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"Si tout pouvait tenir dans une boîte à chaussure, le monde serait plus sûre" ||Bruss

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Ven 25 Sep - 18:46


Bruss Simon Lincoln


Nom : Lincoln
Prénom(s) : Bruss Simon
Âge : 37 ans
Sexe : Masculin
Nationalité : Anglaise
Orientation sexuelle : Hétérosexuel
Situation amoureuse : Marié
Groupe :Personnel
Logement : Une vieille bâtisse retapée en dehors de la ville. Style...ancien immeuble qu'on a transformé en une seule maison. Style Victorien !
Année/Métier : Directeur du Lycée
Avatar : Nicholas Brown + Gangsta


-Kiss kiss bang bang-


Quand j’étais enfant, je n’étais pas du genre « grosse brute » des cours de récré. Je n’étais pas forcément non plus ce genre de garçon trop chétif que l’on frappe pour un peu de son argent de poche. Pourtant, ce n’était pas rare à l’école. Et le fait d’être dans une école privé ne nous protégeait pas. Les bourgeois font les pires bourreaux. Mais j’étais un enfant bien trop discret. Mes professeurs disaient effacés. Et j’ai gardé ce trait de caractère. Je peine avec les gens d’ailleurs, qui pour mon plus grand damn, parlent forts et gesticulent. Alors ne vous demandez pas d’où me viennent les migraines récurrentes de fin de journée. Je crois qu’il n’y pas d’élément plus bruyants et envahissant qu’un adolescent. Alors quelques centaines…

Mes professeurs d’ailleurs, ne comprenaient pas ce « garçon du fond de la classe. » Ils voyaient des compétences dont ils parlaient à ma nourrice ou tentaient de faire part à mes parents à travers des notes dans mes carnets. Ils auraient aimés que je sois aussi assidu dans mes études que lorsque je lisais. Il était déjà difficile de me sortir de mes bouquins. Aujourd’hui, cela n’a guère changé. Lorsque je me plonge dans un livre, je me ferme complètement au monde m’entourant. Je me déconnecte, si on peut dire. D’ailleurs, lorsque j’achète un livre, je le lis, ne le lâchant pour un autre que lorsque le dernier mot aura été vu, compris et enregistré. On m’a parlé un jour en riant d’une forme d’autisme…c’est peut-être vrai après tout.

Avril rit beaucoup de ce genre de toc. Devoir terminer un livre avant de pouvoir en commencer un autre. Il fait partie d’une liste d’autre. Je vérifie toujours quatre à cinq fois si j’ai bien fait les choses pouvant mettre en danger mon entourage. Fermer la porte à clé, éteindre la plaque, fermer une fenêtre, etc…Ce n’est pas une forme de paranoïa, plus qu’un désir d’ordre et de sécurité. L’ordre étant ce que j’affectionne particulièrement. Je ne sais pas d’où me vient ce besoin. Je dois dire qu’enfant déjà, je ne supportais pas les microbes et les tâches. Je faisais attention à ce que je faisais, ne pas froisser ou déchirer mes vêtements. Ne pas me salîr inutilement, ne pas me laisser entrainer dans des jeux risquant de me souiller. Eurydice en riait parfois. « Tu devrais faire un peu de peinture, comme les autres, ou faire des cabanes dans les bois ! » Je préférais me plonger dans un livre ou rester à discuter avec elle pendant des heures dans le parc. Lorsque nous y allions d’ailleurs, c’était pour observer les oiseaux et les écureuils. Les enfants aussi. Je savais qu’elle aurait aimé me voir me lever et les rejoindre dans leurs jeux innocents. Joie et bonheur, activité me permettant de me faire des amis. Mais je ne voyais pas l’intérêt. Je les trouvais pénible. Trop bruyants et ils avaient la morve au nez.

Mes parents alors m’ont inscrit au Baseball. J’aimerais pouvoir affirmer que c’est parce qu’ils s’inquiétaient de savoir que je n’avais pas beaucoup d’amis. Ou même que c’était parce que mon père, dans son besoin de mâle, voulait que sa progéniture ne se décide à devenir un homme. Sauf que ce n’était clairement pas pour ces raisons-là. Mais le baseball me permettra de me faire quelques amis, même si ce n’était que le temps d’une heure. Je ne suis cependant jamais parvenu à avoir un véritable esprit d’équipe. Si mes amis savent qu’ils peuvent compter sur moi, que je me montre fiable, cela ne veut en rien dire que je suis à l’aise en groupe et plus efficace avec de l’aide. Malgré mon mariage, mes nombreuses conquêtes par le passé, mes amitiés pour Nora et Bartholomew, Eurydice et Tempérance…je préfère la solitude. C’est pour cela d’ailleurs que je me met en retrait dès que j’en ressens le besoin et que lors des mondanités auxquelles je participe encore au nom de mes parents, l’on aura plus de chance de me retrouver sur le balcon, la terrasse, dans les jardins à lire, plutôt qu’en train de faire du charme à tel ministre ou telle rombière.
Pourquoi, me direz-vous, avais-je envie de continuer de me rendre à ces soirées pour mes parents. Est-ce que je n’aurais pas pu, dût peut-être, arrêter ? Après tout, j’étais en âge de dire non, de leur tenir tête. Mais quelque chose fait que je suis du genre à obéir aux règles, aux étiquettes. Et ces dernières veulent que les enfants suivent ce que leurs parents demandent. Dans le milieu bourgeois, il faut qu’il y ait un représentant des grandes familles aux soupers et banquets. Les absences sont mal prises. Mes parents étaient sans cesse occuper ailleurs, il faut bien que quelqu’un prenne le relais. Étant fils unique…

Cela d’ailleurs aurait pu faire de moi un enfant capricieux. Mais, et Eurydice vous le dira, j’ai toujours été un enfant facile. Si ce n’est un côté extrêmement rancunier. Je n’arriverai pas à en changer. Je reste dans le passé, essayant de trouver le moindre petit morceau de souvenir, les rangeant et étiquetant dans des tas de boîtes, que je glisse au fond de mon placard. Le souci lorsqu’on conserve ainsi le moindre souvenir, même avec une mémoire ne retenant ni dates, ni lieu, c’est que les affronts restent également. Et j’aime payer mes dettes alors j’en demande autant des autres. Et lorsqu’on me fais quelque chose, alors je finis par me venger si tant est que vous n’êtes pas venu vous excuser.

Vous savez, on me demande toujours si j’ai eu une vie malgré le fait que mes parents n’étaient pas ou peu présent et que très vite, j’ai dût faire avec des choses d’adultes. Je pense que mes élèves, eux, se demandent si leur directeur, toujours si sérieux, a su s’amuser à une période de sa vie. Quand à Nora et Bart, ils savent que je savais m’amuser, mais savent et retiennent surtout que j’étais incapable de me lâcher tout simplement. Malgré ça, j’ai eu droit à une vie sexuelle active et ce malgré le fait que je ne sois pas le plus beau des hommes, et que je n’ai jamais eu la prétention d’être quelqu’un de charmeur ou de dragueur. Mais les filles devaient aimer mon côté calme et silencieux. Avril dit que j’ai du charme par ce côté imposant. Imposant. Je ne mesure qu’un petit mètre septante-cinq et si je fais attention à mon physique en faisant un peu de sport et de la natation, je ne possède pas le visage d’Apollon, ni même la chevelure ou le regard de Brad Pitt. J’ai un grand nez bosselé. Je ressemble un peu plus à mon père qu’à ma mère. Alors…peut-être qu’elle a raison, ma tendre épouse. Ma tranquillité naturelle et le sérieux que j’affiche, ce doit être cela. Certains élèves m’ont dit que j’étais effrayant car trop silencieux. Qu’attendent-ils de moi ? Que je me déplace en fanfare ?

Que puis-je dire d’autre ? J’ai dit par deux fois je crois, que je n’avais pas toujours été ambitieux. Avril me dit que tout le monde l’est d’une façon. Que tant que tu essaie d’arriver au lendemain sans encombre, c’est une forme d’ambition. Moi je sais qu’enfant, je vivais au jour le jour, essayant de captiver l’attention. Puis j’ai fini par perdre espoir de le faire, par perdre l’envie de devenir quelqu’un. Jusqu’à ce que je rencontre Nora. Aujourd’hui, je me rends compte que sans l’apport d’ambition qu’elle m’a apporté, je ne serais certainement pas directeur. Et le fait d’être réfléchi, cultivé et capable de discernement m’auront aidés.

Je ne saurais m’étaler sur plus de lignes. Ce n’est jamais facile de parler de soi, surtout lorsque comme moi, vous ne le faites que très rarement, voir jamais. Alors je vais terminer en vous disant que patient, je ne me laisse pas forcément marcher sur les pieds. Franc et abrupt, j’en ai surpris plus d’un en me rebellant face à ce que l’on me disait. Je ne le ferai jamais en criant, mais la froideur de mon ton impose le silence aux plus téméraires…

Sur ce, je dois y retourner. Les nouveaux élèves me réclament…ils ne le savent pas encore, mais ils m’aiment déjà…

°Bois beaucoup de café au plus grand damn de son épouse°Suit le régime alimentaire végétalien de son épouse°Vit dans une immense demeure°Ne comprends pas le second degré°Si vous voulez lui dire quelque chose, n'usez pas de métaphore ou d'image...°A la phobie des microbes et aime l'ordre et la propreté°Vous ne l'entendrez jamais rire et ne le verrez que très rarement sourire°Bruss n'utilise jamais son second prénom°Il ne parle jamais de lui ou alors vaguement°Il ne se plaint jamais°Est un très bon nageur et fait son footing tous les soirs°aime lorsque les choses sont bien réglées et se montre très pointilleux, non seulement dans son travail, mais dans la vie de tous les jours. Il aimerait que ses élèves le soient tout autant. Il n'hésite pas à être encore le professeur qu'il était avant°Malgré une sorte de rancœur envers ses parents, vous ne l'entendrez jamais mal parlé d'eux°Il collectionne les boîtes à chaussures et y rangent de petites choses qui lui permettent de garder souvenir de l'instant°Il ne se vêt que très rarement avec des couleurs°Il croit en Dieu, bien qu'il ne le montre pas°A un tatouage dans le dos, vestige d'une bêtise avec Bartholomew dont il n'est pas très fier°Est très fort physiquement, pouvant soulever des poids très lourds, ce qui étonne assez son entourage°A toujours un rosaire dans la poche intérieure de sa veste de costume



Every life begins with a breath


Si je pouvais, je commencerais par ma rencontre avec Avril. Mais si je pouvais, je ferais entrer tout mon monde dans des boîtes à chaussures. Or, c'est impossible.

Mère c'est une boîte satinée noire, fourreau et perles nacrées. Rouge à lèvre rouge, vernis assortis. Des dents aussi blanches que les diamants à ses oreilles...

Mère était une femme froide. Ce genre de femme que vous ne voyez pas dans le rôle de maman. Que vous verriez dans le rôle de méchante belle-mère à la limite. Je n'ai pas de mépris pour elle. Je l'aime. Du moins, je pense que je l'aime comme un fils doit aimer sa mère. Après, il ne faut pas trop m'en demander. On m'a dit une fois, que de toute façon, je n'étais pas assez doué au jeu de l'amour pour savoir ce que c'était réellement. Et ma femme me répète souvent " Comment veux-tu savoir si c'est un amour correct, alors qu'elle ne t'en a jamais vraiment donné." Parce que pour Avril, l'amour c'est être présent. Or, mère brillait par son absence. Je ne l'ai jamais appelée maman. Je ne le ferai donc pas par respect pour sa rigidité, par respect pour la relation que nous avons toujours eu et qui, jusqu'à l'adolescence, me paraissait tout ce qu'il y a de plus normal...

Mère a pour prénom "Abigail" qui signifie "Mon père est la joie". Si en ce monde il fallait trouver quelqu'un qui porte plus mal son nom, ce serait bien elle. Car la joie n'a jamais teinté ses traits de quelque couleur que ce soit. J'en étais arrivé à me demander si elle en connaissait seulement la définition. Ne souriant jamais, pas même pour les portraits de famille, mère disait ainsi "Je ne veux pas être ridée" et peut-être bien que ça fonctionne, car sa vie sans sourire lui vaut une vieillesse sans rides. Mère est aussi belle et lisse que lors de ses vingt ans.
Issue d'une famille aisée, ses parents l'avaient promise à la famille Lincoln. Les mariages arrangés ne sont certes plus au goût du jour, mais certaines familles mènent la vie dure aux vieilles habitudes. Il était en effet coutume de promettre au berceau l'adulte en devenir. Et qu'importe si l'autre parti le trouvera moche en grandissant, qu'importe s'ils ne s'accorderont pas. Et comme une paire de chaussures dépareillées, une paire de basket pour un thé dansant, père et mère que le destin aura lié auraient mieux fait de se rebeller.

Père est une boîte bleue. Rayure et coupe italienne. Il est anglais, mais préférait les costumes italiens. Gomina et peigne à moustache.

Père est un homme rigide. Le genre d'homme de qui l'on dit "Aurait-il oublié de retirer le cintre de sa veste ?" Enfant, je ne pouvais pas m'en rendre compte. Je pensais que tous les pères étaient ainsi faits. Vous savez, une sorte de milice des pères à moustaches. Avec leur club de gentlemen et la raie sur le côté. Dans la boîte de père, je pourrais ajouter quelques cigares. C'est le souvenir que j'ai de lui. L'odeur de cigare qui flottait dans les pièces après son passage. Mes parents étaient des courants d'air. Je m'y suis fait. Père est un Lincoln. Non pas de la même famille que le président, mais d'une famille non moins illustre. Et si certains doivent leur sang royal à un prince, une reine, que sais-je, pour lui, ce sera simplement le monde des affaires.
Je ne saurais vous dire ce que fait père dans la vie. Il est homme mystère, homme discret. Il ne parle jamais de lui et enfant, je ne lui posais pas vraiment de question pour le peu que je le voyais. !

"Abraham" est son prénom, que nous n'utilisons guère. Sa femme l'appelle monsieur, son fils l'appelle père et les domestiques l'appellent "sir". Plutôt rigide, il ne laisse son prénom filtrer que lors de ses ébats avec mère, rares et fort silencieux, ou alors lors de cocktail, ses amis gentlemen étant les seuls à pouvoir l'user à leur convenance. Les galas de charité et autres mondanités étant les seuls endroits où je pouvais voir un sourire sur le visage rasé de frais de père, lui qui, tout comme mère, ne semblait pas connaître le mot joie. On m'a dit un jour que ce n'était pas pour les mêmes raisons que son épouse. Que lui n'avait pas peur de vieillir. Mais simplement parce qu'enfant, on ne lui avait jamais appris à le faire. Quoi qu'il en soit, il faut voir père et mère comme ces couples guindés que vous auriez pu apercevoir au musée, sur de grandes toiles représentant quelques illustres personnages.

Si l'on devait choisir une boîte pour ce couple, elle serait à fond vert, boîte brune chocolat, mais couvercle manquant ou alors d'une autre boîte perdue depuis le temps.

Je vous l'avais dit. Père et mère n'allait pas ensemble. Ou alors seulement si vous trouvez judicieux de boire son café en mangeant de la fondue au fromage. Certains l'aiment ainsi. Moi pas. Je trouve l'idée tout bonnement écœurante et je pense que j'ai, un jour, trouvé mes parents écœurants. En publique, ils ne se donnaient jamais la main. Ils ne se disaient jamais un mot gentil, ni dans le privé d'ailleurs. Tout ce qu'ils faisaient était teinté de ce mensonge honteux que l'on s'offre le jour de la cérémonie à l'église. A l'église...évidemment, où est-ce qu'ils se seraient mariés autrement ? Ils sont de parents catholiques, sont donc de confessions catholiques et ont tout fait pour que je suive le chemin de l'église. Tous les dimanches. S'ils étaient pieux ? Pas forcément. Du moins, ils n'étaient jamais là les dimanches de cultes. Je m'y rendais engoncé dans un costume de plus en plus serré avec le temps, tenant la main de ma nourrice qui était la personne la plus constante que je connaisse. Surtout dans ces années-là. L'enfance. Oui c'est ça. L'enfance. Mes parents préféraient être de gauche et de droite, sans jamais parvenir à s'y rendre ensemble. Quand on me demandait ce que faisaient mes parents dans la vie, je haussais les épaules et replongeais dans mes bouquins. Ma seule véritable famille.

J'avais entendu dire par ma grand-mère maternelle, qu'ils n'avaient jamais vraiment désirés d'enfants. Mais que la pression familiale était telle qu'ils s'étaient vus obligés d'offrir un bourgeon à l'arbre généalogique. Alors ils m'avaient eu. Père et mère n'étant pas friand de contact physique, ils avaient dût le faire comme leur vie, à distance. C'est probablement sale et choquant ce que je vais vous dire, mais autant que ce soit dit. Lorsque je regarde la manière qu'a père de prendre mère dans ses bras en de très rares occasions, je les imaginais faire l'amour de la même manière. Lui, la tenant à distance de ses longs bras. Il a toujours eu le buste trop court et les bras trop longs. Il n'était pas laid, mais ce n'était pas la figure paternelle que l'on mettrait en avant pour décrire l'homme beau, viril et moderne. En soit, cela n'était pas un réel problème. Car si mère était magnifique, elle ne demandait rien à la vie que de la laisser se contenter de ce que le destin avait à lui offrir. Et donc elle se satisfaisait de ce mari.

Lorsque je suis né, ils ne surent tout d'abord pas quel prénom me donner. "Allons-nous simplement chercher parmi les prénoms de nos ancêtres ? Ou voulez-vous, monsieur, que nous essayions de faire preuve d'imagination...j'ai des amies qui ne jurent que par les bouquins." Mes prénoms furent donc trouvés dans le dictionnaire des prénoms. Sorte de livre faisant partie de "l'encyclopédie du parent parfait". Bruss Simon. Non pas Bruce, mais Bruss. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Parfois je maudis mes parents. Ce prénom, j'ai beau chercher, il n'existe pas vraiment orthographié ainsi. Ou alors je cherche mal. Parfois je me dis que ce doit être une simple erreur de l'infirmière...parfois j'ai envie de changer et remettre de l'ordre dans tout ça. Mais parfois je me dis aussi que ce serait poussé le vice un peu loin quand même...je ne suis pas vicieux.

Si je devais choisir une boîte pour mon enfance, elle serait probablement noire. La couleur du vide en moi. La couleur de mes frayeurs nocturnes que personne ne venait réconforter. La couleur de l'ennui...la couleur de l'oubli.

On mettrait enfance avec du bleu pour un garçon, du rose pour une fille, du vert si vous faites parties de ceux qui refusent de catégorisé les couleurs par sexe. Si vous êtes féministes, vous mettrez du bleu pour votre fille, du rose pour votre garçon. Quoi qu'il en soit, personne n'irait mettre des souvenirs d'enfance dans une boîte noire. J'ai connu bien des parents dont une de nos domestiques, qui gardaient jalousement les premiers chaussons, la pince ombilicale, les échographies dans une espèce de petit coffre bleu enrubanné de dentelles. Enfant, j'étais fasciné par le coffre de la domestique et je voulais tout le temps qu'elle l'ouvre et me raconte son histoire. Je me souviens qu'elle le faisait avec le sourire dans les yeux de cette maman nostalgique d'un bébé qui a très probablement grandit. "Il est partit à la guerre, n'est jamais revenu. Aucuns parents ne devraient enterrer son enfant. Jamais." Elle me le disait d'une voix douce, calme, résignée. Eurydice. Mes parents l'avaient choisie parce qu'elle portait un prénom intelligent. Mes parents étaient des gens assez futiles. Eurydice et son rire qui partait en cascade. Elle s'excusait souvent, trop souvent. Pour tous ce qu'elle envisageait de faire, ce qu'elle faisait, s'excusant limite d'exister ou de faire du bruit parce qu'elle respirait. Eurydice c'était une souris adorable qui m'enveloppait de l'amour qu'elle ne pouvait plus donner à son fils.
"Peut-être que si je disparaissais, mes parents aussi commenceraient à m'aimer." Je me souviens qu'elle était passée du rire au silence mélancolique, m'interdisant de redire ça. Mais je dois vous avouer qu'enfant, j'avais souvent ce genre de pensée, particulièrement en lisant des livres où le héros avait une famille qui l'aimait. Je me souviens même avoir envié Batman..."Mais ses parents sont morts !" "Au moins, il avait des parents." C'est affreux, j'étais affreux.

Et donc cette boîte noire.
Pourtant je n'étais pas à plaindre. Père et mère ne m'ont jamais battus, n'ont qu'en de très rares occasions levés la voix pour me réprimander. Je suis ce que l’on appelle « un gosse de riche ». Autant dire que j’avais ce que je voulais, quand je le demandais…pourtant il y a bien une chose que je n’ai jamais eu, alors que c’est ce que je désirais. Des parents.
Car non. Ils ne me battaient pas, ne me réprimandaient pas. Mais c’était simplement parce qu’ils n’étaient jamais là. Ne dit-on pas qu’un parent en colère est souvent un parent inquiet ? Qu’un parent qui prend le temps de punir son enfant est un parent aimant ? Je l’ai lu bon nombre de fois. Je l’ai entendu aussi, des lèvres d’autres parents « Tu sais bien que si je fais ça, te punir, c’est pour ton bien. » Mais pour le bien de Bruss, il n’y avait personne qu’Eurydice qui ne voulait pas enfiler un costume qui n’était pas le sien et qu’une jeune femme qu’une fois par erreur j’avais appelé maman et qui m’avait ri au nez. Cette jeune femme, c’était Caroline. Mais je vous en parlerai sûrement plus tard.

Ainsi étaient mes parents. Des courants d’air. Lorsqu’aujourd’hui encore j’entends mes amis parler de leur enfance, lorsque vient mon tour, je ne peux rien dire de plus que « Je n’ai pas à me plaindre. » Et la fameuse question qui brûle visiblement les lèvres de beaucoup de jeunes dames « Comment était ta maman Bruss ? » Ma maman. « Belle. Et élégante. » C’était là tout ce que je savais d’elle. Tout ce que je pouvais dire sans risquer de mentir. Car non seulement je méprise le mensonge, mais en plus, je ne suis pas doué à ce petit jeu. Je préfère le silence aux vérités qui dérangent, les vérités qui dérangent aux mensonges qui finissent par s’effriter.

Je passais le plus clair de mon temps avec ma nourrice qui était alors la femme la plus importante dans ma vie. Puis il y avait la bibliothécaire et sa fille. Toutes deux me laissaient emprunter des livres qui ne devaient en temps normal pas quitter leur lieu de quiétude, mais elles me faisaient confiances et avaient bien vu que je traitais les bouquins avec un respect que je n’avais peut-être même plus réellement pour mes parents. Je n’avais aux lèvres que ce nom « Eurydice ». Les rares moments passés avec mes parents étaient teintés des exploits de la nourrice. Si certains parents auraient été peut-être vexé que leur enfant ne jure que par une autre personne, du petit personnel qui plus est, père et mère ne m’écoutaient pas assez pour s’en offusquer. Ils acquiesçaient « C’est bien…pouvez-vous me passer le sel monsieur ? » « Je vois…Encore un peu de vin ? » Quand je prends du recul, je me demande pourquoi je continuais d’essayer de faire la conversation. Souvent je me perdais dans la contemplation de la bouteille hors d’âge et hors de prix où brillait le fameux alcool et je me disais que la bouteille avec plus de contact physique avec mon père que ma mère ou moi…Si jeune et déjà cynique.

A quatre ans mes parents m’ont envoyés dans une école privée. Ce sera cette école qui me verra grandir d’ailleurs. Entourée de hauts arbres, elle ressemblait assez aux pensions pour jeunes hommes anglaises. Mais contrairement à ces dernières, l’école ne nous accueillait qu’une demi-journée, cinq jours par semaine. J’avais mes leçons le matin. Car si vous pensiez que j’y étais pour me la couler douce comme les enfants des écoles publiques, qui apprennent dans la douceur d’une relation quasi fusionnelle avec leur maîtresse et qui apprennent en jouant, moi j’étais assis à un bureau face à une femme revêche, entouré de garçons et de filles de mon âge. Nous étions hauts comme trois pommes, nous savions déjà tenir un stylo et commencions maladroitement à écrire nos prénoms, nos noms. J’adorais l’école. Quand j’y allais, j’oubliais que je n’étais pas un enfant désiré. J’oubliais l’absence de mes parents et je me concentrais sur mes leçons. J’étais si fier de pouvoir montrer mes progrès à Eurydice. Lui dire que j’étais un garçon sage et que plus tard, elle pourrait, si elle le souhaitait, m’épouser. Évidemment, elle riait. Son rire, charmant, en cascade. « Mais Brussi. Je suis déjà bien trop âgée. Que feras-tu d’une vieille femme impotente ? » Je ne savais pas ce que signifiais impotente à l’époque. Mais enfant, on se fiche bien d’avoir une femme ridée. On ne prend pas considération pour tout ça. On se dit simplement qu’on aime cette personne. Un point c’est tout. Et moi j’aimais Eurydice.

Lorsque je fus en âge, on me fit faire du sport. Je n’étais pas le plus friand des activités du genre, mais je voulais faire plaisir à mes parents. Je rêvais de les voir arriver ensemble à un match et m’applaudir ensemble. Peut-être même que mère sourirait et que père arrêterait de la toucher d’aussi loin. Elle viendrait dans une jolie robe à fleur, comme celles que portent Eurydice parfois. Et mon père porterait un costume, mais aurait défait les premiers boutons de sa chemise, ne porterait pas de cravate. Il rirait aux éclats. Et ce serait magique. Enfant, on aime croire en ses rêves. Même moi.

Je faisais partie d’une petite équipe de Baseball. Nous apprenions à taper une balle, courir de base en base et rattraper avec un gant plus gros que sa tête. Puis les matchs juniors sont arrivés. Mes parents ne sont jamais venus. Mère n’aimerait pas se vêtir comme la nourrice et père ne dénouera jamais sa cravate, sauf peut-être pour dormir. Quand j’ai eu dix ans, j’ai tout arrêté. Je ne voyais pas l’utilité de continuer une activité que personne ne venait applaudir.

Si je devais choisir une boîte pour y ranger la pré-adolescence, je la prendrai en jaune et or pour Bartholomew second du nom Richardson.

Bartholomew est arrivé après Nora, mais j’aimerais parler de lui avant. Parce qu’il y a beaucoup à dire sur cette blondeur insupportable.

Père et mère avait congédié Eurydice au profit d’une autre femme. Je l’ai ressenti comme une trahison, un nouvel abandon. J’avais mal alors je me suis un peu plus enfermé dans mes livres, évitant toute interaction avec celle que j’appelais dédaigneusement « la nouvelle. » Je me comportais comme mes parents et c’était affreux. La pauvre femme. Elle se prénommait Tempérance et portait très bien son nom. Je ne sais plus comment mes parents l’avaient trouvé et je décrétais dés que possible que j’avais l’âge de ne plus avoir de nourrice. Mais il fallait bien quelqu’un pour s’occuper de mes repas, de mes devoirs et pouvant faire acte de présence au nom de mes parents lors de réunion à l’école ou lors des spectacles scolaires non ? Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu des lèvres de cette femme la fameuse « Je viens en tant que représentante du couple Lincoln. Ils ne peuvent malheureusement être présents » Et bien que mes professeurs disaient « Nous leur enverrons les photos de ce soir alors. Qu’ils puissent profiter de leur garçon » je savais et ils savaient, autant la nourrice que les autres, que les photos allaient atterrir dans la boîte aux lettres et que ce serait Tempérance qui les classerait dans des albums. La plus jolie trouverait sa place sur la cheminée. Quand je regardais d’ailleurs les photos sur la cheminée, j’avais l’impression d’y voir un étranger. Il n’y avait qu’un grand cadre avec mes parents et moi bambin et un plus petit avec une photo que l’on changeait lorsque je grandissais. Et cette photo…c’était comme si mes parents avaient achetés un cadre, mais y avait laissé la photo de publicité. Un sourire factice, des yeux sombres sous une tignasse tout aussi sombre. On m’avait placé là pour que, les soirs de banquet, il y ait matière à dire « Votre fils est un beau jeune homme. Félicitation. » Avant de passer à autre chose. Mon existence se résumait à ça dans la bouche des adultes m’entourant. Un hors-d’œuvre avant les grands débats, une mise en bouche avant les choses plus intéressantes. Je meublais les silences de mes « bonnes notes » de ma « bonne conduite. » On saluait ma discrétion à table, on me glissait quelques pièces dans la main en me frictionnant les cheveux. La plupart du temps, une fois tout ce cérémonial terminé, je regagnais ma chambre ou la bibliothèque pour me perdre dans mes lectures.

C’est dans ces périodes-là que j’ai fait la rencontre de Nora et de Bartholomew. Nora était une fille que j’ai appréciée au premier regard. Elle avait la fraîcheur d'Eurydice et la force que j'aimerai plus tard chez Avril. C'est elle qui me fera avancer, elle qui me poussera jusque dans mes limites. Je reviendrai dessus plus tard.
Bartholomew, c'était tout autre chose. Un garçon qui pourrait être le parfait opposé de ma propre personne. Si deux personnes sont plus mal assorties que père et mère, c'est bien lui et moi. Malgré nos deux ans d'écarts, je le trouvais exubérant, pénible, encombrant. J'avais parfois envie de me lever lorsque nous nous installions dans le parc et de partir sans un mot. Fuir la tornade blonde, m'en sortir indemne. Mais quelque chose me retenait toujours. Était-ce le rire de Nora ? Ou simplement le fait que j'appréciais ce garçon plus que ce que j'aimais laisser entendre ?

Pourtant, ce n’est pas moi qui l’ai accepté le premier. C’était Nora. Comme si elle se disait que Bartholomew serait une manière nouvelle de me faire bouger un peu. Sortir le nez de mes livres. Et ce n’était pas chose aisée que de le faire. De souvenir, je ne sortais jamais sans un ou deux livres dans un sac d’écolier en cuir. Et aujourd’hui encore, il est rare, voir difficile de m’imaginer sans un livre à la main ou a portée. Peut-être que Bart’ s’en rendait compte, car il lui arrivait de me les subtiliser en grand secret et de partir les cacher, n’acceptant de me les rendre que sous certaines conditions. Si vous voulez savoir lesquelles, demandez-le-lui. Il a le don pour les idées qu’il trouve bonnes au plus grand damne des autres, particulièrement de moi.
Et il avait ce don à l’exaspération à nul autre pareil.

Nous formions un joli trio. La maturité de Nora et l’impertinence de Bartholomew faisait vivre mes silences. Je n’étais pas bavard, ne participais qu’à mi- mot à leur conversations, mais je gardais sur eux un œil indulgent et surtout protecteur. Nora était comme une grande sœur pour moi, mais j’aimais à croire que c’était moi le grand frère. Même si c’était Bartholomew le plus âgé de nous trois. Nous étions comme les doigts d’une main dont deux  des membres auraient été coupés. Solidaires entre nous, nous ne demandions ni ne cherchions à ajouter à notre groupe quelqu’un d’autre. Certains, peut-être par jalousie, disaient que nous étions un triangle amoureux. Bartholomew de moi, moi de Nora, Nora de Barth’. Il y avait des bruits qui circulaient autour de notre petit groupe. Mais je n’ai jamais eu beaucoup de talent pour les potins et je serais incapable de me souvenir de tout ce que j’ai pu entendre des lèvres d’une Nora insurgée ou d’un Bartholomew amusé. Je plongeais dans mes livres dés qu’on commençait à parler de moi. C’était une manière comme une autre de fuir les interrogations qui venaient malgré tout « Et tes parents ils font quoi en ce moment ? » Je n’avais pas envie de répondre «  Je ne sais pas. » L’impression peut-être idiote qu’ils allaient me regarder de travers ou commencer à faire ce que je déteste souvent, chuchoter par pitié. J’entendais souvent Bartholomew parler de ses parents, Nora de sa famille. Je les enviais sans le montrer, les écoutais tout en les maudissant. Parce qu’ils avaient ce que je n’avais jamais eu…le coup de grâce sera donné par Bartholomew.

J’avais un peu plus de seize ans. La relation avec mes parents ne changeait pas, celle avec cette nourrice que j’avais appelé pendant longtemps « la nouvelle » beaucoup. Je ne l’aimais pas comme j’avais pu aimer Eurydice, mais je l’appréciais comme j’aurais aimé que ma mère m’apprécie. Ses bras ronds, sa poitrine généreuse, sa taille épaisse. C’était l’image de la bonne maman qui fait de bons gâteaux pour ses enfants. Puis Bartholomew est arrivé un jour. Il n’allait pas bien. Comme souvent lorsqu’il avait des états d’âme, je le laissais venir dans ma chambre et prenais ses peines sur mon cœur. Je n’étais, ne suis et ne serai probablement jamais l’image type du bon ami loquace et démonstratif, mais Nora comme Bartholomew savaient qu’ils pouvaient compter sur moi en toute occasion. Et j’avais écouté Barth me raconté comment on se déchirait pour savoir qui était son père. Le voir se plaindre me faisait mal. Pas parce qu’il en souffrait. Non. Mais égoïstement, je me disais que c’était un enfoiré. Je ne jure jamais, ne jurais pas, mais ce jour-là, j’aurais aimé le lui dire. Qu’il était un enfoiré. Venir se plaindre d’être trop aimé à son meilleur ami qui lui, avait toujours manqué de l’amour d’un parent. Il en avait deux là où je n’avais personne. Comment osait-il. Mais je n’ai rien dit. Je n’ai rien fait. J’ai écouté en silence, ai essayé de le rassurer, le consoler avec mes mots « trop sérieux pour un adolescent » comme il disait. Puis il est partit.

Ce qu’il n’a jamais su, c’est que lorsqu’il a passé le pas de la porte, que j’ai entendu Tempérance lui dire au-revoir, qu’il prenne soin de lui, j’ai explosé. Si calme, si tempéré normalement, toute les frustrations accumulées ont éclatées et j’ai fait voler mes bouquins, ma lampe de chevet, toutes mes affaires. Je hurlais tant et si bien que Tempérance est intervenue, me serrant contre sa poitrine et me berçant doucement. Je n’arrivais pas à me calmer. J’essayais de reprendre ma respiration, les battements de mon cœur tambourinaient si fort que j’avais l’impression que le palpitant allait partir en morceau, exploser ma cage thoracique et s’envoler loin de moi. Emmenant avec lui les derniers espoirs. Je n’ai jamais rien dit. C’était un secret entre Tempérance et moi. Nous avons discuté, longuement, et elle m’a fait comprendre que Bartholomew n’y était pour rien dans toute cette histoire. C’est pourquoi je n’ai jamais rien reproché à mon ami blond.

Malheureusement, cette crise ne serait pas la seule. Il n’y en aura pas d’aussi mémorable, mais la vie de Bartholomew sera si tumultueuse qu’il m’arrivera souvent d’exploser…seul Nora sera au courant de ces colères aussi brèves que fulgurantes.

Peut-être que je suis trop regardant sur la vie de mon ami. Peut-être que malgré moi, je ressens le besoin d’être présent pour lui. Moi qui étais persuadé qu’on n’allait pas faire long feu ensemble. Moi qui croyais que j’allais le voir disparaître ou le faire disparaître de ma vie à peine aurais-je atteint l’âge adulte.

Sauf qu’aujourd’hui, j’ai bien l’impression que tant que la Mort ne sera pas passée nous voir, nous serons toujours ensemble, quoi qu’il arrive.

Nora, ce sera une boîte enrubannée. Pas de chichi ou de froufrou, juste de l’élégance, de l’impertinence à petite dose. Du blanc et du rouge passion tapissant l’intérieur. Nora c’est l’énergie positive, la violence d’une femme qui ne se laissera jamais marcher dessus. Peut-être devrais-je opter pour une boîte en titane.

Nora est entrée dans ma vie peu de temps avant la « catastrophe » Bartholomew. Je la croisais souvent quand j’allais en cours, puis un jour elle est venue me parler. Il ne fallait pas en attendre autant de ma part. Encore moins à cette époque. C’est honteux n’est-ce pas ? D’autant qu’elle est de deux ans ma cadette. Elle m’a parlé du livre que j’étais en train de lire, me spoilant largement sur la fin. Irrité, j’hésitais entre l’insulter et la remercier car elle m’évitait de continuer un bouquin qui ne me bottait pas, mais que je me sentais forcé de terminer. Et comme je n’ai jamais été quelqu’un de vulgaire ou d’insultant. Je l’ai invitée à boire un chocolat chaud après nos cours de l’après-midi.

Nora a toujours eu quelque chose que j’enviais. Cette force, cette capacité d’adaptation dans n’importe quelle situation…la relation qu’elle avait avec sa famille. Je la voyais s’épanouir comme une fleur, tandis que moi je restais en retrait. Elle avait beau me secouer, parfois je me laissais faire, parfois je fuyais lâchement au lieu de prendre mon épée flamboyante et la rejoindre au combat. Je crois que je n’en avais pas la force, pas l’envie. Puis elle a fait entrer Bartholomew dans nos vies et j’ai bien été obligé de saisir mon arme et de les rejoindre. Est-ce qu’à ce moment-là j’avais peur qu’elle ne m’abandonne pour la tornade blonde ? Est-ce que j’ai un jour voulu être bien plus qu’un simple ami pour elle ? Je ne crois pas. Je ne sais pas. Je ne pense pas.

Il est vrai que j’ai toujours trouvé que Nora était une belle femme, qu’elle l’est restée d’ailleurs. Je ne dis pas que je n’étais pas fier de l’avoir à mon bras lorsque nous allions en soirée. Que je n’avais pas senti cette tension parfois, lorsque, pendant nos vacances à Brighton, Bartholomew partit, nous étions côte à côte sans se parler. Lorsque nous nous retrouvions pour parler de nos inquiétudes quant à notre ami commun. Son petit ami Loukas, ses histoires, ses coups de mous. Il était si tempétueux d’habitude que lorsqu’il nous revenait tout calme, nous étions forcés de monter un conseil de guerre. Je ne sais pas si Bartholomew le sait, mais Nora s’inquiétait beaucoup pour lui. C’est moi que la tornade blonde venait voir quand ça n’allait pas, mais c’était Nora qui me faisait part de beaucoup de ses inquiétudes. De nature méfiante, j’avais des a priori sur la plupart des gens dont nous parlais Bartholomew, mais c’est Nora qui avait de réels doutes, le meilleur instinct pour ce genre de chose. Nous passions alors beaucoup de temps ensemble, lorsqu’elle ne partait pas en congé avec sa famille, lorsqu’elle n’était pas à gauche à droite à faire ses activités extra scolaires. Ambitieuse, elle ne lâchait rien et avec tout ça, réussissait à jouer les mamans dans notre trio. Nora est une femme bien.

Quand j’étais adolescent et passais beaucoup de temps avec, les gens jasaient. Ils parlaient de notre relation comme de quelque chose d’un peu plus fusionnel que de l’amitié. La pureté devenait débauche entre leurs lèvres. Il était dit que j’étais en amour pour elle, que nous allions probablement finir notre vie marié avec enfants. Nora s’insurgeait. Elle détestait ceux qui parlaient dans le dos des autres, disant dans ses excès de colère qu’ils étaient bien idiots de penser à de telles choses, que cela ne les regardait en rien, quand bien même nous avions eu une histoire qui soit toute autre que de l’amitié. Bartholomew s’en amusait. Parce qu’il savait ce qu’il en était. A-t-il un jour cru à ces racontars ? Je n’ai en tout cas jamais pris garde à un regard différent à notre encontre. Même lorsqu’il s’absentait ou qu’il disparaissait quelques temps, comme lorsqu’il a rencontré ce Loukas.

Je ne pourrais dire qui de Nora ou de Bartholomew je préfère. Je pense que l’amour que je voue à l’un est aussi fort, bien que différent de celui que je voue à l’autre. Nora est celle m’ayant tout de même permis d’en arriver où je suis aujourd’hui. Car ce que je ne vous ai pas dit, c’est que je n’étais pas le meilleur élève qui soit. Pendant un temps, mes notes ne cessaient de baisser, comme si j’avais abandonné tout espoir de faire quelque chose de bien de ma vie un jour. Je me voyais sombrer comme le Titanic et me retrouver dans mes bouquins. Je me voyais vieux et seul au fond d’une boutique poussiéreuse. Je me voyais hurlant sur les petits jeunes qui ne respectent pas les ouvrages, maudissant les hommes et les femmes venant m’acheter un livre. Je me voyais fripé, engoncé dans la richesse que mes parents m’auraient laissée à leur mort. Mais tout ça, c’était avant de rencontrer Nora.

Nora, elle me poussait à voir plus loin. « On ne te demande pas de venir avocat ou président de la terre Brussi, mais essaie de voir au-delà qu’un simple job qui va finir par te déplaire. » Je ne me voyais pas en plaidoyer. Je n’avais aucune envie de passer mes jours et mes nuits à étudiés la médecine. En somme, j’étais à un tournant de ma vie où j’avais envie qu’on me laisse dans un coin enseveli sous des tonnes d’ouvrages avec pour seule compagnie les auteurs classiques. Mais le pied de Nora avait vite fait de me remettre sur le droit chemin et j’ai imité mon amie. Je suis devenu plus assidu en cours, je travaillais plus, à la limite de l’acharnement. Ce n’était pas pour déplaire à mes professeurs qui voyaient que mon potentiel intellect était mis à l’épreuve à hauteur de ce qu’ils avaient toujours attendus de moi. Je pensais devenir quelqu’un, ne m’attendait pas à être promu un jour directeur d’un des lycées les plus réputés.

Le fait que Nora soit doyenne de l’université proche de mon école est un hasard. Cela fera encore jaser et fait d’ailleurs toujours jaser. Je crois avoir entendu Nora pester contre des étudiants qui disaient partout que leur directeur fricotait avec la doyenne de l’université.

Mon adolescence, je la mettrai dans une troisième boîte. Il n’y aurait pas de place pour tout le monde dans une seule et même. Celle-ci serait faite de différents matériaux. Du plus fragile au plus résistant. Du clair au sombre. L’adolescence…

Une période que personne, je pense, ne pourra décrire comme idyllique. L’âge du tourment, je le vois encore chez mes élèves. Ils sont toujours tourmentés, passent leur temps à rire, pleuré dans un laps de temps très rapproché. J’observe beaucoup ceux qui m’entourent et j’ai remarqué que les changements d’hormones, ajouter à cela les changements dans notre société et les voilà partis sur le sentier des questions sans réponse, des insatisfactions. « Les adultes ne comprennent rien » Comment voulez-vous que l’on comprenne des personnes qui ne se comprennent même pas entre elles. Mais je ne leur en veux pas, lorsque certains atterrissent dans mon bureau. Je ne suis pas le directeur-pote, mais j’essaie de les comprendre. Avant d’être adulte, j’ai été enfant, puis adolescent. Et je n’étais pas un adolescent sans son lot de tracas.

Mes parents n’étaient pas plus présents à cette période qu’à l’enfance. Il y avait eu le changement de nourrice qui m’avait laissé dans l’incompréhension totale. Je leur reprochais de ne pas vouloir que je sois heureux avec quelqu’un. Ils disaient qu’Eurydice n’était pas faite pour moi. Tout simplement. Qu’elle devait se trouver des enfants plus jeunes, qu’un adolescent avec les hormones qui travaillent ne devrait se retrouver avec une jeune femme aussi jolie. C’est pourquoi j’avais hérité de Tempérance, cette femme bien trop âgée pour laisser place à l’imagination fertile que la testostérone envoie. J’avais eu espoir, pendant un court instant, qu’ils allaient passer plus de temps avec moi. Que l’argument serait simplement « Nous avons décidé de ne plus faire appelle à une nourrice. » Alors qu’en somme, il ne faisait que remplacer, déplacer le problème « enfant » à une autre femme. Et cette femme sera Tempérance.

Pendant longtemps, j’ai essayé de recontacter, de retrouver Eurydice. Parce que je l’aimais encore. Ce n’était peut-être pas de l’amour comme j’en éprouve pour ma femme aujourd’hui, mais je sais que j’avais envie de la revoir. Elle s’était si bien occupée de moi, prenant plus ou moins la place de mère. Mes recherches furent infructueuses. Peut-être que j’aurais dût demander de l’aide à mes amis, mais je gardais cette nourrice là comme un joli secret. J’ai dût me faire une raison, je ne la reverrais jamais.

Mes parents étaient donc absents pendant cette période pourtant importante de la vie de quelqu’un. Je trouvais refuge dans mes livres, chez mes amis. Les fêtes de fin d’année, je les passais chaque fois chez Bartholomew, offrant des cadeaux à ses parents. Des cadeaux que j’aurais offerts aux miens. J’avais l’impression parfois de pouvoir faire partie de leur vie. Bien qu’au fond, je savais que pour eux, j’étais surtout le meilleur ami de leur fils. Et cela ne changera jamais. Je resterai le meilleur ami de leur fils, qui passait souvent les fêtes avec eux. Je ne sais pas si Bartholomew a dit à ses parents pourquoi j’étais là plutôt qu’avec les miens. Est-ce qu’il leur sortait la phrase « Ses parents travaillent beaucoup » ou est-ce qu’ils disaient la vérité « Ils se fichent bien de leur fils, il leur fallait un héritier » Car ça, il le savait. Il la su tardivement, mais il le savait. Je le lui avais dit. Quand, je ne sais plus. Peut-être bien le jour où nous étions sorti que les deux et que j’avais pris une cuite monumentale. La première de ma vie, la dernière aussi. Je ne me suis pas aimé dans cet état.

L’adolescence est également ma première relation sexuelle. Ce sera douloureux pour la fille, incroyable pour moi. Cette fille que je ne nommerai pas, aura eu l’amabilité de me laisser d’autres chances. Nous ne sortions pas ensemble, n’avions pas prévu de le faire. Nous faisions une sorte de…comment vous dire sans que cela ne devienne gênant. On s’entrainait à ces jeux d’adultes l’un sur l’autre. Elle me disait ce qu’elle avait envie d’essayer et on essayait. C’était doux, parfois drôle, souvent agréable. Rarement douloureux. Cette relation est tombée plus ou moins dans les périodes où Bartholomew fréquentait ce garçon de mauvais genre…qui a d’ailleurs essayé de le tuer. Une période sombre pour notre trio.

Lorsque j’ai eu mon premier rapport sexuel, je me suis sentit plus homme. Peut-être que je me sens encore désolé pour certains de mes actes, bien que Nora me dise que ce n’était rien qu’un dérapage de ma part. Je n’ai pas souvenir du où, mais je sais que j’ai essayé d’embrasser Nora, qui a résister. J’ai tenté de la forcer. Je ne sais pas ce qui m’a pris ce jour-là. Comme si j’avais envie de lui faire plaisir, comme si j’étais quelqu’un d’autre. Cela s’était produit le lendemain de ma visite à Bartholomew aux urgences. Quand ses parents m’avaient contacté pour savoir si leur fils était avec moi, je n’avais pas hésité à prendre mes affaires pour les rejoindre. Ce n’était pas du genre de notre blond de disparaître comme ça. Il lui était arrivé, lui arrivera de ne plus trop donner signe de vie à Nora et moi, mais pas à ses parents. Est-ce que j’avais été plus troublé par ce qu’il s’était passé que prévu ? Nora en avait fait les frais. Cette inquiétude pour l’état de mon ami, les rêves récurrents où je le voyais mourir, la colère envers Loukas. L’incompréhension aussi. Et les reproches à Barth, Nora et envers moi-même. Car nous aurions pu éviter cette catastrophe qui vaut aujourd’hui à mon ami un cache-œil lui donnant l’air brave d’un pirate.

L’adolescence sera également ma période d’essai pour les écoles plus hautes. Je n’avais pas vraiment parlé de mes plans à mes parents. Ils espéraient probablement que je ne prenne la place qui m’était due au sein de l’entreprise familiale. N’est-ce pas pour cela que l’on s’offre le luxe d’avoir un héritier ?

Je devais bosser beaucoup plus, montrer à des professeurs qui avaient quasiment perdus espoir, que je désirais y arriver. Que j’avais trop dormi, le nez dans mes bouquins plutôt que dans mes cours. Qu’en somme, j’étais prêt à faire un effort et attendait un peu d’aide de leur part. Je n’aurai ainsi aucun problème à, plus tard, passé les concours pour entrer en faculté de lettre. C’était au départ un pari contre moi-même, une promesse à Nora et à la longue, je me suis rendu compte que j’avais ce désir, peut-être besoin de m’éloigner de la voie toute tracée par des parents absents. L’ambition que je ne me connaissais pas prenait racine et promettait de devenir une jolie plante que mes parents devraient apprendre à détester.

Puis il y a Avril. Avril, c’est une boîte un peu particulière dans laquelle il faudrait que l’on put y voir le cosmos.

J’avais la vingtaine et je sortais de moins en moins. Je ne sais plus si Bartholomew était en période où il se détachait encore de notre trio. Je ne sais même plus si Nora était dans les parages. Ce dont je me souviens, c’est que j’étais souvent fatiguée et que je lisais non plus par besoin, cette fois, mais par obligation. Est-ce que cela m’a fait déprécier les bouquins ? Non. Je serais incapable de m’en dégouter. Et ces fatigues me rendaient irritables. J’essayais de ne pas l’être de trop lorsque Nora ou même Bartholomew venaient me rendre visite. J’essayais de ne pas me montrer agressif ou irrité. Du moins pas plus que d’habitude. Je les voyais qui s’épanouissaient de leur côté, qui sociabilisaient avec d’autres, me racontant la dernière soirée « in », le dernier potin, les dernières sorties à la mode. Ou encore, personne à ne pas manquer. Mais je n’avais pas la tête à ça. Alors je me contentais d’acquiescer, d’offrir un peu de coca, un thé ou un café, essayant tant bien que mal de me sortir, même l’espace d’un instant la vie de tel auteur ou de tel metteur en scène sur lequel j’écrivais. Puis est arrivé le temps des diplômes, le temps des bals.

Puis le temps d’Avril. Ce brin de femme qui me fera décoller le nez de mes bouquins, oublier jusqu’à mon nom, mon adresse. C’était en Décembre. Je devais encore faire de sorte d’être présent. Au nom de mes parents. Pour les Lincoln, ce couple que certains devaient penser irréel. Inexistants. Une sorte d’ « Homme de paille. » Ce concept, comme une entreprise écran ou que sais-je. Pourtant, s’ils n’étaient pas palpables, ils étaient bel et bien réels. Une réalité brillante d’absence. Comme le noir, absence de lumière. Mais je ne vais pas revenir à eux. Je vais revenir à Avril.

Lorsque je devais aller à ce genre de soirée, je prenais un bouquin avec moi, lisant plutôt que de les écouter. Plutôt que de les regarder vivre à travers leurs idéaux. Richesses, bijoux, tissus précieux. Les robes fourreaux et les escarpins vertigineux. Les formes alléchantes, les hommes trop vieux pour des femmes trop jeunes. Je buvais de l’eau, évitant l’alcool. Et elle est arrivée. Je pourrais vous dire que c’était comme dans un roman. Qu’elle portait une belle robe claire ou plutôt rouge. Des talons vertigineux, une échancrure à se pâmer. Mais ce serait mentir. Car non seulement je ne l’avais pas remarquée aux premiers abords, mais en plus sa robe était émeraude. Une robe façon pin-up des années quarante. Joli décolleté, jolie peau. Jolie femme. Je sentais son assurance pétillante, le fait qu’elle ne soit pas la plus belle, mais la plus vertigineuse des femmes de la soirée. Moi qui n’avais que des aventures d’un soir, je me projetais à son bras, dans une vie à deux, puis pourquoi pas à trois. Pourtant je n’ai pas fait le premier pas.

Lorsque je devais aller à ce genre de soirée, je prenais un bouquin avec moi, lisant plutôt que de les écouter. Plutôt que de les regarder vivre à travers leurs idéaux. Richesses, bijoux, tissus précieux. Les robes fourreaux et les escarpins vertigineux. Les formes alléchantes, les hommes trop vieux pour des femmes trop jeunes. Je buvais de l’eau, évitant l’alcool. Et elle est arrivée. Je pourrais vous dire que c’était comme dans un roman. Qu’elle portait une belle robe claire ou plutôt rouge. Des talons vertigineux, une échancrure à se pâmer. Mais ce serait mentir. Car non seulement je ne l’avais pas remarquée aux premiers abords, mais en plus sa robe était émeraude. Une robe façon pin-up des années quarante. Joli décolleté, jolie peau. Jolie femme. Je sentais son assurance pétillante, le fait qu’elle ne soit pas la plus belle, mais la plus vertigineuse des femmes de la soirée. Moi qui n’avais que des aventures d’un soir, je me projetais à son bras, dans une vie à deux, puis pourquoi pas à trois. Pourtant je n’ai pas fait le premier pas.

Avril. Son prénom et son nom étaient français. Issue d’un milieu aisé, elle m’a abordée parce que je buvais un verre d’eau. M’a abordée parce que je lisais un livre plutôt que de m’enivrer au nom de mes parents. « Je connais vos parents… » « Cela fait au moins une personne… » Cette phrase que j’ai regrettée, qu’elle a eût la décence de ne pas relever. Nous avons parlé, beaucoup trop. Je ne l’ai pas entendue sur tous les sujets, me perdant dans ses yeux, me perdant entre ses lèvres. La cascade de son rire, comme celui d’Eurydice, la manière qu’elle avait de rejeté sa tête en arrière, dégageant une gorge diaphane. J’avais oublié le titre de mon bouquin entre deux blagues de sa part. Sa fraîcheur sentait bon. Un parfum étrange et envoûtant que je n’avais jamais senti. Une sorte de fragrance venue d’ailleurs. Une senteur agréable et douce, énergisante et prenante. Ce genre de parfum qui imprègne vos vêtements. A tel point que le lendemain en me réveillant, j’avais encore son odeur prise dans mes vêtements.
Je crois que je l’aimais. En tout cas, les premiers temps, j’essayais de terminer mes études et obtenir un diplôme avec mention. J’avais de bonnes notes. A tel point que je fus demandé comme intervenant dans des cours de littérature. C’était une façon comme une autre de me retirer la tornade d’Avril qui m’était tombée dessus en plein mois de décembre. Ce n’était pas chose aisée. Lorsque Camus m’apparaissait, il était percuté par Avril. Lorsque Baudelaire venait me parler de ses vers audacieux, Avril finissait par le faire taire de son rire en cascade. Je n’arrivais à me concentrer sur ce que je faisais et cela ne m’était encore jamais arrivé. C’est comme ça que j’ai su, du moins me suis persuadé que ce serait elle et personne d’autre. Visiblement, nous n’avions pas les mêmes désirs…

Une vie de couple, ça se range dans une boîte dont les couleurs se mêlent, s’imbriquent, ne font qu’un, formant un tout dont vous parvenez parfois à détailler les éléments…
Mais pour avoir droit à un dénouement heureux, j’ai bataillé. Avril n’est pas femme facile et elle a toujours su ce qu’elle voulait. Alors quand je l’ai abordée avec mon sempiternel bouquin, mon éternel verre d’eau, mademoiselle « yoga » s’est faite désirée. « Je ne cherche rien de particulier en ce moment. Je vous trouve insupportable vous autre, les enfants de riche » Le toupet qui sied bien à son minois. D’autant qu’elle-même est issue d’un milieu bourgeois. Et chaque banquet, chaque mondanité redondante, je l’attendais. Notre première rencontre m’avait fait tant d’effet. J’ai attendu, patient. Elle ne reparaissait pas. Pourtant ses parents étaient présents. Et lorsque je n’attendais plus rien, elle apparaissait devant moi, drapée de sa féminité. Libre et belle. Nous passions la soirée ensemble, elle disparaissait ensuite, à la manière de Cendrillon et je ne la revoyais que lorsqu’elle l’avait décidé. Quand je me suis enfin décidé à lui faire la cours…Elle a simplement dit qu’elle n’était pas ce genre de femme. Ce refus titillait d’autant plus mon désir de l’avoir à moi.

Vous imaginez bien. Le professeur en lettre que j’allais devenir avait d’autres choses à penser que courir après une femme courant d’air. J’aurais pu abandonner, me dire que ce n’était simplement pas la bonne. Bartholomew ne l’aimait pas. Nora n’avait pas d’avis arrêté sur la question, pourtant elle ne me soutenait pas non plus dans mon désir de la revoir. Avril me faisait miroiter des rendez-vous qu’elle annulait finalement, laissait des « peut-être » sur mon chemin, suivit de « Je ne pense pas. » Je la savais friande d’hommes qui n’étaient pas issus de notre milieu. Et n’importe qui d’autre que moi aurait abandonné. L’ancien Bruss qui n’avait aucune autre ambition que de s’enfermer dans une petite librairie et y mourir, l’aurait fait. Mais pas le nouveau. Et c’est le fraîchement diplômé professeur en lettre qui finit par obtenir ce qu’il avait tant désiré, pendant si longtemps. Avril avait dit oui. Non pas à un mariage, une promesse de devenir un jour plus qu’un courant d’air. Mais « oui, je veux bien essayer ». Essayons alors.

Et bien vite, cet essai est devenu un accomplissement, tout comme ma montée au poste de sous-directeur, puis directeur du lycée. Cela me faisait du bien. Aujourd’hui il m’arrive de sourire lorsque je regarde mes diplômes sur les murs. Je suis devenu ce que je suis grâce à mes amis. Grâce à Nora. Mais j’ai obtenu la femme qui partage aujourd’hui ma vie grâce à ma seule volonté. Quelque part, ma réussite, je devrais l'incomber à mes parents. Leur absence m’a poussé me plonger dans les livres, dans les études, dans d’autres relations. J’ai pris le risque de devenir un homme aigre et fermé aux autres à la limite de la sociopathie. Mais il a fallu que le destin, ou appelez cela comme vous le désirez, mette certaines personnes sur mon chemin. Les bonnes personnes. Et me voilà aujourd’hui dans une belle boîte pleine de couleur et de souvenir. Mes meilleurs amis sont une doyenne d’université et le maire de la ville et je suis marié à la femme la plus brillante et excentrique qui m’ait été donné de rencontrer.
Lorsque Bartholomew s’est marié. J’ai suivi de près. Ce n’était pas prémédité. J’étais heureux pour mon ami, même si j’ai toujours eu tendance à me méfier des rencontres de la tornade blonde. On ne peut pas dire que ses choix ont toujours été parfaits…

Le mariage avec Avril fut très simple. Étant une grande adepte de nature, végétalienne et féministe de son état, nous nous sommes mariés à la campagne dans un cadre féérique. Si on m’avait écouté, nous aurions été simplement liés à la mairie, mais j’ai décidé de la laisser faire. J’avais envie de la laisser décider, laisser ma femme faire de ce jour le plus beau. Et j’avais eu raison de lui faire confiance. C’était un véritable beau mariage. Ais-je besoin de préciser ? Mon père n’était pas là. Mère à fait une apparition, dans une belle robe a fleur. Je ne l’avais jamais vue ainsi. Sa robe est entreposée dans une de mes boîtes, Avril m’appelant depuis « Norman Bates ».

Et si je devais ouvrir une nouvelle boîte pour y mettre ma vie d’aujourd’hui, j’opterais pour des parois de verres et un couvercle de cristal. Le verre ne laisse pas de place aux secrets, le cristal permet à la lumière d’entrer.


Il m’arrive de regarder avec regret la photo de mes parents. C’est la seule que j’ai pu trouver où ils souriaient. Mère enceinte jusqu’aux yeux. Je n’ai jamais osé leur demander quel instant avait été ainsi capturé. Je n’ai même jamais osé leur avouer que j’avais cette photo encadrée sur mon bureau. Je les jalouse alors. Je me dis « Est-ce que c’était ma venue ? » Je fais beaucoup de choses pour ne pas devenir comme eux. Comme je les ai connus. Je me montre attentif à Avril, j’essaie de garder nouer les liens avec Bartholomew et Nora (bien que je vous avoue être le premier étonné d’être encore membre de ce trio ), tout en restant un directeur sérieux qui fait beaucoup pour le bien-être de ses élèves. La seule ombre au tableau ? Je ne sais pas si je suis prêt à avoir un enfant…



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©Riva


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Ven 25 Sep - 18:51
ON A UN MEWMEW. ON A UN BROUCE. OSDEHUSOFGO3YE8DEUSGFSUEDGSIFOHSLEDH

BIENVENUE A TOIIIII :veryhappy: Je te hug fort, je bave si fort sur toi et je dieusgsged. Bref *inspire dans un sac en papier*
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Ven 25 Sep - 18:54
Bruuuuuuush ! **
Bienvenuuuue ! JE T'AIME DÉJÀ RIEN QU'AVEC LA BOUILLE DE TON VAVA. ♥
Bon courage pour ta fichouille !
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Ven 25 Sep - 18:55
BIENVENUUUUUUUUUUE. ♥ Il nous manque plus que Nora maintenant! :BB

Gros KEUR sur toi, courage pour ta fiche et hésites pas si tu as des questions. ♥
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Ven 25 Sep - 19:26
Pas de bave...pas de bave pitié. Ce que tu veux, mais pas de bave ! ♥
Merci vous tous *^* J'ai hâte de m'y mettre !!!!
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Ven 25 Sep - 19:34
HIIIIIIIIIII *Cri de fanatique en chaleur* BRUSSYYYYYYYYY Quel surnom swagg. Fait moi des bbs /pan//

UN LIEN, J'EN VEUX UUUUUUUUUUUUUUUUN ! MARIONS-NOUS, même si tu l'es déjà, j'espère que t'es pour la polygamie D8

Sinon, bienvenouille :gnnn:
Cléanthe J. Alevatros
Cléanthe J. Alevatros
Étudiant en art
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Etudes/Métier : Art ; design graphique.
Pounds : 24303
Ven 25 Sep - 19:38
BRUSS MY LOVE TE VOILA. JE... JE BAVE SUR TA FACE ET TES FESSES TOUT EN T'EMBRASSANT VOILA.

Sinon gnnn je feeles et bienvenue quand même mais gnn gnn merci ;w; Mon petite kokoro saigne mais est heureux. Bon courage pour ta fiche !
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Invité
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Ven 25 Sep - 19:58
>< Vous êtes trop U^U Je vous aime déjà !
Cléanthe [nomdelaclasse] merci à toi ! Merci d'avoir créé Bruss. Même si mon coeur a flashé sur Mew, je dois dire que je commence à préféré Bruss et j'espère que je saurai le faire vivre convenablement.
Est-ce que cela dérange si je lui dessine une bonne éducation et que je lui écris une bonne élocution ?
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Invité
Invité
Sam 26 Sep - 12:56
Bienvenue parmi nous !!
J'ai hésité à prendre les 3 prédéf les plus important du fofo mais finalement, j'ai opté pour autre chose ! Du coup, je ne peux qu'approuver ton choix **
Bon courage pour la suite de ta fiche **
Tysha K. Reed
Tysha K. Reed
Sophomore
Date d'inscription : 08/09/2015
Messages : 2122
Age (du personnage) : 17 ans
Orientation sexuelle : Ace.
Etudes/Métier : Lycéenne.
Pounds : 10737
Sam 26 Sep - 14:15
Oh my gadness.
J'approuve tellement le début de l'histoire pour les boîtes à chaussures.
( et au passage, parce que tu fais la faute deux fois ; c'est Or* que tu dois utiliser, pas hors. Je sais que cette fiche n'est pas finie, hein, ne le prends pas mal. Mais j'aime me dire que même étant malade, j'ai des éclairs de lucidité divine. Erhm. Je sors. //porte )

And what a choice of prédef, my love.
J'ai hâte de voir comment tu vas t'approprier de Bruss.

Good luck. ♥ ( oui je te mets la pression, je confirme. ... Quoi ? Laissez-moi mentir de temps à autres, fuh. )
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Invité
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Sam 26 Sep - 15:06
Merci vous deux !!!

Or. Merci ! Je viens d'apprendre une nouvelle règle en français et c'est cool parce que je te jure, j'ai fait faux toute ma vie ;_; Du coup je vais en changer pour vos rétines ! xD
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Invité
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Sam 26 Sep - 15:23
Bienvenuuue, ça fait trop plaisir de voir ce prédef  :excited2:
Les métaphores sur les boites m'éclatent ahah. Fighto pour la suite ♥️
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Invité
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Sam 26 Sep - 15:31
Merci beaucouuuup !!!!

En même temps, Bruss collectionne les boîtes à chaussures et y met un tas de choses xDD
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Invité
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Sam 26 Sep - 17:40
iqjebvickn toi, je t'ai repéré directement à ton emploi du "c'est correcte" 8D

j'adore, le trio commence à ce former (j'avais hésité à prendre l'un des prédef du trio mais y a des gens cool qui s'en chargent alors c'est bô 8D ♥)

bref, bon courage pour ta fiche, j'ai hâte voir la suite de ton histoire, le coup des boîtes est excellant je trouve 8'D

ET BIENVENUE ♥

"Si tout pouvait tenir dans une boîte à chaussure, le monde serait plus sûre" ||Bruss Tumblr_mxaqszX7du1qicprzo6_400
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Invité
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Sam 26 Sep - 18:00
Merci Belle demoiselle [la joueuse est amoureuse de ton avatar ! >> Et du gif là xD]
Mon emploi du "C'est correcte " ?
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Invité
Invité
Sam 26 Sep - 19:17
C'est une expression québécoise non ?
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Invité
Invité
Dim 27 Sep - 14:51
juste.
Nicholas. Bruce.
je t'aime.
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Invité
Invité
Lun 12 Oct - 2:01
Ah que coucou ! Tu as déjà dépassé le délai depuis vendredi, donc je viens demander des nouvelles ! Tu as trois jours pour nous demander un délai si tu as besoin et si tu as des questions sur le prédéf, hésite vraiment pas !
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Invité
Invité
Lun 12 Oct - 20:10
COUCOU !!!

>< Je suis désolé, je met énormément de temps à faire ma fiche. Normalement je ne prends pas tant de temps, mais j'ai si peur de mal faire les choses.

Je veux bien un délai, histoire de ne pas me voir supprimée alors que j'ai vraiment envie d'incarner ce personnage. ♥ Je pense qu'une ou deux semaines pourraient être parfaits ! Car je sais déjà comment, il faut juste que je goupille le tout et que je zyeute sur la fiche de mon Bartou pour la chronologie !

merci d'avance de votre patience et encore désolé ♥
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Invité
Invité
Lun 12 Oct - 20:44
Ca marche ! Du coup, je te mets un délai jusqu'au 26 octobre pour que t'aies l'esprit tranquille !

Fighto pour ta fiche et np pour la patience, c'est normal ! <3
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Invité
Invité
Lun 26 Oct - 3:13
Merci ma belle ! Je la poste terminée demain dans la soirée. Je voulais le faire ce soir, mais ma soeur est arrivée et là >> je vais dormir xD Je tire sur le fil ! ♥

Je tire encore, j'ai eu des soucis d'ordinateur et suis encore en train de le nettoyer. Je passe pour dire que vous pourrez lire ma fiche terminée et corrigée demain soir dés que la maintenance sera faite >< (Ne me frappez pas je vous en supplie)
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Invité
Invité
Mar 27 Oct - 17:19
UUUUUUUUUUUUH
Bon. D'accord. Pas de bave. Mais laisse moi nosebleeder tranquillement, promis je fais pas de tâches é.è
Bienvenue sinon o/
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Invité
Invité
Mer 28 Oct - 4:26
Merciiii <3


Je suis mauvaise. En faite j'ai eu une amie qui est venue ce soir et chamboulant mes plans. Mais j'ai du coup posté un peu de ma fiche. Je me suis rendue compte que la suite, j'ai des incohérences quand au personnage et le timing. Alors je pense que je vais revoir ça demain après-midi et je posterai le reste. Avec le physique et le caractère !!!!

<3 J'espère que l'attente en vaudra la peine. Si c'est pourri, je m'en voudrais tellement.
Les chapitres à venir sont leur idylle avec Avril, mariage, puis j'aurai tout bon ! L'histoire d'une ou deux pages word en somme ><
Tysha K. Reed
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Jeu 29 Oct - 1:16
Courage, Bruce, tu vas réussir à nous écrire une fiche du tonnerre.
Fight on, sweetie... !
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Invité
Invité
Jeu 29 Oct - 20:16
Merci du coup >> J'ai oublié de le dire ! xD J'ai fini hier ♥
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