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[Terminé] Quand le lapin blanc se retourne dans sa tombe [PV Cecil H. North]

Logan Hamilton
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Jeu 2 Fév - 12:28
Avant de devenir professeur, tu t’étais bêtement imaginé que chaque parent était aussi dévoué à ses enfants que ta mère l’a toujours été pour toi. Maintenant que tu les vois défiler matin, midi et soir pour déposer ou reprendre leur progéniture, tu réalises ta naïveté. Tu es confronté au meilleur comme au pire.

Le pire étant pour l’instant le père d’Isabella North, la petite fille de sept ans à peine qui est assise en face de toi, en train de dessiner tranquillement. Tu la connais parce qu’elle est dans ta classe – ta première classe en tant qu’enseignant, ta fierté. Malheureusement, tu la connais aussi et surtout car, depuis que tu es en charge de la garderie, tous les soirs elle est la dernière à attendre qu’on vienne la chercher après l’heure de fermeture. En général, tu t’appliques à la distraire, mais il arrive qu’elle ait à s’occuper seule quand tu as beaucoup de devoirs à corriger. Le temps pourtant doit lui paraître long, surtout lorsque son père s’amuse à battre son record personnel… un peu comme ce soir.

Ta montre t’indique qu’il est déjà dix-neuf heures, il a une heure de retard. Ton expression s’assombrit un peu plus. Apparemment, tes reproches et mises en garde journaliers n’y font rien. Tu ne peux pas abandonner cette enfant devant la grille de l’école, ce serait immoral. L’idée ne te vient même pas à l’esprit. Cet homme ne réalise-t-il donc pas les conséquences qu’a son irresponsabilité sur sa fille ?

-Monsieur Logan, vous êtes en colère ?

Tu relèves la tête, tiré de tes pensées, et souris à la petite tête brune qui te scrute avec inquiétude.

-Ne t’inquiète pas.

-C’est à cause de mon papa ?

Sa perspicacité te désarçonne. Tu as pour principe de toujours dire la vérité aux enfants, selon toi, ils ont toutes les clefs pour comprendre la manière dont tourne le monde, il suffit de le leur expliquer avec justesse. C’est une erreur de leur mentir ou de les garder dans l’ignorance.

-Je suis en colère contre ton papa parce qu’il oublie de venir te chercher, oui, tu lui réponds d’une voix douce.

-C’est pas sa faute ! Papa travaille dur alors quand il est à la maison il tombe endormi.

Tu hoches la tête mais pareilles excuses ne te convainquent pas. Le père semble plus tête en l’air que bosseur mais il est normal pour un enfant de justifier et d’excuser les erreurs de son parent ; ils ont un cœur si grand. Tu retiens un soupir, changes de sujet.

-Il est déjà dix-neuf heures, tu dois avoir faim. J’ai normalement des biscuits dans mon sac.

Tu fouilles dans ledit sac, après quelques secondes de recherches, tu lui tends une gaufre au sucre.

-Tiens, je te l’offre.

-Et vous, vous ne mangez pas ?

-Je n’ai pas faim.

La petite te remercie et tu lui ébouriffes les cheveux. Tu t’apprêtes à retourner à tes corrections lorsque la porte s’ouvre.
Cecil H. North
Cecil H. North
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Mer 8 Fév - 22:08

▬ Ouais Cecil, tu peux faire une dernière livraison ? J’ai plus personne pour livrer à part toi.

Est-ce que tu pouvais ne serais que songer à dire non ? Est-ce que tu pouvais sérieusement penser pouvoir refuser une demande de ton patron quand bien même tu sais qu’il ne renouvellera pas ton contrat ? Bien sûr que non. Tu ne peux pas te permettre de refuser de l’argent en plus. Cet argent c’est ce que vous nourrit, ta fille et toi, et si tu commences à faire des manières sur des heures supplémentaires tu sais très bien que ton contrat, il sera terminé avant la date prévue, et ça non plus tu ne peux pas te le permettre.

18 heure. Tu devrais être à l’école pour récupérer Isabella. En plus de ça tu lui avais promis que vous vous feriez une soirée rien que tous les deux devant la télé. Mais t’as même pas eu le temps de faire des courses et en plus de ça, t’as pas terminé ton boulot. Tu pars pour ta dernière livraison et sur le chemin tu ne peux t’empêcher de pester sur ton patron qui sait pertinemment ce que tu vies avec ta fille. Tu presses un peu plus ton pied sur l’accélérateur tout en gardant un œil sur l’horloge de la voiture qui ne semble pas avoir envie de s’arrêter. A ça, si le temps pouvait s’arrêter jusqu’à ce que tu puisses aller chercher ta fille, ce serait super, mais non, c’est pas possible.
Un soupire s’échappe de tes lèvres et tu ne peux t’empêcher de râler dès que la circulation ralentie. Difficile de garder son sang-froid, quand on est tendu comme tu peux l’être en ce moment, et fatigué aussi.

Il est 18h30 quand tu termines enfin la livraison. Si tu avais pu tu serais allé chercher Izzy à l’école avec la camionnette du boulot, mais ton patron ne voulait pas que vous vous serviez des véhicules du travail pour des raisons personnelles. A cause de ça, tu savais que tu ne pourrais pas être à l’école avant 19 heure et tu n’arrêtais pas de surveiller ton téléphone pour t’assurer que tu n’avais pas d’appel de l’école justement pour te rappeler que tu devais aller chercher ta fille.

Une fois la camionnette rendue, l’argent empoché pour la journée et ta tenue de travaille remise au vestiaire, tu te dépêches pour prendre la route sur ta moto pour te rendre le plus vite possible à l’école. Comme tu le pensais, tu n’arrives pas avant 19 heure mais tu es rassuré quand tu vois la lumière de la garderie encore allumée. Tu te presses, les deux casques dans une mains, et une fois devant la porte tu entres même sans frapper.

▬ Papaaaaa !
▬ Ma chérie !

Ta fille repose son biscuit pour courir dans tes bras, et toi tu t’accroupis pour l’accueillir en souriant, malgré ta fatigue apparente sur ton visage.

▬ Je suis désolé mon ange, il est tard.
▬ C’est pas grave papa ! Le maître il m’a donné des gâteaux pour t’attendre ! Tu en veux un ?
▬ C’est gentil ça, mais c’est à toi qu’il les a donnés, pas à moi. Tu as dit merci, hein ?
▬ Mais ouiiiii !
▬ C’est bien alors. Tu ranges tes affaires ? On va aller chercher quelque chose à manger avant de rentrer…
▬ D’accord !

Tu la laisses repartir à sa table pour rassembler ses affaires et tu te redresses en soupirant un peu. Ton dos te fait tellement mal, et si seulement ce n’était que ça, tu as l’impression de ne pas avoir dormi depuis trois jours. Ton regard se pose sur le professeur de ta fille, et tu sais très bien ce qu’il t’attend. L’homme a beau être plus jeune que toi d’une bonne dizaine d’année certainement, il ne se gêne pas pour te dire ce qu’il pense de toi. Ça ne serait pas la première fois qu’il râle contre ton retard, et à chaque fois c’est la même chose, tu t’excuses, sans donner de raison à ton retard tout simplement parce que tu ne veux pas être plaint. Et ça sera pareil aujourd’hui.

▬ Je suis désolé monsieur Hamilton. J’ai fait au plus vite. Est-ce que… Est-ce que je peux vous donner un peu d’argent en plus pour l’heure en plus ?

Tu ne sais pas si cela sera suffisant pour combler tout ce qu’il te reproche, mais tu ne peux pas faire vraiment mieux. Tu n’as pas non plus envie de trainer, tu souhaites juste rentrer, faire manger Iz
zy, et te reposer.

▬ Merci d’être resté avec elle en tout cas, c’est pas tous les professeurs qui le feraient…
Logan Hamilton
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Ven 10 Fév - 17:58
Avant même d’avoir relevé la tête, tu entends la petite s’exclamer de joie. Tu la regardes courir vers son père et le serrer dans ses bras, heureuse de le voir car elle sait qu’ils s’apprêtent à rentrer chez eux.

Tu ne parviens pas à partager leur bonne humeur. Tu t’efforces d’afficher un visage neutre en présence d’Isabella mais tu as deux, trois mots à dire à son papa chéri… comme lui rappeler l’heure qu’il est, entre autres choses. Naturellement, si l’homme passe si tard à la garderie c’est qu’il n’a pas non plus eu le temps de préparer un repas décent.

La fillette revient dans ta direction et s’applique à ranger ses affaires. Tu l’observes, débordante d’un bonheur pur, si précieux, dont seuls les enfants semblent capables. Eux possèdent l’émerveillement et l’ingénuité qui lui est associée. Ils ne se doutent pas instant qu’il puisse être éphémère et qu’ils ont tout à perdre.

Comme tu aimerais les préserver de la réalité, de ces ans qui passent et fanent les cœurs.

Ton regard se pose lentement sur l’homme qui attend à l’entrée, tenant deux casques de moto. Tu détestes l’idée que cet irresponsable mette sa fille en danger lors de chacune de leurs sorties. Si tu devais dresser la liste des reproches que tu as à lui faire, tu n’en finirais plus. Tu tentes pourtant de lui en donner un aperçu lors de chacune de vos entrevues.

Tu te lèves de ta chaise et te diriges vers lui. Dès l’instant où Isabella ne peut plus voir ton expression, elle se fait accusatrice, tout comme le ton que tu emploies :

-Vous savez qu’il est passé dix-neuf heures ? Je n’ai pas besoin de vous rappeler que la garderie ferme à dix-huit heures pile. Je n’essaye même plus de vous joindre, vous ne répondez jamais au téléphone ! Je vous conseillerais vivement de transmettre à l’école un autre numéro à contacter en cas d’urgence.

Une fois encore, l’homme s’excuse sans pour autant se justifier. Il ne prend même pas la peine de recourir à de quelconques prétextes. Il lui en faudrait un paquet pour expliquer ses retards quotidiens, il doit en avoir conscience… ou, dans sa négligence, être trop fainéant pour essayer même de réfléchir.

Voilà qu’il te propose de l’argent, c’est nouveau ! Son culot t’exaspère et ta colère monte d’un cran.

-Ce n’est pas une question d’argent, l’heure, c’est l’heure. Gardez-le plutôt pour votre fille.

Il a une enfant merveilleuse, brillante et pleine de vie qui l’admire et l’aime plus que tout, s’en rend-il seulement compte ? Quand il rentre si tard, tu as de quoi te poser des questions. Tu perçois pourtant de la sincérité dans ses remerciements. Est-ce suffisant pour le pardonner ? Certainement pas.

-Je suis peut-être trop gentil. Si j’arrêtais de le faire, vous seriez bien obligé de venir la chercher à l’heure.

Tes sourcils se froncent d’eux-mêmes quand tu t’adresses au parent, trahissant ta contrariété. Tu jettes un regard dans ton dos. Tu n’as pas envie d’en dire trop devant Isabella.

-Suivez-moi dans le couloir. Et fermez la porte derrière vous.

Tu sors de la classe et avances un peu plus loin, histoire d’être sûr qu’une oreille curieuse ne se colle pas à la porte du local que vous venez de quitter. Quand tu t’arrêtes, il te faut plusieurs secondes avant de te retourner. Tu inspires profondément, ce qui surélève ta poitrine, te grandit durant un instant. Tu essayes de calmer cette colère tapie au fond de ton être qui attend de se déverser tel un magma qui jamais ne dort.

Finalement tu fais face au père, bras croisés, tu le prends de haut dans la limite du possible étant donné votre écart de taille qui n’est pas en ta faveur. Tu voudrais l’attraper par le col pour l’abaisser à ta hauteur, histoire que vous vous parliez d’égal à égal en vous regardant dans le blanc des yeux.

-Monsieur North, je suis las de me répéter. Puisque vous ne semblez pas comprendre, je vais être obligé d’en référer ma direction. Vous recevez une lettre dans les prochains jours et serez convoqué pour un entretien privé. Si des suites de ce dernier votre capacité à vous occuper correctement de votre fille est remise en doute, une instance supérieure s’intéressera de plus près à votre cas. Ce sera à elle de juger s’il est bon ou non de vous laisser la garde d'Isabella.

Tu souffles après cette longue tirade que tu viens de déballer d’une traite et passes une main sur ton visage qui ne laisse rien transparaître. C’est mieux ainsi, que tu ne t'énerves pas, que d'autres plus qualifiés que toi s'occupent de cette affaire.
Cecil H. North
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Jeu 16 Mar - 20:36

Tu as beau être fatigué, tu as beau être exténué, le sourire de ta fille fera toujours disparaitre tout signe d’une quelconque lassitude de la vie qui pourrait apparaitre sur ton visage, jour après jour. C’est ton rayon de soleil, ta dose de bonheur personnelle. Elle ne fait rien d’extravagant, tout ce qu’une enfant peut faire à son âge, mais pour toi c’est amplement suffisant pour te faire reprendre des forces et te permettre de réussir à te tenir droit, quand bien même ce qui pèse sur tes épaules est bien trop lourd pour un homme comme toi.
Elle s’éloigne de toi et tu la couves du regard avant de capter dans ton champ de vision le professeur d’Isabella, qui s’approche de toi. Rapidement tu reportes ton attention sur lui, mais rapidement tu déchantes. Tu savais qu’il allait râler. Il râle toujours. Mais tu comprends, toi aussi ça te ferait certainement chier de rester jusqu’à pas d’heure au boulot alors que tu devrais être rentré chez toi depuis plus d’une heure. Oh mais attendez… C’est exactement ce que tu as vécu aujourd’hui, non ? Alors forcément tu ne pouvais que comprendre. Mais il prend tellement ses grands airs avec toi que ça t’enlève toute envie de te justifier. Après tout, est ce qu’il te croirait ?

▬ Je n’ai pas d’autres numéros à vous donner, en fait. J’ai pas trente-six mille téléphones.

Tu joues la carte de l’ironie, même si t’es plutôt mauvais à ce jeu-là, mais c’est certainement plus la fatigue qui parle et pas la raison. Si tu n’avais pas été épuisé et juste pressé de rentrer chez toi, tu n’aurais pas relevé les remarques de l’homme et aurait laissé couler, comme tu avais l’habitude de le faire. Les prises de tête, très peu pour toi.

Enfin bon, tu essayes de calmer le jeu en lui proposant un peu d’argent pour combler son temps perdu, mais ce n’est visiblement pas le meilleur moyen pour faire descendre la tension entre vous, ça semble même l’énerver d’autant plus. Il te dit être trop gentil, et tu ne peux t’empêcher de penser que pour le coup, tu le trouves pas vraiment gentil. Enfin tu évites de le lancer sur ce sujet, parce que c’est vrai que s’il ne restait pas aussi tard avec Izzy, tu serais bien embêté pour venir la chercher à l’heure, vu l’intransigeance de ton patron du moment.

Il te demande de le suivre à l’extérieur de la salle, et tu pousses un léger soupire avant de lui emboiter le pas.

▬ Rassemble tes affaires ma puce, papa parle avec Monsieur Hamilton et après on s’en va !

▬ D’accord papa !

Tu refermes la porte derrière toi et t’avances vers le jeune homme, loin de te douter que son agacement était au-delà de ce qu’il avait pu te laisser paraitre les soirs précédents où tu étais arrivé en retard. Quand il se retourne et te déballe ces paroles que tu prends très rapidement comme agressive, ton sang ne fait qu’un tour. Tu fronces les sourcils alors que tu ne bouges pas d’un pouce, le regard planté dans celui du professeur qui te fait face.

▬ C’est une blague j’espère. Ce n’est pas un gamin comme vous qui pouvez me dire si je peux ou non garder ma fille ! Vous ne connaissez rien de ma vie, ok ? Ne commencez pas à penser pouvoir chambouler ma vie sous prétexte que pour vous je ne suis pas un bon père ! Isabella est heureuse avec moi. Je n’ai rien à me reprocher. Ok ?!

Tout en parlant, tu avais appuyé ton index avec force contre l’épaule du professeur, pour appuyer tes propos et peut-être le bousculer un peu. Juste un peu. Il t’a énervé. Il ne faut jamais toucher à ta famille. Jamais. Et c’est ce qu’il venait de faire en sous entendant que Izzy pouvait t’être retirée.

▬ Maintenant excusez-moi mais je rentre chez moi, avec MA fille. Arrêtez de prendre vos élèves pour les enfants que vous n’avez pas.

Tu tournes les talons pour retourner dans la salle que vous aviez quittée plus tôt. Il t’a mis sous tension, tu peux même sentir ta main qui tient les deux casques de moto trembler un peu tellement t’es tendu. Il t’a fait peur aussi. Tu ne veux pas qu’on te retire ta fille. C’est la dernière chose que tu veux perdre.

▬ Tu es prête ma chérie ? On y va ?

▬ Oui papa je suis prête !

▬ Allez donne-moi ton sac et va mettre ton manteau. Et dit au revoir à monsieur Hamilton.

La jeune demoiselle s’exécute et vient te donner son sac, que tu attrapes de ta main libre en vérifiant d’un coup d’œil assuré qu’elle n’avait rien oublié. Ses gâteaux peut-être, mais t’as pas vraiment envie qu’elle continu de manger ces biscuits qui viennent de cet homme qui vient simplement de t’agresser. Puéril, peut-être, mais du coup tu sors de la salle pour rejoindre Isabella qui est en train de mettre son manteau. Sans un regard pour le professeur, tu viens t’accroupir près d’elle, pose tout ce qui encombre tes mains pour fermer son manteau, bien mettre son écharpe et l’aider à mettre son sac sur son dos. Tu prends ensuite son casque que tu lui mets sur la tête en affichant un petit sourire satisfait une fois que tu as entendu le cliquetis de la sécurité qui s’est enclenchée sous son menton.

▬ Elle est prête ma petite princesse ? Allez on y va.
Logan Hamilton
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Jeu 23 Mar - 22:04
Tu n’as pas apprécié qu’il vienne chercher sa fille avec autant de retard. Tu n’as pas apprécié non plus qu’il réponde à ta remarque sérieuse par une plaisanterie de mauvais goût ni qu’il tente de t’acheter. Tes nerfs endurent, tu as essayé de prendre sur toi jusque là… Mais sa réaction à ta dernière déclaration, c’est le pompon !

Une blague ?! Qu’il s’écoute parler, il délire ! Pardon mais qui est celui qui se permet de plaisanter ici ? Ce n’est pas toi. Et si l’un de vous a tendance à se comportement comme un gamin, c’est plutôt lui. Lui qui s’énerve et finit par te crier dessus alors que tu fais de ton mieux pour ne pas t’emporter depuis des semaines. Sans t’en rendre compte, ou à moitié seulement, tu remontes les manches de ta chemise avant de recroiser tes bras.

Tu te grattes.

Tes ongles s’enfoncent dans ta peau au niveau du creux de tes coudes, pas à sang, presque. Tu t’accroches à toi-même à défaut d’avoir quoi que ce soit d’autre pour t’empêcher d’exploser. Isabella est dans la salle de cours juste à côté. Peut-être même a-t-elle collé son oreille contre la porte, curieuse comme savent l’être les enfants. Tu te dois de garder un minimum ton sang froid. Ton regard de tueur cependant en dit long sur ton état d’esprit. De quel droit ce type se permet-il de te toucher ?! Tu voudrais le repousser mais tu crains de ne pas t’en arrêter là si tu commences à toi aussi l’agresser de la sorte. Alors, la mâchoire serrée, tu le laisses assoir son « autorité » comme il pense le faire parce que Monsieur est plus grand. Mais tu ne recules pas d’un centimètre.

-Ok ??????

Tu as failli crier, te retenant juste à temps. Tu as poussé une espèce de cris de canard aigu qui a aussitôt fini étouffé dans ta gorge, comme si tu l’avais bouffé. Tous tes muscles sont tendus, ton torse bombé. Tu as envie de le frapper. Mon dieu, tu en as envie plus que tout. Il s’agirait d’une pièce en trois actes mettant en scène ton poing, lui, naturellement, et sa chute magistrale contre le sol. Un chef-d’œuvre qui ne demande qu’à être joué.

Et là, il te sort la plus grosse absurdité que tu n’as jamais entendue.

Wow wow wow.

Tes pieds en sont scotchés au revêtement du couloir. Ta mâchoire se décroche, ton être entier se vexe et tu le regardes en te demandant s’il est sérieux parce que ce mec est bon à être interné. Tu rêves où il t’a pris pour une bonne femme infertile dans sa quarantaine ?

Il se casse dans la classe tel un prince, presque fier de lui. Tu ne savais pas qu’il était possible que tout ton être vibre à ce point de ce désir brûlant de lui hurler dessus comme une poissonnière menstruée.

Tu es occupé de te labourer les avant-bras, tu en prends consciences et t’arrêtes aussitôt. Tu rabaisses les manches de ta chemise, tremblant sous l’ampleur de ta colère refoulée. Tu inspires, expires, plusieurs fois, comme si l’air frais pouvait rafraîchir et ton corps et ton esprit – ce qui ne se produit pas. Tu t’avances vers l’entrée du local, la petite fille en sort, aussi vive qu’une fusée, pour aller récupérer son manteau. Bien sûr le père la suit. Tu t’appuies d’une main contre le mur, l’autre est serrée au point que tes phalanges blanchissent. Il t’ignore, tant mieux, qu’il sente le poids pesant de ta haine toute dirigée vers sa nuque. Au moment où il dit à Isabella qu’ils y vont, celle-ci se retourne vers toi, adorable avec son casque, elle te fait un grand sourire qui réchauffe ton cœur.

-À demain, Monsieur Logan !

D’un coup, tout ce stress, toute cette rage, cette frustration, tout ce poids sur tes épaules devient aussi léger qu’une plume et s’envole. Tu t’adosses contre le mur et lui souris aussi ingénument qu’elle t’avait souri, sans aucun besoin de te forcer,.

-À demain !

Malheureusement tes yeux sont attirés par un second visage qui, lui, te déplaît. Ton expression chaleureuse vire à la glace et, sans un mot de plus, tu leur tournes le dos et les abandonnes. La porte claque un peu trop fort lorsque tu la fermes. Adossé à celle-ci, tu ne peux que fixer le paquet de biscuit à moitié entamé qui se trouve sur le bureau en face du tiens.
Cecil H. North
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Lun 27 Mar - 16:45

Il t’a mis hors de toi. Il y a certainement des choses que tu n’aurais pas dû dire sous la colère, mais tant pis. C’est fait, c’est fait, comme on dit. Tu sais qu’après ça, ta relation avec le professeur de ta fille n’ira pas en s’arrangeant. Tu sais aussi, que tu as certainement pas mal de choses à te reprocher dans l’histoire, mais lui n’est pas tout blanc non plus. Il ne connait rien de ta vie, il n’a pas le droit de porter des jugements uniquement sur la face visible de l’iceberg qu’est ta vie. Il n’a pas le droit de sous-entendre être en mesure de te faire retirer la garde d’Isabella. Tu t’es battu pour l’avoir, tu t’es battu pour la protéger, et c’est pas un professeur dans sa première année d’enseignement qui va pouvoir changer tout ça.
Pourtant il t’a mis le doute, et il t’a fait peur. C’est pour ça que tu t’es emporté contre lui. Tu ne veux pas perdre Isabella. C’est les dernières choses précieuses qu’il te reste dans ta vie morose, tu n’as pas envie qu’on la sépare de toi. Tu sais que tu n’as rien à te reprocher, si ce n’est le fait de venir la chercher un peu tard à l’école, peut-être de ne pas toujours lui faire manger des choses bonnes pour la santé, et ce même si tu fais particulièrement attention à celle-ci puisque comme toi, elle est allergique aux arachides et il suffirait de pas grand-chose pour qu’elle mange un truc dont elle n’a pas le droit, et risquer de mourir dans les heures qui suivent. A part ça, tu ne penses pas avoir grand-chose à te reprocher quant à l’éducation de ta princesse adorée. Elle est polie, aimable, gentille, et ça c’est pas seulement grâce à l’école, forcément ! Tu joues bien un rôle là-dedans, non ? Alors pourquoi est-ce que ce professeur te menace, alors que la seule erreur que tu commets depuis le début de l’année, c’est ne pas avoir le temps de venir la chercher à l’heure ? Tu ne comprends définitivement pas.

Quoi qu’il en soit, tu essayes de chasser toutes ces mauvaises pensées quand tu rentres de nouveau dans la salle de classe, après ton altercation avec le jeune professeur. Tu pousses un petit soupire, te force à reprendre ton calme pour paraitre naturel devant ta fille et ne pas l’inquiéter. Elle est prête, tant mieux, vous n’aurez pas à rester ici une seconde de plus.
Quand tu la prépares à partir, tu peux facilement sentir le regard de l’homme debout à côté de vous, peser sur toi comme le pire des jugements. En relevant légèrement la tête une fois le blouson de ta fille fermé, tu perçois on ne peut plus facilement les éclairs dans ses yeux. C’est définitif, vous ne vous vous entendrez jamais.

Pour ta part, tu fais de ton mieux pour rester neutre, parce que tu sais que ta fille est d’une éloquence surprenante et qu’elle pourrait très bien percevoir les électrons négatifs qui virevoltent entre vous deux. Elle prend finalement ta main, salue joyeusement son professeur avant de te tirer vers l’avant avec un « Allez papa ! J’ai faim ! Et tu m’as promis qu’on regarderait la Reine des Neiges ensemble ce soir ! » qu’elle t’entraine avec elle à l’extérieur du bâtiment. Tu croises une dernière fois le regard du jeune homme avant de sortir, mais tu ne dis rien, préférant laisser ça comme c’est. De toute façon tu as bien compris que vous ne serez jamais d’accord.

Une fois dehors, tu laisses Izzy courir jusqu’à ta moto. Elle est pressée de rentrer et tu la comprends. Pour ta part tu n’as qu’une envie c’est te poser devant la télé et t’endormir ne serais ce qu’une heure ou deux pendant qu’elle regarde la télé, avant de la mettre au lit. Tu grimpes sur ta moto, tu la fais monter derrière toi et une fois que tu es certain qu’elle est bien accrochée, tu démarres. Seulement dans ta tête, tu te dis que cette histoire est loin d’être terminée, et tu ne peux t’empêcher d’avoir peur pour la suite.

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