Diamonds are a girl's best friend
1m60 ✾ Peau très pâle ✾ Cheveux longs, jusqu'aux fesses ✾ Naturellement brune ✾ Yeux bleu clair ✾ Visage très poupin, malgré ses 28 ans ✾ Le maquillage y est pour beaucoup, mais pas totalement ✾ Fait teindre le dessous de sa chevelure en rose depuis peu ✾ Gracieuse dans ses mouvements ✾ Revêt un style gothique très souvent ✾ A deux piercings discrets à l'oreille ✾ Aime les rubans dans les cheveux longs ✾ Discrètement musclée ✾ Mince ✾ A conscience de ses atouts physique… Qu'elle cache jalousement
Je souffle le chaud et le froid, selon si je vous aime ou pas.
Je suis rigide, trop sérieuse au goût de certains, coincée même.
Ils disent que je tiens de ma mère. Je déteste entendre ça, que je lui ressemble mentalement. Mais s'ils savaient... S'ils savaient ce qui se cachait derrière le monstre d'acharnement, d'échecs qui le rendent plus fort, monstre de travail. Quand il s'agit de la danse ou de la comédie, de mon métier en lui-même, je suis intransigeante : pas de tolérance ni de pitié pour les faux pas et les faux plis, tout doit être carré. Cela ne m'empêche nullement de sourire à mes élèves, bien au contraire mais j'attends d'eux le meilleur, comme je peux leur offrir tout ce que j'ai à leur apprendre.
Et ce petit côté snob que je n'arrive pas à effacer ne doit probablement pas aider les gens à m'approcher ou s'ôter l'idée que je suis une petite poupée de porcelaine hautaine. Est-ce que c'est ma faute si je suis née dans la petite bourgeoisie parisienne, hein ? En plus de ça, je suis de mauvaise foi et hypocrite, que demande le peuple ?
Donc, revenons à nos moutons : derrière le monstre de... Je ne vous la refais pas entièrement, c'est long et j'ai la flemme. Moi aussi je suis sensible, peut-être trop puisque je résiste difficilement au stress, qui a bien souvent raison de moi. Je ne peux pas regarder Bambi sans pleurer, certaines musiques me coupent le souffle et m'arrachent des larmes et beaucoup de choses déchirent mon petit coeur tout mou. Oui, moi aussi je suis sensible malgré mon air de snobinarde pince-sans-rire.
Même si j'ai bien évolué depuis que je suis petite, moi qui voulais devenir comme Satine dans Moulin Rouge!, qui imaginais mon prince charmant tous les soirs quand j'allais me coucher, éreintée, je reste toujours très rêveuse et imaginative. Un rien dans mon environnement m'inspire : le rire d'une personne, un son ou une simple couleur. Je vis avec passion et ma passion vit avec moi.
Malgré mon côté excentrique, qui me vient de mes années dévergondées dans le monde de la nuit et que j'ai toujours affectionné puisqu'il enrageait ma mère et faisait se retourner la foule sur mes pas, j'aime rester dans mon coin, au calme. Rencontrer des gens ne me dérange pas plus que ça, mais la solitude ne m'effraie pas du tout, loin de là. Je m'y ressource, je m'y débarrasse de mes tracas.
Puis l'on apprend à me connaître, lorsqu'on arrive enfin à passer la barrière de la petite péteuse que je parais être. On remarque enfin que je suis bien moins coincée qu'il y paraît, que j'ai un passé qui m'a rendue un rien rebelle autant que gâtée envers la plupart des gens. J'offre rarement des cadeaux, je suis un peu capricieuse - réellement, seulement un peu - et je réponds à tout ce qu'on me dit. Susceptible, moi ? Eh bien oui, tout à fait. Mais ça ne m'empêche pas d'être gentille, si on ne m'offense pas.
Je ris, je pleure, je m’extasie et je commère avec mes amis. Je ris beaucoup d'ailleurs, discrètement, brièvement mais c'est assez souvent tout de même. Je juge rapidement aussi, mais je n'irais pas me moquer des différences des autres : on pourrait tout aussi bien me dire que je suis une naine et que j'ai un look bizarre. Bon d'accord, c'est pas le même niveau que d'autres mais passons. Et je suis très peu tactile. Pas parce que les gens me dégoûtent, je n'ai juste pas l'habitude et les personnes qui le sont me gênent un peu avec leurs éclats, leurs embrassades et leurs baisers. Ou peut-être suis-je simplement jalouse de les voir heureux, d'avoir des gens avec qui se comporter ainsi ? Peut-être, je n'en sais rien.
Tout ce que je sais, c'est que je suis comparée bien souvent à raison à une poupée de porcelaine : hautaine, froide dans l'apparence et fragile si on la laisse tomber, mais je ne dirais rien si on me laisse prendre la poussière dans un coin.
One day I'll fly away
Un jour, ma mère a dit "tu seras une artiste, ma fille !", de son air rigide et snobinard. Mais ça, c'était bien après ma naissance. Revenons donc au commencement.
Je suis née en avril, le huit pour être précise. Et pour encore plus de précision, je suis née à 14h30 tout pile. Il faisait beau ce jour là, mais encore froid, selon ma grand-mère. C'est elle aussi qui m'a dit que dès que ma mère a accouché et que mon père a coupé mon cordon ombilical sans tomber dans les vapes - même si ça a failli, - elle était déjà en train de parler avec son agent de l'époque, se fichant bien de savoir si je pleurais ou si j'étais en vie. Parce que ma mère était une grande chanteuse lyrique, il fut un temps, après avoir été danseuse dans sa jeunesse bien tassée. Ca n'a apparemment pas plu à mon père, ni à ma grand-mère d'ailleurs, mais celui-ci n'a rien dit, comme toujours. Je me souviens de lui comme d'un personnage très lâche, même s'il était très gentil.
Quand j'ai eu quatre ans, ma mère mit en marche son plan machiavélique, celui de faire de moi la même petite star qu'elle. J'ai donc commencé la danse classique et la gymnastique. Pour avoir assez de temps pour ça, je ne suis pas allée en petite section : je devais me concentrer là-dessus. Bien sûr, je n'avais pas mon mot à dire, j'étais trop petite et mon père non plus. Lui n'était pas trop petit mais juste trop couard pour oser élever la voix contre cette grand dame qu'était Yseult Delacroix.
Puis on m'a annoncé, un jour de ma sixième année, que mon père venait de décéder d'une attaque du coeur. Les raisons de sa mort ne m'importaient que peu, je savais juste que je venais de perdre mon si gentil papa, celui qui m'aurait offert le Soleil, encore plus que la Lune, si je le lui avais demandé. C'est lui qui a apporté un peu de douceur dans ma mince vie, du plus loin que je me souvienne, quand ma mère n'était que rigidité et sévérité. À son enterrement, je n'ai pas pleuré une seule larme : elles s'étaient asséchées avant cette cérémonie, quand j'ai réalisé que je ne le verrais plus jamais.
Puis ma mère m'a annoncé de but en blanc que je serais une artiste, comme elle. J'étais heureuse qu'elle me donne du crédit, qu'elle me montre un peu d'attention même, à ce moment-là, mais maintenant que j'y repense, ça me fait doucement sourire : ç'a été un des rares moments mère-fille que l'on ait pu avoir, elle et moi. Je n'ai pas eu une scolarité normale, déjà que c'était mal parti. Yseult a engagé un précepteur pour moi, pour qu'il me fasse l'école à la maison, dans notre petit hôtel particulier de la banlieue parisienne et à côté j'ai eu de nouvelles leçons d'art, entre la danse et la gymnastique : j'ai commencé le piano et le chant. Voilà mon quotidien pendant près de dix ans.
Mais moi je rêvais d'autre chose, de tout aussi artistique mais qui avait une autre essence : je voulais être comédienne. Au diable la danse, au diable la musique, moi je voulais monter sur les planches et déclamer du Shakespeare ou du Marivaux. Alors à seize ans, j'ai demandé à ma mère si je pouvais entrer dans une école de théâtre et... Elle a refusé. Pour Yseult Delacroix, ce n'était pas assez grandiose, le théâtre, ce n'était pas assez bien pour sa fille et ç'a été le premier pas vers notre séparation. J'ai fugué chez ma grand-mère pendant une semaine et ça n'a même pas eu l'air de déranger ma mère. Je me suis alors dit que si je sortais de sa vie, elle ne s'en rendrait probablement pas compte. J'ai donc décidé de déménager chez ma grand-mère, ma mère me disant que je n'aurais plus autant de poids, que je n'aurais plus tout ce que je voulais et surtout que les cours particuliers que j'avais depuis mes six ans me seraient désormais inaccessibles. Je me suis contentée de hausser les épaules en silence avant de sortir de la demeure avec ma grosse valise.
Après ça, je suis retournée tout de même plusieurs fois chez moi, chez ma mère et puis je me suis inscrite au Conservatoire national d'Art dramatique de Paris. Pour ne pas accabler ma grand-mère avec les frais de l'école, j'ai décidé de travailler à côté, dans ce qui me tombait sous la main. Dans la foulée, j'ai eu dix-sept ans et j'ai travaillé dans une SPA, d'où je suis rapidement sortie à cause d'un chat fou qui m'a effrayé au possible. Depuis, j'en ai peur haha... Puis j'ai fini dans un MacDonalds, jusqu'à avoir mes dix-huit ans. J'avais une idée depuis quelques mois mais tant que je n'étais pas majeure, je ne pouvais rien en faire.
À ma majorité, je suis entrée dans le monde de la nuit : avec mes années de danse, mes courbes avantageuses malgré ma taille tronquée à cause des pratiques sportives dès mon enfance et mon joli minois, j'ai réussi à décrocher un job de gogo danceuse. Qui a fini par se transformer en strip-teaseuse. Je ne suis pas forcément fière de ces années-là mais elles m'ont tout de même forgée. J'ai réussi à combiner études et travail de nuit au prix de mon sommeil et ma santé parfois, mais j'y suis arrivée.
Mais mon rêve de devenir comédienne n'était pas près de se réaliser. Malgré mon diplôme en art dramatique, je n'ai pas réussi à trouver grand chose. Ce qui prévalait dans mon CV, c'était la danse alors j'ai réussi à trouver quelque chose dans un cabaret. C'était moins vulgaire que le strip-tease, plus valorisant aussi puisque c'était la beauté du spectacle. Mais je dansais seule, moi. Je dansais sans personne parce que j'étais petite et que les autres danseuses du cabaret étaient toutes de grandes gigues. Mais ça ne m'a pas dérangé : je créais mes numéros en accord avec le metteur en scène et le chorégraphe et ces deux personnes m'ont beaucoup appris. Même au contact des hommes qui s'occupaient des lumières et du son, j'ai appris, sans cesse.
Puis un jour, j'ai revu ma mère, après des mois de silence. Elle était en compagnie d'un homme, dans le cabaret. Quand nos regards se sont croisés, j'ai su de suite que ça allait mal se terminer. Quand le spectacle s'est fini, la furie Delacroix s'est rendue en loge et est venue m'insulter de bonne à rien, de ratée et toutes ces jolies appellations qui montraient à quel point ma mère m'aimait. Quant à moi, je me ne suis pas laissée faire, évidemment. Je lui ai balancé ses quatre vérités, sous les yeux médusés de l'équipe du spectacle. Moi qui avais toujours été calme et compréhensive, je m'étais transformée en folle irascible en deux secondes. Ma mère n'en est pas revenue, de m'entendre dire que c'était une vieille conne coincée et qu'elle pouvait aller se faire ramoner la cheminée par son nouveau Jules. Et elle m'a giflée, normal. J'avais vingt-quatre ans, à ce moment-là et je me suis dit qu'elle n'avait peut-être pas tout à fait tort. J'avais raté le coche, je ne faisais pas ce que j'aimais et surtout, je n'étais pas là où je devais être : sur des planches. Mais je me suis dit aussi que j'étais encore jeune et que j'avais du temps devant moi, je pourrais toujours passer des auditions çà et là. J'ai donc décidé de faire quelque chose mêlant ma passion et l'utilité, l'enseignement est donc devenu une évidence pour moi.
Puisque j'avais envie de m'éloigner de ma chère maman, qui m'avait bien fait comprendre qu'elle ne voulait plus voir une ratée et que Londres m'avait toujours attirée, pour son standing et tout le côté British que cela représentait. Grâce à mes économies et l'aide de ma grand-mère, j'ai trouvé un petit studio qui avait l'air confortable et je suis partie un mois après avoir démissionné du cabaret.
J'avais entendu parler de la Millenium University, déjà en France et la réponse fut claire et nette, rapide aussi : j'étais pour l'instant trop jeune et même si j'avais un bon bagage, je n'avais aucune technique d'enseignement. Evidemment, ça m'a un peu miné le moral mais je n'ai pas abandonné pour autant. C'était une université connue, d'excellence même et je
voulaisy devenir professeur. J'ai donc pris des cours, une sorte de remise à niveau pour l'enseignement, pendant un an. Les deux années suivantes, j'ai enchaîné les auditions infructueuses et un job d'ouvreuse dans un théâtre londonien. Ma fierté en prenait un coup d'être dans l'obscurité plutôt que sous le feu des projecteurs mais j'étais tout de même heureuse de pouvoir échanger avec le personnel et de changer d'air, bien plus sain que celui de mon enfance.
Deux ans plus tard, l'année de mes vingt-sept ans, je suis revenue en force vers la doyenne de l'université, plus motivée que jamais, dans un de mes accoutrements un peu étranges que j'avais adopté depuis que je m'étais rebellée contre ma mère et deux semaines plus tard, courant juillet, j'ai reçu une réponse positive. À la prochaine rentrée, je devenais professeur de théâtre à la Millenium University. Ce n'était pas la célébrité, mais j'avais au moins réussi à trouver un travail décent et surtout m'éloigner de l'influence de ma mère. Je n'avais pas eu besoin d'elle pour réussir, juste du soutien de ma grand-mère et de ma propre persévérance.
Cela fait plus d'un an que je travaille là-bas et je ne regrette pas ce choix du tout. J'y prends même goût. Peut-être que j'étais destinée à devenir professeur plutôt que grande comédienne, mais je ne lâche pas prise : un jour, je monterais sur scène pour des grands rôles et je ferais un magnifique doigt d'honneur à cette chère Yseult Delacroix. Un jour, mon prince viendra aussi. Parce que je l'attends encore, je n'ai pas eu le temps de me consacrer à ça...