Un speed-dating pour la Saint-Valentin ?
« Pourquoi pas » tu t’es dit en voyant l’annonce. Deux secondes plus tard tu t’étais inscrit sur un coup de tête.
Tu ne sais pas exactement si tu le regrettes. À vrai dire, tu ne sais pas ce que tu attends de cette soirée. Le concept même d’un temps bref pour rencontrer quelqu’un correspond à ta personnalité. Tu ne cherches rien de plus que des aventures et tu n’es pas du genre à faire ami-ami avec le premier venu. C’est sans compter sur les cœurs perdus en quête du grand amour. Tu détestes plus que tout ramasser morceaux par morceaux leurs espoirs que tu n’as pas brisés assez tôt et qui, à s’être consolidés, n’en ont volé qu’en plus d’éclats. Tu n’es pas un homme mauvais, tu ne prends pas plaisir à entendre un amant te dire que tu l’as « trompé ».
Tu as décidé d’éviter tout nouveau malentendu.
Ce soir, tu seras cash. Si tu acceptes un numéro, c’est uniquement dans l’optique d’un plan cul.
Ou alors tu seras déçu.
Tu observes ton joli badge rose avec le numéro neuf inscrit en grand et tu l’accroches à ta poitrine. Tu attends patiemment que quelqu’un vienne te rejoindre à la table qui t’a été désignée. L’endroit est sympa, tu songeras à y revenir si la nourriture est aussi bonne que le décor chaleureux. Tu regardes ton reflet dans la vitre lorsque tu vois une silhouette s’approcher. Tu te retournes.
Et là tu te sens écrasé.
Oppressé comme un rat mort sous le pneu d’un camion.
Non, tu ne sens pas comme un rat mort – tu sens bien meilleur en passant – tu te sens tout petit, autrement dit, plus que ce à quoi tu es habitué. Tu as le réflexe de vouloir te grandir alors tu te lèves de ta chaise. Sauf que ca ne change rien. Tu n’es qu’un tout petit homme dans sa chemise rouge et ses souliers cirés.
-…
Tu restes sans voix durant une seconde, le temps qu’il te faut pour relever la tête et savoir que tu vas te taper un sacré torticolis sous peu.
-Bonsoir.
Un petit effort et hop, tu lui souris ! Cette fois, on ne peut vraiment plus te confondre avec un rat mort. Même vos expressions faciales n’ont plus rien en commun !
-Je m’appelle Logan, enchanté.