Belle journée en perspective, un temps pareil ça pousse forcément à sortir de ton plumard. Sauf qu'une fois dans la rue, tu rencontres un drôle de gars et ce mec là, c'est moi.

Déjà la première chose qui te choque c'est mon cache-oeil. Souvent ça vous faire sourire ou même rire, s'en suit la même remarque blessante « C'est qui ce gamin, il a passé l'âge de jouer au pirate ! ». - Je vous passe bien sûr tout autres variantes s'en approchant – Vient ensuite une analyse du regard  - c'est à ce moment là que ma taille et mon poids son estimé, pour les chanceux 1m84 et 77kg sont les bonnes réponses -  quand soudain ils finissent par contempler mon doux visage furax. A ce moment précis, la plupart d'entre-eux baissent la tête, quand d'autres préfèrent feindre l’ignorance.
Ce que vous retenez de moi ? Que je suis un type louche et peu fréquentable, avec des lubies très enfantines.

Ce que je suis réellement ? Je suis... quelqu'un de posé, de relativement calme. Bien sûr comme tout le monde, je me vexe lorsque j'entends des remarques péjoratives à mon insu. La rue étant mon domaine de prédilection, j'ai du bâtir mon corps en conséquence. J'ai donc développé ma masse musculaire modérément tout en préservant ma souplesse et mon agilité pour toutes situations d'urgences nécessitant la fuite. Sinon globalement, j'ai tout d'un blagueur et d'un charmeur, bien loin de la sévérité que peut avoir un membre de gang. Il suffit de venir discuter tranquillement avec moi, vous n'oserez plus me quitter. Vous resterez scotcher à mes plus folles aventures – légèrement modifiée afin de faire rêver l'audience évidemment -.
Toutefois attention, étant très bon observateur et passant la majorité de mon temps dans la rue, je n'hésiterais à aucun moment à divulguer à quelqu'un les informations qu'ils souhaitent contre rémunération que ce soit pour l'ordre ou pour le chaos. A vous de juger... Voulez-vous toujours rester à mes côtés ? *rire*

Greg... Quel nom pourri... Et dire je j'ai failli m'appeler Anthon. Alors là pour un début merdique on aurait vraiment fait difficilement pire ! Mais bon... Greg, c'est mauvais, mais ça reste encore acceptable donc on fera avec ce prénom là et de toute ce n'est pas comme si j'avais vraiment le choix. Je suis né pendant les études de mes parents, c'est à dire trop tôt dans un couple trop jeune. Ce problème là, je ne suis pas rare à y être confronté chaque année, mais mon dieu quelle plaie. Par chance, si on peut appeler ça ainsi... mes deux parents s'aimaient assez pour que la vie de famille ne vire pas au drame. Comme quoi, il existait encore à l'époque des personnes capable de s'aimer en dehors des relations charnelles. Cependant, il a fallu que j'en soit contaminé... Pourquoi ne suis-je pas capable d'enchaîner les plans culs ? Pourquoi dois-je me sentir si mal à l'aise au moment d'aller plus loin avec une fille lambda ? Et merde...

Bref je divague et on en perds le fil de l'histoire. Pour en revenir à nos moutons, je m'appelle Greg et je suis né dans un couple d'étudiant situé en plein cœur de Reading.

Vivre dans un couple si jeune, ça à forcément ses désavantages. Pour commencer, il y a le côté financier. Je suis une bouche de plus à nourrir et ce n'est pas leurs jobs étudiants qui m'ont permis de vivre comme un gosse de riche. Loin de là ! Économies par-ci, économies par là. Tout était compté et aucune dépense superflue ne pouvait voir le jour. Et quand je pensais enfin que tout allait changer, parce qu'ils avaient tout deux fini leurs études et trouvé un travail, une nouvelle boucle recommença. Il fallait rembourser les prêts étudiants, s'en suit les voitures, puis la maison... Tout un tas de chose qui ne me laissa guère l'occasion de faire quelques caprices.

Forcément, cette absence budgétaire eu un effet sur moi. Qui dit manque d'argent, évoque forcément la suppression des loisirs. De ce fait, j'étais le gamin le plus largué de l'école. Quand tous s'amusaient avec leurs jouets, moi je ne pouvais que les regarder. Et je peux vous dire, que c'est putain de frustrant.

BREF, encore une fois je m'énerve, je m'énerve et l'histoire n'avance plus ! Du coup je vais peut-être aller à l'essentiel. Sinon je risque encore d'oublier ce que j'ai à vous dire. - Le premier qui prononce le mot « vieux » je vous jure je lui coupe la tête ! -

Donc, grandissant encore et encore, j'ai fini par atteindre mes 12 ans. C'est maintenant que vous allez connaître la raison de mon cache-oeil. - « AH BAH ENFIN ! » êtes-vous sûrement en train de vous dire. - En fait, c'est tout simple, une petite querelle entre écoliers éclata et je faisais partit des bagarreurs si présent. Sauf que dans l'histoire, je me suis mangé un mauvais coup au coin de l’œil. - Et PAF ça fait des chocapics ! Enfin... Ça m'a fait perdre la vision de l’œil droit et une partie de l'oeil gauche... Oui ce mec était un ogre et il n'y est pas allé de main morte. - Pour me rassurer mon père m'a fait une longue tirade disant qu'une blessure telle que celle-ci est souvent prisée par les filles et qu'en plus de ça le style de pirate me vas bien. Moi de ce que j'en retiens, c'est qu'aujourd'hui je passe pour un idiot et que je ne vois plus rien. J'ai bien une paire de lunette pour améliorer ma vision de mon œil encore valide, mais... C'est tellement ringard, que vous me verrez très peu souvent les porter. D'un autre côté elles sont très souvent abîmée. Bah quoi ? Je ne les utilise que pour taguer les murs, du coup ce n'est pas simple de fuir et de les garder sur le bout de mon nez pardi !

« WAIT... T'es limite aveugle, mais bon observateur ? Arrêtes de te payer ma tête.» Avec le temps, on fini par trouver des astuces et de nouveaux repères, mais si tu ne me crois toujours pas, tentes ta chance et on verra bien qui aura sa vie privée dévoilée.

« Mouais j'en suis pas convaincu... En tout cas, ça a pas du être simple de poursuivre l'école ! » M'en parle pas. J'ai tenu jusqu'à mes 17 ans, mais j'ai fini par tout abandonner. Quand tu ne vois pas plus loin que le bout de ton nez et que tu ne fais qu'être lyncher par de simples ignorants... Tu n'as plus le cœur à suivre une formation. Et puis quoi ? J'ai pas à me justifier, je suis loin d'être un fragile ou une victime, fais gaffe à tes mots !

« HEY, mais j'ai rien dit ! » Non, mais je t'ai vu venir... Quoi qu'il en soit, j'ai eu soudainement du temps libre, cependant j'avais pas tellement d'économie et donc au début, cela se résumait à me promener et errer sans but la journée et à me faire réprimander par mes parents le soir. Puis un jour alors que je dessinais à la craie sur un mur – un dessin d'enfant – un groupe m'a rejoint se vantant alors d'être de vrais artistes. Ils avaient certes du matériel plus évolué, il n'en faisait pas pour autant de plus belles œuvres. Cependant, s'est en les suivant que j'ai fini par obtenir à mon tour de quoi peintre les murs de mon talent. Bien évidemment, c'est lorsque l'on essaye pour la première fois, que l'on se rend compte que l'on est mauvais. Mais pas « mauvais » à chier bordel. J'en avais mit plein partout sur mes vêtements, quand au mur ? Tout avait fini par couler. Les formes étaient impossible à déchiffrer. Si bien qu'on me surnomma « el picasso ».

« Oh et du coup, en cours on se moque de toi et tu arrêtes et là, tu vas me dire que t'es resté courageux ? » Et bah ouais mon gars !! En vrai oui et non. J'ai arrêté de les fréquenté. Néanmoins, dessiner est pour moi, un moyen de me libérer l'esprit c'est pourquoi, c'est naturellement que j'ai continuer mes petits graffitis. Petit à petit, passant mes journées à dessiner, j'ai fini par m'améliorer, tout simplement. Je n'avais à ce moment là aucune ambition. Puis en regardant la télévision, j'ai fini par tomber sur un reportage qui parlait des street artist et en voyant la beauté de certaines créations, j'ai fini par tomber sous le charme. Comme... comme un enfant face à un rêve.
Et c'est à ce moment là que j'ai commencé à devenir beaucoup plus sérieux dans mes dessins, cependant, j'avais besoin d'argent pour vivre, et dans une ville comme la mienne, il n'y avait pas beaucoup de demandes. Alors à mes 20 ans, j'abandonna le foyer familial pour prendre un pari et me dirigea vers la capitale. Là-bas, il y aurait plus d'espace pour s'exprimer et beaucoup plus de clients potentiels.

« Mais du coup, comment tu as réussi à te nourrir et à te loger ? » Très simple, j'ai prétexté à mes parents vouloir intégré une université. Je m'y suis donc inscrit et ils m'ont ainsi financé mon appartement. Au bout d'un an, après leur avoir raconté avoir échoué et ne pas vouloir recommencer, j'ai fini par rompre contact avec ma famille. Depuis j'essaye de survivre grâce à ma passion et parfois grâce à des boulots sans intérêts, même si ceux-ci se font de plus en plus rare.

Donc on en était où ? Rha voilà j'ai oublié !! De toute façon, si tu veux savoir la suite, tu n'as qu'à revenir me voir la nuit pendant que j'expose mon art au monde entier. Oh et petite note pour les préjugés, si je tiens debout c'est que c'est une affaire rentable, en tout cas bien plus qu'on ne le crois.  Alors ne t'avise pas de me prendre pour un moins que rien. Je te mets au défi de faire mieux.

Plus d'infos :
Si Greg a arrêté l'école, ce n'est pas exclusivement dû à son isolement social et à ses multiples bagarres provoquant au final son handicap. Certes cela fut en grande partie un vecteur du choix final, mais une autre version existe même s'il n'en a pas réellement conscience.
Greg pense qu'il doit son échec scolaire au manque de présence et de soutien de ses parents pendant son enfance. Sans les études, ses parents auraient été au près de lui, ainsi, il aurait probablement mieux réussi...