somme. Tu savais les risques, et tu ne voulais pas les prendre ; une peur irrationnelle qui est incrustée au fond de toi après que ton cœur ait décidé de se geler après Emmett. Tu le sens qu’il fond, petit à petit, mais bien trop vite. Et tu sais à cause de qui. Tu te voiles la face, tu ne veux pas accepter ça, car tu redoutes la suite. Tu ne veux pas et pourtant tu t’es jeté sur lui, sur celui qui l’a fait fondre, qui l’a réchauffé de manière un peu magique avec sa manière bizarre d’être. Tu t’es jeté sur lui et tu l’as embrassé comme si c’était la chose la plus normale au monde, comme si ça faisait parti de vous, comme une habitude que vous aviez pris – alors qu’il n’en est rien. Vous vous connaissez depuis à peines quelques secondes, vous avez eu des soucis, vous avez couché ensemble te pourtant tu l’as embrassé comme un affamé, comme si tu en avais besoin, comme si c’était la seule chose qui manquait à ta vie actuellement. Ça te fait peur d’avoir agi avant de penser, ça te fait peur que ton corps agisse avant que tu n’aies le temps de t’en rendre compte. Ça te fait peur, ces battements dans ta poitrine qui vont un peu trop vite, et ça te fait des frissons qui accompagne le toucher de Sidé alors qu’il vient à son tour répondre à ta demande. Tu fermes les yeux un instant pour profiter de sa peau qui vient rencontrer la tienne, qui te déshabille alors que vous êtes encore sur la piste de danse, alors que vous attirez encore et encore les regards. Tu ne fais pas vraiment attention à réalité, à ces gens qui doivent se demander ce que vous faites, qui doivent se demander si vous allez vraiment aller plus loin, là, alors que vous êtes encore en public. Tu ne fais pas attention à eux, te concentrant surtout sur Sidé qui descend, sur Sidé qui parvient à te faire rougir honteusement alors qu’il vient embrasser ton ventre ; oh mon dieu. Le tissu a bien vite disparu au niveau de ton estomac alors qu’il vient mordiller tes muscles, alors qu’il vient les redessiner avec tes lèvres – tu sens tes abdominaux qui se tendent sous la surprise, sous la sensation étrange à laquelle tu ne t’attendais pas. Tu es honteux, gêné, un mix des deux et ça se ressent dans ta respiration qui s’accélère. Mon dieu, ce qu’il ne te fait pas sentir, le brun. Tu aurais presque –presque- envie de lui dire d’arrêter, de revenir, de remonter, que c’est gênant, qu’il te donne un peu trop d’idées bizarres alors qu’il ne faut pas, qu’il doit remonter pour que tu l’embrasses, qu’il doit remonter parce que tu n’as pas l’habitude de rougir autant. Surtout en boite de nuit, vraiment. Tes mains se déplacent jusqu’à ses cheveux où tu tires un peu en lui montrant ton regard vraiment gêné, un peu mal à l’aise aussi. Tes joues rouges, ta respiration rapide, ton cœur qui bat trop vite ; tout ça, il doit très certainement le sentir, et peut être aussi s’en amuser, qui sait. Et pourtant lorsqu’il relève les yeux vers toi, lorsqu’il les plonge dans les tiens, tu as un mouvement de recul. Tu as peur de ce que tu peux y voir ; très peur, trop peur. Tu penses deviner un peu trop bien ce qu’il y a à l’intérieur, ce qui s’y décèle, ce que tu peux y apercevoir malgré la lumière épileptique qui est toujours omniprésente dans la boite. Tu ne connais que trop bien ces choses, ces petites lumières, ces petits éclats que tu sembles apercevoir ; non, tu ne veux pas. Tu es comme choqué en quelque sorte, tu es gelé sur place ; comme si on venait de te verser des glaçons, comme si tu étais pris dans l’un d’eux. Tes yeux sont rivés sur les siens ; tu n’arrives pas à les quitter même si tu le veux. Tu te retiens de trembler, tu te retiens de le rejeter d’une seconde à l’autre, de repartir en courant comme tu l’avais souhaité au début. Tu te retiens de faire quoi que ce soit ; tu ne sais pas quoi faire. Tu n’arrives pas à savoir qu’elle est la meilleure solution. A cet instant précis, ton cerveau est en proie à plusieurs possibilités, et aucune ne te satisfait vraiment. Alors tu ne restes sur place, tu restes à le regarder comme si tu étais hypnotisé, comme si tu ne comprenais plus ce qui se passe vraiment ; et sûrement est-ce le cas lorsque tu le vois se mettre à pleurer alors qu’il remonte, alors qu’il revient déposer ses lèvres sur les tiennes. Et c’est comme un choc électrique alors que tu réponds à ses baisers, alors qu’à ton tour les larmes montent et viennent glisser sur ta joue ; tu ne sais pas pourquoi elles sont là, ou plutôt, si, tu le sais, et tu as mal. Tu aurais préféré ignoré tout ça, que ce soit concernant Sidé ou te concernant, tu aurais préféré ne pas savoir, tu aurais préféré te dire que vous resterez de bons amis et que c’était tout, voilà, fin de l’histoire. Mais non. Vous êtes en train de pleurer et tu as l’impression qu’il t’embrasse comme si c’était la fin du monde, comme si vous alliez mourir d’un instant à l’autre ; tu voudrais. Tu voudrais disparaître à cet instant alors qu’il te murmure des mots que tu aurais souhaité ne pas entendre, alors qu’il te murmure des mots que tu préfèrerais oublier, alors qu’il te murmure des mots qui te blessent beaucoup trop. Pourquoi s’est-il senti obliger de le dire ? Pourquoi s’est-il senti obliger de te faire part de ce qu’il ressentait, de ce que tu lui as fait ressentir ? Tu as l’impression qu’il vient de t’arracher quelque chose, tu as l’impression que tu es en train de mourir à petit feu ; si seulement tu n’avais pas su, si seulement ton cœur n’avait pas décidé de te le faire comprendre de la pire des manières. Tu ne veux pas de ça, tu ne veux pas de ce qu’il ressent, que ce soit le brun ou ton cœur, tu as juste envie de leur dire de se taire, tu as juste envie de les arracher et de les laisser planter là. Tu as envie de t’enfuir et les laissant tout seuls, tu n’as pas envie de les retrouver encore ; ils te font trop de mal.

C’était une erreur, l’avais-tu entendu dire dans ta tête. Il avait raison. Tu avais raison. C’était une erreur. Une des plus grosses erreurs que tu aurais pu commettre, sûrement. Mais la plus grosse a été d’accepter de venir à la boite de nuit. La plus grosse a été de suivre cette personne qui te faisait penser à Sidé, la plus grosse a été d’être heureux de le revoir, la plus grosse a été de l’embrasser comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Les gouettes salées ne cessent de glisser le long de ton visage et viennent mourir sur le sol ou sur ton t-shirt, ou sur l’épaule du brun sur laquelle tu viens poser ton front. Tu retiens les tressautements de ton corps alors que tu viens enlacer le corps de Sidé de nouveau, alors que tu viens te cacher dans son cou. Tu ne veux pas qu’il te voit comme ça – si faible, si apeuré, si détruit. Tu n’as pas envie qu’il te voit comme ça et en même temps tu te dis que ce serait une bonne chose de lui montrer, justement, pour le faire partir, pour le faire fuir, pour qu’il t’exècre, pour qu’il t’oublie à son tour. Pour ne plus que tu le revoies et tu puisses l’oublier dans les temps, avant que ce ne soit vraiment trop tard, alors qu’il ne s’immisce d’avantage en toi, avant que ce ne soit foutu, avant que tu te dises qu’il n’y a plus d’espoir et que tu devras vivre désormais avec ses souvenirs et ce cœur lancinant pour toujours. Et tu le refuses, entièrement et totalement. Tu as envie de le rejeter, tu as envie de quitter ses bras où tu te sens si bien, tu as envie de quitter sa nuque où l’odeur t’enivre, tu as tout simplement envie de le quitter lui, comme tu l’as déjà fait lors de cette nuit. Et pourtant tu restes là à pleurer ton cœur sur son épaule, tu restes là à mouiller sa peau alors que tes ongles s’enfoncent dans la chair que tu as à portée de main. Mais tu te dis qu’il ne faut pas, que ce n’est pas ça qu’il faut faire, que ce n’est pas s’accrocher à lui qui est une bonne solution ; ça n’en est pas une à tes yeux. Alors tu te décolles un peu de lui, tu fais en sorte que tes bras retiennent le corps de Sidé si jamais il veut revenir t’embrasser, si jamais il veut revenir t’enlacer. Tes bras agissent comme des barrières, comme un panneau qui dit clairement que tu ne veux pas qu’il te touche – pas maintenant, plus jamais. Tu ne sais pas quoi répondre à ce qu’il t’a dit – ou plutôt si, tu le sais, et c’est justement ça le problème. « Tu m’as manqué aussi. » Soupires-tu entre deux reniflements alors que petit à petit tu arrives à retenir tes larmes, alors que tu te mords les lèvres, que tu as peur de ce que tu peux dire, de ce que tu vas dire. Tu devrais lui jeter quelque chose à la figure, quelque chose qui lui fait mal, lui cracher à la gueule un mensonge, n’importe quoi, quelque chose pour qu’il te déteste, pour qu’il trace sa route et qu’il te laisse seul là, en plein milieu de la boite de nuit. Ça te fera les pieds, tiens. Mais au moins tu seras sûr qu’il te détestera, tu seras sûr qu’il ne ressentira rien qui ne pourra te blesser après ça. Et pourtant, tu ne dis rien. Il n’y a pas de mensonges qui sortent de ta bouches – tu te dis que les mensonges, ça risque d’être un peu trop répétitif, entre vous. Comme si on rejouait une mauvaise scène et que ça se terminait mal, encore une fois ; c’est ce que tu cherches pourtant, mais tu n’arrives pas à lancer ses mots, tu n’arrives pas à les laisser partir. Alors tu lâches, presque comme si tu criais ; « Mais je ne peux pas. » Tu ne peux pas rester comme ça, tu ne peux pas te permette de voir ce genre de sentiments dans ces yeux, tu ne peux pas te permettre de comprendre ce que tu ressens, tu ne peux pas te permettre de revivre tout ça, encore une fois. Tu l’as supporté une fois, deux fois, mais tu ne sais pas si tu pourras une troisième fois. Tout se passe trop vite ; tout t’est tombé dessus trop vite. Tu as tout retenu, tu t’es retenu de tomber doucement et maintenant voilà le résultat – tu as fait une trop grande chute, tu viens de te détruire. Tu viens de détruire tout ce que tu avais gardé au fond, tu viens de détruire ces petites barrières qui avaient réussies à contenir tout ce dont tu ne voulais pas, tu viens de détruire toutes ces questions dont tu ne souhaitais pas connaître les réponses ; maintenant tu les connais. Et tu aurais préféré ne jamais, au grand jamais, avoir les réponses, hélas. Ça te détruit trop, ça te fait trop mal de savoir qu’à toutes ces questions, qu’à toutes ces réflexions que t’étais poussé, qu’à tous ces ‘pourquoi’ qui ont germés dans ton esprit et que tu as enfermé, finalement, à tout ça il n’y a qu’une seule et même réponse. Ce mot que tu ne prononceras pas, ce mot que tu ne penseras même pas à vrai dire ; tu te l’interdis.

©雲

E. Sidé Carell
E. Sidé Carell
Etudiant en linguistique
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Dim 19 Juin - 2:18

talk tonight
Tu as l'impression de te voir dans un miroir, tu as l'impression que plus rien ne compte, tu as l'impression qu'il n'y a que lui et ses larmes coulant sur son visage, qu'il n'y a plus que toi et tes larmes coulant sur ton visage. Tu ne sais pas ce que tu dois faire, tu ne sais pas ce que tu dois dire et tu sens ta poitrine qui se serre et tu sens tes larmes qui doublent et tu voudrais arrêter de pleurer mais tu n'y arrives tout simplement. Tu ne comprends pas. Tu n'as jamais pleuré comme ça ; pour personne. Tu ne l'as jamais fait parce que tu ne sais pas ce que ça veut dire que de pleurer pour quelqu'un, parce que tu ne sais pas ce que ça signifie que de sentir sa poitrine se serrer fort, trop fort, très fort, de sentir son cœur vouloir sortir de sa poitrine, tu ne sais pas ou tu ne savais pas parce que tu as l'impression de souffrir, tu as l'impression de mourir maintenant et tu ne sais pas si tu veux vraiment y penser, tu ne sais pas si tu veux mettre les mots qu'on te forcerait à mettre sur ce genre de sentiments. Parce qu'un abruti a décidé qu'on appellerait ça comme ça, tu devrais le faire toi aussi ? Mais c'est bien trop fort, bien trop important pour que tu puisses le faire de toi-même, pour que tu puisses le faire si facilement ; parce que tu ne les as jamais dit. Tu n'as jamais voulu. Tu n'as jamais trouvé la bonne personne, celle dont on parle dans les livres, celle qu'on imagine être parfaite. Cléanthe n'est pas parfait, loin de là et encore aujourd'hui il te montre l'une de ses faiblesses à pleurer comme un enfant, à pleurer sur ton épaule. Tu voudrais lui dire de ne pas se montrer comme ça, pas encore, pas une nouvelle fois parce que c'est ce qui t'as rendu faible, c'est ce qui t'a fait le maudire. C'est à cause de ce visage que tu n'as pas voulu le laisser aller, que tu n'as pas voulu qu'il t'échappe, que tu n'as pas voulu le voir fuir. C'est parce qu'il t'a montré toutes ses faiblesses que tu n'as pas voulu qu'il te glisse entre les doigts ; tu le maudis encore. Tu as l'impression qu'il t'a rendu faible, tu as l'impression qu'il t'a rendu triste, tu l'impression qu'il t'a fait quelque chose. Tu ne sais pas comment l'expliquer, tu ne sais pas comment le dire, tu ne saurais mettre des mots corrects sur ce qu'il t'a fait ressentir mais ta poitrine se serre encore et tu as encore envie de le prendre dans tes bras et tu te sens encore faible face à ce visage détruit, face à ce visage fatigué. Tu pensais que tu ne le verrais plus, tu pensais que tu avais réglé la chose, tu pensais que tu n'aurais plus à le voir comme ça mais apparemment tu t'es trompé ; tu as vu bien pire. Autant que les siennes, tu sens encore tes larmes couler et elles viennent se nicher dans ses quelques boucles, et tu as ton nez enfoui là alors qu'il se repose sur toi, alors qu'il se serre dans tes bras, alors que tu le tiens contre toi. Il y a quelques secondes, tu pensez que vous alliez vous foutre nus au milieu de la piste, comme s'il n'y avait personne, comme si personne n'existait, comme s'il n'y avait que vous. Tu aurais presque espéré que ça soit le cas, tu aurais presque espéré que tout le monde disparaisse ; vous auriez pu parler, vous auriez pu bouger, vous auriez pu faire ce que vous voulez sans avoir à sentir des regards réprobateurs sur vos deux corps enlacés. Personne ne doit rien comprendre à ce qu'il se passe et tu ne comprends pas non plus, tu ne sais plus vraiment. Vous ressemblez à deux pauvres enfants, vous ressemblez à deux pauvres gosses perdus et déboussolés. Tu l'es, complètement, déboussolé. Tu sembles avoir perdu le nord, tu sembles t'être égaré et tu le lui as dit déjà, tu lui as fait comprendre ; c'est de sa faute. C'est de sa faute si tu perds la tête, c'est de sa faute si tu ne sais plus ce que tu fais, si tu ne sais plus qui tu es, si tu ne sais plus ce que tu veux, si tu ne sais plus ce que tu ressens, si tu ne sais plus rien. C'est de sa faute si t'as envie de réfléchir, si t'as envie de penser, si t'as envie de voir des choses que tu ne voulais pas, si t'as envie de mettre des pourquoi là où il ne devrait pas y en avoir. Tu ne sais plus comment t'en es arrivé là et tu ne sais plus comment tu en es arrivé à te dire qu'il y a quelque chose de mal. Tu sais que tu vas souffrir, tu le savais avant même de rencontrer Cléanthe. On t'a toujours dit que l'amour, c'était des conneries, que ça ne finissait jamais comme dans les livres, que ça n'était jamais bien. On t'a toujours dit que ça ne pouvait pas être aussi simple que deux mots prononcés à la va vite comme ça, que trois sentiments décrits sur une page. Ce n'est pas possible. Il est bien plus douloureux de sentir son cœur battre que de le dire, il est bien plus douloureux de réfléchir, encore et encore, à s'en empêcher de dormir que de s'enfuir en se disant que c'est plus facile. Prendre la fuite ; pourquoi ne l'as-tu pas fait ? Pourquoi n'as-tu pas cherché à t'en débarrasser ? Tu aurais pu, partir loin tu aurais pu t'enfuir au moment même où ses bras ont repris ton corps contre le sien ; tu as essayé la première fois, comme si tu avais senti le danger, comme si tu avais senti le prédateur mais tu sembles être une proie facile, tu sembles t'être laissé faire, il a pu refermer ses bras sur tes épaules et tu étais comme un oiseau en cage espérant que jamais la porte ne s'ouvre. C'est terrible. Tu espérais ne jamais te défaire de son étreinte et le mal est peut-être là ; tu aurais du avoir envie de partir, tu aurais du avoir envie de le quitter, de le blesser, tu aurais du avoir envie de lui faire du mal.

Si tu avais réussi, peut-être qu'il t'aurait laissé, peut-être qu'il serait parti, peut-être que tu ne l'aurais plus jamais revu. Si tu avais réussi à être vraiment méchant, si tu avais réussi à mordre ses lèvres, mordre sa langue, si tu avais su te montrer fort comme tu prétends l'être et si tu avais su résister, vous n'en seriez certainement pas là, certainement pas comme ça. Peut-être que tu aurais pu lui dire de partir ou peut-être que toi tu serais parti mais une nouvelle fois, ce sont vos faiblesses que vous vous montrez et tu te dis que vous n'êtes capable que de ça, tu te dis qu'il n'y a pas vraiment d'autres raisons à vos réunions que ces larmes qui ne cessent de couleur sur vos pauvres visages, sur les traces de vis passés. Tu n'en sais rien, de ce qu'il a vécu et il ne connaît pas grand chose de toi et pourtant tu as l'impression que vous partagez plus que tu ne veux le dire, plus que vous ne voulez l'accepter. Vous avez tous les deux ces blessures, un peu partout dans le cœur, un peu partout dans la peau, qui menacent de se rouvrir, qui menacent de se mettre à saigner. Tu te dis qu'il faut faire craquer, tu te dis que ça serait le bon moyen de le faire fuir. Il a certainement pas envie d'un cas comme toi, il n'a certainement pas envie d'un boulet qui ne sait pas assumer. L'alcool dans le sang, l'alcool dans la tête, t'as envie de lui dire que si tu te barres de ce trou à rat, c'est pour retrouver ta fiancée, celle que tu n'aimes pas mais que tu vas sûrement te retrouver à marier. Tu veux lui dire qu'il n'a aucun avenir avec toi, qu'il peut espérer tout ce qu'il veut parce qu'il ne l'aura pas, parce que tu ne pourras pas lui donner, parce que t'es qu'un con, parce que tu ne sais pas vraiment, parce que t'as cru que vraiment les mensonges pouvaient rester cachés indéfiniment et tu ne sais pas vraiment si tu dois le lui dire ; tu ne sais plus. Il te fait un peu tourner en bourrique, il te rend chèvre. Tu voudrais qu'il cesse de pleurer et tu voudrais qu'il continue, tu voudrais qu'il te montre encore ses blessures et tu voudrais qu'il arrête de te faire ployer sous ses larmes. Tu voudrais qu'il soit Cléanthe, celui que tu as rencontré pour la première fois, grand et confiant, là, te surplombant de son regard noisette, de ses yeux dorés. Tu voudrais qu'il soit celui au sourire carnassier, fier de lui, celui qui est confiant et qui pense t'avoir facilement. Facilement. Ce n'est pas le mot que tu utiliserais si tu détaillais votre parcours -quel parcours ? Tu as l'impression de l'avoir rencontré hier, comme s'il n'avait jamais été qu'une ombre, comme s'il n'avait jamais été que quelqu'un d'autre. Il t'a un peu fait perdre la notion du temps, il t'a fait un peu perdre la notion de toutes les choses que tu croyais maîtriser. Tu ne mens pas quand tu dis qu'il t'a complètement largué et tu ne sais même pas comment l'expliquer. Ou si tu le sais, tu ne le diras pas, parce que c'est contradictoire, parce que tu ne dois pas le dire, parce que ce n'est pas comme ça que ça marche, parce que merde, pourquoi ça serait à toi d'avouer des choses comme ça, pourquoi ça serait toi le plus faible de vous deux, pourquoi ça serait toi qui glisserait à ses pieds -une nouvelle fois-, pourquoi est-ce que c'est toi qui serait si facile à lire, si facile à voir et pourtant, tu as comme l'impression d'avoir été trahi, tu as comme l'impression qu'il a compris. Corps tendus. Les yeux sont le reflet de l'âme qu'ils disent et tu te dis que ce sont vraiment tous des abrutis à ancrer ce genre de conneries dans la tête des gens et pourtant, ce ne doit pas être faux si vos regards ne cessent de se croiser, si vous ne cessez de plonger vos yeux les uns dans les autres comme si vous en aviez besoin, comme si c'était important pour vivre, comme si tu ne le comprenais que comme ça ; et peut-être que ce n'est pas faux, peut-être que tu ne le comprends que comme ça, peut-être que tu ne comprends que son regard, peut-être que tu ne comprends que son sourire, peut-être que tu ne comprends que son corps et que tu ne sais comment interpréter ses mots ; tu as comme l'impression qu'il cherche sans cesse à dire des choses qui ne vont pas avec ce qu'il pense ou peut-être est-ce toi qui te fait des films, peut-être est-ce toi qui cherche à interpréter ce que tu ne vois pas, ce que tu ne comprends pas en des choses que tu comprends ? Ou peut-être que c'est parce que vous êtes les mêmes, deux enfants, deux adultes cachés, deux perdus, deux égarés, deux ignorés. Vous êtes de pauvres âmes qui attendent la pitié, deux âmes qui attendent le salut et vous vous vous êtes trouvés en étant perdus, et vous vous êtes trouvés complètement égarés. C'est toujours plus facile de se faire du mal à deux que de le faire tout seul et tu as l'impression que chacun des mots que tu prononces sont maintenant des couteaux qui se plantent directement dans ton cœur, dans le sien, comme si vous n'aviez pas le droit de faire ce que vous faites, comme s'il est dangereux d'être l'un contre l'autre, comme si vous alliez vous en vouloir à vie. Ton cœur bat fort, trop fort, très fort, tellement fort que Cléanthe peut le sentir, tu le sais, tu en es certain et te voilà prêt à tomber encore une fois pour son visage trop triste, pour son visage fatigué, pour ce visage qu'il t'avait déjà montré.

Il s'éloigne. Tu te dis que c'était une erreur. Tu te dis que tu n'aurais jamais dû le regarder. Tu te dis que tu n'aurais jamais dû lui parler. Il s'éloigne et tu voudrais le reprendre contre toi ; tu semblerais presque avoir froid sans lui contre toi, il semblerait qu'il te manque quelque chose et tu voudrais lui dire et tu voudrais qu'il te laisse parler mais il te tient loin, tellement loin. Tu te demandes ce qu'il, tu te demandes pourquoi est-ce qu'il fait ça, pourquoi est-ce qu'il ne veut plus de toi, pourquoi est-ce que soudainement il s'éloigne comme ça, pourquoi est-ce que soudainement il semble vouloir mettre de la distance contre vous, lui qui est venu te prendre dans ses bras, lui qui a été le premier à te serrer contre son torse, lui qui a été le premier à embrasser tes lèvres comme si sa vie en dépendait, voilà que maintenant il t'empêche de l'atteindre. Regard interrogatif, peut-être fatigué et ses mots qui te frappent. La vérité qui s'échappe. T'as peut-être les yeux qui pétillent, ou t'as peut-être un sourire qui se dessine sur tes lèvres et tu te dis que c'est gagné -qu'est-ce qui serait gagné ? Et tu te dis qu'il fait simplement son timide, que peut-être il n'a pas l'habitude, ou que peut-être il ne veut pas, ou tu ne sais pas. Tu te dis que c'est pour avoir tes yeux dans les siens, pour arrêter de pleurer, pour que tu arrêtes de pleurer. Tu te dis que c'est une histoire du genre, un truc que tu ne comprends pas -encore, quelque chose qu'il t'expliquera peut-être plus tard. Et t'as l'impression de te faire des films, t'as l'impression de chercher des solution à votre problème comme si c'était facile, comme si c'était comme ça que ça allait se régler. La facilité. Ce n'est pas comme ça que ça semble se passer avec vous. Tu espères, un peu trop peut-être, mais tu espères que cette fois ça peut être facile. Tu espères que vous n'avez pas des tas d'obstacles à traverser -des obstacles pour quoi ? Traverser quoi ? Des questions que tu veux laisser sans réponse, des questions que tu ne veux pas te poser, des questions que tu préfères ignorer. Ce serait trop en dire, ce serait trop t'en dire. Tu ne veux pas plus, tu ne veux pas comprendre, tu ne veux pas savoir, tu ne veux pas l'entendre et pourtant les mots raisonnent dans ton esprit, pourtant ils sont là à se cogner contre boîte crânienne et tu te dis que tu devrais les écouter pour une fois, tu te dis qu'il serait temps. Et ses mots tombent avec fracas dans tes oreilles ou peut-être est-ce la soudaine musique qui semble plus forte ou peut-être est-ce encore ton cœur que tu entends battre dans tes tempes ? Tu ne sais pas, tu ne sais plus et ses mots font l'effet d'une bombe dans ta poitrine. Il ne peut pas n'est-ce pas ? C'est ce qu'il dit ? Tu ne sais pas de quoi tu as l'air mais tu ne dois pas être vraiment très beau à voir, tu ne dois pas être joli à regarder. T'as sûrement les traits que se défont et peut-être même que tu as le regard qui brille. Tu ne sais pas si tu vas pleurer, tu as l'impression d'avoir déjà vidé ton corps de toutes ses larmes et tu ne sais pas si tu veux encore rester au milieu de la piste, et tu ne sais pas si tu veux encore danse. Tu te dégages de toute emprise qu'il a sur toi, tu ne veux plus qu'il te touche. T'as peut-être les yeux en revolver et si ton regard pouvait tuer, tu l'aurais peut-être eu en plein cœur ; « Tu ne peux pas quoi ? » demandes-tu et tu le demandes assez fort, tu veux qu'il t'entende et peut-être que tu veux que le monde entier t'entende ; « Tu ne peux pas quoi ? » as-tu répété pour t'assurer, pour faire croire que tu es fort, pour faire croire que tu sais ce que tu vas dire, pour qu'on entende pas ta voix qui tremble, pour surmonter tes larmes, pour faire semblant d'être fort quand t'as juste envie de crier, quand t'as juste envie de pleurer, quand t'as juste envie de te dire qu'on t'a pris pour un con -encore et que ça ne pouvait finir que comme ça. T'es perdu. Assommé. T'as presque envie de le gifler.

« Je m'attendais à rien, tu sais ? Je voulais plus te revoir, non plus, si c'est ce que tu veux savoir. » t'as laissé échapper ça, mais tu sais que c'est faux et certainement qu'il le sait aussi, peut-être même plus que toi, parce que t'essayes d'y croire à tes histoires, t'essayes de faire comme si c'était possible, comme si c'était crédible. « tu ne peux pas mais c'est pas moi qui vient de te sauter dessus, tu ne peux pas mais t'as l'air de bien aimer quand même, tu ne peux pas mais t'as pu l'autre soir quand.. . » tu voudrais souffler, tu voudrais respirer, mais t'as encore ce sanglot dans la gorge, celui qui t'empêche de parler, celui qui t'empêche de dire ce que tu penses et tu te sens idiot, tu te sens stupide, tu te dis qu'encore une fois, tu as espéré, encore une fois, tu y as cru, encore une fois tu pensais qu'il avait changé, qu'il était qu'un d'autre, non. Tu pensais qu'il était lui-même. Qu'enfin, il te montrait celui qu'il ne montre à personne mais encore là, peut-être que tes attentes étaient trop hautes, peut-être que tu as trop espéré. Rire nerveux qui traverse tes lèvres, ton regard se perd dans celui de Cléanthe et un mouvement de ta main se dirige vers lui, comme si tu lui disais de laisser tomber ; « Juste mon corps hein, parce que le reste tu t'en fous non ? » et t'as été bien con de t'inquiéter pour lui, et t'as été bien con de croire en lui, et t''as été bien con de t'intéresser à lui, et t'as été bien con de penser qu'il changerait, et t'as été bien con de lui faire confiance. Tu t'en voudrais presque -tu t'en veux vraiment. « T'as eu ce que tu voulais, de toute manière, je le savais. T'as pas vraiment à faire semblant tu sais.. » comme si tu croyais à tes paroles. Borné, buté, tu fais celui qui ne comprend pas, tu fais celui qui s'en moque, tu fais celui qui est amer, tu fais celui qui lui en veut mais encore une fois, tu t'en sens incapable. Alors tu soupires, tu soupires encore. C'est le dernier, n'est-ce pas ? C'est certainement la dernière fois. Certainement la fin. Certainement un rien. C'est vous deux sans être vous deux. C'est votre dernier regard échangé. Tu t'es rapproché de lui, tu ne lui as pas laissé le choix. Tu as pris son visage entre tes doigts, encore et après avoir plongé ton regard trop longtemps dans le sien, tu es venu prendre ses lèvres. Doucement, presque tendrement. Regret, amertume. Tout et rien dans cet échange et alors, près de ses lèvres, près de son cœur, près de ses yeux, ce fut à ton tour de souffler ; « Si c'est comme ça, je ne veux plus jamais te revoir. » et t'as déposé une nouvelle fois tes lèvres contre les siennes, et t'as collé ton corps au sien et tu sais que tu le regrettes déjà et tu sais que tu lui demanderais presque pardon et tu sais que tu voudrais qu'il te retienne et tu ne sais plus vraiment ce que tu veux ressentir mais tu sais que cette douleur au fond de ta poitrine doit disparaître.
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Cléanthe J. Alevatros
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Jeu 1 Sep - 16:46
« talk tonight until the mornin' light

ft Sidé.


Tu l’as regretté dès que tes mots ont quitté tes lèvres. Tu sais que tu avais eu raison de le dire, que c’était mieux ainsi, que tu devais être honnête avec lui autant qu’avec toi-même – maintenant que tu connaissais la vérité, maintenant que tu avais décidé de faire face à tes sentiments, tu ne pouvais pas faire comme si de rien n’était, tu ne pouvais pas faire feindre l’ignorance, et te voiler la face comme tu le fais depuis si longtemps, depuis que tu le connais, depuis que tu as essayé d’enfouir ces battements de cœur un peu trop insistant, depuis que tu as essayé d’enfouir ces joues empourprés, ces frissons trop puissants que tu as ressenti lorsque tu étais dans son lit. Tu as essayé, vraiment, tu as voulu faire l’idiot, faire celui qui ne savait pas, celui qui ne voyait pas ce qui se passait ; qu’est-ce qui se passer de toute façon ? Il s’insinuait trop en toi, il était bien trop là, bien trop présent dans ta peau, dans tes veines, dans ton sang, dans ton esprit, dans ton cœur. Il prenait en otages tes pensées et toi tu ne pouvais que faire l’aveugle, celui qui ne voyait pas qui ne comprenait pas ; tu ne voulais pas comprendre. Tu aurais souhaité ne pas savoir, ne pas te poser des questions, même si tu sentais qu’il était temps que tu arrêtes de jouer à ce petit jeu – est-ce que tu regrettes ? Oui. Est-ce que tu aurais souhaité autre chose ? Non. Parce que tu sais que tu n’aurais pas pu faire autrement, tu sais qu’en voyant le visage de Sidé en larmes, tu sais qu’avec ton corps qui a bougé de lui-même, avec ton cœur qui avait conscience de tout ça autant que souhaitais l’ignorer, tu sais que tu n’aurais pas pu faire autrement que de réaliser l’immonde vérité ; l’amour s’était insinué en toi, et désormais le poison rouge continue de courir dans ton corps et dans ton cœur ; pris au piège sans pouvoir te protéger. Tu ne peux rien faire, maintenant, tu le sais. Tu sais qu’avec ces frissons, avec ce cœur qui bat trop vite, avec toutes ces choses que tu ressens dans ton corps à chaque fois que tu entres en contact avec Sidé, à chaque fois que tes yeux rencontrent ses yeux, tu le sais bien, tu ne le sais que trop bien ; tout est déjà fini, tout est déjà foutu. Tu es déjà pris au piège et il continuera encore et encore de se refermer sur toi, et tu essaieras encore et encore de respirer à travers, de bouger, de te débattre pour t’en sortir parce que tu refuses, tu ne veux pas, pourquoi toi – tu n’as jamais demandé à être amoureux. tu sais ce que ça fait, tu aurais préféré ne jamais le savoir et tu sais que quand tu aimes tu aimes trop – trop passionnément, trop pleinement, trop tout. Tu sais que si tu l’acceptes, tu sais que si tu continues ainsi, i tu continues avec Sidé, avec le brun, lui avec ses cheveux qui sentent bon ta terre natale, lui et ses yeux qui t’emprisonnent, qui te font rêver, lui et ses lèvres que tu ne demandes qu’à embrasser encore et encore jusqu’à ce que tu sois rassasié, tu sais que si tu continues comme ça avec lui , comme si tout était normal, comme si rien ne s’était passé, tu sais que ça serait mauvais pour toi ; tu t’attacherais bien trop, encore plus que tu ne l’es déjà. Et tu pauses que tu l’as déjà mauvaise, tu penses que tu es assez bien malade d’amour comme ça pour accentuer les symptômes ; tu n’en as vraiment, mais alors vraiment pas besoin. Alors ouais, tu regrettes d’avoir dit ça, tu regrettes d’avoir laissé parler ta conscience plus que ton cœur ; mais tu sais que tu as choisi le bon chemin. Tu ne peux pas rester comme ça, tu ne peux pas rester amoureux, ça te fait trop de mal, et tu as déjà bien assez souffert comme ça. T’es qu’un égoïste de toute façon, ce n’est pas nouveau, on te l’a déjà dit, et à l’instant même tu le montres ; tu ne penses qu’à tes sentiments, qu’à ta souffrance, qu’à ce que toi tu peux penser. Mais tu le sais ; si tu commences à penser aux sentiments de Sidé, si tu commences à te demander ce qui lui il ressent pour toi, ce que lui il veut faire, pour toi, avec toi, ce qu’il veut construire, ce qu’il veut continuer – si seulement il veut continuer quelque chose avec toi, si seulement vous aviez quelque chose en cours, quelque chose qui s’était construit – mais même ça, tu n’en es pas sûr. Vous n’avez pas vraiment quelque chose de réel, juste une histoire un peu bizarre, une histoire de trahison qui n’est pas des plus joyeuse – et tu ne sais pas si tu lui en veux encore pour ça ou non. T’y penses encore parfois, tu te demandes si tu lui en veux encore – mais à chaque fois que tu y penses ton cœur se serre, il se serre pour cette personne en qui tu avais confiance, pour cette personne devant laquelle tu t’es ouvert sans t’en rendre compte, pour cette personne que tu pensais être honnête, et qui ne jouait pas avec toi. Mais, encore une fois, c’était ta faute. Tu l’avais forcé à se faire passer pour une femme, tu l’avais forcé à être un autre que celui qu’il était vraiment par ta faute – parce que tu voulais jouer, tu voulais t’amuser avec lui, tu voulais oublier un autre amour qui t’avait mis dans un sale état – et regarde où tu en es maintenant. Tu as voulu oublier un amour et à la place tu l’as remplacé par un autre ; pourquoi ton cœur si faible tombe-t-il ainsi, pourquoi ton cœur a-t-il décidé de laisser passer une faiblesse et de la remplacer par une autre ? Tu étais très bien sans amour, tu vivais si bien sans ça. Tu t’en voulais peut être pour Joshua, tu t’en voulais de ne pas lui avoir dit, de lui avoir caché alors que vous vous tourniez autour pendant des années, et pourtant voilà que tu recommences à faire la même erreur, et pourtant voilà que tu reprends les bonnes vieilles habitudes comme avec Joshua ; tu ne diras rien, tu tairas tes sentiments et tu feras comme si tu continues à jouer, comme si tu es toujours le même playboy salopard qui se fout bien des sentiments des autres. Et si tu dois jouer ce rôle pour abandonner Sidé, si tu dois jouer ce rôle pour qu’il te déteste, pour qu’il t’oublie le plus vite possible, pour qu’il te traite de tous les noms et que votre histoire qui n’a pas encore commencé s’étouffe dans l’œuf ; et bien soit. Tu n’as jamais joué ce rôle, même avec Joshua tu le jouais mais tu n’avais pas encore réalisé tes sentiments. Sauf que cette fois-ci, tu le sais. Tu es bien au courant, ce qui va rendre ton rôle de playboy peut être plus compliqué qu’il n’y paraît ; mais tu n’es pas effrayé. Tu as décidé, et en tant que tête de mule, tu ne flancheras pas. Peut être pas.

Et tu vois ces yeux qui brillent, et tu vois sa mine déconfite, et tu sens qu’il va trembler et pleurer ; et tu l’entends répéter tes paroles. Ça fait écho dans sa voix, il te le crie presque, comme pour te demander s’il a vraiment bien entendu, comme pour te demander si t’es sérieux dans ta connerie ; et tu l’es. Tu ne peux pas plus l’être que ça après tout, maintenant que tu sais, tu ne peux pas continuer comme ça, ce sera te faire du mal pour rien et tu as bien assez donné. Alors tu le laisses répéter ta phrase sans rien dire, sans lui répondre – que pourrais-tu lui dire de toute façon, tu n’as aucune excuse valable, et tu n’as pas à lui en donner ; même toi dans ton esprit ça sonne creux, ça sonne mal. Tu te fais mal tout seul, t’as l’impression d’être un masochiste de ne pas tout simplement lui dire que tu l’aimes, que bordel de merde t’es amoureux de lui, comme un fou, que même là maintenant avec ses yeux en colère et sa voix forte qui se fait entendre, même là alors qu’il est furieux tu veux juste l’embrasser, tu veux juste le reprendre dans tes bras, tu veux juste l’avoir contre toi, toujours. Mais tu ne fais rien, tu ne dis rien, tu es trop lâche trop égoïste trop idiot, tu ne sais pas quoi faire de toute façon et même si la meilleure solution serait de tout lui avouer, serait d’accepter ce bonheur qui est presque prêt à te tendre les bras, tu le refuses. C’est trop facile, bien trop facile et tu sens que de toute façon ça finira mal à la fin alors à quoi bon ? Tu es peut être un peu trop pessimiste pour penser à ça alors que rien encore n’a commencé, et pourtant tu as l’ultime conviction que c’est la bonne chose – si tu ne t’en convins pas de toute façon, tu t’en voudras trop, bien trop. Et tu sais déjà que tu souffriras avec juste l’envie d’arrêter de l’aimer, avec juste l’envie de l’oublier ; sauf que cette fois ça viendra de toi, sauf que cette fois c’est toi qui auras pris une telle décision, et tu ne pourras que l’assumer. Alors tu lèves la tête, tu le fixes, tu ne flanches pas, au contraire ; comme pour lui montrer ta détermination, tu restes là, les yeux dans les yeux, et tu attends de voir ce qui va se passer alors même que tu sens déjà la tristesse t’envahir, alors que tu sens déjà que tu vas te détester et avoir envie de te mettre une claque ; mais tu ne dois pas abandonner, tu ne dois pas te dire que tout serait mieux si tu abandonnais et si tu acceptais. Alors tu te laisses parler, tu le laisses te lacérer de ces mots coupants, brûlants, qui sont comme des couteaux qui viennent te saigner le cœur, qui viennent te saigner l’amour que tu as pour cet homme ; il te fait mal, il se venge, il a raison, tu ne mérites que ça de toute façon, tu ne mérites qu’une seule chose ; qu’il te fasse souffrir autant que tu l’as fait souffrir. C’est du donnant-donnant tu as l’impression, et même si tu as envie de lui répondre, même si tu as envie de lui dire que tout ça c’est faux, c’est faux, si faux, oh non Sidé s’il te plait ne pense pas ça, c’est tellement faux, s’il te plait arrête tu me fais mal je ne veux pas entendre ça. Tu ne fais rien, rien du tout, tu l’écoutes sans rien dire en clignant rapidement des yeux alors que tu sens les larmes qui menacent de nouveaux, alors que tu sens ton cœur émietté qui te hurle, qui te supplie de ne pas le laisser croire ça, de ne pas te laisser dire ça car c’est faux, totalement faux, il devrait le savoir pourtant, mais il te fait mal, il te blesse, il veut que tu aies mal ; et ça marche. Tu sais qu’il dit vrai, que c’est toi qui lui as sauté dessus, tu sais que c’est toi qui a eu ce sentiment débordant qui t’a forcé à venir le prendre dans tes bras, ça, c’est vrai, tu le sais, même si tu voudrais lui dire que c’est faux, c’est la seule chose de vrai dans ce qu’il dit. Alors tu voudrais lui crier que c’est faux, que tu ne veux pas juste son corps oh non, tu veux tellement plus que ça, tellement plus que c’est impossible, que tu ne peux que te contenter de son corps, de ce corps une seule fois, de cette faiblesse unique. Que c’est faux que tu ne fais pas semblant, que ça fait longtemps que tu n’as pas fait semblant devant lui, pour lui, que tu étais bien trop fatigué pour ça, bien trop lassé, bien trop trahi pour ne serait-ce que penser à faire semblant. C’était vrai, si vrai ce qui s’est passé entre vous dans ces draps, si vrai lorsque tu as touché son corps, ce corps si frêle dans tes bras, si beau, si pâle, si doux. C’était si vrai lorsque tu as ris à gorge déployée devant sa bible à côté de ses préservatifs, c’était si vrai lorsque tu le regardais dans les yeux avec un sourire amoureux, un sourire idiot, un sourire que tu ne savais pas que tu faisais auparavant. En vérité tu as l’impression que tu t’es déjà trahi, tu as l’impression que cette nuit dans ces draps tu t’es dévoilé, ne serait-ce que par un regard ou un sourire, ne serait-ce que pas un geste trop doux, trop gentil, contre son corps ou son visage. Tu as l’impression qu’en réalité tu t’es déjà mis à nu devant lui, littéralement, et pourtant Sidé ne s’en est peut être pas rendu compte, ou peut être qu’il se dit que ça aussi, c’était du flan, du faux, comme tout ce que tu as fait avec lui. Comme tout ce qu’il pense de toi.

Et tu sursautes lorsque tu sens ses doigts sur ton visage, et tu sens les larmes qui vont vraiment finir par sortir, et tu sens que c’est trop doux, bien trop doux, bien trop délicat, bien trop gentil, bien trop tout. Il ne te laisse pas le choix, il t’enferme dans ses mains, il enferme tes yeux dans les siens et tu essaies de bouger, tu voudrais qu’il ne te regarde pas, qu’il ne voit pas ces sentiments trop profonds qu’il peut certainement voir dans ton regard, ces sentiments trop forts ; le regret, la tristesse, l’amour ; la fin. Tu sais ça l’est, la fin. Tu n’auras pas eu à beaucoup jouer au bâtard, au moins, si ça peut te consoler. Mais c’est la fin, elle est là, elle arrive, tu la sens dans ces yeux fatigués qui restent trop longtemps plongés dans les siens, tu la sens lorsqu’il pose ses lèvres sur les tiennes et que ça t’électrise, tu le sens lorsque ton cœur rate un battement et que tu retiens un sanglot dans ta gorge, lorsque tu retiens tes larmes aussi fort, aussi longtemps. Et ton cœur se brise une nouvelle fois lorsque ses mots résonnent en toi ; il ne veut plus te voir, plus jamais, que tu ne reviennes pas dans son champ de vision, c’est fini. C’est fini et tout ça, c’est de ta faute. Et tu t’en veux, et tu voudrais dire quelque chose mais tu ne sais pas quoi, tu n’as pas les mots, tu n’as pas la force de dire quoi que ce soit – tu as peur de ce que tu pourrais dire si jamais tu parles. Tu as peur de laisser passer un mot de trop, celui là que tu ne dois surtout pas dire, ce seul et unique mot que tu refuses d’accepter, d’entendre. Alors tu le laisses t’embrasser de nouveau alors que tu es brisé, alors que tu sens à nouveau les éclats qui te transperce et qui te blesse. Tu le laisses t’embrasser et lorsqu’il colle ton corps contre le sien, ton corps réagit ; tu ne peux pas faire autrement. Ton bras s’installe à nouveau sur les hanches de Sidé, tes mains se pose sur son corps à nouveau, une dernière fois, encore une fois, tu sens sa peau contre la tienne, pour une dernière fois, juste une fois. Tes lèvres restent sur les siennes, s’appuient un peu plus, encore un peu. Tu veux accentuer le baiser, tu veux l’embrasser encore une fois, tu ceux que ce dernier baiser cette fois-ci vienne de toi, tu veux l’embrasser comme tu l’as toujours fait ; passionnément, durement, amoureusement. Et tu ne caches rien dans ce baiser, non rien du tout, tu l’embrasses comme si ta vie en dépendait à nouveau, encore une fois, une dernière fois. Et malgré la musique techno, malgré la musique qui hurle dans vos oreilles, tu commences à bouger les hanches. Ce sera la dernière fois, de toute façon, alors tu n’as plus rien à perdre, rien du tout. le baiser ne s’arrête pas, tu continues de l’embrasser alors que tu commences à bouger, alors que tu commences à danser une sorte de valse qui n’est pas du tout en accord avec la musique, qui n’a absolument rien à voir et qui détonnent sûrement, qui attire les regard encore une fois. Mais tu t’en fiches, c’est la fin de toute façon. Alors tu vas faire ce que tu voulais faire depuis que tu es arrivé ici, depuis que tu l’as vu, depuis que tu as commencé à danser avec cette personne qui ressemblait à Sidé, qui s’est finalement révélée être Sidé. Tu vas finir ce que tu as commencé ; tu vas finir cette danse qui mettra un terme à tout, qui mettra un terme à vous, à votre amour non-existant. Tu viens doucement mordiller sa lèvre inférieure, alors que tu sens enfin les gouttes salées qui dévalent doucement tes joues à nouveau, mais tu n’en fais rien, tu fais comme si tu ne sentais rien, comme si elles n’étaient pas là ; tu continues de l’embrasser, durement, tristement. Amoureusement. Ton baiser est un peu messy, un peu destroy mais toi-même tu l’es, tu es à l’image de ton baiser ; perdu, détruit, éclaté. Mais tu l’as cherché, tu as eu ce que tu voulais, alors tu ne dis rien, tu te contentes de danser doucement, hanche contre hanche, torse contre torse, cœur contre cœur, lèvres contre lèvres. C’est peut être la chose la plus romantique que tu as fait jusqu’à présent avec Sidé, c’est peut la première et la dernière fois que tu ferais quelque chose dans ce genre, comme un cadeau d’adieu, comme un geste pour lui dire de te pardonner malgré tout, et de t’oublier le plus vite possible. Comme toi tu le feras, comme toi tu essaieras. Et tu sais que ce ne sera pas facile, et tu sais que ça sera difficile, que ce sera douloureux, mais tu as quasiment réussi pour Joshua, alors tu finiras bien par y arriver pour Sidé aussi. Du moins, tu l’espères.

Et finalement tu te stoppes, et finalement tu t’arrêtes. Ton corps ne bouge plus, tes lèvres s’écartent du visage de Sidé, tes mains se détachent de là où elles sont et retombent le long de ton corps. Tu as un léger sourire sur le visage alors que tu renifles un peu, alors que tu viens doucement essayer les traces de larmes qui sont encore présentes, qui veulent continuer à couler ; mais tu ne veux qu’il te voit encore comme ça, tu trouves que tu as déjà bien trop pleuré depuis que tu es entré ici. « Je te le promets, Sidé. » lui souffles-tu en réaction par rapport à sa dernière phrase, et c’est une promesse qui te fait mal mais qui est nécessaire pour toi, pour lui, pour vous. Vous en avez tous les deux besoin, de cette distance, de cette promesse douloureuse de ne plus vous voir, de ne plus jamais te présenter devant lui. Tu ne peux que promettre ton intention, car ce ne sera pas ta faute si vous vous croisez à l’université, ce ne sera pas de ta faute si vous vous croisez dans un café ou en ville. Tu ne peux que promettre que toi, Cléanthe, tu n’iras pas le voir, tu feras tout pour l’éviter, pour ne pas le croiser, pour ne pas, à nouveau, sentir ton cœur tremblant dans ta poitrine à chaque fois que tu l’apercevras. Et tu gardes ce léger sourire mélancolique aux lèvres alors que ta main vient doucement se mêler à ses cheveux, à ses cheveux si beau, si doux, si noir, si hypnotisant que tu aimes tant. Tu les caresses encore une fois, une dernière fois, comme pour leur dire au revoir, leur faire comprendre que tu les aimes, que tu l’aimes, lui, le détenteur de ses cheveux que tu aimes tant. Tes doigts sont peut être trop doux avec ses mèches qui glissent entre tes phalanges, et comme pour boucler la boucle tu recommences comme à votre première rencontre ; tu portes ses mèches de cheveux jusqu’à tes lèvres où tu déposes un baiser, comme avant, comme la première fois, pour terminer tout ça, pour terminer le commencement. Les mèches glissent le long de tes doigts alors qu’à nouveau ton regard se fixe à nouveau dans les yeux noisettes, une dernière fois pour toi, alors que tu sais que tu ne devrais pas, que tu devrais plus qu’autre chose les éviter, ces yeux, ces yeux dans lesquels tu as l’habitude de te perdre. Et pourtant tu les fixes, comme si tu voulais garder pour toujours cette image dans ta tête, comme si tu voulais la graver dans ton esprit alors que c’est la pire chose à faire quand tu penses que tu veux surtout oublier. Tu effleures sa main, et tu fermes les yeux alors que tu tournes les talons, alors que tu tournes le dos à Sidé. Et c’est maintenant, alors que tu commences à marcher vers la sortie, alors que tu commences à marcher vers tes amis qui se trouvent toujours ici, que tu vas commencer à tenir ta promesse. Que ce soit pour toi ou pour lui, tu la tiendras, quoi qu’il arrive.

©雲

E. Sidé Carell
E. Sidé Carell
Etudiant en linguistique
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talk tonight
Il n'y a que les larmes qui se mêlent à votre passion, qui la lient. Il n'y a plus que vos larmes qui se disent je t'aime, bien plus que vos mots, bien plus que vos gestes, bien plus que vos regards et dieu sait ô combien vos regards semblent si important, ô combien vous passez de temps à vous perdre dans le regard de l'autre comme s'il était vital de te noyer encore et encore dans la mer brune que sont ses prunelles et c'en est presque ridicule de vous voir ainsi stopper le temps pour simplement partager un regard qui ne dure que quelques instants et qui a vous semble pourtant être un infini que vous ignorez. Vous pourriez passer des heures, encore et encore, à vous regarder sans rien dire, tu le sais, il n'a pas besoin de parler pour que tu comprennes ces mots et il est même peut-être plus simple de partager ainsi pour toi, pour lui, pour vous et vous devriez vous taire tant vous êtes deux enfants ridicules à pleurer si fort pour vous ne savez trop quoi -c'est vrai, pourquoi pleurez-vous ? Parce que vous êtes deux maladroits, deux cœurs brisés, deux bras cassés, parce que vous ne semblez pas savoir vous aimer sans vous briser et c'est en marchant l'un sur l'autre que vous vous appréciez. Que peux-tu dire, comment peux-tu l'expliquer ? Tu ne sais vraiment et ça te fait mal, oh si mal et un peu plus encore quand le sel de ses yeux se mêle au tien dans un baiser que tu ne comprends pas, dans un baiser qui te laissant pantois, dans un baiser que tu voudrais mener mais dont tu le laisses la tête à Cléanthe parce que tu ne peux que te laisser glisser entre ses doigts, il ne te laisse pas vraiment le choix. Et tu crois que vous dansez mais plus rien n'est vraiment clair dans ton esprit, et tu crois que tu es serré contre lui mais ces lèvres qui ne te laissent pas respirer finissent de t'achever et tu ne veux plus comprendre les sentiments qu'il veut faire passer et c'est brouillon, si brouillon que tu ne sais plus et c'est perdu, si perdu que tu ne le retrouveras jamais -non jamais et c'est si décousu, détruit, fini que tu ne saurais comment le rattraper et pourtant, pourtant, tu t'accroches à lui si fort. Parce que tu ne veux pas qu'il parte, parce que tu ne veux pas qu'il te laisse, parce que toi aussi tu es un naufragé, échoué et tu t'es déjà laissé couler au fond de ses larmes salées. Et ton corps n'a pas oublié le sien, non, et vos torses qui se collent te laisse un goût amer au fond de la gorge, et vos hanches l'une contre l'autre te fait frissonner mais tu ne veux pas, oh non, qu'il te lâche, qu'il arrête, parce que tu lui as dis, parce que tu l'as voulu, parce que tu ne veux pas le voir n'est-ce pas ? Et tu ne veux pas qu'une fois de plus il se grave dans ta peau, dans ton sang, dans ton esprit ; tu étais prêt à l'oublier, à faire une croix sur lui, tu étais prêt à le laisser partir comme si de rien était, oui, tu étais prêt à l'abandonner, à lui rendre sa liberté -est-ce vraiment toi qui choisit ? Mais tu es aussi celui qui ne l'a pas laissé partir, t'es celui qui a forcé le baiser, tu es celui qui a pris ses lèvres en otage alors que tu voulais lui rendre son cœur et il était déjà probablement trop tard pour faire quoi que ce soit ; et tu aurais voulu qu'il te dise un truc, tu aurais voulu qu'il te dise non, oui, de suite, qu'il réponde, qu'il te fasse mal s'il le fallait mais que ses mots soient directs, qu'il ne laisse pas un moment de flottement où le tourment t'envahit et pourtant il n'y a que la musique trop forte qui raisonne entre vos corps en mille morceaux, entre vos cœurs piétinés et tu voudrais lui dire d'arrêter mais tes doigts serrés dans son haut disent tout le contraire et de ton cœur, de ta raison, tu ne sais plus vraiment qui te parlent -t'ont-ils un jour dit quelque chose ? Tu sais que tu aurais dû tourner le dos, tu sais que tu aurais dû le laisser partir, tu sais que tu aurais dû finir te phrase sur toi qui t'en va et peut-être que tu aurais été majestueux, et peut-être que tu aurais été beau et peut-être que tu aurais été comme un de ces princes déchus qui, la tête haute, part triomphant, part fier, part avec un désir de nouveauté ; très bien, tu es tombé mais tu sauras te relever. Ce n'est pas ce que tu as fait, tu as pensé qu'il te rattraperait et voilà que ta chute n'en est que plus dure, voilà que ton départ risque de t'arracher le cœur -n'est-il pas déjà disparu ? Voilà que tu ne sais plus qui tu es, pourquoi tu l'es. Tu devrais pourtant, ne prêter aucune attention, n'as-tu pas dit que tu ne voulais plus de lui, n'as-tu pas en quelque sorte exprimé ton regret de l'avoir rencontré ? Dieu que tu voudrais le lui dire, ça aussi, que tu regrettes de toute ton âme de l'avoir rencontré et que l'Enfer dans lequel il t'a plongé et bien pire que celui qu'on imagine ; c'est son Enfer à lui et s'il en est le Diable tu ne pourrais qu'en être le Perséphone, enlevée et prisonnière. Et tu as la tête qui tourne, elle tourne si fort, peut-être en rythme avec vos corps, peut-être parce qu'il y a de l'alcool, peut-être parce qu'il y a son odeur, peut-être parce que tu as trop pleuré mais ça tourne et tu ne veux pas que ça cesse parce que ça veut dire qu'il est toujours là, parce que ça veut dire qu'il ne t'a pas encore quitté et peut-être que tu mens, tu mens à t'en arracher la langue, parce que tu ne veux pas qu'il parte, parce que tu ne veux pas ne plus jamais le revoir, parce que ton cœur se serre si fort quand tu penses à lui que ça fait mal et tu ne veux pas souffrir éternellement, tu ne veux pas qu'il soit ton fardeau, tu ne veux pas qu'il soit ta douleur et tu ne veux plus sentir ton cœur que tu pensais de pierre, tu ne veux plus qu'il te fasse mal, si mal que tu ne t'en remettras peut-être pas. Et tu veux qu'il comprenne que le désespoir accroché à lui n'est autre que ton corps entier qui se serre pour ne plus jamais le lâcher. Tu as la tête qui tourne et les mensonges qui te brûlent les dents. Tu as la tête qui tourne mais tout s'arrêter. C'est la fin.

Et il te fait une promesse. Il te le promet, c'est ce qu'il dit, il te le promet et toi tu ne veux plus savoir ce qu'il te promet -de ne plus jamais croiser ton regard très probablement, tu le sais, mais tu ne veux pas le comprendre, pas maintenant, parce que tu ne veux pas pleurer plus, parce que tu ne veux pas avoir l'air un peu plus ridicule, parce que tu ne veux pas qu'il te voit plus que tu ne l'es déjà et tu sais que tu trouves six pieds sous terre et tu sais qu'on ne pourra pas aller te chercher et qu'il sera probablement le seul capable. Mais le veut-il ? Tu ne crois pas, non. Il te fait une promesse et ton prénom soufflé te brise un peu plus cœur. Sidé et maintenant que tu y penses, ce n'est pas comme si il avait souvent passé la barrière de ses lèvres et chaque fois l'effet n'en est que plus fort, encore et encore et tu trouves si ridicule de tomber pour des choses aussi simple et toi tu te pensais fort, oh si fort que tu en bombais le torse, si fort que tu en dressais la tête, si fort que tu pensais pouvoir mépriser mais il n'y a que toi qui mérite mépris et honte, il n'y a que toi qui mérite qu'on lui marche dessus parce que tu es le plus ignoble de tous, parce que tu es le plus ridicule, le plus faible, parce que tu es celui qu'on manipule à sa guise et il n'y a qu'à voir Cléanthe, il peut faire ce qu'il veut de toi et s'il avait voulu en profiter, il aurait pu -et ne l'a-t-il pas déjà fait quand cette nuit-là vos corps se sont échoués dans ton lit, quand cette nuit-là tu as bien voulu lui donner ce qu'il avait toujours cherché ? Tu ne sais pas, tout avait l'air si sincère mais aujourd'hui trouble ton esprit et tout acte que tu pensais si vrai, ils semblent tous faux et tu voudrais que ce ne soit pas la vérité et tu voudrais te souvenir de cette sincérité qui t'avait tant frappé mais peut-être que la colère qui prend tes tripes t'empêche de penser comme tu le devrais -c'est ridicule que d'essayer de te raisonner, tout est mélangé et tu ne sais plus si tu dois être triste, si tu dois continuer de pleurer ou tout simplement lui hurler. Mais hurler quoi ? Tu as comme l'impression que ton cœur s'est arrêté, que les mots sont bloqués, que tu ne saurais quoi dire tant il y en a qui te pèse sur le cœur -et en même temps il est drôle de constater que ce tout est en fait un rien parce que tu ne peux lui reprocher ce que l'on te reprochera aussi ; vous êtes tous les deux fautif de tout et n'importe quoi et au fond peut-être est-il là le problème. C'est parce que c'est votre faute à tous les deux que vous ne savez vous décider sur quoi que ce soit, que vous n'êtes capable de rien. C'est parce qu'autant lui que toi, vous avez fait les cons, vous avez joué et perdu, vous avez parié et tout s'est envolé. C'est souvent comme ça, non ? Tu te souviens que papa revenait souvent les poches si vides qu'il pouvait voler mais toi t'es lourd de regret, si lourd que tu pourrais encore couler. Ne me touche pas crie ton regard alors que ton corps ne veut que ça, alors que ton cœur le supplie. Ne me touche pas, tu n'as pas le droit que ça répète comme si ça allait te convaincre, le convaincre et pourtant ses doigts glissent dans tes cheveux. Ne venait-il pas de promettre quelque chose, ne venait-il pas de signer un accord ? Il n'avait qu'à partir. Loin, très loin. Il n'avait qu'à s'en aller mais il ne l'a pas fait et tes yeux se sont plongés dans les siens -encore et ses doigts se sont mêlés dans tes mèches -encore et c'est comme rien n'avait changé. Tu étais le premier en tort, le premier que l'on pouvait blâmer d'avoir cédé à la tentation de recommencer alors que tu avais prononcé ces mots si désespérés mais voilà qu'il fait la même erreur que toi, voilà qu'il dit des choses mais que son corps fait le contraire ; il avait promis mais au fond, ne venait-il pas de briser cette promesse ? Tu étais prêt à accepter ta défaite, tu étais prêt à dire oui, tu étais prêt à l'oublier -une nouvelle fois, tu t'éloignais du précipice autant que tu t'en étais rapprocher mais te voilà de nouveau au bord alors qu'il répète les tendre geste de votre rencontre, alors que se dessine sur son visage cet air que tu lui connaissais déjà mais que tu n'avais probablement vu qu'une seule fois et dieu que tu voudrais le haïr encore et encore, si fort mais tu n'y arrives pas et ton cœur bat à tout rompre et tu voudrais qu'il lâche tes mèches et tu voudrais avoir la force de les récupérer, la prestance que tu avais joliment exprimé la première fois alors que tu dégageais ta fierté d'entre ses doigts, mais maintenant, tu n'en es plus capable. Tu ne peux plus. Tu ne sais plus le faire. Qu'il fasse ce qu'il veut de toi, de tes cheveux, qu'il fasse ce qu'il veut de ton corps, de ton cœur, de ton âme, t'as bien fini d'être fier quand il s'agissait de lui et tu as perdu toute prestance, toute imposition, tout pouvoir, t'es celui qui s'est écrasé -et peut-être qu'il n'est pas loin mais tu ne sais le voir. Et tu le supplierais presque de te tenir encore, tu le supplierais presque de ne jamais lâcher cette mèche mais elle glisse pour s'échouer contre ton corps, elle glisse pour se fondre dans la masse et tu sais que tu pleures, encore, là, immobile, les bras ballant et tu sais que tu pleures parce que tu ne le fois plus, parce que tout tourne, parce que tout est flou. Et tu sais que tu pleures quand ton visage mouillé te crie d'arrêter. Mais c'est la fin.

Tu ne vois plus son visage, que sa silhouette. Tu ne vois plus son visage, que son ombre. Tu ne vois plus son visage, mais tu le devines si bien. Il part, n'est-ce pas ? Il s'en va. Il te laisse. Il ne veut plus de toi, n'est-ce pas ? Il s'en va. Il te laisse. Et tu n'es pas certain de comprendre les première secondes qui s'échappent. Tu n'es pas certain de comprendre ce que cela veut dire. Tes mots avaient été pourtant clairs et sa promesse aussi mais tu avais comme l'infime espoir que cela ne se passe pas comme ça, tu avais comme l'infime espoir de le voir rester, de te dire que tout ça n'est qu'une sombre blague, qu'il ne te promet en fait rien du tout parce que vous n'êtes que des menteurs, parce que vous ne savez pas tenir des promesses, parce qu'il ne sait pas tenir des promesses et pour la première fois de ta vie peut-être que tu avais voulu qu'on te mente, qu'il te mente, tu ne lui en aurais pas voulu, tu aurais compris, tu aurais accepté. Tu voulais bien qu'il te dise qu'il ne te promet plus rien, parce qu'il ne sait pas promettre, et tu aurais voulu qu'il te dise qu'il ferait tout pour rester dans ton champ de vision, pour que tu ne l'oublies jamais et même s'il avait voulu te dire qu'il voulait te faire souffrir, tu aurais hoché la tête, tu aurais dit oui, tu aurais dit fait ce que tu veux parce que c'est la vérité ; tu l'aurais laissé faire ce qu'il veut. Mais pas là. Tu ne peux pas le laisser partir, tu ne peux tirer une croix sur ça et autant que c'est de ta faute, c'est de la sienne aussi, il n'avait qu'à partir après sa promesse au lieu de faire tu ne sais trop quoi, au lieu de t'envoûter un peu plus, au lieu de te laisser comme ça.
Il.
N'a.
Pas.
Le.
Droit.
Il ne peut pas partir après ce qu'il t'a fait, il ne peut pas partir après t'avoir doucement hypnotisé, il ne peut pas partir après que tu l'aies aimé, il ne peut pas partir alors qu'il a pris ton cœur, il aurait pu au moins te le rendre, faire quelque chose. Il ne peut pas partir parce que c'est un morceau de toi qu'il a avec lui et s'il ne s'en rend pas compte, tu voudrais lui faire comprendre et ton corps bouge seul alors que tu ne pensais plus avoir de force pour quoi que ce soit, alors que tu ne pensais plus être capable de faire un pas -et tes jambes sont du coton, et tes jambes ne te portent plus vraiment et tu as étrangement l'impression de déjà connaître cette scène, tu as l'impression que ce n'est pas la première fois que tu le rattrapes et amèrement tu te rends compte que tu n'as peut-être fait que de lui courir après en vérité. Il n'est pas très beau, le Sidé que tu montres, mais c'est toi, n'est-ce pas ? C'est ce que tu es vraiment et ça fait peur si peur, tu n'as pas l'habitude de te voir ainsi, tu n'as pas l'habitude d'être toi, de ressentir, de vivre, d'avoir mal et d'avoir envie ; tu pensais avoir fini avec tout ça, tu pensais que plus rien ne pourrait faire ressurgir la tempête que sont les sentiments -et ils te font si peur les sentiments, ils t'ont toujours effrayé, on fait tant de bêtises à cause d'eux et l'anneau que tu as laissé chez toi aujourd'hui te rappelle la plus grosse que tu n'as jamais fait et tu te dis qu'aimer, c'est bien con, tu te dis que c'est un erreur et en même temps que ces pensées traversent ton esprit, tes bras ont encerclé le corps de Cléanthe sans aucune douceur. C'est toi qui t'es écrasé contre lui. A l'image d'une collision, tu t'attendais à ce que tout explose mais il n'y a que ton cœur qui est une bombe. Et tu as serré. Et tu as voulu lui faire mal peut-être. Et tu ne le lâcheras pas. Et il pourra faire ce qu'il veut, tu ne le lâcheras pas. Et tu as l'impression que les regards sont rivés sur vous et tu t'en fous, tu t'en fous putain. « J'ai menti. » as-tu dit sans assurance aucune et tu devrais peut-être rajouté un « encore » à la fin de ta phrase. Tu as menti, une nouvelle fois. Tu as menti tout le temps de toute manière, ou peut-être pas tout le temps, mais presque, ou tu ne sais plus vraiment ce qu'est la vérité des mensonges parce que tu mélanges tout, parce que tu es comme ça, parce que tu as peut-être un peu perdu l'esprit, parce qu'il te rend fou -oh si fou. « Et t'es qu'un con. » parce que ce serait encore mentir que de cacher ce sentiment là, n'est-ce pas ? Et tu l'es aussi con, et il le sait très probablement, tu n'as pas besoin de le préciser, pas besoin de le lui dire, il pourra le faire seul de toute manière. Et tu as encore son haut entre tes doigts et tu le froisses et tes bras se serrent autour de ses côtes et tu ne veux pas qu'il se retourne, pas encore, et tu veux juste qu'il reste là, qu'il ne bouge pas, qu'il n'essaye pas de s'échapper. « Pourquoi, pourquoi est-ce que tu le promets si... Si c'est pour me donner l'impression que tu ne vas pas la tenir ? » Et pourquoi tu poses des questions ? « Pourquoi est-ce que tu n'es pas parti de suite, pourquoi est-ce que tu m'as regardé, pourquoi est-ce que tu as touché mes cheveux, pourquoi est-ce que tu as cherché à me dire au revoir et pourquoi est-ce que tu me fais ça ? Pourquoi est-ce que tu me fais mentir ? » comme si c'était de sa faute ; « J'étais prêt à croire à ce que j'avais dit, je le voulais si fort, de ne plus jamais te revoir mais c'est un mensonge, j'y arriverais pas... » et tu es peut-être pathétique, oh oui, certainement que tu es pathétique alors que tu parles bien plus vite que ce que tu penses. « Pourquoi est-ce que tu me fais tant de mal et pourquoi est-ce que je continue à te vouloir près de moi.. » et pourquoi est-ce que tu te fais tant de mal à réfléchir, et pourquoi est-ce que tu te fais tant de mal à espérer et pourquoi est-ce que tu es si dramatique dans tes mots ; n'aurait-il pas été plus simple de le laisser partir ? Tu n'es qu'un idiot impulsif et tu l'as enfin lâcher pour laisser tes bras de nouveau pendre contre ton corps alors que les larmes n'ont peut-être jamais cessé de couler sur tes joues depuis que tu l'as rencontré. « Tu peux faire ce que tu veux de moi, en vérité, je m'en fous, tu m'as déjà tout entier. » et c'est bien ce qui t'a fait t'écrouler. Tu as cédé. C'est fini.
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Cléanthe J. Alevatros
Cléanthe J. Alevatros
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Mer 7 Sep - 1:33
« talk tonight until the mornin' light

ft Sidé.


Et tu pleures pleures pleures. Ton visage est rempli de larmes que tu ne peux pas arrêter ; cette promesse t’a tué, elle t’a dévoré de l’intérieur et tu ne vois même plus om tu marches, et tu ne sais même plus où tu es. Tu vois des silhouettes qui te font signes, tu vois des silhouettes qui ont l’air paniqué, et qui ont l’air de scander ton nom ; mais tu ne vois rien. Sûrement sont-ce tes amis, oui, sûrement, et ils sont l’air si inquiet qu’ils ont arrêté de danser, qu’ils ont arrêté de plaisanter – et c’était censé être une bonne soirée. C’était censé de faire oublier, te faire prendre ton envol à nouveau – c’était censé te faire redevnir le Cléanthe d’avant, celui qui n’était pas idiot, celui qui ne pensait pas à tout et n’importe quoi ; celui qui avait encore les pieds sur terre. Les as-tu, vraiment ? Non. Tu es loin, trop loin, si loin. Sidé t’a emmené si loin que tu ne sais même pas où tu es, où tu trouves ; est-ce l’enfer gardé par Hadès qui t’attend ou le Paradis où Lucifer se déguise ? Tu ne saurais dire et tu ne veux pas ; tu n’aurais jamais cru que tu aurais si mal, et dès que tu as détourné les yeux, dès que tu as quitté ceux du brun, dès que tu as tourné les talons tu as senti ton cœur se tordre, si fort si fort, si fort. Peut être est-ce pour cela que tu pleures, peut être est-ce pour cela que les larmes te brouillent la vue, peut être est-ce pour cela que tu as l’impression que tes jambes sont faites de plomb ; tu ne comprends pas, ou tu ne comprends que trop bien. C’est toi qui mets fin à cet amour qui n’a même pas commencé et déjà il est si fort – trop fort, bien trop fort pour toi pour le contenir, et ton cœur et ton corps et ton âme te le fait bien comprendre ; il est trop tard. Trop tard pour espérer, trop tard pour oublier, trop tard pour désaimer. Et tu ne le comprends que maintenant et ça te fout les boules – et tu pensais que jamais tu ne pourrais aimer aussi fort, aussi violemment que Joshua ; tu t’es trompé. Cet idiot qui est au ciel doit bien rire de toi, doit bien rire de tes malheurs ; si seulement il pouvait te venir en aide au lieu de rire, ça t’aiderait. Et tu repenses à cet abruti, et tu repenses à votre jeu de se tourner autour sans rien dire – n’est-ce pas là la même chose qu’avec Sidé ? Ne vous tournez vous donc pas autour depuis le début ? Et encore une fois c’est toi qui est venu vers lui, et encore une fois c’est toi qui as incité un tel jeu – et encore une fois c’est toi qui est tombé. Il te manque, Joshua. Il te manque lui et ses sourcils ravageurs, lui et son regard de braise et de défi ; il te manque cet homme qui avait les couilles de te rouler le patin de ta vie au bal de promo. Oui, il te manque et pourtant maintenant tu peux penser ç lui sans souffrir, et pourtant maintenant tu peux penser à lui avec le sourire. Tu sais qu’il serait fier de toi pour avoir arrêter de ressasser le passé, tu sais qu’il serait fier de toi d’être tombé amoureux – mais il te taperait pour faire autant l’idiot, pour avoir promis une chose aussi idiot que tu ne pourras certainement pas tenir ; tu es bien trop amoureux, tu es bien trop tombé – trop vite, trop fort. Tu viens de te fracasser la tête contre terre, le cœur vers le ciel et il est là beau et vaillant et il te fait comprendre que la flamme qui l’anime n’est rien de plus qu’une passion dévorante qu’il faut que tu assumes ; et tu brûles. Tes jambes te somment de repartir dans l’autre sens, de revenir vers lui, d’implorer son pardon pour ton comportement, pour ton idiotie, pour ta bassesse et ta couardise ; tu voudrais qu’il te pardonne, qu’il te dise que tout va bien, que tout ira bien ; mais à qui essaies-tu donc de mentir ? Tu lui as fait une promesse et tu te dois de l’honorer, même si tu sens que ça te bouffe, même si tu sens que ça t’assassine. Tu as mal. Si mal, mais tu dois endurer, tu dois souffrir et essayer d’oublier, et essayer de le plonger dans les abîmes des sentiments refoulés, dans les abîmes de ton cœur meurtri qui aime trop passionnément. Et tu fermes les yeux ; et ton cœur bat dans ta poitrine comme une bombe, et il bat dans ta poitrine comme s’il était un fil de s’arracher de lui-même, de se casser en mille morceaux. Et pourtant tu avances.

Tu fais un pas. Un second pas. Pied droit, pied gauche. Tu avances lentement mais sûrement, les poings formés les yeux baissés et les lèvres que tu mords ; tu ne veux pas que tes amis te voient comme ça même si ti penses que c’est trop tard, tu ne veux pas qu’ils sachent, qu’ils apprennent toute la vérité ; tu entends déjà Maria te dire que tu n’es qu’un idiot, ah que oui tu es bien un sombre homme idiot qui ne réfléchit qu’avec son foutu pénis, tu la vois déjà te tirer les oreilles et te faire entendre haut et fort que tu es un crétin, que tu ne te le pardonneras pas si tu le laisses partir ; et tu ne le sais que trop bien, et c’est sûrement ça le pire. C’est que tu sais tout ça, tu le sais si bien que ça t’assomme, que tu vas entendre les choses que tu sais déjà, que tu vas encore plus te détester ; et pourtant tu avances encore jusqu’à ta pénitence ; mais peut être qu’eux, ils comprendront quand même ; peut être qu’eux feront ce que font les amis – une bonne engueulade bien placé et un bon câlin viril et ils seront là pour toi, et ils seront là avec toi devant des films ridicules, devant des films qui devraient te faire rire, devant des films qui devraient te faite oublier toutes les mauvaises choses de la vie ; et tu sais qu’ils seront comme ça, ils ont toujours été comme ça, après tout. Et tu essaies de t’imaginer une vie sans Sidé ; et tu te sens que tu en es capable, après tout. Ça ne fait pas si longtemps que vous vous connaissez, alors pourquoi ressens-tu donc cette difficulté, pourquoi penses-tu donc que même si c’est possible, ça va être dur ? Ta vie habituelle n’a pas été non-plus des plus chamboulés – tu es juste tombé trop bas pour te sentir en forme, rien de plus. Ah, quelle belle image que tu as là, comme c’est beau de détourner la réalité comme il nous semble le mieux – c’est si beau de se voiler la face, de se dire que c’est faux, que ce n’était pas nous, pas une telle faiblesse, d’où as-tu vu ça ? Tu sais que c’est ridicule d’essayer de paraître fort alors que tu n’es rien de tout ça – tu es tout sauf fort, tu es faible. Si faible que c’en est risible, si faible que ça te ferait presque rire. Si faible que même Joshua dans son traineau de père noël doit te trouver ridicule ; t’étais pas si faible quand il s’agissait de lui, n’est-ce pas ? Alors pourquoi tu l’es pour Sidé ? Qu’est-ce qui est si différent entre eux deux ? Tellement de choses et en même temps si peu de choses ; mais tu sais que l’amour ne se contrôle pas, tu sais ce que ce sentiment ridicule que l’on traite avec tant d’adoration et fragilité n’est qu’une chose idiote censée vous faire perdre pied, censée vous faire perdre toute notion logique ; c’est comme une drogue, en quelque sorte. Et tu t’en serais bien passé, de cette drogue, vraiment.

Et tu as l’impression que ton esprit te joue des tours, et tu as l’impression que tu rêves ou peut être que quelqu’un t’a tout simplement foncé dessus parce qu’il est bourré, qu’il a pas fait gaffe et qu’il s’est rattrapé comme il pouvait – et pourtant dans un coin de ta tête tu espères tellement qu’il s’agisse de Sidé qui vient te rattraper, qui vient te demander de ne pas partir que tu voudrais avoir un bon verre d’eau froide pour te rafraichir un peu les idées – parce qu’à ce niveau là c’est carrément de l’obsession. Et pourtant tu sens les bras qui forcent contre ton corps, tu sens ton corps écrasé contre l’autre qui est dans ton dos et tu sais – tu ne sais pas comment, tu ne sais pas pourquoi, mais tu le sais tout simplement. Tu sais qu’il s’agit de Sidé, que c’est lui qui est venu s’écraser contre toi avec la grâce d’un Ronflex et la légèreté d’un Kangourex. Tu sais que c’est lui qui te serre ainsi, si fort que tu as l’impression que tes côtes vont lâcher, si fort que tu as l’impression que c’est ton cœur qu’il serre, et tu sens qu’il ne veut pas te laisser partir, qu’il ne veut pas que tu t’échappes – pas encore. Et ton cœur se gonfle – d’amour, d’espoir, de désespoir, de haine, d’un mélange d’un peu tout ça et tu te demandes ce qu’il va dire, ce qu’il va faire – va-t-il te détruire encore plus que tu ne l’es ou va-t-il te réparer à coup de colle forte ? Mais tu n’as pas le temps de te demander autre chose qu’il parle – parle à toute vitesse que tu n’en reviens pas tes oreilles, que tu voudrais lui répondre mais qu’il ne t’en laisse pas le temps, qu’il essuie ton cœur que ton corps, qu’il se laisse aller et qu’il te déballe tout – et tu te dis qu’il est bien courageux pour tout te dire, qu’il est bien courageux pour assumer ses mots, qu’il est bien plus courageux que toi, en tout cas.et tu es figé et tu prends le temps d’avaler ses morts et tu prends le temps de les comprendre et de les assimiler, et tu prends le temps de te dire que tu rêves. Tu ne sais pas s’il se déclare – il n’a jamais dit qu’il t’aimait, il n’a jamais dit qu’il éprouvait de quelconques sentiments pour toi – il ne l’a jamais dit et pourtant il te le fait comprendre, à sa manière. Il est courageux mais pas trop, il est courageux mais pas téméraire, et tu demandes s’il a peur de te le dire, et tu te demandes s’il a peur de dire ces mots si terrifiant, autant pour lui que pour toi. Que ferais-tu s’il te le disait, après tout ? Sûrement que tu prendrais la fuite, sûrement que tu trouverais ça trop bizarre dans sa bouche ; même quand tu te l’imagines c’est déjà trop bizarre, même quand tu l’imagines entre tes lèves c’est trop bizarre et tu sais que ça ne marche pas comme ça entre vous de toute façon. Ça n’a jamais marché comme ça entre vous, et ça ne va pas être maintenant que ça va commencer, hélas. Mais tu sais que tu as compris, tu sens que le message est passé au moins jusqu’à ton cœur qui bat si follement dans ta poitrine, et tu as l’impression que ce qu’il t’a dit est encore bien plus embarrassant qu’une simple déclaration ; et tu sens les frissons, tu sens ton cœur qui s’emballe, tu sens le rouge qui monte aux joues ; tu es embarrassé, oh mon dieu. et tu le sens qui desserre son étreinte, et tu sens ses mains qui te quitte et tu ne veux pas, oh non tu ne veux pas – tu veux qu’il te garde prisonnier de lui car c’est ce que tu es, c’est ta condition – tu es son prisonnier malgré ce qu’il te dit, malgré ce qu’il te demande faire, c’est à lui de faire ce qu’il veut de toi car c’est lui qui tient les chaines de ton cœur prisonnières et qu’il les garde bien au chaud. Alors tu reprends ses mains – tu les cherches de dos et quand tu les trouves tu les ramènes vers toi, tu les ramènes vers ton torse, vers ton cœur. Tu les laisses reposes là alors que tes mains viennent se positionner là – et tu ne veux pas te retourner non, tu ne veux pas qu’il te voit embarrassé, qu’il te voit si perdu, tu ne veux pas. « J’ai menti. » dis-tu à ton tour en réponse à ses paroles. Et tu ne sais pas de quoi tu parles – de tes sentiments, de ta promesse, d’un peu tout, de votre rencontre, il y a tellement de chose sur lesquelles tu as menti. « Toutes tes questions, je te les retourne. » Car c’est exactement ce que tu ressens aussi, car il a très bien dit tout ce que tu penses, tout ce que tu ressens et il ne peut pas être dans le plus vrai que cela. Et ça te tue de voir à quel point ce que vous ressentez est semblable, et ça te tue de l’entendre dire tout ça et tu as l’impression de t’entendre, d’entendre ce qui se passe dans ton cœur et dans ta tête ; est-ce que vous vous ressemblez donc autant que ça ? Apparemment, oui, et pourquoi ne l’a dont tu pas vu avant ? Tu ne sais pas, tu te perds dans ton tourbillon de souvenir de choses que vous avez partagés ensemble, tu te perds dans le tourbillon de sentiments qui t’habitent ; et tes mains serrent un peu plus celles de Sidé, et tu voudrais les garder comme ça près de toi, tu voudrais qu’il continue à te garder prisonnier – tu te sens si bien ainsi, si bien avec son torse collé à ton dos, avec ses bras autour de ton corps – tu te donnes à lui, tu lui offres ton cœur et ton corps ; tu lui offres ton âme et tout ce que tu n’as jamais pu offrir à Joshua. Pardon souffles-tu intérieurement à ton blond, celui qui restera à jamais ton premier amour, celui qui restera à jamais ton plus grand regret. Et tu sais que c’est maintenant qu’il ne faut pas faire de faute, tu sais que c’est maintenant que tu dois prouver que tu es aussi courageux que Sidé ; mais l’es-tu, vraiment ? Tu as envie de l’être, tu as envie de lui dire, de lui avouer, mais ce n’est pas aussi facile, après tout. Pas du tout, même. Tes pensées sont encore hantées d’Emmett, tes pensées sont encore hantées de choses pessimistes qui te font voir les pires alternatives – et tu as peur. Tu trembles, un peu, si peu mais tu es certain qu’il le ressent ; il est bien trop collé à toi pour ne pas le ressentir et tu t’en fiches, tu t’en fous, il comprendra que tu as peur, que tu n’es pas si sûr que lui, que tu as des choses à prendre en compte – l’amour est ton assassin et il te brûlera en enfer. Alors tu ne peux que réfléchir, tu ne peux que essayer de clamer ton cœur qui tambourine dans ta poitrine et sur laquelle est posée l’une main de Sidé – et sûrement qu’il peut l’entendre faire le fou, et sûrement qu’il peut sentir ces boum boum ou peut être est-ce le boum boum de la musique qui résonne en toi – ou peut être ton cœur s’est-il acclimatée à la musique, lui aussi. Mais il faut que tu prennes une décision ; tu vois tes amis là-bas qui semblent perplexes, qui semblent comprendre que quelque chose ne va pas et qu’il y a quelqu’un avec toi – et tu sais qu’ils ne viendront pas, qu’ils attendront que tu viennes à eux quand ce sera réglé, quand tu auras besoin d’eux, quand tu pourras aller les voir. Bientôt, bientôt. Bientôt tu auras besoin de cette présence familière auprès de toi, bientôt tu auras besoin de cette chaleur qu’est l’amitié à tes côtés – oui, très bientôt, mais d’abord tu dois mettre les choses aux clairs, mais d’abord tu dois te dévoiler et c’est sûrement là tout le problème ; tu as toujours eu du mal à laisser tomber le masque comme ça et pourtant, c’est le moment ou jamais. A toi de le prendre ou pas – si tu ne le prends pas tout sera fini, ce sera comme lui dire que tu tires un trait sur ces paroles, que tu fais comme si rien n’était jamais arrivé – mais le peux-tu seulement ? Certainement pas. Tu es trop faible pour ça, tu es trop consumé pour ça déjà – il est déjà bien trop tard pour toi, ta cause est déjà perdue alors pourquoi vouloir continuer à te battre ? Tu es bien trop fier, et même si tu essayes de reconstruire ton égo qui a souffert ce n’est sûrement pas comme ça que ça marchera – alors au grand damn ta fierté, au grand damn tes grandes paroles et fais place à la vérité et la franchise pour une fois, laisses parler ton cœur et laisses toi guider par ce que tu ressens ; cela semble si simple en le disant, si facile alors que dans les faits tu es tout simplement effrayé, tout semble beaucoup plus compliqué qu’il n’y paraît. « Et toi, tu peux garder les chaines que tu m’as déjà mise. » Tu n’as trouvé que ça de censé à dire, que tu n’as trouvé que ça qui veut tout dire sans trop en dire, mais qui résume tellement ce que tu penses, ce que tu ressens, et tu trouves que c’est beau de finir sur une image pareille, et tu trouves qu’en fin de compte vous êtes de bien pauvres courageux à vous dévoilant votre cœur comme ça, à vous faire des déclarations comme ça – mais vous n’avez jamais rien fait comme tous les autres de toute façon, et ce depuis votre première rencontre. Alors tu penses que vous n’en êtes plus à ça près en matière de bizarrerie, en matière de complications de vos vies, en matière de mots déjoués et de chemins détournés.

©雲

E. Sidé Carell
E. Sidé Carell
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Jeu 15 Sep - 11:12

talk tonight
Tu ne sais pas pourquoi est-ce que tu as dit ça. Tu ne sais pas pourquoi est-ce que tu l'as retenu. Tu ne sais pas pourquoi est-ce que tu lui a vomis ton cœur dessus. Il y a des choses que tu n'expliques pas, des gestes que tu ne comprends pas toi-même et certainement que celui-ci en fait parti. C'est ainsi, comme ça, tu ne sais juste pas. Et c'est parce que tu ne sais pas que ça t'énerve ; tu aimerais comprendre, te comprendre, savoir pourquoi alors qu'il n'y a rien à expliquer. Tu avais tout simplement envie, besoin peut-être de le retenir, de l'empêcher de partir. Tu ne sais même pas pourquoi, ni même si c'est la bonne chose. Peut-être que si tu l'avais laissé partir -encore, une nouvelle fois, ça aurait mis fin à tout cela, peut-être que tout ce vacarme aurait cessé. Tu ne sais pas, tu ne sais pas, tu ne sais pas et tu ne sais plus rien quand il s'agit de Cléanthe et c'est bien ce qui te fout en rogne, bordel. Parce que tu aimerais savoir, tu aimerais maîtriser la situation, tu aimerais la contrôler, avec la main dessus, savoir quoi faire et quand le faire mais tout est un bordel sans nom, dans ta tête là-haut c'est le capharnaüm et tu n'aimes pas ça. Ca n'a jamais été comme ça, non jamais, et tes idées toutes biens rangées ne sont plus qu'une pile sans nom de sentiments mêlés. Tes sentiments. Ceux que tu as toujours essayé de fuir, cette tornade que tu as essayé d'oublier, ce cœur que tu as toujours voulu à l'arrêt. Toutes ces choses qui maintenant sont là, bien présentes et qui te rendent fou, oh oui, si fou. Mais c'est sa faute à lui, c'est lui qui te rend comme ça, c'est lui qui te rend fou, c'est lui qui te fait perdre la tête, les sens, parce que tu n'es qu'un idiot et que tu ne sais comment lui résister. Et tu lui envoies dans la face tout ce que tu peux envoyer sans même savoir ce qu'il va en penser -sans même savoir si tu veux qu'il en pense quelque chose. Mais tu as comme l'impression que si tu ne le fais pas maintenant, vous ne le ferrez jamais et tu ne veux pas que la situation reste ainsi. Tu veux des mots clairs et précis, tu ne veux pas de ses idées et ses concepts et pourtant, c'est tout ce que tu es capable de dire aussi, comme si avouer tes sentiments t'arracherait à la gueule. Peut-être, à vrai dire. Ou peut-être que tu ne sais pas quoi mettre sur cette chose, sur ton cœur, sur ton âme. Tu ne sais pas parce que tu ne l'as jamais vraiment fait, parce que c'est un peu cliché, parce que ce n'est pas forcément ça ; et si tu te trompais ? Et si tu l'imaginais ? Et si ce n'était que passager ? Un cœur qui bat simplement, comme ça, vite vite vite pour une raison quelconque, une raison qui se dessine de temps en temps et qui disparaît sans trop prévenir. Et si tout ça n'était pour rien ? Juste une part d'égoïsme ? Et si tu n'étais pas tombé si fort que tu le prétends ? Et si tu n'avais pas heurté le sol si durement qu'il n'y paraît ? Tu ne sais pas, encore une fois, tu n'en sais rien et c'est bien ce qui t'effraie. Et si ce n'était que des sentiments éphémère, quelque chose pour quoi tu t'es emballé mais qui peut disparaître ; parce que ça fait peur, l'amour parce que des fois ça disparaît, parce que ça ne dure pas toujours, et toi tu voudrais que ça dure mais tu n'en sais rien, tu n'en sais fichtrement rien de cette histoire de cœur qui bat parce que le tien n'a jamais battu et tu te demandes alors si Cléanthe pourrait te dire, si Cléanthe pourrait t'expliquer, s'il serait capable de te faire comprendre ce que c'est, comme ça marche, est-ce que le sien bat fort et est-ce que le sien a déjà cessé de battre ? Et c'est là que tu comprends, peut-être, en quelque sorte, que ça marche dans les deux sens, une histoire. Et si c'était la même chose pour Cléanthe ? Et s'il ne savait pas, et s'il avait peur, et si son cœur ne battait plus comme il le prétendait, comme tu avais pu le sentir ? Et si ça s'arrêtait, et s'il se rendait compte que c'était une erreur ? Un simple égarement ? Et s'il te laissait sur le côté, comme ça, juste parce que non ce n'est plus vraiment drôle de jouer avec toi, ce n'est plus vraiment drôle de te faire courir, ce n'est plus vraiment drôle de faire courir ton cœur ; il y a toujours cette histoire de cœur qui au fond traîne dans ta mémoire, un peu, comme ça, et même si tu essayes de te persuader que ce n'est pas ça, que ça ne peut pas être ça, peut-être que tu es le seul qui se fait des idées, le seul qui veut quelque chose, le seul prêt à se jeter à l'eau parce que l'autre n'est même pas au bord de l'étang ? Tu ne sais pas et t'as le cœur qui bat, il bat fort ton cœur, si fort qu'il est prêt à tout casser, peut-être même qu'il va s'arrêter. Tu ne sais pas, tu ne sais pas. Tu ne sais pas hein ? Et il est bien là le problème ; tu ne sais pas, plus en tout cas et ça te fait mal, un peu, beaucoup, ça te fait mal et tu ne veux pas le dire, tu t'es montré bien trop faible déjà, et preuve en est ; tu t'es accroché à lui comme une âme en peine.

Il a ramené tes mains quand tu l'as lâché. Tu ne t'y attendais pas. Tu fus surpris. Il a ramené tes mains quand tu l'as lâché et tu ne savais que dire de plus, tu n'avais rien à ajouter et toi, tu le laisses faire, oui. Tu le laisses faire parce que cela signifie que son cœur ne s'est pas arrêté de battre, parce que cela signifie que son cœur est toujours là, à sa place et tu peux le sentir maintenant que ta paume se pose dessus, tu peux le deviner et tu sens les battements haché d'un cœur en peine, et tu sens les battements en vrac d'un cœur qui ressemble bien trop au tien. Et tu es venu serrer sa chemise entre tes doigts. Tu t'es accroché pour de bon, cette fois, tu ne le lâcheras pas. Non, tu ne le lâcheras pas, parce que tu ne veux pas. Alors tu froisses le tissu, fort peut-être, un peu trop mais est-ce vraiment important ? Et tu fermes les yeux, et ton front vient se poser entre ses omoplates, et tu souffles, tu soupires, tu respires, tu essayes très certainement de te calmer parce que tu ne te sens plus très bien, parce que tu as comme toute la pression qui retombe, tu as comme le cœur qui se calme, qui s'apaise et tu sais que c'est parce que tu es contre lui, tu sais que c'est parce qu'il t'a retenu ; et tu voudrais le lui monter, que tu te sens mieux avec lui, que c'est bien, en quelque sorte mais tu ne sais pas vraiment comment faire et tu ne sais même pas si tu as encore la force de parler de quoi que ce soit. Tu as vidé ton sac et tu n'en as pas plus à dire, non, loin de là à vrai dire ; c'est un peu comme si tu avais vidé ton esprit, un peu comme si tous tes problèmes avaient disparu en quelques instants. Tu te sens un peu plus léger, tu te sens un peu plus fort peut-être, aussi, d'une certaine manière et certainement que tu attends qu'il fasse de même -mais qu'il prenne tes mains dans les siennes, qu'il les pose sur son corps, n'est-ce pas déjà une grande preuve de ce que vous pouvez partager, n'est-ce pas une belle preuve de ce lien qui se resserre autour de vous ? Il y a comme ce nœud rouge, celui que tout le monde décrit mais qu'on ne voit jamais, toi tu sembles le voir ce soir. Il est là et il vous entoure, il vous serre, il vous emprisonne l'un contre l'autre comme si vous n'avez plus le droit de bouger, comme si vous n'avez plus le droit de rien faire et toi, tu abdiques. Tu es comme un roi en échec, tu te laisses tomber contre lui, un peu plus peut-être et c'est drôle mais tu te sens soulagé. Comme si quelque chose avait quitté tes épaules, comme si tu n'avais plus ce poids si lourd qui repose sur ton corps ; c'est un peu particulier, n'est-ce pas ? Un peu bizarre, certainement, mais tu ne sais trop comment l'expliquer. Tu te sens mieux. Parce que tu as parlé, certainement, parce que tu as dit ce que tu avais à dire et que tu ne peux pas allez plus loin que ça, parce que tu ne sais pas comment aller plus loin que ça.

Mais ce n'est pas à toi de parler, ce n'est pas toi qui acteur, tu n'es que spectateur et voilà qu'il te dit que lui aussi il a menti. Et soudainement, ton cœur, il se remet à battre. D'un coup. Fort. Et tu as l'impression que l'air te manque. Qu'une bulle se fait dans le fond de ta gorge. Peut-être as-tu mal compris ce qu'il venait de te dire ? Peut-être l'as-tu imaginé ? Mais non, non, l'articulation de menti se fait jusqu'à ta petite boîte crânienne et tu te demandes alors sur quoi est-ce qu'il a bien pu mentir ? Comment ça, il a menti ? Est-ce sur ce qu'il t'a dit plus tôt, est-ce sur ce qu'il t'a dit encore avant ? Est-ce que tout ça n'était qu'un mensonge, depuis le début ? Est-ce que même votre rencontre en était un ? Et peut-être que tu paniques, oui, certainement que tu paniques mais tu te rends bien vite compte que le mensonge, ce n'était pas ça non. Le mensonge, c'était ses mots prononcés un peu plus tôt, ces mots qui t'ont fait mal et voilà qu'il veut te retourner tes questions, celles que tu as posé sans réfléchir ; est-ce parce qu'il ressent la même chose que toi ? Est-ce parce qu'il est troublé par des sentiments particuliers, des sentiments qu'il ne saurait pas nommer ? Tes questions, il te les retourne, n'est-ce pas ? C'est ce qu'il te dit oui et toi, tu réfléchis, tu réfléchis peut-être un peu trop et certainement que tu te perds dans tes pensées, probablement que tu te perds dans tes pensées. Et tu n'as pas de réponses à ces questions que tu as posé -ne lui a-t-on jamais appris qu'on ne répond pas à une question par une autre ? Et tu te dis que si tu promets sans donner l'impression que tu vas tenir cette promesse, c'est parce que tu ne sais tout simplement pas le faire, parce que c'est la condition de l'homme, parce qu'il ne tient jamais ses promesses, il ne sait juste pas le faire ; il aura beau essayer, il y a aura toujours un aspect qui sera bafoué et si pourquoi toi tu promets, si tu le sais ? Parce que ça fait plaisir, parce que ça fait sourire, parce que ça rassure peut-être aussi et tu promettrais tout ce que Cléanthe te demanderait s'il le fallait, simplement parce qu'il le faut, simplement parce que c'est comme ça, simplement parce qu'il peut avoir confiance en toi si tu le fais, n'est-ce pas ? Et le reste, qu'est-ce que tu en sais, hein, qu'est-ce que tu en sais toi pourquoi ? Et lui au final, peut-être qu'il ne sait pas plus que toi, c'est ça ? Et peut-être que si, au fond, vous savez, mais vous ne voulez juste pas le dire. Parce que vous ne savez pas comment le dire réellement, parce que vous ne savez pas s'il faut le dire. Peut-être que si vous vous le disiez, ça mettrait fin à tout cela ? Peut-être que si vous vous le disiez, enfin vous vous comprendriez ? Et tu n'en es même pas certain, de cela, parce que le dire, c'est le rendre réel, et après ? Après, vous allez faire quoi ? Une fois que c'est vrai, une fois que c'est palpable ? C'est encore plus effrayant de rendre la chose vraie, d'y mettre des mots parce que si vous le faites, il n'y a plus aucun retour en arrière -comme si vous pouviez déjà le faire, retourner en arrière. Mais tu n'auras jamais le courage de le faire. Jamais le courage de le dire. Tu en as beaucoup trop fait déjà et ça t'es probablement impossible que de dire ne serait-ce que je t'apprécie ; c'est trop gênant, trop embarrassant et rien qu'à l'idée de devoir le prononcer, tu sens tes joues chauffer. Oh, non, décidément, ce n'est pas le moment de le faire ; tu ne pourrais pas et certainement que tu prendrais tes jambes à ton cou, prêt à fuir à la moindre occasion et tu espères que jamais il ne te demande de dire ce genre de choses parce que tu ne sais pas si tu pourras, tu ne sais vraiment pas si tu en seras capable -pas de suite, en tout cas, ça c'est certain.

Et tu te dis que vous devez vraiment avoir l'air bizarre, là, à vous tenir ainsi au milieu du monde, au milieu des autres comme si c'était quelque chose de normal, comme si rien ne se passait et bien sûr que tu sens des yeux rivés sur vous, ils étaient déjà rivés sur Cléanthe avant que tu ne viennes te mettre contre lui et tu n'as pas vraiment d'autres choix que de faire abstraction des interrogations ; et certainement que ce sont des amis à lui, ceux avec qui il est venu ici pour s'amuser, pour oublier, pour t'oublier peut-être ? Et qu'il est drôle de voir dans quelle situation vous êtes si c'est vraiment le cas ; n'étais-tu pas venu pour ça toi aussi, à vrai dire ? N'étais-tu pas venu supprimer son souvenir de ta mémoire ? Et c'est bien plus encore qu'il s'est passé ici et tu ne sais que dire, que faire, que penser -et tu as l'impression que depuis le début de toute manière, tu ne sais pas grand chose, tu es celui perdu, ailleurs, celui qui cède et qui fait mal mais qui est blessé aussi. C'est une jolie phrase ici qui résume un peu tout ce que vous êtes, n'est-ce pas, Cléanthe et toi ? Vous êtes de ceux qui s'aiment mais qui se blessent parce qu'ils ne savent pas comment faire. Des maladroits qui se laissent tomber mais qui finissent par s'aider à se redresser, en rigolant peut-être, en pleurant très certainement. Toi, tu as pleuré, lui aussi apparemment et tu n'as peut-être jamais autant pleuré que cette nuit-là, non, peut-être pas. Et ça fait mal, oui ça fait mal, de pleurer autant, mais que veux-tu ? Et sa voix te vient, encore une fois, elle brise le silence, elle brise le cours de tes pensées, elle raisonne drôlement dans ton cœur et il te parle des chaînes que tu as déjà et l'image t'amuse peut-être un peu et tes doigts se sont serrés plus fort sur sa chemise. Comme pour dire que tu ne le lâcheras pas, non, comme pour dire que tu ne veux pas, comme pour dire que s'il y a bien quelque chose que tu ne feras pas c'est le laisser partir à nouveau et doucement, tu viens souffler dans le creux de son oreille -bravant les centimètres qui vous séparent de la pointe de tes pieds ; « Reste avec moi Cléanthe... » et plus qu'un ordre, c'est une demande, une complainte, une requête; « Reste avec moi ce soir, encore, s'il te plaît... » et tu ne sais pas depuis quand tu as l'air si désespéré mais il semblerait bien que tu aies touché le fond, mon enfant. « Ne pars plus, ne me laisse plus... » comme il t'a laissé seul ce matin-là, n'est-ce pas ? « Ne m'abandonne plus. » et certainement que tu exagères, rien qu'un peu, mais c'est tout de même le sentiment que tu as eu quand tu as ouvert les yeux et que tu as vu qu'il n'était plus là, qu'il n'y avait plus rien et que le seul souvenir de son corps était son odeur sur les draps, son odeur sur toi et la trace brûlante de ses lèvres sur ta joue. Et t'es venu déposer un baiser sur sa nuque, comme si tu scellais une promesse, une drôle de promesse n'est-ce pas ? « Je ne te laisserai plus partir. » et s'il y a bien plus qu'une promesse, alors c'est bien plus que cela. En attendant, tu ne peux que dire que tu le promets ; tu promets de plus le laisser partir, quoi qu'il arrive et au fond, tu espères qu'il ne te laisseras plus courir non plus ; il va falloir apprendre à faire face, ensemble, très certainement
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Cléanthe J. Alevatros
Cléanthe J. Alevatros
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Ven 16 Sep - 20:41
« talk tonight until the mornin' light

ft Sidé.


Et tu as senti ses mains qui se frottaient contre ton t-shirt, et tu as senti ses doigts qui venaient le froisser, qui venaient te garder près de lui ; et tu frisonnes à la sensation de ses mains qui s’enfoncent dans le tissu et dans ta peau en même temps, et tu sens que tu ne vas pas faire long feu, et tu sens que très bientôt vous allez devoir quitter cette scène de théâtre où les yeux sont rivés sur vous et tu aperçois du coin de l’œil les filles qui n’en croient pas leur yeux et qui murmurent aux garçons la situation ; ce qui se passe, qu’est-ce qui arrive actuellement, pourquoi Cléanthe n’est toujours pas là. Et tu risques très probablement de ne pas revenir avec les mots qu’il prononce, avec sa voix qui te fait rougir et tes poils qui se dressent ; et ces mots te font chaud, très chaud ; au cœur et au corps et tu te sens rougir comme jamais alors que tu n’en reviens pas d’entendre ces mots de sa bouche, alors que tu n’en reviens pas que ce soit lui qui prononce ça. Et pourtant tu sens que derrière il y a comme une certaine déception lors de votre première nuit, tu sens qu’il y a comme une certaine torture derrière et qu’il t’en veut d’être parti comme un voleur lors de cette seule nuit que vous aviez partagé ; et tu ne peux que comprendre. Et c’est à ton tour cette fois-ci de lui prendre sa main libre que tu serres doucement avant de mêler vos doigts doucement alors que doucement encore une fois, tu les serres dans ta main comme une réponse muette à tout ce qu’il t’a demandé, comme une promesse muette que tu acceptes sans aucune réticence ; comment le pourrais-tu alors qu’il semble si fragile, alors qu’il semble avoir atteint son seuil ? Tu ne peux tout simplement pas lui dire non, pas quand c’est ce que tu veux toi aussi, pas quand c’est ce que tu désires le plus après cette soirée mouvementée, après cette soirée qui n’est décidément pas comme elle aurait dû l’être ; et tu ne sais pas si tu regrettes qu’elle soit si différente ou qu’au contraire tu n’en es que plus heureux – c’est encore une question à laquelle tu ne peux répondre. et tu frisonnes en sentant ses lèvres contre ta nuque ; et tu ne sais pas si tu frisonnes pour ce que cela signifie ou à cause du contact mais ça te fait de l’effet et tu ne peux pas t’empêcher de te retourner pour revenir pécher ses lèvres comme il le faut, pour quémander un réel baiser comme il le faut. Et pourtant tu n’as plus aucune honte – vous n’êtes plus à ça près désormais avec tout ce que votre public a déjà vu tu es presque sûr qu’ils n’en sont plus à ça près de toute façon – et puis pour un baiser de plus ou de moins tu ne vas pas chipoter. Alors tu l’embrasses avec tout ce que tu sais, tout ce que tu peux, à nouveau ; ses lèvres contre les tiennes, vos nez qui se bousculent car tu es dans l’impatience, tu es dans le besoin alors que cela ne fait même pas quelques minutes que tu les as déjà quitté, ses lèvres, mais c’est comme si tu ne pouvais pas t’en passer, c’est comme si tu en avais besoin, comme si ça t’était nécessaire de l’embrasser pour lui faire comprendre, pour que tu lui parles sans mots – et tu sais qu’il comprendra – que tu lui dis oui, oui à tout, et qu’à ton tour tu ne le laisseras plus partir, plus maintenant, c’est fini. Et pourtant au fond de toi le doute persiste – peut être que lui aussi s’enfuira comme un voleur comme Emmett, peut être que lui aussi ne te dira rien et du jour au lendemain il aura disparu ; et ça te tue. Tu ne veux pas y penser, pas tout de suite, même si tu sais que c’est devenu récurrent chez toi d’y penser – tu ne veux pas le faire maintenant, pas tout de suite, alors doucement tu poses ton front contre celui du brun, et tout aussi doucement tu lui souffles des paroles secrètes que lui-seul peut entendre ; « Allons-y. Echappons-nous d’ici, Sidé. »

Et très vite tu lui souris comme un enfant, et sûrement qu’il va deviner ce que tu as en tête, sûrement qu’il va deviner qu’à ton tour tu veux réparer certaines choses ; comme cette nuit où tu es parti juste après, comme cette nuit où tu as laissé les draps refroidir jusqu’à ce qu’il se réveille. Et tu lui prends la main pour l’emmener – tu sais où aller, tu sais déjà que ton appartement est trop loin et de toute façon tu n’as aucune envie de marcher autant jusqu’à la bas ; heureusement qu’il y a un hôtel pas loin. Bien vite tu retrouves tes amis et tu leur fais signe que tu vas aller dehors, qu’il ne te retrouve pas après de toute façon tu ne reviendras pas ; et tu vois Maria qui te demande quand même où tu vas, si tu iras en cours la prochaine fois, s’ils doivent s’inquiéter que tu partes tout seul avec un inconnu qu’ils ne connaissent pas et que tu as vraiment l’air pas bien – avec tes yeux gonflés et tes joues rouges et ton sourire faible ; et pourtant elle comprend bien que tu ne lui répondras pas, elle comprend vite que tu es déjà parti loin – si loin. Que tu vas prendre ton temps désormais – du bon temps, que tu vas rattraper un certain temps perdu et que tout ira bien dans le meilleur des mondes certainement – tu as toujours fait ta vie comme ça de toute façon alors pourquoi ça changerait, pourquoi ils devaient désormais se demandaient ce que tu fais – tu as toujours été du genre insouciant et ça ne changera pas maintenant. Et tu te retournes pour serrer un peu plus la main de Sidé dans la tienne, tu te retournes et tu lui souris à nouveau pour lui dire de te faire confiance, que tout ira bien maintenant, et que tu ne le quitteras pas – plus. Maintenant c’est terminé, ce jeu est depuis longtemps terminé et chacun de vous a déjà fait son échec et math depuis belle lurette. Rideau.

©雲




Rp terminé.
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